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1 C’est Bernard d’Alessandri qui nous a présenté,fin octobre au Yacht Club où se déroulait un cocktail pour les accords accobams (protection des cétacés) et une association de défense des animaux. Il nous introduit en m’appelant « la Palestinienne » et la conversations s’engage sur le sujet. En vingt ans de carrière, tu es le premier consul de France que l’on me présente et je ne connais ni les noms ni la tete de ceux qui t’ont précédé. Depuis plus d’un an je fuis les mondanités et on ne me voit plus beaucoup dans les bars, restos, ciné et conférences de presse. Tu es là depuis presque un an et nous ne nous sommes jamais croisés. Je précise qu’en vingt ans, je n’ai jamais été conviée à quoique ce soit qui ait trait au consulat de France, ni au 14 juillet, comme je te le dis plus loin. Au yacht Club. Bernard est à coté d’un homme, il me voit, m’attrape par le cou et m’attire vers la poitrine de cet homme en me disant « la Palestinienne ! Carole, tu connais… » et comme je suis presque à le toucher je résiste en disant « Et, attend, je ne vais pas l"embrasser tout de suite ! ». Il nous introduit. - Tu connais Serge Telle, consul de France à Monaco ? - Aie, non. Il faut dire que je fraude le fisc… (il a l’air étonné) Non je plaisante. - Alors vous vous intéressez à la Palestine ? - Oui pourquoi vous aussi ? - Je m’en suis occupé pendant des années dans le gouvernement Jospin. - Ah bon ? C’est grace à vous qu’il s’est fait caillasser à Bir-Zeit ?

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Publié le 13 novembre 2015
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

 1 C’est Bernard d’Alessandri qui nous a présenté, fin octobre au Yacht Club où se déroulait un cocktail pour les accords accobams (protection des cétacés) et une association de défense des animaux. Il nous introduit en m’appelant « la Palestinienne » et la conversations s’engage sur le sujet. En vingt ans de carrière, tu es le premier consul de France que l’on me présente et je ne connais ni les noms ni la tete de ceux qui t’ont précédé. Depuis plus d’un an je fuis les mondanités et on ne me voit plus beaucoup dans les bars, restos, ciné et conférences de presse. Tu es là depuis presque un an et nous ne nous sommes jamais croisés. Je précise qu’en vingt ans, je n’ai jamais été conviée à quoique ce soit qui ait trait au consulat de France, ni au 14 juillet, comme je te le dis plus loin. Au yacht Club. Bernard est à coté d’un homme, il me voit, m’attrape par le cou et m’attire vers la poitrine de cet homme en me disant « la Palestinienne ! Carole, tu connais… » et comme je suis presque à le toucher je résiste en disant « Et, attend, je ne vais pas l"embrasser tout de suite ! ». Il nous introduit. -Tu connais Serge Telle, consul de France à Monaco ? -Aie, non. Il faut dire que je fraude le fisc… (il a l’air étonné) Non je plaisante. -Alors vous vous intéressez à la Palestine ? -Oui pourquoi vous aussi ? -Je m’en suis occupé pendant des années dans le gouvernement Jospin. -Ah bon ? C’est grace à vous qu’il s’est fait caillasser à Bir-Zeit ? -(étonné) Vous étiez à Bir-Zeit ? -Non, j’y suis allée plus tard. J’ai fait un film sur les pacifistes internationaux. -Vous faites de la télé ? -Non je suis dans la presse écrite mais j’ai fais trois doc, sur la tribu de Eyadema au Togo, l’Australie du sud et celui-là. (je ne sais plus comment la conversation glisse sur Pascal Boniface) -C’est grace à vous qu’il s’est fait virer du PS ? -On ne peut pas tout cautionner, on ne doit pas prendre parti pour un camp pour des raisons électoralistes. -C’est vrai, ce qui n’empeche pas de défendre la vérité sur le sujet. Et puis il n’a pas tort quand il dit que cela allait couter les voix des beurs au PS. J’ai quelques amis beurs et musulmans et j’avais cette impression. Pour autant qu’une impression ait valeur de statistiques…En tout cas le sujet est une vraie école de courage. -On peut déjeuner ensemble pour en parler. Ce n’est pas vraiment l’endroit. -Volontiers… Et je te quitte là dessus. Je vais saluer d’autres personnes et ne te revoit plus. Tu m’intrigues et m’attires déjà mais on s’est quitté un peu rapidement sans se fixer rendez-vous ni que je te propose de m’appeler. Dans les jours qui suivent je me renseigne un peu sur toi auprès d’Hervé Zorgniotti qui ne sait pas grand-chose, si ce n’est que tu es « l"ami » de la journaliste Guilaine Chenu, de l’émission « Envoyé Spécial » (tiens, rien que cet intitulé…). Je ème travaille à mon dossier 50 numéro de Monaco Economie (projection 2010) et vient le sujet sur le cas des Français de Monaco dont le nombre décroit régulièrement. Je fais le point avec les représentants des Français à Monaco, Christophe