Epreuve de français 1999 ISFA
6 pages
Français

Epreuve de français 1999 ISFA

Cet ouvrage peut être téléchargé gratuitement
6 pages
Français
Cet ouvrage peut être téléchargé gratuitement

Description

Examen du Supérieur ISFA. Sujet de Epreuve de français 1999. Retrouvez le corrigé Epreuve de français 1999 sur Bankexam.fr.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 05 mars 2007
Nombre de lectures 49
Langue Français

Extrait

1999
I. S. F. A.
1999-2000
_________
_________
Concours d'Entrée
_______________
ÉPREUVE DE FRANÇAIS
_______________________
Durée : 4 heures
1ère PARTIE
CONTRACTION DE TEXTE
-------------------------------------
(Durée : 2 heures)
Vous résumerez en 300 mots (tolérance + ou - 10 %) ce texte de Alain Etchegoyen, extrait de son livre
La vraie morale se moque de la morale. Etre responsable.
Seuil. Essais. Avril 1999.
Quel que soit le bien qu'on puisse penser des progrès du droit positif et de son souci éminent de solidarité,
il nous faut maintenant relever les perversions qui sont induites à la fois par le droit de la responsabilité,
l'invasion du juridisme anglo-saxon et les raisonnements plus communs qui sont les effets du droit positif, de la
jurisprudence et des procédures judiciaires. Ces perversions ne concernent pas le droit en lui-même, mais
davantage la manière nouvelle dont nous pouvons envisager le principe moral de responsabilité. Elles viennent
percuter les fondements et les conséquences de ce principe en le rendant confus, voire inintelligible, pour la
plupart des hommes…
Le désir d'inaction
Dans le grand débat qui concernait l'élargissement du fondement de la responsabilité civile de la faute au
risque, les contempteurs de cet élargissement avaient prévenu : si le risque fonde la responsabilité, les hommes
seront retenus d'agir pour éviter d'être responsables. Cette notion de risque est d'ailleurs un point discriminant
entre les acceptions juridique et morale. En effet, la prise de responsabilité enveloppe le concept de risque
comme un moment essentiel en tant qu'il est précisément l'épreuve de notre liberté. Mais l'élargissement
juridique lui donne une autre dimension. Autant la responsabilité morale pousse à prendre des risques, autant la
législation sur la responsabilité civile retient d'en prendre.
La conscience d'une faute est une conscience relativement claire. La conscience d'un risque est une
conscience obscure. Le plus sûr moyen d'être tranquille reste de ne pas agir. Si nous n'avons ni pots de fleurs sur
le balcon, ni animaux domestiques, ni enfants, nous ne courons ni le risque de voir une tornade éjecter le
premier sur un passant, ni le risque d'un animal affolé qui mordille le voisin de palier, ni le risque d'enfants qui
se disputent dans une cour de récréation et déchirent l'anorak de leur camarade. Ces exemples sont anecdotiques
dans la mesure où ils peuvent aujourd'hui être couverts par une assurance, mais certaines professions sont très
affectées par ces menaces.
Cette notion de responsabilité sans faute est en train de perturber tous les comportements des professions
médicales et paramédicales. Seule la non-assistance à personne en danger constitue une limite à l'inaction. Mais
il est toujours plus difficile de prouver la responsabilité d'une inaction que la responsabilité d'une action.
L'inhibition se condamne moins que l’action entreprise. Le chirurgien et l’anesthésiste commencent à être
1999
2
hantés par le syndrome américain. Le médecin généraliste lui-même préfère se défausser sur un spécialiste qui,
par prudence, enverra aux urgences à l'hôpital. On multipliera les analyses biologiques, les radios, les scanners
ou les Irm. Cette perversion de la responsabilité juridique est un des éléments qui expliquent l'excès d'actes
médicaux….
Les assurances ou l'oubli de l'autre
Depuis que le fondement de la responsabilité a été élargi de la faute au risque, les assurances ont
évidemment fait leur miel de cette extension. Il est probable que, sans leur intervention, nous ne pourrions plus
agir du tout. En effet, pour empêcher que chacun ne cède à la tentation de l'inaction, les assurances ont proposé
de nombreux produits qui protègent l'action. A tel point que, quand nous conduisons notre enfant à l'école en
début d'année, dès les premiers contacts les associations de parents d'élèves font leur promotion sur l'assurance
qu'enveloppe l'adhésion à leur organisation : «si vous êtes des parents responsables, assurez-vous sur la
responsabilité». Dans cette formulation, on confond rapidement deux acceptions du concept de responsabilité :
l'une est morale et concerne la décision de s'assurer ; l'autre est juridique et concerne l'objet de l'assurance, la
responsabilité civile.
Mais pour mieux montrer la différence entre les deux acceptions, observons une situation dans laquelle
nous nous trouvons parfois. Supposons qu'au sortir de notre parking nous soyons distraits et que nous percutions
violemment un véhicule de passage sur la voie publique. Nous le détruisons, sans dommage corporel. Nous
rentrons chez nous et racontons l'incident à notre conjoint, compagnon ou pacs. Une question immédiate nous
est posée, claire et quasi-mécanique :
mon chéri, es-tu bien assuré au moins ?
Dès que la réponse est positive,
on passe à autre chose. Autrement dit, le dommage causé à autrui n'a plus aucune importance. Peut-être le
chauffeur de l'autre véhicule ne pourra-t-il se rendre à son travail le lendemain ou partir en famille en week-end.
Ces conséquences nous indiffèrent. A strictement parler, les conséquences sur autrui ne sont même pas
envisagées. Une assurance paye et c'est tout.
On ne s'assure pas sur la responsabilité morale
: voilà un des symptômes essentiels de la différence entre
la responsabilité juridique et la responsabilité morale. Le dédommagement effectif et financier n'a rien à voir
avec la responsabilité morale. Mais le système des assurances peut nous amener à raisonner sans cesse en
oubliant l'autre.
Pour en rester sur des faits négatifs, susceptibles d'être à la fois concernés par les deux types de
responsabilités, deux affaires terribles s'imposent : le sang contaminé et les hormones de croissance
contaminées. Dans l'un et l'autre cas, des dédommagements ont été effectués et pourtant les victimes n'ont pas
été satisfaites de la simple procédure civile. Faut-il voir en leurs attitudes un acharnement ou l'expression de
souffrances vengeresses ? L'assurance dé-moralise. C'est pourquoi les poursuites pénales tendent à se substituer
à de simples procédures civiles. Le sens de cet excès est assez clair : c'est une exigence de responsabilité.
Pour avoir suivi de près le drame des enfants morts de la maladie de Creutzfeld-Jakob (prion de la vache
folle), et le combat de leurs proches à travers l'association des parents de victimes, je puis assurer qu'il ne s'agit
pas d'un ressentiment rancunier. Leur slogan «plus jamais ça» signifie simplement qu'on ne pardonne pas à ceux
qui ne demandent pas pardon, comme le disait déjà Jankélévitch à propos des Allemands. Les victimes ne
supportent pas que les coupables ne se sentent pas responsables ou n'avouent aucune responsabilité morale….
Cela signifie un mépris de l'autre qui ne peut être toléré par cet autre qui a souffert comme on n'imagine pas
pouvoir souffrir.
L'impossibilité de penser l'accident
Notre société dont François Ewald affirme qu'elle est devenue «assurantielle» ne parvient plus à penser
l'accident. Le beau film de Egoyan,
De beaux lendemains,
montre bien, à propos d'un accident d'autobus, tout le
travail des juristes pour convaincre les parents des victimes qu'il n'existe pas d'accidents.
1999
3
Plus généralement nous ne supportons plus l'idée de dommages sans responsables qui seraient là pour
payer dans tous les sens du terme, de la vengeance au dédommagement. Les accidents de montagne ou de mer
deviennent strictement
impensables.
L'idée d'un
accidit
! - en latin, «il arrive», «ça arrive» - n'est plus admise.
Nous voulons trouver des causes et nous les recherchons. Nous voulons trouver des responsables et la télévision
les exhibe. Certes, on peut critiquer telle imprudence d'un guide de haute montagne ou dénoncer la folie d'un
prêtre exalté dans des sorties en mer, mais leurs rôles sont presque postulés, presque assignés par avance. Il n'y a
plus de catastrophes dont on ne cherche à établir les responsabilités. Cette façon de penser et de raisonner peut
conduire à de graves dérives. Cette incapacité à accepter l'accident revient souvent à nier le hasard et à refuser
tout risque….
