Aujourd hui dans le monde presque tous les hommes sont citoyens d un État c est dire selon la définition du Robert qu ils appartien nent une cité en reconnaissent la juridiction sont habilités jouir sur son territoire du droit de cité et sont astreints aux devoirs correspon dants La citoyenneté est d abord une identité juridico politique dont les
12 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Aujourd'hui dans le monde presque tous les hommes sont citoyens d'un État c'est dire selon la définition du Robert qu'ils appartien nent une cité en reconnaissent la juridiction sont habilités jouir sur son territoire du droit de cité et sont astreints aux devoirs correspon dants La citoyenneté est d'abord une identité juridico politique dont les

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
12 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Niveau: Secondaire, Lycée
12 Aujourd'hui dans le monde, presque tous les hommes sont citoyens d'un État, c'est-à-dire, selon la définition du Robert, qu'ils appartien- nent à une cité, en reconnaissent la juridiction, sont habilités à jouir, sur son territoire, du droit de cité et sont astreints aux devoirs correspon- dants. La citoyenneté est d'abord une identité juridico-politique dont les Ville-École-Intégration, n° 118, septembre 1999 LA CITOYENNETÉ Marie GAILLE (*) (*) Agrégée de philosophie, allocataire de recherche au département de philosophie de Nanterre. La citoyenneté est aujourd'hui au centre de nombreux débats entre hommes politiques, sociologues, histo- riens et philosophes. Certains s'en félicitent. D'autres s'en désolent ou ironisent sur cet intérêt qui, selon eux, est le signe le plus sûr de la débâcle sociopolitique de la cité. On parlerait du citoyen quand celui-ci s'efface au profit d'autres formes d'identification de l'individu. Effet de crise ou non, la réflexion sur la citoyenneté ne devrait pourtant être jamais négligée, car elle s'intéresse à l'identité politique de l'individu et, partant, au pouvoir dont il dispose pour influencer le cours de sa propre existence et de celle des autres. Les décisions législatives prises à l'Assemblée n'ont-elles pas un effet direct sur la vie de chacun, dans le domaine politique bien sûr, mais aussi et autant dans ceux de l'écono- mie, de la culture et de la vie sociale ?

  • citoyen

  • cité athénienne

  • ingérence dans la politique

  • cité

  • vie associative

  • citoyens paradoxaux

  • identité politique de l'individu

  • véritables vecteurs de la liberté et de la légitimité démocratique

  • citoyenneté


Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 septembre 1999
Nombre de lectures 40
Langue Français