Frassa et Tony Pettavino, qui tous deux font référence au Consul de France. C’est donc l’occasion de renouer. Je laisse un message à ton secrétariat en expliquant tout et en demandant que tu me rappelles. Tu le fais cinq jours plus tard. L’article est déjà bouclé. On est lundi soir. -Allo, Serge Telle à l’appareil. Je crois que vous deviez me rappeler ? -Non c’est vous qui deviez me rappeler (je te pose toutes mes questions. Arafat n’arrete pas de m’enquiquiner pendant que je prends mes notes et je ris et j’explique vaguement « l"attaque d"un petit chat » puis la conversation se poursuit. Je te rappelle qu’on s’est déjà vu au Yacht Club) -On peut, peut-etre déjeuner ensemble cette semaine ? Quand est-ce que cela vous arrange ? -Quand vous voulez, vous savez je n’ai pas un agenda de vice-consul… (tu consultes le tien et ne trouves pas de date) Vous serez au diner du 5 (décembre)? (celui du Monaco Ambassador Club) -Oui, vous aussi ? Mais il y a peu de chance que l’on se trouve à la meme table… -Bon alors on trouvera bien l’occasion de prendre un thé ou un apéritif. Au fait vous etes ami avec Guilaine Chenu ? (long silence) -….c’est ma femme. -C’est super cette semaine ils passent un sujet sur les ambulances palestiniennes… -Oui je sais. Le sujet est très équilibré. Ils font très attention. -(çà m’énerve un peu cette histoire « d"équilibre ») A force de ménager à la chèvre et le choux … Ce serait bien qu’ils fassent un reportage sur les pacifistes israéliens… -Si vous avez des idées…
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 2 -J’en ai plein, mais j’ai déjà vu des choses très intéressantes dans les réseaux militants, journalistiquement parlant. On se quitte globalement sur l’idée de se voir « au diner du 5 ». Le lendemain, je sors acheter des cigarettes et place d’Armes je tombe sur la « révolution ». Les syndicats manifestent et l’ambiance me réjouit. Je m’attarde et croise Catherine Bonifassi. Il pleut. Nous restons ensemble et je l’accompagne au Ministère d’Etat où Ramoge finalise un énième accord. Nous arrivons en retard et surprise, tu es là. Je te fais un signe de la main. Je suis masquée mais je me sens un peu aimantée. Tu m’attires. A la fin de la conférence, pot et séance photo avec les récipiendaires du prix ramoge. Je reste dans le hall et remarque qu’au loin tu me regardes. Je suis avec Cathy et son assistante et tu nous rejoins. Je dis. -Ce n’était pas prévu ! (sous-entendu, que l’on se croise si vite. Et on évoque le fait qu’on soit nous un peu perdues avec « tous ces accords qui se juxtaposent » en faisant référence à ceux d’Accobams). Nous nous quittons sur les marches après que tu m’aies dit « au revoir la Palestinienne ! », alors que tu es accompagné d"un type que je ne connais pas et que je t’ai répondu « il ne faut quand meme pas le dire trop fort ! » Diner de l’Ambassadeur Club le 5 décembre. J’arrive alors que le cocktail est bien avancé et je tombe sur Dieter. Friedrich. Nous bavardons et je t’aperçois au loin qui bavarde de ton coté. Je me renseigne sur ma table et comme prévu, elle est à l’écart et se compose de journalistes que je ne connais pas et de l’attachée de presse de Carteron. A la fin du cocktail je me dirige vers cette table quand j’entends Dieter qui m’appelle. Il insiste pour que je m’installe à sa table, à ses cotés où il y a une place vide. La femme d’un invité était apparemment prévue et n’est pas là. J’accepte. Tout le monde est assis quand je te vois qui arrive. On se sourit quand je me rends compte que tu es à la meme table. La soirée s’avance A un moment je t’entends parler des « tétons des hommes, pourquoi les hommes ont-ils des tétons »…Moi je bavarde avec Dieter qui me fait des tas d’éloges sur mes talents de journaliste. Je reste surprise vu que j’ai l’impression de tout faire sauf du journalisme. A ma gauche je bavarde aussi avec l’associé de Gildo Pastor. Nous évoquons un projet de selle de cheval nouvelle génération dont j’ai l’idée et dont j’avais évoqué la réalisation avec un spécialiste de nouvelles matières qui connait Gildo. Il trouve l’idée très intéressante. Tu entends et dis. -Vous etes bien loin de moi…. -Il veut me convertir à la politique étrangère du PS…. Je te fais le signe qu’il faudra permuter plus tard les places Le café arrive et tu prends la place de mon voisin de gauche. Je dis : -Alors de quoi on parle ? De la Palestine ? -Oh non pas ce soir…. -Alors de ce que vous voulez. Vous savez moi je peux parler de tout. Vous avez vu Nemo ? C’est fantastique, j’ai emmené mes petits le voir mercredi et j’ai adoré… -Alors vous aimez les chevaux… -J’en ai un. J’adore les chevaux… -Alors vous n’etes pas trop…. -Trop quoi ? Fauchée ? -Vous n’etes pas trop « nulle » (ou « pourrie », je ne