De même, si nous ne parvenons pas à accepter que toute naissance comporte des risques, qu'il y reste une
part de hasard et d'inattendu, que la liberté de l'enfant émerge dans ce hasard lui-même, nous irons tout droit
vers l'eugénisme le plus insensible et le plus terrible qu'ait jamais connu l'humanité. Nous y consentirons au nom
de cette responsabilité perverse qui apparaîtra dans ce jeu d'une offre commerciale et d'une demande
inévitable….
La responsabilité morale est aux antipodes de ces arguties marchandes qui veulent toujours nier
l'accident, le hasard ou le risque. La responsabilité enveloppe toujours une prise de risque. La responsabilité
morale ne refuse ni l'accident ni le hasard. Elle ne les cultive pas non plus, mais elle ne cherche pas à s'en
protéger à n'importe quel prix. Dans cet exemple que je donnais d'une offre et d'une demande, la responsabilité
artificiellement créée par des marchands contredit totalement le principe de responsabilité, en produisant un jeu
catastrophique sur les mots. Ce sont ces terribles jeux qui peuvent tromper. Un père et une mère responsables se
révèlent face à l'enfant qui naît sans avoir conçu ce qu'il devait être. C'est leur tâche à venir, ce ne peut être un
calcul antérieur. Cette mission n'est pas un achat de services. Cette responsabilité ne se monnaye pas….
La difficulté du moment réside donc d'abord dans ce double mouvement : d'un côté l'apparition d'un
principe moral nouveau, le principe de responsabilité ; d'un autre côté, un juridisme croissant qui conduit à
privilégier le concept juridique de la responsabilité. Deux discours sont parallèles qui doivent se croiser dans
quelques cas. Bien sûr, la responsabilité morale n'est pas à l'abri des méfaits, des dommages ou des échecs. Elle
doit donc rejoindre en partie cet usage juridique, mais elle en change profondément la nature. L'exemple de
Pierre Guillaumat est à cet égard très significatif. Si l'on demeure dans la stricte logique de la responsabilité
juridique, on entreprend en permanence une stratégie de défense pour payer le moins possible. Lorsque dans le
cas d'une responsabilité morale, avec prise de risques, on est amené à être jugé sur une erreur ou une faute, la
stratégie normale consiste à assumer sa responsabilité, à la reconnaître, puisqu'on reconnaît ses actes et leurs
conséquences comme on reconnaît ses propres enfants.
Il ne faudrait pas voir dans ce texte une attaque en règle contre le droit. Ce n'est pas le propos. Le droit de
la responsabilité a été une pierre essentielle dans la construction de la solidarité sociale. Mais ce droit de la
responsabilité se combine aujourd'hui avec des pratiques judiciaires d'un type nouveau. C'est cette combinaison
qui fait s'accroître le fossé entre les deux types de responsabilité. Par ailleurs il importe que notre langage
commun évite les confusions qui ne retiennent de la responsabilité que l'aspect juridique, c'est-à-dire négatif.
Qu'on s'entende bien sur ce mot de «négatif». Il qualifie ici des actes et leurs conséquences, des décisions
et leurs conséquences, telles qu'elles deviennent appréhendables dans l'exercice de l'analyse juridique et de la
pratique judiciaire. La fin qui consiste à dédommager (civil) ou à défendre la société - donc à punir - (pénal) ne
peut concerner que des actes négatifs. C'est en cela que la responsabilité, dans son acception juridique, ne
concerne jamais que du «négatif», c'est-à-dire du «à cause de», jamais du «grâce à».
Dans le langage courant des phrases fréquentes montrent que le concept de responsabilité est pris en deux
acceptions différentes, alors même que les mots sont identiques et que la perception de cette différence n'est pas
claire. Ainsi, le système des assurances laisse-t-il souvent s'exprimer cette obscurité. On constate que l'assurance
1999
4
sur la responsabilité civile, notamment quand il s'agit de la sécurité des biens, conduit à dé-responsabiliser le
citoyen, voire quelquefois la collectivité. La faible prévention serait un abandon de responsabilité du fait même
que la catastrophe naturelle ou des incidents de comportements seront couverts par la responsabilité civile.
Il est clair que le verbe «dé-responsabiliser» signifie une référence à la responsabilité morale, tandis que
la responsabilité couverte par l'assurance est une responsabilité juridique. Ces substitutions et ces confusions
sont très fréquentes et obscurcissent la perception claire du principe de responsabilité….
Critique de la réduction des devoirs
Traditionnellement, parmi toutes les typologies envisageables, il est possible de distinguer trois types de
philosophies morales, en fonction du moment de l'opération qu'elles privilégient. S'il est admis que la morale
concerne bien les opérations que nous mettons en oeuvre ou que nous avons à mettre en oeuvre, toute opération
peut s'articuler en trois moments : l'intention, l'action elle-même et les conséquences de l'action. Le terme
«action» est ici pris de façon générique. Il peut très bien s'agir d'une décision qui a des effets sur autrui.
La morale de l'intention a été développée par Kant. Elle privilégie le rôle du devoir au principe même de
la décision. L'exemple du commerçant que donne Kant est très clair….
Pour la morale de l'intention, «c'est l'intention qui compte», c'est à partir d'elle qu'on peut évaluer une
opération. Le génie de Kant, c'est d'avoir promu l'intention tout en lui ôtant le caractère subjectif, arbitraire ou
relativiste qui lui est ordinairement attaché. L'épreuve de l'universalité qu'il impose à toute intention l'extrait
d'une subjectivité naïve.
La morale de l'action est très bien représentée aujourd'hui par le discours de Jean Paul II, tel qu'il est
développé dans l'encyclique
Splendor Veritatis.
Le pape y expose une philosophie morale qui rejette l'intention
dans tout ce qu'elle peut avoir de subjectif et de non éclairé par les textes sacrés et la foi religieuse. En ce sens,
«l'enfer est pavé de bonnes intentions». Cette morale voit dans l'acte lui-même l'alpha et l'oméga de toute
évaluation morale. C'est au nom de cette morale que le pape condamne aussi bien l'avortement que la torture….
Les heurs et malheurs des personnes dans les conséquences des actes s'effacent au regard de la nature de l'acte
lui-même. Rien ne saurait justifier un acte contraire aux commandements de Dieu, qui ne portent que sur les
actes eux-mêmes.
Enfin, des philosophies morales privilégient les conséquences de l'acte, c'est-à-dire en fait toute une
chaîne de causes et d'effets qui s'articulent en séries causales. Celles-ci peuvent se croiser les unes les autres. La
morale de la responsabilité pourrait aller dans ce sens et c'est bien l'idée de Hans Jonas. La tendance naturelle de
cette philosophie morale consiste à donner une place très grande à la connaissance. En effet, pour envisager une
série causale et ses croisements divers, il faut faire un effort de prospective. Il faut essayer d'anticiper. Il faut
donc connaître le plus possible à la fois la série causale qu'engendre un acte et l'environnement dans lequel va se
situer cette série causale. La connaissance est donc un souci de cette philosophie morale et l'on pourrait craindre
que l'intelligence s'y substitue à tout concept du devoir. Cette remarque est juste dans toutes les interprétations
utilitaristes : l'utilitarisme renvoie soit à l'intérêt du sujet agissant, soit à l'intérêt de la société dans laquelle il se
trouve, soit à une subtile combinaison des deux si l'on admet que le sujet agissant et la société ont les mêmes
intérêts à moyen ou à long terme.
Mais une morale de la responsabilité n'est pas utilitariste. Elle ne l'est que si elle s'enferme dans
l'acception juridique de la responsabilité. Si par exemple les sanctions conçues comme des conséquences de
l'acte déterminent la volonté, il s'agit bien d'une forme d'utilitarisme. Poser la responsabilité comme le principe
moral de notre temps, c'est se situer de façon un peu décalée par rapport à cette typologie des philosophies
morales.
Certes, le
principe responsabilité
insiste sur les actes et leurs conséquences. Il suppose donc un minimum
d'investigation et d'éclairage. Mais, comme nous le verrons plus en détail, la notion de responsabilité enveloppe
1999
5
la présence de l'autre
comme instance décisive. Cette leçon de Levinas doit être retenue pour qu'on évite de
réduire la responsabilité à l'étude des actes et de leurs conséquences au seul bénéfice du sujet agissant qui
raisonnerait sur son seul intérêt à long terme. Par ailleurs, l'enseignement de Kant reste valable pour ce qui
constitue formellement l'exigence de toute morale. Dans une morale de la responsabilité, la question de
l'intention ne saurait être évacuée. Mais ce n'est plus une intention pure au sens où elle serait détachée de
l'altérité….
Par ailleurs, la formulation kantienne de la morale indique deux voies qui restent privilégiées dans toute
réflexion morale, quels qu'en soient les lieux et les temps. Un principe moral doit être
formel
et
universel.