Extrait

Ville-École-Intégration, n° 118, septembre 1999
LA CITOYENNETÉ
Marie GAILLE (*)
La citoyenneté est aujourd’hui au
centre de nombreux débats entre
hommes politiques, sociologues, histo-
riens et philosophes. Certains s’en
félicitent. D’autres s’en désolent ou
ironisent sur cet intérêt qui, selon eux,
est le signe le plus sûr de la débâcle
sociopolitique de la cité. On parlerait
du citoyen quand celui-ci s’efface au
profit d’autres formes d’identification
de l’individu. Effet de crise ou non, la
réflexion sur la citoyenneté ne devrait
pourtant être jamais négligée, car elle
s’intéresse à l’identité politique de
l’individu et, partant, au pouvoir dont
il dispose pour influencer le cours de
sa propre existence et de celle des
autres. Les décisions législatives
prises à l’Assemblée n’ont-elles pas un
effet direct sur la vie de chacun, dans
le domaine politique bien sûr, mais
aussi et autant dans ceux de l’écono-
mie, de la culture et de la vie sociale ?
Aujourd’hui dans le monde, presque tous les hommes sont citoyens
d’un État, c’est-à-dire, selon la définition du Robert, qu’ils appartien-
nent à une cité, en reconnaissent la juridiction, sont habilités à jouir, sur
son territoire, du droit de cité et sont astreints aux devoirs correspon-
dants. La citoyenneté est d’abord une identité juridico-politique dont les
(*) Agrégée de philosophie, allocataire de recherche au département de philosophie de
Nanterre.
12effets se manifestent aussi hors de ce territoire : le citoyen jouit de la
protection et des services de l’État dont il est membre grâce aux ambas-
sades et aux consulats. De cette définition, il faut immédiatement passer
aux pratiques de la citoyenneté.
La citoyenneté en actes
Les actes auxquels on a associé par excellence la citoyenneté dans
une démocratie sont l’exercice des droits politiques, en particulier le
droit de vote qui permet d’élire des représentants, et des droits civils,
notamment dans le domaine judiciaire. En retour, le citoyen doit
accomplir des devoirs – respecter les lois, payer des impôts et, pour
certains, effectuer un service militaire. Mais, comme en témoigne l’ar-
ticle 21 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, le
citoyen est avant tout défini comme quelqu’un qui, en droit, prend part
à la vie publique de son État et intervient dans les processus de déci-
sion politique : « 1. Toute personne a le droit de prendre part à la
direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par
l’intermédiaire de représentants librement choisis. 2. Toute personne a
droit à accéder, dans des conditions d’égalité, aux fonctions publiques
de son pays. 3. La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des
pouvoirs publics ; cette volonté doit s’exprimer par des élections hon-
nêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal
et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la
liberté du vote. »
La sociologie contemporaine insiste aussi sur des formes d’action ou
des activités qui n’ont pas de rapport direct avec l’exercice des droits
et l’accomplissement des devoirs. Celles-ci prennent place dans un
« espace » qui n’est ni privé, ni public, mais plutôt de l’ordre du « voi-
sinage ». Elles se développent notamment dans la vie associative, par-
fois spécifique à un quartier. À travers elles, les citoyens tentent de
renforcer, recréer ou faire naître un lien social essentiel au maintien de
la démocratie et de la vie politique, de garantir les conditions d’exer-
cice de la citoyenneté pour des populations défavorisées (aide scolaire,
aide juridique), ou encore de faire entendre des revendications à l’État
(création d’écoles, de lignes de transports en commun, aide au loge-
ment, politique écologique). Deux idées sont importantes pour prendre
la mesure de cette vie de « voisinage ». Cette dernière incarne une pra-
tique non pas « héroïque », mais ordinaire et quotidienne du civisme,
13dont les effets se font sentir dans le long terme. Elle renvoie en outre
de manière exemplaire aux deux sens qu’a eu longtemps la notion de
« civilité » et illustre leur solidarité : « Le sens primitif, on le trouve
dans son premier emploi connu en français chez Nicolas Oresme, au
eXIV siècle, dans ses Éthiques (traduction d’Aristote), où la civilité est
définie comme “ manière, ordonnance et gouvernement d’une cité ou
communauté ”. Ce sens est clairement dérivé du latin civilis, civilitas,
qui désigne tout ce qui est relatif au civis, au citoyen, à la vie poli-
tique, à l’État. Le second sens, qui dérive du premier par un glisse-
ment inexorable que l’on constate chez tous les mots de la même
famille, en grec et en latin comme dans les langues modernes, de poli-
tique ou civile devient moral et psychologique : il dénote une certaine
qualité douce et facile des rapports entre les membres d’une commu-
nauté » (1).
Ces espaces de « voisinage » caractérisés par une vie associative
importante peuvent être opposés à deux autres sortes d’espaces où la
vie de citoyen ne s’exerce pas : les lieux d’enfermement et les zones de
non-droit. Les prisons et les asiles accueillent des citoyens paradoxaux.
Ainsi, les prisonniers ne sont pas des hors-la-loi au sens propre. Ils sont,
en tant que criminels condamnés, encore soumis à une loi. Mais, en rai-
son de leurs actes, ils perdent la jouissance d’un certain nombre de
droits attachés à la citoyenneté, en premier lieu le droit de cité : ils
vivent dans des espaces séparés dans lesquels ils ne sont pas maîtres de
leur temps, ni de leurs mouvements. Les « fous » connaissent, pour des
raisons différentes, le même sort. Mais, dès lors que leurs capacités
mentales sont mises en doute, on peut se demander dans quelle mesure
ils exercent leur droit de citoyen ou en accomplissent les devoirs. Les
zones de non-droit, quant à elles, se définissent comme des lieux dans
lesquels la loi de l’État ne s’applique pas pour des raisons diverses : la
corruption des gouvernants y est importante ; la présence de l’État est
dominée par celles d’organisations qui font régner leur propre « loi »
(les mafias, les gangs urbains, etc.) ; la situation économique, sociale,
culturelle et politique de ces espaces peut être si difficile à gérer et à
améliorer, requiert des investissements si importants que les gouverne-
ments ne s’engagent pas dans des projets de réforme. Dans ces zones de
non-droit, peu de droits sont garantis, et en particulier parmi eux le
droit à la sûreté (affirmé dans l’article 2 de la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen du 26 août 1789 et dans l’article 3 de la
Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948).
14La citoyenneté est aussi exercée dans des formes de mobilisation col-
lective qui apparaissent ponctuellement pour protester contre tel ou tel
aspect de la politique gouvernementale, mais aussi pour revendiquer un
droit ou contraindre l’État à mener une action que lui seul, et non les
individus, même unis en grand nombre, peut faire aboutir (réforme à
l’intérieur de la cité, intervention à l’extérieur, voire ingérence dans la
politique d’un autre État). La mobilisation collective a plusieurs visages
dont les plus importants sont aujourd’hui la grève et la manifestation.
S’il y a un droit de grève et un droit à manifester publiquement un
désaccord, la mobilisation collective suscite dans certains cas des inter-
rogations sur la désobéissance civile. Lorsqu’on aborde ce thème, deux
difficultés s’imposent. Tout d’abord, il est extrêmement ardu de délimi-
ter la frontière au-delà de laquelle le citoyen désobéit, c’est-à-dire est
coupable envers les lois de l’État et, de ce fait, est passible d’une
condamnation. C’est l’État même qui fixe la loi et détermine donc cette
limite. Pour un État démocratique, qui se veut respectueux de la liberté
des citoyens, la tâche est particulièrement délicate : l’organe exécutif de
l’État, en tant que détenteur du monopole de la violence, est toujours
tenté de limiter en fait et en droit les protestations des citoyens, alors
que la mobilisation collective est considérée comme un moyen d’in-
fluencer l’action gouvernementale, au même titre que le vote : elle
exprime l’opinion d’une partie des citoyens dans les intervalles

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents