Lakoff entretien
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  • cours - matière potentielle : la pro - chaine décennie
  • cours - matière potentielle : la première phase
  • mémoire
  • cours - matière potentielle : des années soixante
G E O R G E L A K O F F L a p h i l o s o p h i e d a n s l a c h a i r L'espri t incarné : un déf i pour la pensée occidentale E N T R E T I E N A V E C G E O R G E L A K O F F P A R J O H N B R O C K M A N (mars 1999) GEORGE LAKOFF est professeur de linguistique à l'Université de Berkeley, en Californie, depuis 1972.
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Langue Français
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Extrait

G E O R G E L A K O F F
L a p h i l o s o p h i e d a n s l a c h a i r
L’esprit incarné : un défi pour la pensée occidentale

E N T R E T I E N A V E C
G E O R G E L A K O F F
PPPP AAAA RRRR JJJJ OOOO HHHH NNNN BBBB RRRR OOOO CCCC KKKK MMMM AAAA NNNN ((((mmmmaaaarrrrssss 1111999999999999))))

GEORGE LAKOFF est professeur de linguistique à
l’Université de Berkeley, en Californie, depuis 1972.
Il exerce à l’Institut d’Études Cognitives. Il a été
membre du conseil d’administration de la Société de
Science Cognitive, président de l’Association Inter-
nationale de Linguistique Cognitive, et membre du
Conseil Scientifique de l’Institut de Santa Fe. Il est
l’auteur de Metaphors We Live By (avec Mark
Johnson), Women, Fire and Dangerous Things: What
Categories Reveal About the Mind, More Than Cool
Reason : A Field Guide to Poetic Metaphor (avec Mark
Turner), Moral Politics, une application de la science
cognitive à l’étude des systèmes conceptuels des
Démocrates et des Républicains.
Son dernier ouvrage, La philosophie dans la chair
(Philosophy in the Flesh) (avec Mark Johnson),
vient de sortir. Il s’agit d’une réévaluation de la
philosophie occidentale sur la base de résultats
empiriques portant sur la nature de l’esprit.
Il travaille maintenant avec Rafaël Nunez sur un
livre provisoirement intitulé : Where Mathematics
Comes From : How the Embodied Mind Creates
Mathematics, une étude de la structure conceptuelle
des mathématiques.
Traduction : Bernard Pasobrola
G E O R G E L A K O F F
L a p h i l o s o p h i e d a n s l a c h a i r
L’esprit incarné : un défi pour la pensée occidentale
détails de la computation neuronale, le
cerveau biologique passe au second plan
et c’est avec les circuits neuronaux intro-
duits par la métaphore que l’on travaille.
Mais peu importe si une métaphore est omniprésente, il est important de garder
une trace de ce qu’elle dissimule et de ce
qu’elle introduit. Si vous ne procédez pas
ainsi, le corps ne tarde pas à disparaître.
JB : Qu’est-ce qu’un corps ? Nous manions nos métaphores avec pru-
dence, comme devraient le faire la plupart
LAKOFF : C’est une question intéressante.
des scientifiques…
Pierre Bourdieu a souligné que notre corps
et ce que nous en faisons sont sensible- JB : Il n’y avait pas de métaphores de
ment différents d’une culture à l’autre. Les traitement de l’information il y a 35-40
Français ne marchent pas comme les ans – et donc le corps est-il réel, ou in-
Américains. Les corps des femmes sont venté ?
différents de ceux des hommes. Le corps
LAKOFF : Il y a une différence entre le
chinois n’est pas comme le corps polonais.
corps et la façon dont nous le conceptuali-
Et notre compréhension de ce qu’est le
sons. Le corps est le même qu’il y a 35
corps a changé radicalement au fil du
ans, la conception du corps est très diffé-
temps, comme les postmodernistes l’ont
rente. Nous avons maintenant des méta-
souvent observé.
phores du corps que nous n’avions pas à
Néanmoins, nos corps ont énormément de
cette époque, et une science relativement
points communs. Nous avons tous deux
avancée construite sur ces métaphores. À
yeux, deux oreilles, deux bras, deux jam-
cet égard, le corps contemporain et le cer-
bes, du sang qui circule, des poumons qui
veau, conçus en termes de circuits neuro-
servent à respirer, une peau, des organes
naux et autres métaphores de traitement de
internes, et ainsi de suite. Les aspects et
l’information, ont été « inventés ». Ces
conventions que l’on retrouve dans divers
inventions sont indispensables à la
systèmes conceptuels tendent à être
science. Notre compréhension émergente
structurés par ce que nos corps ont en
de l’incarnation de l’esprit ne serait pas
commun, c’est-à-dire énormément de cho-
possible sans elles.
ses.
JB : Comment cette approche est-elle née
JB : Mais si nous sommes une machine
à partir de vos travaux précédents ?
liée à un système d’information, finale-
LAKOFF : Ma vraie première recherche a ment, ces orifices n’ont peut-être rien à
voir là-dedans... eu lieu entre 1963 et 1975, quand
j’appliquais la théorie de la Sémantique
LAKOFF : Lorsque vous commencez à étu-
générative. Durant cette période, j’ai été
dier le cerveau et le corps d’un point de
tenté d’unifier la grammaire transforma-
vue scientifique, vous utilisez inévitable-
tionnelle de Chomsky et sa logique for-
ment des métaphores. Les métaphores de
melle. J’ai aidé à mettre au point un grand
l’esprit que vous évoquez ont évolué au fil
nombre d’aspects initiaux de la théorie de
du temps – des machines aux tableaux de
la grammaire de Chomsky. Noam procla-
commande électroniques puis à
mait alors – et il le fait toujours, autant
l’informatique. La science ne peut pas
que je puisse en juger – que la syntaxe est
éviter la métaphore. Dans nos travaux,
indépendante du sens, du contexte, du sa-
nous utilisons la métaphore du Circuit
voir implicite, de la mémoire, du proces-
Neuronal omniprésente en neuroscience.
sus cognitif, de l’intention communicative,
Si vous étudiez la computation neuronale,
et de toute attache corporelle.
cette métaphore est nécessaire. Dans
l’activité de recherche quotidienne sur les
2G E O R G E L A K O F F
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L’esprit incarné : un défi pour la pensée occidentale
En travaillant sur certains détails de sa détails de cette théorie et ses implications
théorie, au cours de la première phase, j’ai philosophiques. Nous collaborons depuis
trouvé quelques cas où la sémantique, le 20 ans. Mark a maintenant une chaire de
contexte, et d’autres facteurs de ce genre philosophie dans l’Oregon.
faisaient partie des règles régissant les oc-
JB : Comment distingue-t-on science co-
currences syntaxiques des phrases et des
gnitive et philosophie ?
morphèmes. J’en suis venu à poser les ba-
LAKOFF : C’est une question profonde et ses d’une théorie alternative en 1963 et,
importante, qui est au centre de avec de merveilleux collaborateurs comme
l’entreprise La philosophie dans la chair. Haj Ross et Jim Mc Cawley, nous l’avons
La raison pour laquelle la question n’a pas développée au cours des années soixante.
de réponse simple, c’est qu’il existe deux Pour en revenir à 1963, la sémantique si-
formes de science cognitive, l’une mode-gnifiait alors la logique – logique déduc-
lée sur les hypothèses de la philosophie tive et modèle théorique – et notre groupe
anglo-américaine et l’autre (pour autant a développé une théorie de la Sémantique
que l’on puisse en juger) indépendante des Générative qui unissait la logique formelle
présupposés philosophiques spécifiques et la grammaire transformationnelle. Dans
qui déterminent les résultats de la recher-cette théorie, la sémantique (sous la forme
che. de la logique) était considérée comme
A ses débuts, la science cognitive, ce que prioritaire sur la syntaxe ; on en voulait
nous appelons la « science cognitive de pour preuve que des considérations sé-
première génération » (ou « science co-mantiques et pragmatiques étaient pré-
gnitive désincarnée »), a été conçue pour sentes dans les généralisations régissant la
s’adapter à une version formaliste de la structure syntaxique. Chomsky a, depuis,
philosophie anglo-américaine. Autrement adopté un grand nombre de nos innova-
dit, elle partait de présupposés philosophi-tions, mais il les a combattues violemment
ques propres à déterminer une partie im-dans les années 60 et 70.
portante des « résultats » scientifiques. En 1975, j’ai eu connaissance de certains
Retour à la fin des années 1950 : Hilary résultats de base provenant des diverses
Putnam (un éminent philosophe, très sciences cognitives qui pointaient vers une
doué) a formulé une position philosophi-théorie de l’esprit incarnée – la neurophy-
que appelée « fonctionnalisme ». (Par ail-siologie de la vision des couleurs, les
leurs, il a depuis renoncé à cette position.) prototypes et catégories de niveau de base,
Il s’agissait d’une position philosophique le travail de Talmy sur les concepts de
a p

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