INSTITUT D ETUDES POLITIQUES DE STRASBOURG
144 pages
Français

INSTITUT D'ETUDES POLITIQUES DE STRASBOURG

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Description

Niveau: Supérieur

  • mémoire


1 UNIVERSITE ROBERT SCHUMAN INSTITUT D'ETUDES POLITIQUES DE STRASBOURG Jérémie Ayadi Droit, esclavage et droits esclavagistes français et anglo-américains Mémoire de 4e année de l'Institut d'Etudes Politiques de Strasbourg Directeur du mémoire : Anne Klebes-Pélissier Juin 2007

  • droits esclavagistes

  • droit de l'esclavage

  • esclavage par nature

  • professeur d'histoire

  • régime juridique de l'esclave

  • esclave

  • esclaves sous l'empire des sociétés esclavagistes


Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 juin 2007
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

UNIVERSITE ROBERT SCHUMAN

INSTITUT D’ETUDES POLITIQUES DE STRASBOURG





Jérémie Ayadi


Droit, esclavage et droits esclavagistes
français et anglo-américains








eMémoire de 4 année de l’Institut d’Etudes Politiques de Strasbourg

Directeur du mémoire : Anne Klebes-Pélissier


Juin 2007
1


L'Université Robert Schuman n'entend donner aucune
approbation ou improbation aux opinions émises dans ce
mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme propres à
leur auteur.





















2
A Stephen Rabe, mon professeur d’Helsinki dont les cours ont éveillé ma curiosité.

Je tiens à remercier Benjamin Maguin, Julien Dorn et mes parents dont le soutien moral
fut précieux et constant.


« L'esclave est un outil animé et l'outil est un esclave inanimé ».
Aristote, Ethique à Nicomaque,VIII, 13

« Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour
former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit
libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit ».
Saint Paul, Epître aux Corinthiens, 12.13

« Free them and make them politically and socially our equals?
My own feelings will not admit of this ».
Abraham Lincoln, 21 Août 1858
1

1
Le Grand Sceau de la Confédération adopté en avril 1863: Georges Washington au centre, paradoxe du
planteur antiesclavagiste. Disponible sur http://members.cox.net/polincorr1/image/CSASeal.jpg
3 Sommaire.

Incipit. …………………………………………………………………………….p. 5
Introduction générale. ………………………………………………………p. 6


Chapitre I : Les justifications de l’esclavage. ………………...……p. 9

Section I : Aristote et l’esclavage par nature. ……………………p. 9

Section II : Les débats du christianisme. .…………………………p.21

Section III : Des sociétés esclavagistes tardivement
racistes.……..……………………………………………………………………p. 43

Chapitre II : la définition juridique de l’esclavage au sein d’un
système politique binaire. ………………………………………..……….p. 54

Section I : le régime juridique de l’esclave : une existence
ambiguë. ………….……………….……………….…………………………...p. 54

Section II : les esclaves sous l’empire des sociétés
esclavagistes. ………………………………………………………………….p. 71


Conclusion générale. ………………...……….……………………..……..p. 89

Bibliographie. …………………………………………………………………p. 92

Sources. …………………………………………………………………………p. 93

Annexes. ……………………….………………………………………………..p. 94

4 Incipit.

En janvier 2006, le Président Jacques Chirac décidait d’instaurer une journée de
commémoration aux victimes de l’esclavage pour le 10 mai des années à venir. Ainsi
était réglée la question du devoir de mémoire : la perpétuation du souvenir des esclaves
et de ceux qui les ont asservis. Mais l’auteur, depuis Helsinki, observait avec une
certaine distance les débats qui agitaient quelque peu la métropole. Au-delà de la
description des fautes de l’Etat, de ses ressortissants et de ceux de toute la gens
occidentalis, la vraie question restait posée : qu’était l’esclavage ?
La tradition populaire de l’esclavage reste sur une vision éminemment
dichotomique et même « duochromatique » de cette institution qui s’étendait bien au-
delà de la période coloniale et du domaine européen. Rassasié des remous français qui
divisa les partisans des mémoires et autres identités, l’auteur profita du passage en
Finlande de monsieur Stephen Rabe, professeur d’histoire américaine, pour suivre son
cours intitulé « Slavery in [North] America ». On passait de la mémoire à l’étude de la
mémoire, de l’imagerie populaire à une initiation à la réalité des choses passées : le
cours ne prêtait donc plus aux débats mais à la dispute, à la méthode et aux faits. Par
2conséquent, la « mythistoire » décrite par le professeur Anthony D. Smith dans son
ouvrage « Nations and Nationalism in a Global Era » a été remplacée par l’histoire
tout court.
Suite à diverses discussions, le projet de ce mémoire commençait à se
développer autour de l’approfondissement de notions entraperçues lors du cours de
l’année Erasmus : le droit de l’esclavage, celui qui réduit l’homme au rang d’objet, et
ses origines intellectuelles, celles qui ont présidé à sa constitution définitive.








