La culture professionnelle des inspecteurs de l éducation au Sénégal
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La culture professionnelle des inspecteurs de l'éducation au Sénégal

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Les missions, fonctions et rôles des inspecteurs de l'éducation ne peuvent prendre corps que s'ils s'inscrivent dans un cadre cohérent faisant émerger de grandes priorités et s'appuyant surtout sur la maîtrise de compétences à un niveau satisfaisant, c'est-à-dire une maîtrise de compétences individuelles et collectives spécifiques à l'acquisition d'une posture nouvelle qui certifie l'aptitude au métier et à la poursuite de la professionnalisation.

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Publié le 17 septembre 2011
Nombre de lectures 334
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mouhamadou Bamba MBAYE Inspecteur de l’éducation Sénégal
« Grâce au modèle de la stivation on peut arriver à développer la professionnalité des inspecteurs de l’éducation dès la formation initiale
La culture professionnelle des inspecteurs de l’éducation au Sénégal
La réflexion sur la gestion du corps des inspecteurs articulée à un pilotage politique du système scolaire et susceptible de répondre au défi de la qualité doit rester une entreprise de grande ampleur.
La culture professionnelle des inspecteurs de l'éducation s'inscrit ainsi dans un processus dynamique où l'inspecteur doit prendre conscience du développement de compétences nécessaires pour exercer avec efficience les missions qui lui sont confiées dans un contexte de réforme en évolution constante.
L'évolution de la formation des inspecteurs de l'éducation ces dernières années pose une exigence de professionnalisation qui nécessite la maîtrise de compétences spécifiques dont l'acquisition ne procède pas d'un simple transfert de savoirs et de savoirfaire déjà acquis (Pernias, 2003).
Comme le suggère Pernias (2003), devenir cadre ne peut pas se résumer à un simple adoubement institutionnel qui, sur la base d'une expertise acquise, conférerait spontanément légitimité professionnelle et compétences. Cela relève plutôt d'une démarche de reconstruction identitaire et professionnelle qui vise la maîtrise de compétences individuelles et collectives spécifiques et l'acquisition d'une posture nouvelle.
D'ailleurs, le nouveau plan de formation du département F2 (formation des inspecteurs du sénégal) reflète une volonté manifeste de prendre en compte l'évolution et les changements en cours des contextes d'éducation pour un réajustement et une adaptation efficiente par rapport au renouvellement des connaissances scientifiques et technologiques, mais aussi à l'émergence de besoins nouveaux en matière d'encadrement (Plan de formation F2, 2001).
C'est pourquoi, la professionnalisation des inspecteurs de l'éducation, en formation initiale et continue, renvoie ainsi à la notion de parcours où l'inspecteur est dans les dispositions
d'appréhender sa situation professionnelle dans son entière complexité et d'agir de manière appropriée.
D'où l'urgence de renforcer les capacités de gestion et de management des services d'éducation en développant chez les inspecteurs un profil mieux adapté à la complexité des tâches et à la multiplicité des contextes d'intervention (Plan de formation F2, 2001).
Garants de la qualité des savoirs transmis, organisateurs du système éducatif, régulateurs de son fonctionnement et évaluateurs de ses résultats, les inspecteurs de l'éducation restent un levier stratégique majeur dans la réalisation de la politique éducative pour une efficacité accrue du système.
Dans le même ordre d'idée, le plan de formation de la FASTEF( pour formation des inspecteurs du Sénégal), élaboré à la suite d'une analyse de contexte, définit un profil nouveau qui fait de l'inspecteur en plus du spécialiste de l'intervention pédagogique, un concepteur, un formateur, un gestionnaire du système, un promoteur de changement, un consultant (chercheur  évaluateur) capable d'«éclairer» les décideurs (Plan de formation F2, 2001).
Fautil encore rappeler que ces missions de l'inspecteur de l'éducation en évolution (Dikelé 2005) s'exercent sur plusieurs plans visant aussi bien l'impulsion de la politique éducative que la formation des personnels. A cela, s'ajoutentdes fonctions d'expertise administrative et pédagogique qui font que l'inspection a changé de perspective (Dikelé 2005).
Par conséquent, toutes ces fonctions se sont précisées et se sont développées à telle enseigne que son expertise le conduit à intervenir dans un grand nombre de domaines et requiert par ricochet un paquet ou socle de compétences dont les aptitudes sont établies d'abord en formation initiale et appliquées une fois sur le terrain.
Il s'agit de missions essentielles au bon fonctionnement du système éducatif et qui confèrent un rôle majeur aux inspecteurs de l'éducation en conformité avec leur statut.
En France, les missions des inspecteurs d'académie, des inspecteurs pédagogiques et des inspecteurs de l'éducation nationale s'exercent dans les différentes voies de formation : formation initiale ou statut scolaire, apprentissage et formation continue.
On parle de mission d'évaluation, de mission d'animation et d'impulsion, de mission de formation et de mission d'expertise.
En effet, la démarche de reconstruction identitaire et professionnelle visée chez le futur cadre qu'est l'inspecteur de l'éducation, nécessite la possession de réelles qualités intellectuelles et humaines.
Les objectifs et buts de la formation des inspecteurs tels que définis dans le plan de formation de la section F2 cherchent à doter le futur inspecteur de compétences à la mesure des défis à relever dans le cadre de l'exercice de ses fonctions comme:
la consciencede l'importance des fonctions du personnel d'encadrement dans la mise en œuvre de la politique éducative ; l'acquisition de l'ensemble des compétences pratiques nécessaires à l'accomplissement des tâches rattachées à ses fonctions ; la capacité de faire preuve d'esprit d'initiative et de créativité, face à des situations nouvelles ; l'acquisition de capacités d'échanges et de communication au sein de l'école et avec les différents partenaires de l'éducation (Plan de formation F2, 2001).
Á cet effet, doivent être développées, au cours de la formation, des compétences comme l'aptitude à communiquer, le sens de l'écoute, la concision, l'analyse, la synthèse, la problématisation, l'intérêt pour le travail d'équipe, etc. Leur maîtrise satisfaisante en fin de formation et de professionnalisation est estimée fondamentale et incontournable pour entrer dans le métier et continuer de s'y former.
2. Les spécificités des compétences professionnelles de l'inspecteur
Le professionnel que se veut l'inspecteur de l'éducation doit l'amener à une pratique qui se fonde sur une base de connaissances scientifiques et rationnelles lui permettant de répondre et de s'adapter à la demande du système. Il doit être capable de se déployer dans n'importe quel contexte face à des situations aussi complexes que diversifiées. C'est pourquoi nous pensons que la profession d'inspecteur demande de développer des aptitudes fractales comme :
L'aptitude à communiquer :
La qualité de l'expression orale constitue une compétence professionnelle essentielle pour l'inspecteur. C'est une compétence que l'on pourrait tenter de définir comme étant la capacité pour lui de comprendre les autres et de se faire comprendre par eux. Et ceci dans le traitement de situations d'encadrement, de formation et de production avec une correction linguistique.
Dans l'exercice de son métier, l'inspecteur a la délicate et lourde tâche d'organiser et d'animer des situations d'apprentissage aussi bien dans le cadre de la formation initiale que dans le cadre la formation continuée des enseignants.
Il va aussi participer à d'importantes rencontres où il doit faire montre de bonnes habiletés communicatives, une prononciation normée, une morphosyntaxe irréprochable et un vocabulaire précis et étendu : cela peut s'agir de l'entretien d'explicitation, de l'entretien d'évaluation, des différentes manières de travailler verbalement en groupe, pour exercer la créativité (brainstorming), pour envisager différents points de vue (symposium), pour résoudre les conflits (approfondissement professionnel, étude de cas), pour établir des synthèses et décider (paneldiscussion).
