La structure du lexique et la traduction
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Résumé extrait de l'ouvrage de Georges Mounin : "Les problèmes théoriques de la traduction"

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Publié le 20 juin 2012
Nombre de lectures 380
Langue Français

Extrait

Master 1 linguistique et sémiologie générales
Cours de Lexicologie
Dirigé par Aziza Boucherit
1
M
OUNIN
, Georges,
« La structure du lexique et la traduction »,
Les problèmes théoriques de
la traduction
, Paris, Gallimard, 1963, p.71-94.
Résumé par Constance Bénit.
Dans ce chapitre, Mounin revient sur les diverses tentatives qui ont été faite par les linguistes
afin de structurer le lexique.
Après avoir réfuté l’idée que le lexique était un répertoire ou encore un sac à mots, les
linguistes ont considéré le lexique comme étant un ensemble de champs sémantiques, ces
champs sémantiques se composeraient d’un certains nombres de termes s’opposant les uns
aux autres tout en s’unissant pour former une mosaïque, selon la définition de Jost Trier.
Par exemple, sous le champ conceptuel de l’habitation, on pourrait retrouver les termes :
maison, cabane, immeuble, villa, manoir, résidence…
Cette notion de champs sémantique prend son importance dans la théorie de la traduction, si
l’on considère que chaque langue à ces champs conceptuels qui recouvrent un certain nombre
de termes, nombre variant d’une langue à une autre.
Par exemple, on sait que les gauchos ont plus de deux cents termes pour nommer le pelage
des chevaux, alors que les français n’en auront qu’une dizaine. On peut donc en conclure que
certains des termes se trouvant dans le champ sémantique du pelage des chevaux chez les
gauchos seront intraduisibles en français puisque ne se trouvant pas dans le même champ
sémantique correspondant en langue française.
De la même façon, la théorie des couleurs nous illustre bien que le champ sémantique des
couleurs est différent dans chaque langue, selon le fait que les langues découpent et nomment
différemment l’expérience et la vision que les hommes ont du monde.
En effet, comment trouver des équivalences de mots d’une langue à une autre.
Cependant, Mounin nous expose par la suite que de nombreux linguistes ont critiqués cette
notion de structure à la base propre à la phonologie et à la morphologie, trop facilement
appliquée au lexique pour eux.
Pour Martinet par exemple, le modèle structurale peut surtout s’appliquer au champ de la
parenté, ou à celui des numéraux, pour ce qui est des autres cela est plus compliqué.
Ce que l’on peut retenir, c’est qu’en dehors de certains domaines comme la parenté, les
couleurs, ou encore les grades militaires, organisés de façon strictes et structurés, les champs
lexicaux se veulent beaucoup plus lâches entre eux.
D’autres linguistes ont encore tenté de structurer le lexique.
Notamment Cantineau qui a tenté d’appliquer la méthode des oppositions de phonèmes au
lexique. Il distingue quatre types d’oppositions : les oppositions significatives qui opposent
deux signes dont le signifiant est différents tel que
rendre/rendu
, les oppositions équipollentes
qui opposent deux signes dont les signifiants sont équivalents tel que
poule/coq
, les
oppositions significatives privatives qui opposent un signe marqué par un élément significatif
à un signe où cet élément est absent tel que
mange/mangeons
, et enfin les oppositions
significatives proportionnelles qui opposent deux signes ayant un rapport sémantique, et que
l’on retrouve chez deux autres signes que l’on oppose tel que
nous disons/vous dites
et
nous
faisons/vous faites.
De la même façon Prieto, applique cette méthode d’opposition aux syntagmes lexicaux, en
opposant par exemple
homme
à
petit homme
.
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Même si par ce système d’opposition, Cantineau nous montre que le lexique est structuré en
certaines parties par la morphologie, il n’établit pas de structure du lexique.
En effet, tous les points qu’il aborde relèvent de la morphologie structurale.
Pour Mounin, si l’on doit faire une structure du lexique, celle-ci doit se faire sur ce qui
l’appelle unités significatives minima, plus communément appelées monèmes par Martinet.
Or, ici les deux auteurs Cantineau et Prieto, nous disent bien que la structure du lexique à
partir des monèmes n’a rien de linguistique, leur champ est structuré par un champ conceptuel
extérieur, par exemple
coq, poule, poulet, poussin, poulette, chapon
etc… appartiennent au
même champ zootechnique.
Les tentatives qui ont essayé de structurer le langage ont donc échoué, alors Mounin se
demande pourquoi on ne peut décrire le lexique sous forme de structure.
Il ne nie pas que les termes appartenant à un même champ lexical s’opposent, dans le sens où
même si des unités ont des traits communs, elles ont toujours un trait supplémentaire présent
ou absent qui les oppose. Par exemple gratte-ciel et maison relevant tout deux du champ de
l’habitation s’opposent par le simple fait que
gratte-ciel
comporte la présence de plus de
quinze étages alors que
maison
comporte l’absence de plus de quinze étages.
Seulement à la différence des oppositions phonétiques ou morphologique comme le temps,
que le locuteur se voit obligé d’utiliser, les oppositions entre les unités lexicales ne sont pas
obligatoires. Certains locuteurs citadins par exemples s’en tiendront à l’opposition
herbe/blé
sans jamais les opposer à
avoine, seigle, maïs
Par la suite, l’auteur nous expose les recherches de Martinet sur la comparaison entre
phonèmes et monèmes qui selon lui, même si elles ne règlent pas le problème de savoir
pourquoi le lexique est difficilement structurable, sont un premier pas vers la réponse.
Pour Martinet, les éléments d’une langue appartiennent à deux types de liste. Il y a les
phonèmes qui se regroupent dans la liste fermée, et les monèmes qui se regroupent dans la
liste ouverte, en effet on ne peut énumérer le nombre de monèmes distincts dans une langue
étant donné que la communauté la parlant évolue et se crée de nouveaux besoins qui feront
apparaître de nouveaux mots.
D’autre part, l’exercice de commutation appliqué aux phonèmes est différent chez les
monèmes. Là où deux phonèmes sont systématiquement incompatibles, les monèmes ne le
sont que dans un certain type d’énoncé. Mais dans ce type de procédé, Martinet nous précise
bien que c’est la forme qui est analysée et non le contenu sémantique des monèmes.
Pour Mounin, ce qui oppose également la structure du lexique à la structure appliqué à la
phonologie c’est que la structure d’un même champ sémantique dans une langue donnée, ou
même deux langues données, n’est pas déterminé par un seul point de vue mais plusieurs. Par
exemple les termes du champ de l’habitation peuvent être classé selon leur matière, leur
fonction, ou encore leur usage.
Pour conclure, l’auteur nous rappelle que cette démonstration de l’échec de la structuration du
lexique ne vise pas à servir l’activité de traduction, celle-ci ayant déjà fait ses preuves. Au
contraire, pour lui tout ce qui pourra approfondir la notion de structure du lexique, ne pourra
qu’être utile à la traduction et pourra sans doute la rendre plus fine.
Enfin, l’activité de traduction s’appuyant sur le sens, il serait pour lui intéressant de chercher à
trouver des unités significatives plus petites que le monème, c’est ces notions développées par
Hjelmslev qu’il aborde dans les chapitres suivants.
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