2 La mythification de l’histoire, la reconstruction et la politisation des faits historiques que l’on rattache
parfois avec force à la nation présente pour produire une identité commune à tous sur la base de
souvenirs généralement antérieurs à la Révolution française (pré-modernes).
5 Introduction.

L’esclavage est une pratique universelle, tant du point de vue spatial que du
point de vue temporel : il est de tout peuple, de tout temps et notre époque n’échappe
pas à la règle.
Si Fustel de Coulanges y voyait un fait contemporain de l’origine des sociétés,
c’est au moment où l’homme écrit et entre dans l’Histoire que l’on retrouve des traces
3
des premiers contrats impliquant la vente d’êtres humains vers -2600. Les codes de
4Lipit-Ishtar (-1930), d’Hammourabi (-1750) et l’Ancien Testament attestent de la
présence d’esclaves traités en marchandise dans la vie quotidienne. De même
l’Amérique précolombienne connaissait ces pratiques : les Aztèques déclaraient
rituellement des « guerres glorieuses » à leurs voisins dans la seule fin de capturer de
futurs sacrifiés.
L’étude d’un tel phénomène ne peut qu’être limitée. L’esclavage fait écho
aujourd’hui au colonialisme et à la France, lourdement impliquée dans ces deux
sphères. On l’étudiera avec d’autant plus d’intérêt qu’il a toujours, dans notre pays, des
répercussions majeures sur les populations précédemment asservies dans nos anciennes
colonies sucrières. Pour notre part, l’intérêt se porte également sur l’Amérique
coloniale et les Etats-Unis dont la particularité est d’avoir connu sur leur propre
territoire métropolitain une société esclavagiste et démocratique (contrairement aux
colonies hispaniques) : la combinaison des deux est ainsi liée à la dichotomie entre le
citoyen qui fait la Loi et le sujet qui la subit. Outre-Atlantique, ce phénomène était si
important qu’il a causé la première guerre moderne de l’Histoire : la Guerre de
Sécession. Cependant que les droits français et anglo-américains sont nés des mêmes
courants de pensée plongeant leurs racines dans l’Antiquitée et le Moyen-Âge, il nous
apparaissait intéressant de voir s’ils différaient de façon importante alors que du XVIIe
au XIXe siècle ceux-ci atteignaient leur pleine maturité. C’est par l’étude des Codes
Noirs français et des différents Etats esclavagistes comme ceux de Louisiane, de
Géorgie et de Virginie, de leur création dans les années 1660 jusqu’à leur abrogation,

3
Marcel Dorigny et Bernard Gainot, Atlas des esclavages, traites, sociétés coloniales, abolitions de
l’Antiquité à nos jours, France, Editions autrement, 2006, p. 7.
4
Lévitique 25.42 : Car ce sont mes serviteurs [les Hébreux], que j'ai fait sortir du pays d'Égypte; ils ne
seront point vendus comme on vend des esclaves.
6 que nous analyserons l’esclavage, la façon dont le droit pouvait en quelques lignes
réifier l’individu sans toutefois le dépersonnaliser.

Quelque soit l’appellation et l’usage futurs des asservis, ils partagent tous une
caractéristique commune : on dispose d’eux comme d’objets, la Convention relative à
l’esclave (1926) considérant d’ailleurs que « l'esclavage est l'état ou condition d'un
individu sur lequel s'exercent les attributs du droit de propriété ou certains d'entre
eux ». L’esclave, homme par nature, devient un objet par destination, le critère étant la
propriété. Mais nous parlons là de codes, de conventions, bref de droit.
Le droit est le produit de la société

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