D'ailleurs, l'un des objectifs du plan de formation de la section F2 est de doter l'inspecteur de capacités d'échanges et de communication au sein de l'école et avec les différents partenaires de l'éducation (Plan de formation F2, 2001). En plus de cela, son rôle de
formateur et de négociateur en tant qu'interface avec les autres partenaires de l'école l'amène à développer ces compétences communicatives.
Alors, si l'inspecteur n'a aucune compétence dans ce domaine, on peut se demander pourquoi il a choisi ce métier. Et cette aptitude à communiquer ne se limite pas seulement à la réception ou à l'émission de messages écrits ou verbaux : elle couvre également tout ce qui relève de la gestuelle, des images et des symboles dont il excipera pour capter l'attention de son auditoire.
Le sens de l'écoute
Les missions des inspecteurs même si elles sont présentées précédemment en quatre grands chapitres à savoir l'évaluation, l'animation et l'impulsion, la formation et l'expertise il en reste aujourd'hui une, dont la dénomination est très évocatrice : le management qui se trouve dans le Module III du plan de formation. Or pour manager certaines aptitudes sont fondamentales. Parmi elles on peut citer : l'écoute.
Un inspecteur de l'éducation, quelle que soit sa spécialité, se trouvera très fréquemment en situation de dialogue avec ses supérieurs hiérarchiques, avec les enseignants, avec d'autres services de l'État ou avec des élus, des organisations syndicales ou associatives. Aussi, en France, lors du concours de recrutement aux fonctions d'inspecteur de l'éducationn'estil pas surprenant que le jury attache une telle importance au sens de l'écoute : le candidat doit faire la preuve de son aptitude à dialoguer.
Couchaere (2007) montre quenotre société actuelle dite " de communication ", voit l'écoute plus que jamais parasitée, déficiente, galvaudée, menacée...
Aujourd'hui, l'écoute est au cœur des revendications professionnelles et sociales car développer son écoute est le gage d'un savoirêtre indispensable au développement personnel et professionnel (Couchaere, 2007). Partant, améliorer son sens de l'écoute donne à l'inspecteur la capacité de mieux manager.
En effet, devant uneinformation marquante, on a souvent tendance à réagir par un flot de paroles, expression de notre indignation, de notre inquiétude ou de notre enthousiasme. Pourtant, dans un premier temps, l'émotion l'emporte sur la raison c'est pourquoi, l'inspecteur doit attendre que cette phase d'excitation retombe en restant silencieux pour revenir ensuite avec un échange plus serein. Et comme disait Léonard de Vinci : « Savoir écouter, c'est posséder, outre le sien, le cerveau des autres ».
L'aptitude à la concision
Pour l'inspecteur, la capacité de faire preuve de concision dans ses propos, le recentrage de son intervention constituent les meilleurs gardefous pour une réussite de sa communication qu'elle soit écrite ou orale.
Dans ces conditions, la concision est un atout indéniable pour se faire écouter ou lire. Sa fonction et son statut de cadre l'obligent quelques fois à annoncer les événements, d'en donner la description la plus exacte et la plus pertinente possible. Ces informations
permettent aux enseignants d'orienter leurs actions, de prendre des décisions éclairées, mais aussi d'avoir le plaisir de découvrir et de connaître de nouvelles choses.
Et pour arriver à bâtir un discours court, réaliste, efficace, il est bon pour l'inspecteur d'avoir préalablement préparé ce qu'il va dire, comment il va le dire, de déterminer quelles seront les conditions matérielles de la situation de communication, mais surtout quel est le changement visé après cette communication.
L'aptitude à l'analyse
L'aptitude à analyser renvoie à la capacité de l'inspecteur d'adopter une logique pour structurer sa pensée et son action dans le traitement de situations. Elle s'avère essentielle lorsqu'il est nécessaire, de clarifier un problème lors d'une situation de formation au moyen d'une analyse rigoureuse des faits et des éléments de la situation, de trouver et d'indiquer des pistes de solutions reposant sur la compréhension de principes et la recherche de liens de cause à effet, de déterminer des conséquences à court, à moyen et à long terme; de faire une planification des actions pertinentes et cohérentes appuyées par une argumentation construite et solide.La compétence d'analyseraveclogique contribue à la mise en place et au développement du traitement adéquat de situations dans lesquelles l'inspecteur doit pouvoir, entre autres, justifier ses choix.
Enfin, la capacité d'analyse critique permet d'aller audelà des apparences et des discours et de développer surtout l'empowermentou le pouvoir d'agir (Deslauriers, 2007).
L'aptitude à la synthèse
Face au flot croissant d'informations à filtrer, l'inspecteur est souvent amené à faire spontanément la synthèse des « messages » qu'il reçoit ou délivre. L'aptitude à synthétiser, c'est à dire à savoir dégager puis présenter l'essentiel d'un propos ou d'un texte, est une qualité primordiale exigée à tous les niveaux.
Le travail de l'inspecteur est un échange perpétuel d'informations qui doivent aboutir à des prises de décision. La rédaction de notes et de rapports est une constante du travail de l'inspecteur. Ceuxci sont nécessaires pour clarifier l'information, pour faire le point sur un sujet précis et indiquer des orientations. Et comme toutes les facultés de l'esprit, l'esprit de synthèse nécessite un entraînement. Il faut que l'inspecteur apprenne donc à reformuler une idée avec ses propres mots, tout en visant la plus grande précision possible.
L'aptitude à la problématisation
Aussi bien en formation initiale que continue, aussi bien dans les situations d'apprentissage que dans les situations d'encadrement ou d'évaluation, se manifeste aujourd'hui une injonction à se confronter à des problèmes. Un problème naît lorsqu'il met en relation deux ou plusieurs concepts. Mais généralement, nous avons du mal à relier les différents concepts entre eux. En effet, si l'on veut éviter de céder aux effets de mode (Benoît, 2005), les notions de problème, de problématisation doivent être rigoureusement définies en vue de développer leur pouvoir heuristique et de repenser, à partir d'elles, l'apprentissage et le savoir scolaire (Fabre, 2005).
Pour l'inspecteur, l'aptitude à problématiser pourrait être assimilée à un mouvement de l'esprit sous forme de questionnement que soulève un objet d'étude lui offrant ainsi l'angle d'approche et le fil directeur indispensables à la constitution d'une réflexion, la possibilité de mettre en route sa pensée et de lui tracer un chemin. Elle constitue la condition de l'expression d'une pensée construite.
L'intérêt pour le travail d'équipe
Travailler en équipe en formation initiale et continue est définie comme l'aptitude à contribuer, avec une ou plusieurs personnes, au traitement cohésif de situations d'enseignementapprentissage. Les inspecteurs mènent des activités coopératives ou collaboratives en visant un même but à partir de rôles parfois identiques, parfois différents. Le travail de chacun doit accroître la cohésion du travail commun.
Une collaboration véritable ne peut pas fonctionner sous la menace d'une centralisation des pouvoirs décisionnels. Bien au contraire, les collaborateurs doivent se sentir associés dans « un rapport d'égalité » (Goupil, 1996), dans un processus facilitant la mise en valeur des relations positives.
C'est pourquoi, l'inspecteur doit développer l'aptitude à interagir en coopération avec ses pairs dans de nombreuses situations pour lesquelles le partage des tâches, du savoirfaire ou des responsabilités sont nécessaires. C'est une compétence essentielle pour un futur responsable comme l'inspecteur surtout dans la gestion de conflits, dans l'élaboration de solutions pour des problèmes touchant la collectivité. Cette collaboration rend ainsi possible une réflexion sur et dans l'action, un partage des expériences de chacun, de même qu'une ouverture à des situations particulières (Bouchard, 1999).
La mise en œuvre harmonieuse et efficace de toutes ces compétences nécessite une organisation spécifique et l'élaboration d'un cadrage académique visible aussi bien en formation initiale qu'en formation continue des inspecteurs.
Extrait des recherches en rapport avec le nouveau modèle de laStivation
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