BIBLIO- FLASH. N°30 1989 Ramses 90 SYSTEME ECONOMIQUE ET STRATEGIES

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Announcing diverse information sources on call at the Commission Library
Signalant diverses sources d'information disponibles à la Bibliothèque de la Commission N°30 D 1989
(Brux. JECL 1/33 - Tel. 52976 *** Lux. JM BO/10 - Tel. 3341)
DOCUMENT INTERNE
ramses
¡S^i^EMUE ECONOMI!
Analyser les changements géopolitiques et économiques pour compren­
dre l'évolution du monde, tel est l'objectif de ce livre.
L'URSS en mutation, la nouvelle donne au Moyen­Orient, l'essor de
l'Asie face à une Chine en état de choc, les incertitudes américaines,
l'embellie de la croissance, l'échéance de 1993 sont les principaux
sujets du RAMSES 90.
En outre, cette année, RAMSES privilégie deux thèmes majeurs : la
prolifération d'armes nouvelles dans les pays du TCers­Monde et ses
conséquences pour la sécurité internationale; la transformation de
l'Espagne et sa position renforcée dans le concert des nations.
Réalisé par l'équipe de spécialistes de ΓInstitut français des relations
internationales sous la direction de Thierry de Montbrial et de
Jacques Edin, RAMSES 90 (Rapport Annuel Mondial sur le Système
Economique et les Stratégies) reste fidèle à la méthode qui a fait de cet
ouvrage un instrument unique d'information : s'appuyer sur les faits
et, à partir de leur réalité complexe, offrir au lecteur une vision
globale et claire des lignes de force qui préparent notre avenir.
Guide de l'actualité raisonné, RAMSES 90, dont la rédaction a été
achevée au cours de l'été 89, est, plus que jamais, indispensable à tous
ceux qui veulent disposer d'une vision synthétique, essentielle à la
compréhension de l'actualité contemporaine internationale.
Dunod
Publié par Dunod pour l'Institut français
des relations internationales Introduction
certain moment (la publication d'un livre n'est Q uatre ans après l'arrivée au pouvoir
pas instantanée) et prendre le risque de paraître de Mikhaïl Gorbatchev, il n'est plus
incomplet, sinon périmé, aussitôt la tâche ache­possible de douter qu'une nouvelle révolution,
vée. La nature des choses le veut ainsi dans les d'apparence pacifique, secoue l'Union soviéti­
phases d'accélération de l'histoire. que. Devant l'ampleur de l'événement, on
admire d'abord l'exceptionnel talent de l'homme
Dans cette introduction, je voudrais tenter qui a sorti son immense pays de la torpeur
d'esquisser quelques réponses aux questions totalitaire où il avait sombré. Il paraît hautement
posées plus haut, laissant au temps le soin de vraisemblable que les nouvelles orientations ont
préciser, de confirmer ou de rejeter certaines été décidées collectivement et que, par consé­
hypothèses ou propositions. quent, la perestroïka est moins un one man show
qu'un choix délibéré du bureau politique en
On connaissait les difficultés économiques de même temps qu'il portait Gorbatchev à sa tête.
l'Union soviétique, conséquences d'une appro­Mais comment ne pas être subjugué par la classe
che idéologique de la gestion des ressources d'un homme d'Etat, aussi maître de lui dans son
rares. Jamais, à une telle échelle, l'homme expression physique et verbale - alors que tout
n'avait cherché à soumettre le réel à une vue de tourbillonne dans son empire -, aussi présent au
l'esprit. Mais le système, aussi monstrueux qu'il dehors comme au dedans, aussi artiste dans sa
était, fonctionnait cahin-caha. Le complexe mili-politique étrangère. Comment ne pas admirer ce
taro-industriel, l'industrie spatiale étaient même tour de prestidigitation : voilà un apparatchik
particulièrement performants. Dans la sphère communiste quinquagénaire, formé sous Staline,
civile, un minimum de flexibilité se manifestait carriériste conforme à son temps, celui de
grâce à l'économie souterraine, sans parler des Khrouchtchev et de Brejnev, qui a réussi à
passe-droits et de la corruption. La nouvelle émerger sur la scène internationale, avec les
direction soviétique a voulu affronter le formida­apparences de l'homme politique occidental le
ble problème suivant : comment passer d'une plus accompli et le plus rôdé aux règles des
économie bureaucratique et centralisée à une relations publiques et de la communication. e sociale de marché (je fais allusion au
concept allemand de Soziale Marktwirtschaft) ; Du coup, comment ne pas se prendre à
comment passer - pour utiliser le vocabulaire en espérer que le chapitre de l'après-guerre va se usage chez les économistes soviétiques- d'une refermer et, avec lui, l'absurde division de
croissance "extensive" à une croissance "inten­l'Europe, la peur de la guerre et la hantise d'un sive " ; comment réamorcer une pompe rouillée
anéantissement de la civilisation par l'arme depuis 70 ans? nucléaire ? Comment ne pas rêver d'une Europe,
de l'Atlantique à l'Oural et peut-être même au-
Réformer est toujours un art difficile, et ce, delà, où toute perspective de guerre entre ses
encore plus quand on a trop attendu. Tocqueville membres deviendrait aussi invraisemblable
reste en la matière le guide le plus sûr, et l'ironie qu'aujourd'hui entre les pays de notre Commu­
de l'histoire fait que les marxistes d'aujourd'hui nauté économique européenne ? Le dégel large­
se penchent peut-être sur l'oeuvre du grand ment entamé en Pologne et en Hongrie, la
penseur libéral. Le clan de Gorbatchev a jugé marche vers la démocratie pluraliste dans ces
qu'il n'y avait aucune chance de réussir la pays, que les plus optimistes n'auraient pas osé
perestroïka économique sans une réforme en envisager il y a cinq ans et moins, ne préfigurent-
profondeur des mécanismes politiques de ils pas un avenir radieux, celui d'une Commu­
l'Union soviétique, autrement dit sans introduire nauté paneuropéenne démocratique et pacifi­
plus de "transparence" (glasnost) et de "démo­que ? Pour favoriser ce processus et l'accélérer,
cratisation". ne convient-il pas, de toutes nos forces, d'aider
Gorbatchev et les pays de l'Est à accomplir leur
révolution ? Que pouvons-nous faire pour cela ? On peut estimer - mais cela n'est pas certain et
il est beaucoup trop tôt pour en juger - que les
Toutes ces questions se posent en effet. Dans événements de Pékin lui ont donné a posteriori
raison. La Chine a choisi de libéraliser l'écono­le corps du volume, le lecteur trouvera un
maximum de références pour suivre la trame des mie mais moins la politique, ce qui - à travers
une série d'épisodes troublants et mal connus - a événements qui se sont déroulés depuis la paru­
tion du précédent RAMSES. La tâche n'est conduit au drame de la place Tiananmen.
d'ailleurs pas aisée, car chaque jour apporte sa L'avenir dira si la nouvelle direction chinoise
saura appliquer avec succès le précepte de Bis­moisson de nouvelles. Il fallait mettre tout cela
en perspective ; il fallait de plus s'arrêter à un marck- réprimez d'abord, réformez ensuite-peur qu'elle n'engendre le chaos social à travers c'est-à-dire, si elle pourra engager la libéralisa­
l'inflation, le chômage et l'explosion des inégali­tion de la vie politique tout en poursuivant un
tés. Les économistes soviétiques se demandent essor économique incontestable, tout cela avec
comment réduire un déficit budgétaire qu'ils un minimum d'ordre.
évaluent à 100 milliards de roubles. Ils évoquent
la nécessité d'une politique monétaire plus En ce qui concerne l'URSS, la difficulté
stricte, pour éviter le dérapage du niveau général provient de ce que, jusqu'ici, les réformes écono­
des prix (officiellement de 2 ou 3 %, en fait peut-miques n'ont pas produit de résultats. Au
être de 8 % ou plus). Ils n'excluent pas la contraire, en détruisant un système mauvais
possibilité d'une hyperinflation. Aujourd'hui, mais viable, à sa manière, sans lui substituer, ne
les références et les concepts de ces économistes serait-ce qu'à l'état catalytique, une organisation
ne se distinguent plus des nôtres. Cela est nouvelle qui soit opérationnelle, les Soviétiques
piquant pour qui se souvient, il n'y a pas si n'ont fait qu'aggraver les choses. Il suffit d'écou­
longtemps, de la critique marxiste de l'économie ter Mikhaïl Gorbatchev et de s'informer du
politique dite bourgeoise. Désormais, les