Ce
double caractère oblige à prendre en compte l'intention et à ne pas la négliger sous prétexte qu'elle constituerait
une division arbitraire dans le séquençage d'une opération - comme le critiquait Hegel en montrant que la notion
d'intention relevait d'un processus d'abstraction par rapport à toute opération qui s'inscrit dans le monde.
En effet, toute réflexion morale passe par l'intention comme moment du processus de décision qui
précède nécessairement la décision elle-même mais ne peut s'en abstraire. La caractéristique
formelle
extirpe la
morale d'un lien empirique et arbitraire avec tel ou tel sentiment. La pitié, la sympathie, l'amour - pour reprendre
quelques thèses célèbres - ne sauraient constituer le principe moral dans la mesure où elles renvoient à des
instances empiriques subjectives, c'est-à-dire à des expériences de la conscience très variables suivant les
personnes, leur éducation et leur milieu. Le principe de responsabilité remplit cette exigence formelle : la
volonté de répondre de ses actes ou décisions et de leurs conséquences devant l'autre constitue une épreuve pour
toute intention formulée comme telle. C'est le caractère
formel
qui garantit l'épreuve même de la conscience. La
morale ne consiste pas à faire du sentiment.
C'est aussi ce caractère formel qui donne la garantie d'une
universalité.
Cette universalité n'est pas tout à
fait du même ordre que l'universalité kantienne qui signifie qu'une maxime subit l'épreuve de l'universalité au
sens où tout homme ne pourrait que répondre de la même façon à la même question morale posée. Cette
universalité du principe de responsabilité ne supprime pas la situation singulière de tout sujet. Au contraire, elle
la situe par rapport à un autre - devant lequel il faut répondre. Il n'est jamais le même pour chaque sujet agissant
et qui peut même varier selon la façon dont le sujet agissant envisage les effets de ses actions ou décisions.
L'universalité du principe de responsabilité signifie avant tout que ce principe est applicable
dans tous les cas.
Aucune situation ne peut échapper à l'épreuve de ce principe. C'est précisément ce qui fait sa modernité et
justifie son émergence à notre époque. Nous avons sans cesse à improviser. Nous nous trouvons face à des
situations inattendues, imprévues, imprévisibles. Nous restons désarmés si nous voulons appliquer simplement
des recettes transmises et nous ne trouvons pas dans la tradition de solutions toutes faites. Or le principe de
responsabilité nous permet de résoudre les questions morales que nous nous posons.
Cette idée de Kant reste fondamentale : une vraie morale doit avant tout solliciter notre conscience,
produire un moment de réflexion originale. La morale est inséparable du questionnement moral. C'est en ce sens
que la vraie morale se moque de la morale. C'est en ce sens aussi que toute l'éducation morale se transforme.
Elle ne pourra plus se contenter d'inculquer des schémas de comportement ni des types de solutions
préexistantes. Kant avait pleinement raison d'affirmer qu'il n'y a pas de morale kantienne. Mais il pensait encore
que, par rapport à une question posée, l'universalité de la morale impliquait qu'il n'y eut qu'une seule réponse
possible. Le principe de responsabilité ne peut avoir cette ambition, pour deux raisons essentielles : en premier
lieu, les figures de l'altérité peuvent varier au sein du même questionnement moral. En second lieu, dans notre
monde, chaque individu peut être confronté à des conflits de devoirs - que la figure de l'altérité change ou non -,
et ces conflits de devoirs amènent à des compromis qui ne suppriment pas le caractère moral de la décision,
mais qui doivent tenir compte d'impératifs contradictoires ou divergents.
1999
6
Vous indiquerez sur votre copie le nombre de mots employés, par tranches de 50, ainsi que le nombre
total.
Il convient de dégager les idées essentielles du texte dans l'ordre de leur présentation, en soulignant
l'articulation logique et sans ajouter de considérations personnelles.
Il est rappelé que tous les mots - typographiquement parlant - sont pris en compte : un article (le, l'), une
préposition (à, de, d') comptent pour un mot.
2ème PARTIE
DISSERTATION
----------------------
(Durée : 2 heures)
Alain Etchegoyen écrit : «
On ne s'assure pas sur la responsabilité morale
: voilà un des symptômes
essentiels de la différence entre la responsabilité juridique et la responsabilité morale. Le dédommagement
effectif et financier n'a rien à voir avec la responsabilité morale. Mais le système des assurances peut nous
amener à raisonner sans cesse en oubliant l'autre.»
Qu’en pensez-vous ?
---
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents