nous empêcher de décoller L ambivalence des parents l égard de l enfant n est pas moindre que celle de l enfant l égard de ses parents: ont ils vraiment envie que l enfant fasse son chemin Cela signifie que l enfant va prendre leur place et qu eux mêmes doivent ainsi accepter la perspective de leur propre mort La question de la mort est donc là l arrière plan dans Blanche Neige par exemple c est particulièrement clair
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nous empêcher de décoller L'ambivalence des parents l'égard de l'enfant n'est pas moindre que celle de l'enfant l'égard de ses parents: ont ils vraiment envie que l'enfant fasse son chemin Cela signifie que l'enfant va prendre leur place et qu'eux mêmes doivent ainsi accepter la perspective de leur propre mort La question de la mort est donc là l'arrière plan dans Blanche Neige par exemple c'est particulièrement clair

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Description

Niveau: Secondaire, Lycée
nous empêcher de décoller. L'ambivalence des parents à l'égard de l'enfant n'est pas moindre que celle de l'enfant à l'égard de ses parents: ont-ils vraiment envie que l'enfant fasse son chemin? Cela signifie que l'enfant va prendre leur place et qu'eux-mêmes doivent ainsi accepter la perspective de leur propre mort. La question de la mort est donc là, à l'arrière-plan – dans Blanche-Neige, par exemple, c'est particulièrement clair. M R Dans Le Petit Chaperon rouge aussi. F F Le Petit Chaperon rouge, c'est autre chose. Dans la Pensée des contes, j'ai consacré un chapitre aux contes d'ogres et de loups. Ces contes traitent d'un problème encore plus archaïque, qui est celui d'exister sans limites: le propre du personnage de l'ogre, c'est qu'il existe sans limites. Autrement dit, pour lui, il n'y a pas de place pour deux. D'une certaine façon, l'ogre ou le loup illustrent une propension, un désir de l'enfant. Désir, et en même temps angoisse, car, précisément, pour que chacun de nous existe, il faut qu'il soit placé, dès sa naissance et même avant, dans un cadre où il y a place pour plusieurs. Il y a donc aussi chez l'enfant (comme chez l'adulte) le désir contraire, celui de garder sa place parmi les autres.

  • expressions africaines par l'expression

  • sentiment

  • contes d'ogres

  • sorte de trou

  • institu- tion scolaire

  • loup


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Langue Français

Extrait

M A R I E R AY N A LFrançois Flahault, vous êtes un philosophe atypique. Vous êtes connu pour avoir beaucoup travaillé sur les contes, notamment à travers un ouvrage inti-1 tuléLa Pensée des contes, ce qui est tout à fait étonnant de la part d’un philosophe. Les contes sont en effet des récits ; or les philoso-phes travaillent traditionnellement seulement sur les textes d’autres philosophes. Dans les contes, la notion de réussite qui nous intéresse
François FLAHAULT
pour ce numéro deDiversitéa une place centrale. Pourriez-vous nous la décrire ?
F R A N Ç O I S F L A H A U LTTout d’abord, les contes mettent en scène la façon dont nous sommes liés à la génération qui nous précède. Quand on est un enfant, on est suspendu à la génération précédente, mais il va bien falloir s’en décrocher et se raccrocher à la génération de ses contemporains, ce qui n’est pas joué d’avance. De nombreux contes parlent de ça, entre autres des contes rendus célèbres par Perrault commePeau d’âneouCendrillon. Il faut dire que, dans les contes, les parents sont sour-ces de bon comme de mauvais. On part dans la vie avec ce qu’ils nous ont transmis ; une partie va nous aider à faire notre propre chemin, donc à nous détacher d’eux, d’autres choses vont nous empoisonner l’existence, nous enkyster,
1 Paris, Anthropos, coll « Economica », 2001.
e n t r e t i e n François Flahault philosophe
nous empêcher de décoller. L’ambivalence des parents à l’égard de l’enfant n’est pas moindre que celle de l’enfant à l’égard de ses parents: ont-ils vraiment envie que l’enfant fasse son chemin ? Cela signifie que l’enfant va prendre leur place et qu’eux-mêmes doivent ainsi accepter la perspective de leur propre mort. La question de la mort est donc là, à l’arrière-plan – dansBlanche-Neige, par exemple, c’est particulièrement clair.
M R
DansLe Petit Chaperon rougeaussi.
F FLe Petit Chaperon rouge, c’est autre chose. Dans laPensée des contes, j’ai consacré un chapitre aux contes d’ogres et de loups. Ces contes traitent d’un problème encore plus archaïque, qui est celui d’exister sans limites : le propre du personnage de l’ogre, c’est qu’il existe sans limites. Autrement dit, pour lui, il n’y a pas de place pour deux. D’une certaine façon, l’ogre ou le loup illustrent une propension, un désir de l’enfant. Désir, et en même temps angoisse, car, précisément, pour que chacun de nous existe, il faut qu’il soit placé, dès sa naissance et même avant, dans un cadre où il y a place pour plusieurs. Il y a donc aussi chez l’enfant (comme chez l’adulte) le désir contraire, celui de garder sa place parmi les autres. Ce qui implique de trouver son assiette dans les limites qui définissent la place que l’on occupe. Il est agréable de co-exister avec les autres, mais, en même temps, il n’est pas agréable d’être limité. C’est cette tension qui est mise en scène dans des contes comme leChaperon rouge, ou dans les contes d’ogres ou de cyclopes. C’est le problème fondamental du nour-risson : va-t-il entrer dans un monde où il y a place pour deux ? et lui-même va-t-il accepter qu’il y ait place non seulement pour lui, mais pour les autres ? Les êtres humains traînent ça toute leur vie en toile de fond et les contes visent dans le mille. Les
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