sais plus, enfin équivalent de pas trop nase). Alors c’est quoi cette histoire d’impots ? -pas à faire les déclarations. Ils m’ont retrouvée. En fait je ne devrais meme pas avoir à enEn fait je n’arrive payer, parce que je suis smicarde. Ils me piquent mes salaires en France. -Mais alors comment ils font si vous ne faites pas de déclarations ? -J’en sais rien, ils remplissent eux memes ! Une fois je suis allée les voir à Menton avec mon chéquier pour payer et ils m’ont dit « non c"est pas ici qu"il faut payer, c"est à Beausoleil». J’ai laissé tomber. Un couple sympa, qui était à notre table se lève et s’approche. Je réalise qu’ils sont tes amis. Elle est enceinte et ils viennent de revenir en France, alors que lui travaille apparemment comme consultant en Afrique. -J’ai ma famille en Afrique, au Togo et au Burkina. Mes sœurs ont 4 et 3 enfants, c’est bien l’Afrique pour élever des enfants, on a de l’aide…Moi la diplomatie cela m’irait bien. Je me verrais bien vivre à l’étranger. -Où çà ? -Je ne sais pas, en Jordanie (je pense Palestine, mais j’ai peur d’abuser). J’ai une copine qui habite à Petra. Anne, qui a largué son mari et ses deux fils à Paris par amour pour Petra. Puis par amour tout court. Elle vient de se marier avec un jordanien super gentil et très mignon de quelques 20 ans de moins qu’elle. Il est musicien de houd et se plie en quatre pour lui faire plaisir. Je suis allée la voir après un contact internet et nous nous sommes bien entendues. Elle a tenté de me faire découvrir la cité nabatéènne, mais j’ai abandonné la visite, au niveau du théatre
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 3 (pour les connaisseurs). J’étais épuisée, il faisait chaud et je ne « ressentais » aucune émotion malgré la beauté du site. Toute sa famille à lui a bien accepté cette union « contre nature » et Anne, qui écrit très bien, essaie de tenir une chronique sur les us et coutumes des Jordaniens. C’est très drole. - Elle organise des randonnées à cheval entre Wadi Musa et Wadi Rum. Elle était ingénieur et elle s’est installée là-bas. Mais elle galère, tout le tourisme s’est effondré depuis l’intifada…Ou Dar es Salam çà m’irait bien aussi. -Dar es Salam ? J’étais en poste là-bas… -savais rien sur vous je suis allée voir votre bio sur le site du Consulat…Enfin je crois queJe sais, comme je ne je n’aurais pas pu etre diplomate. Je ne suis pas diplomate, je déclencherai des guerres…Alors comment vous trouvez Monaco ? Les Peillon, Montebourg, ils ont fait beaucoup de mal, et meme Guigou ! Qu’est ce que j’ai entendu comme conneries. -Non, j’aime beaucoup Monaco. Meme si je suis de gauche. -suis de gauche. Mais j’en ai marre. Je veux partir et je n’arrive pas à partir d’ici…Je crois que j’aiMoi aussi je fait le tour, que j’ai connu la meilleure époque. J’ai meme dansé avec la princesse Grace. D’ailleurs mon premier boulot en arrivant ici c’était guide au Palais Princier. Rainier a été mon premier employeur. Je ne sais plus pourquoi mais j’en arrive à évoquer la villa Montjoie, près de Sainte-Devote, avenue d’Ostende, où j’ai vécu avec Jean. 500 m2 avec cheminée, sans payer de loyer…Toi tu évoques aussi à un moment donné ton plaisir d’offrir des cadeaux, je ne sais plus pourquoi et je te dis que tu vas pouvoir en profiter, vu que c’est bientot Noel. Tu avises ma boite d’allumettes, siglée Novotel Paris. -Alors, c’était bien ?…(léger sous-entendu…) - (je regarde la boite) C’est un trois étoiles. C’est étrange parce que je ne fais que les quatre étoiles d’habitude… Nous nous levons. Tes amis sont avec nous. Tu me tends une petite boite à bijoux. Ton ami remarque. -Oooh, tu lui offres déjà un bijou ? ! (j’ouvre la boite qui est vide) -Vide, je n’en veux pas. Tu dégraffes alors de ta boutonnière l’insigne du Monaco Ambassador Club qui était dedans et me le donnes. Il tombe deux fois, la boite tombe, je prends mon sac qui se renverse avec tout son bordel. -Ah, les sacs des filles. -Je ne comprends pas, c’est le sac N°25, il devrait etre vide ! Au fait c’est combien l’inscription pour etre membre ? -15 000 f (ou euros ?). Quand vous aurez les sous… -15 000, pour aller passer des week-end au val d’Aoste…(c’est la sortie prévue pour les membres) Je vois un journaliste italien et lui demande s’il peut me raccompagner. Nous nous dirigeons avec toi et tes amis vers la sortie. -Bon alors à bientôt. Si je n’ai pas quitté Monaco. -Pas maintenant que je vous ai trouvée…On s’appelle ? -Vous avez mon numéro. (tu as l’air étonné). Mais oui puisque vous m’avez appelée ! (je te le redonne) Je te tends la main. -Oh non je vous embrasse… Lundi soir 18h. Je suis en train de travailler à l’ordinateur quand un message arrive sans que le téléphone ait sonné. C’est toi. « Bonjour, c"est Serge Telle. Je pensais que l"on pouvait aller un soir manger des paaaates. Quand vous voulez, je suis libre, rappelez-moi. A tout à l"heure… ». Je suis ravie mais je laisse passer une heure. Je tombe sur ta messagerie. Et je te dis que je dois etre à Cannes une partie de la semaine, si cela t’intéresse de me rejoindre. Je pense déjà à la discrétion et au fait aussi que comme cela je fais la route du retour en voiture plutot qu’en train. Je ne dors pas de la nuit. Mardi midi. Je suis chez Gerhardt en train de boire un café avec ma sœur quand tu appelles. J’ai expliqué rapido à ma sœur de quoi il s’agissait et je sors le long de la digue pour parler tranquillement. -Bonjour c’est Serge. J’ai eu votre message très tard. Que faites-vous ? Je pensais que l’on pouvait se retrouver au Yacht Club et aller faire une sortie en mer… -Je suis à pied et je dois aller à Cannes en train au salon du tourisme de Luxe. -Mais pourquoi ? -Je prépare un hors série spécial voyages et je dois prendre des contacts. -Mais à quelle heure est votre train, je peux passer vous prendre…
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 4 -Je ne sais pas, mais je ne peux pas aller voir mes clients avec la tete à l’envers. On ira faire du bateau un dimanche. Si vous voulez, on peut se retrouver là-bas. -Mais à Cannes ? Pour revenir ensuite à Monaco ? -Pour manger des pates. Et puis pourquoi des pates. Et si j’ai envie d’une salade ? -Ce sera des pates. -Alors ce sera des pates à la salade. Ou alors je dois aller à la vente aux enchères de Luc Pettavino ce soir. On peut éventuellement se retrouver là-bas. -Alors d’accord, faisons comme çà. Je suis toute heureuse. Mais je me trouve une sale tete et je décide de faire la sieste pour etre en forme le soir. Je me mets au lit sans succès. A la vente aux enchères je ne te vois pas et à la fin je discute avec Chantal Sobra, directrice de la boutique Louis Vuitton de Monaco, et je lui demande de me déposer chez moi quand tu arrives enfin. J’approche avec Chantal et tu es aux cotés de David Sharara, un médecin mondain. Je dis que j'ai mal dormi, que ce doit etre à cause de la pleine lune et tu me dis que toi aussi. - Il faut prendre quelque chose. -Je ne suis jamais malade. Je n’ai rien dans ma pharmacie. - La prochaine fois il faudra m'appeler. On peut, peut etre arranger cela. Il parait que faire l'amour... - Chez les hommes, chez les femmes çà ne donne pas le meme résultat... Je te trouve quand meme un peu "gonflé". Une baronne que je croise partout nous approche et entame les roucoulades avec toi. Elle te demande en me montrant. - C’est votre épouse ? -Non, ce n’est pas mon épouse. Enfin pas encore. Je te trouve très « gonflé ». -Alors qu’est ce qu’on fait ? -On peut aller manger à Menton, mais je suis à pied. -Moi aussi je suis à pied. Alors on y va comment à Menton ? En bateau ? ! -Ou alors en marchant par le bord de mer. C’est très romantique… Tu m’avertis quelques minutes plus tard que nous risquons d’etre trois. Je pense que c’est Sharara, mais c’est l’avocat Thierry Lacoste. Comme il est avec Victor Lazlo, nous serons quatre. Nous allons saluer les VIP, tu salues le Prince etc… moi les gardes du corps. Il y a un lunch privatif et nous nous y rendons. Là je tombe sur le galeriste de DMT Fine Art que j’ai interviewé par téléphone au mois d’aout et qui est venu me retrouver en bas de chez moi avec sa Jaguar pour me donner un CD alors que j’étais toute « charaffou ». Il ne se rappelle plus trop de moi et ne me reconnaît pas habillée ce soir en Very Important Papinette. Je bavarde avec lui et sa femme tandis que toi et Victor etes assis à une table minuscule. Nous décidons tous les quatre que ce sera plus convivial et confortable au Zebra et nous montons. Mais avant nous croisons Luc et je me mets d’accord avec lui pour aller à Cannes le lendemain matin, car il va aussi au salon du tourisme. Au zebra square La conversation s’engage sur tout et rien. Tu parles de ton enfance à Nantes et des vacances d’été quand toute la famille partait en voiture vers l’Espagne. V. C’était les 30 glorieuses… Nous nous regardons et disons en riant. -Elle veut dire « les congés payés »… Tu parles de tes vacances d’ado en Espagne. - Et à un moment j’ai réalisé que c’était dans l’Espagne franquiste… - A quel âge, 7 ans ? - Non 17. J’ai eu une conscience politique tardive. Au fil du repas, je m'entends pas mal avec Thierry Lacoste, on est globalement d'accord sur l'Irak, Vedrine etc... Je te vois t’échauffer de plus en plus sur le décolleté de Victor Laszlo. Je t'entends qui l'interroge sur la sexualité et dire - Aaah, faire l’amour toute la nuit ! Tu m’énerves. Je lève les yeux au ciel… -Faire l’amour toute la nuit : à 17 ans, dans l’Espagne franquiste !
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 5 A un moment, j’allume une cigarette. J’ai arreté de fumer mais je reprends insidieusement. « Il faut que je me fasse offrir des patches pour Noel ». On parle du cout de la vie dans la région, j’apprécie que tu trouves que son personnel n’est pas assez payé pour faire face aux loyers, tu évoques notamment le cas de ta secrétaire préférée, et te demande comment elle s’en sort, seule avec ses enfants. Tu dis que tu payes déjà beaucoup trop d’impot à ton gout, mais que tu accepterais d’en payer plus si cela pouvait aider ce genre de personne. Mais la conversation tourne beaucoup sur la politique. Je t’entends dire. -C’est dommage qu’en France en cas de problème tout le monde ne fasse pas bloc derrière le gouvernement. La réflexion me fait bouillir intérieurement. J’ai dans la tete le cas de Kouchner, qui au lieu de « faire bloc derrière son gouvernement » sur l’Irak a passé son temps à courir les Think Tanks et les campus US pour le débiner… - Merci, si c’est pour se retrouver comme les autres derrière ce cinglé de Bush, vive les Français ! Il faudrait maintenant se retrouver tous derrière Mer ou Seillière ? ? ! ! ! A propos de la Canicule, tu insistes. - J’ai trouvé très bien ce qu’à dit Kouchner quand il a dit que ce n’était quand même pas de la faute du gouvernement s’il faisait chaud. Les Français ne sont pas solidaires. J’explose. - Ca c’est une connerie. C’est n’importe quoi . Ca n’a AUCUN sens. Où vous avez vu que les Français avait reproché au gouvernement la chaleur ? C’est honteux d’avoir culpabilisé les gens avec les morts quand on sait que 80% d’entre eux sont décédés à l’hôpital ou en institut. Quand on sait que la préfecture de Paris a interdit aux pompiers de donner des chiffres pour ne pas affoler la population…. Et cela fait deux secondes au JT ! Je te collerai tout cela en taule. Il fait chaud depuis le mois de mai, je devais repartir dans le désert et je ne pouvais pas imaginer un seul degré en plus… Quand même, ils sont payés pour PENSER, avec NOS impôts. Ce que veulent les gens c’est être soignés et surtout qu’on ne leur cache pas les choses. Demain, çà va re-péter dans une centrale et on ne sera meme pas avertis. Comme avec Tchernobyl… Tiens d’ailleurs depuis ce temps là je suis un peu (genre déglinguée… ). C’est comme avec l’argent des impots, on pourrait pas commencer à réfléchir au gaspillage, du style tous ces ronds points qui ne servent à rien avant de taper sur les plus faibles ? Non, ce qu’il faut c’est tout refaire, c’est une ré.vo.lu.tion. Je ne comprends pas, l’autre soir vous avez apprécié ce qu’a dit comment il s’appelle, Benhaim ? - Abenaim. -Abenaim Ben Shalom. Lui déjà c’est bien beau ce qu’il dit maintenant, mais dans ce cas il aurait du démissionner quinze jours plus tot. Pourquoi ne pas dire " on ne s’en sort pas, aidez-nous ", c’est faux que les Français ne sont pas solidaires, regardez les restos du cœur, et aujourd’hui comme ils se mobilisent aussi pour les inondations. -Et tu te réjouis à l’idée que Kouchner soit pressentit pour un rôle en Irak et que tu pourrais le rejoindre. Tu parles de Viera de Mello, ton ami, qui devait passer quelques jours de vacances à la résidence en septembre dernier et qui venait tout juste de trouver la femme de sa vie. C’est la totale ! - Ca ne va pas ? Vous allez vous faire tuer là-bas. Avant de partir il faut que je vous briefe…Comment pouvez vous imaginer que les irakiens soient bienveillants envers l’ONU qui a quand même soutenu pendant dix ans un embargo qui les affamé. Et encore heureux que l’ONU n’ait pas embarqué avec les américains. Et qui a engraissé Saddam Hussein avec pétrole contre nourriture ? ? ? - (tu me regardes pincé/blessé) C’est moi qui ai fait cette résolution et j’en suis très fier. J’en reste bouche bée. Je réattaque. - Et s’il n’y avait pas eu l’embargo, qu’est ce qui ce serait passé ? ? - Avec des si… - Non, je veux savoir s’il n’y avait pas eu d’embargo ? ? Quand quelque chose ne marche pas, on s’arrête et on réfléchit. - Avec des si.. Si vous étiez un homme … - Si j’étais un homme moi je serais… militaire ! (blague) Tu évoques avec Victor un antillais courageux, dont j’ai oublié le nom, qu’elle connait et qui a sauté au cou de Le Pen il y a quelques années, et ce n’était pas pour l’embrasser. Je ne suis pas au courant de ce fait divers politique et Victor essaie de joindre ce héros sur son portable sans succès. Puis tu lui demandes des nouvelles de très belles nanas, dont l’une reste pour toi un moment d’érotisme inassouvi, depuis que vous vous étiez retrouvé dans la meme voiture il y a quelques années, que tu la ramenais , que c’était chaud dans l’habitacle, et que vous n’aviez rien fait. Tu n’arretes pas de parler à Victor comme si elle était Martiniquaise, alors qu’elle ne cesse pas de te faire comprendre que ce n’est pas le cas. Tu nous fais savoir que tu aimes beaucoup la Martinique. (Le Martinisme, ésotérique, prophète, alchimie)Mais ne dis pas que ce tu préfères là-bas c’est la soufrière (blague)… Re. Kouchner
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 6 Lacoste l’a rencontré et l’a trouvé très sympathique. - Il est peut-etre sympathique mais moi, je ne peux pas imaginer un médecin qui envoie des bombardiers sur des populations civiles. N’importe qui d’autre mais pas un médecin. Moi, les bras m’en tombent. Je n’aime pas Kouchner, c’est un maniganceur. A un moment, c’est tellement « Grrrr » que je dis en te regardant, « et bien dites donc, pour notre premier diner…. ». Comme Lacoste trouve sans doute que je ne t’épargne pas, il me dit : - Mais tu sais, c'est quelqu'un de bien! Au Kosovo... - Le Kosovo, je n'ai pas suivi... Je ne connais pas le sujet, j'en sais rien. Sur l’Irak.Re Kouchner. - C’était pour défendre ses copains Kurdes. - J’étais au Kurdistan. Saddam c’est quand même deux millions de morts. Moi, excédée. -Aaahh, vous les avez compté ! ? Ras le bol de ces chiffres que l’on donne à la louche, les 6 millions, les 2 millions, qu’on impose comme valeur absolue. Il est déjà assez insensé que ce monde ait pu permettre qu’on en arrive à 600 ou 200, mais le plus grave est qu’on les exploite comme un chiffon rouge pour justifier de tuer encore PLUS. C’est dingue. C’est toi qui restes bouche bée. Comme Ockrent doit venir en janvier donner une conférence, tu as prévu un dîner et bougonnes : - Je ne vous inviterai pas. - En effet, il ne vaut mieux pas. Et puis on ferait mieux de changer de sujet parce que là je suis en train de prendre des tours…. A un moment, je te regarde et te dis : -Je crois que dans ce monde, les gens ont besoin de justice. Tu ne répond pas et j’ai l’impression que tu entends cette phrase « comme une autre ». Je ne sais plus pourquoi tu cites Elie Chouraqui, en disant qu’il est ton ami. Je me dis alors qu’on aura du mal à s’entendre si tu continues à me faire défiler un chapelet d’escrocs intellectuels. Bien sur qu’il est sympa ce Chouraqui, qu’il est talentueux, comme c’est beau ce « monument » dégoulinant de « tolérance », les « Dix Commandements »…où il met en scène des juifs et des arabes qui s’appellent « mon frère »…Mais je le revois chez Ardisson, avec une mine pétrie de bonté implorer cette pauvre Leila Shahid de convaincre Arafat de faire la paix ; puis, encore, le samedi précédent ce diner, en train de geindre en reprochant à Ardisson d’avoir donné la parole dans son émission à Tarik Ramadan. Mais ce soir là il avait en face de lui un journaliste invité qui l’a poliment renvoyé jouer dans sa cour de médisance, d’ignorance, d’intolérance, de faux cul dangereux. Yes ! Tu reparles du pourquoi des tetons des hommes. J’explique. -Mais tous les mammifères ont des tetons, les chiens ont des tetons, les chats ont des tetons, les singes ont des tetons… Thierry dit alors pour plaisanter: - Les hippocampes ont des tetons ! (HIPPOCAMPE, symbole de Fulcanelli, ésotérique, le cabaret du Chat NOIR à Paris, rendez-vous des férus d’alchimisme/Renne le Château) -Non ils n’ont pas de tetons, parce que l’hippocamPE, n’a pas de teton. (mais c’est pourtant le papa qui s’occupe beaucoup des petits dans cette espèce…) On parle presse people, people, « plèbe » (les lecteurs de Voici, dixit Thierry). A la fin du repas, tu oublies avec qui tu es… - J’ai envie d’un environnement féminin… Il n’y a pas un endroit ? - Chez Sass. C’est plein de putes. Ou alors au Milady… (avec Thierry on t’explique ce qu’est le Milady, à Beausoleil) - Non, un endroit chaleureux, avec des lumières tamisées… - Il veut des lampions et des miroirs. Il faut l’amener chez Fly ! Tu es pour moi un résumé de tout ce que je déteste. Avant de partir du resto. - Bon bon, nous avions une gauchiste avec nous... - C'est moi la gauchiste? J'ai gaffé ce soir?J'en avais encore sous la semelle! Nous sommes tous à pied et c’est Thierry qui fait le taxi. Ca caille un peu, le vent est glacé, en allant vers la voiture, tu dis, « j"adore le vent ». Nous te déposons en premier. Dans la voiture Victor évoque son spectacle, avec des chansons du début du siècle. Je lui demande : -Des chansons tristes, où les enfants meurent…. ? (je pense aux Roses Blanches etc…)
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 7 Tu dis que tu adores le répertoire qu’elle présente. Nous arrivons devant la Résidence, que je remarque pour la ème première fois alors que j’ai vécu dans ce quartier en premier, au Château d’Azur, puis au 30 étage du Périgord II. Je demande : -On peut mettre un cheval ? Tu me regardes et bafouilles « pas prendre un verre ? » Je secoue la tete négativement. Je suis prise le lendemain soir et Victor me propose de venir voir son spectacle jeudi. Tu es enthousiaste mais nous tu nous as déjà dit devoir diner avec Aboukater, le Palestinien. Quand je t’ai dis que j'aimerais bien le rencontrer tu es resté sourd. Tu as proposé à Victor de t'occuper d'elle ce mercredi et de l'appeler et c’est ce tu réitères dans la voiture. Tu sors et Thierry t’accompagne. Au retour il nous dit « oh, il est chaud ce soir le Serge… » Je suis certaine de ne plus avoir de tes nouvelles et en fait cela me fait une belle jambe. Je le dis d’ailleurs à ma sœur, et à Isa Andrieux quand je leur raconte la soirée. « Quel con ce type. Il est complètement coupé de la réalité. Je ne crois pas qu"il me rappellera un jour parce que je lui en ai mis plein la figure et franchement, je ne pouvais pas faire autrement ». Je vais faire mon super marché au salon de Cannes, je suis invitée dans les plus beaux endroits du monde, dont le Botswana et je suis très contente de mes projets. Je ne dors pas ce mardi soir, ni le mercredi et je m'écroule le jeudi soir devant «100 minutes pour convaincre » avec Bayrou. (mais ce n’est pas sa faute…). Déjà, je me répète ce que tu dis et ce que je dis…Je trouve bizarre ce hasard qui m’a fait rencontrer ce garçon au parcours si sensible à mes centres d’intérets. Je ne t’ai plus supporté l’autre soir, mais je suis malgré tout attirée. Je sens «qu’il y a quelque chose ». Vendredi soir alors que je suis à un vernissage au Logoscope, avec ma sœur et ses amis, tu m’appelles. Il y a du bruit et j’entends mal et je galope jusqu’à l’extérieur. -C’est Serge Telle. Comment allez-vous ? -Bien, je suis au logoscope à un vernissage. C’est super vous devriez venir ! -C’est où ? Parce que je dois passer chez les Giraudi. (énorme grossiste en viande bœuf). Mais vous avez prévu quelque chose après ? -Non, rien de spécial. -On peut aller quelque part prendre un verre. Je ne sais pas pour combien de temps j’en ai, mais je vous rappelle tout à l’heure. Une demi heure passe. Tu re-téléphones. Je sais que c’est toi car ton prénom s’affiche mais il y a beaucoup de bruit. Pendant que je regalope à l’extérieur je te dis « Helène ? » -Non, ce n’est pas Hélèèène. C’est Seeerge, Seeerge Teeelle à l’appareil ! (je rigole en douce). -Bon alors je vais avoir un peu de retard parce qu’apparemment ils ont prévu des pates. -Des pates ou une bonne cote de bœuf ? -Mais ce sera rapide je pense. -Ce sont des gens de qualité, on ne les quitte pas comme çà. -J’ai emmené Victor chez Sass hier soir. Comment vous la trouvez ? -Elle est très sympa. Bien, bien. -Je suis allé diner chez Aboukater. Vous êtes au moins deux à Monaco à penser pareil sur la Palestine? -Ah bon, qui ? -Aboukater. Mais il pense la même chose que moi à propos d’Arafat. -Qu’Aboukater pense comme moi c’est un minimum. Au fait j’ai un chat, vous savez comment il s’appelle ? -…Arafat… ? -Oui, parce qu’il m’attaque en traître et qu’il a un double discours… Nous parlons de l’expo et je t’explique le travail de l’artiste, Cédric Tanguy, qui se sert d’une œuvre originale d’un grand peintre de l’histoire de l’art, pour y mettre votre photo et tous les symboles qui vous représentent en retravaillant le tout en numérique. Pour ce vernissage, plusieurs personnes de Monaco ont fait réaliser leur portrait. Dont Alain Pierimarchi, styliste, fou de Freud, et dont la griffe s’appelle PSY Monte-Carlo. Il est dans une toile qui le représente en Richelieu, campé de profil, face à l’horizon où flambent les tours du World Trade Center. Il a les deux cornes du diable sur la tete. Avec Cedric nous avions passé une matinée à chercher la bonne toile qui me permettrait de me situer «en libérateur de la Palestine », sans succès. Je te le dis, en précisant car je te sens un peu inquiet : -Mais sans vouloir pour autant jeter les juifs à la mer ! -Bon alors à tout à l’heure, je vous rappelle. -Je ne sais pas. -Il y a la finale de la Star Academy ce soir ?
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 8 -je voulais regarder. Je n’ai pas envie de sortir trop tard et je suis sure que cela va durer.Ah oui c’est vrai, Plutot une autre fois ? Tu sembles déçu - Bon, si vous voulez. -Alors à bientôt ! (et je te quitte là dessus, je ne veux pas etre Madame 10 heures du soir) Mardi suivant. Au Grimaldi Forum. Vernissage de Rachid Khimoune. Je parle avec un photogaphe quand je t’aperçois. Michel Pastor t’accueille. Nathalie Varley vient de m’apporter un sac avec deux gros bouquins dont celui sur l’expo Warhol, dont j’avais zappé le vernissage, et il se casse la figure en faisant un « ploc » qui résonne. Tu me vois alors et quitte Pastor. Jean-Charles Vinaj est un peu surpris de te voir fondre sur nous comme une buse. Je le rassure. - Non, c’est moi qui l’intéresse. Tu entends et me souris. - Qu’est ce que vous faites ici ? - Et vous ? Moi vous savez, les Rachid, les Mohamed, je suis fan… On parle un peu de l’artiste. Je te dis qu’il est le compagnon d’Eve Ruggieri. Puis arrive un antiquaire (Ribolzi) que tu prends pour un joaillier (Piaget). Tu me présentes. -Mademoiselle est une palestinienne du Liban -Oui, je suis née dans un caniveau de Sabra ou de Chatila. On avait ouvert le ventre à ma mère et j’ai survécu quand meme. Puis je me tourne vers l’antiquaire (qui se demande ce qui se passe) et lui dis : - Non, je suis d’ici. Mais je serai très fière d’etre palestinienne. On sort sur le parvis. - Vous devez être content, Saddam est attrapé, on lui cherche les poux dans la tête, cela a du vous plaire… - Cela ne m’a pas déplu. - Ce n’est pas ce que j’aurais conseillé, mais bon, je ne suis pas conseiller. - Vous êtes journaliste. - Ce n’est quand même pas une bonne idée. En ce moment j’écoute une radio populaire, voire populiste où les gens interviennent sur différents sujets. Les réactions ne sont pas bonnes envers ces images. - Je ne suis pas toujours pour écouter l’avis des populations. - C’est vrai ? - Non je dis cela pour vous embêter. -Ca y est, vous m’avez cadré ? Je suis aussi limpide ? Tu souris en disant non. Nous marchons vers le site de l’inauguration de " Jean-Baptiste le Monégasque ". - Bon, alors sur quoi encore ne sommes nous pas d’accord ? - Parlons plutôt de sur quoi on est d’accord, cela ira plus vite. - Les chevaux, j’aime les chevaux. - Alors c’est vous qui n’etes pas trop « pourri ». Mais vous les aimez comment. Vous aimez les toucher, les embrasser, les nettoyer ? - Je collectionne les sculptures… - Bien, il y en a d’autres qui collectionnent les anges ou les tortues… L’inauguration s’achève. Nous avons croisé le harpiste fou, Stephan Forhmals, qui, comme l’autre soir lors de la vente aux enchères « Only One », me dit tout fort « papinette, qu"est ce que tu es bonne, qu"est-ce qu"elle est bonne cette papinette… » Nous retournons vers l’intérieur. Tu parles avec Sylvie Biancheri,, puis me rejoins alors que je suis avec Luc Pettavino et t’adresses à moi. -Vous restez pour le diner ? -Quel diner, je ne suis pas invitée. -Je dois aller au Yacht Club et au Musée… -Je ne suis pas au courant. Je ne suis pas invitée. -Vous voulez venir ? -Je suis à pied et j’ai dix kilos de bouquins. -Je vous emmène, allez, on y va. Dehors je traine mon sac qui est lourd. Tu me regardes en biais en souriant. -Pas besoin que je vous aide… -Ca va, je m’en sors…
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 9 J’ai envie de t’en dire une sur les vieux consuls, mais je décide de faire un effort d’amabilité ce soir. Le chauffeur attend avec la voiture de l’autre coté de la rue. Nous traversons hors des clous, à travers la pelouse… Je te fais remarquer que de ma part , çà va encore, mais de la tienne... Je te demande aussi si tu dis « oui à tout », en évoquant ton planning de rendez-vous de la soirée, et s’il t’arrive de passer une soirée tranquille à la maison. Nous grimpons dans la voiture et pendant que le chauffeur conduit, tu changes de cravate et je te montre le livre de l’exposition de Khimoune. On le feuillette puis conversation plutôt cool, sur le YCM, le bateau, le cheval. - J’aime bien le bateau mais mon fiancé trouvait le moyen de me trainer en plein hiver en régate à Genes. On s’est retrouvé à l’eau. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un aussi passionné et pourtant j’en ai croisé des marins. Il ne s’est jamais levé sans regarder comment était le vent. Mais bon, c’était des régates dans toute l’Europe… Et puis après j’ai acheté mon cheval. Par contre je faisais du Tornado avec lui, on était deux, cela allait vite… - C’est bien d’être passionné. - Oui mais pas d’avoir une mono passion. Maintenant il s’intéresse à plus de choses, au vélo. Si on avait fait ensemble du VTT, s’il était revenu plus souvent sur terre, peut-être que l’on serait toujours ensemble. Vous naviguez beaucoup ? - Quand j’étais plus jeune, pour me payer mes études, je convoyais des bateaux. Une fois des Antilles jusque sur la côte est. J’avais emmené ma première femme faire du bateau, j’aurais du me rendre compte ce jour là que cela n’allait pas coller entre nous. - Et Chenu, c’est une famille de cheval… Les propriétaires de cheval magazine s’appellent Chenu.(en fait c'est Chehu) - Non, c’est plus une famille d’intellectuels, de diplomates. Son père est ambassadeur. - L’un n’empeche pas l’autre. - C’est vrai çà… Tu me dis que tu adores l’athlétisme, l’équitation, que ton fils a été champion d’Isère de Dressage. Au YCM, RAS. Je n’étais pas invitée et pour cause, c’est l’intronisation très privée des nouveaux membres. Ils me connaissent depuis vingt ans (mon premier article pour Nice matin je l’ai fait avec Bernard !). Isa est un peu surprise et rigole de me voir avec toi. Juste avant de partir, Bernard te fait remettre un paquet. C’est un cadre avec une photo où tu es sur Tuiga pendant la Monaco Classic Week. -J’adore les cadeaux. Je pense alors au diner de la veille, au Zebra Square où toute l’équipe de « Riviera Magazine » était réunie pour un repas de fin d’année. Ils sont tous venus à Monaco, une quinzaine et certains depuis Marseille, parce que je n’avais pas envie d’aller jusqu’à Cannes où pourtant ils m’avaient proposé de dormir dans un palace afin de m’éviter le retour en train…Alain Chemla, mon éditeur de boss, me tend un paquet avant que nous nous quittions. J’ai un choc de surprise : c’est mon parfum préféré, que je n’ai plus depuis au moins deux ans, que j’hésite à m’offrir moi-meme car fauchée. Mais pas seulement puisque chez Sephora, il y a quelques mois, j’allais pour l’acheter et bizarrement j’ai pris Kenzo Jungle, que finalement je déteste. Comment a-t-il pu tomber aussi pile-poil ? je me demande, ravie… -J’ai reçu mon premier cadeau hier soir. Mon parfum préféré, 24 Faubourg d’Hermes. C’est mon boss qui me l’a offert. -Il doit etre amoureux de vous. -C’est possible. -En tout cas j’aime bien le nom. Et puis il sent très bon. Nous repartons et nous arrivons au Musée où là encore je n’avais rien à faire puisque les agents de voyages apprennent ce soir les atouts du restaurant. Je retrouve quelques têtes connues (Chantal Sobra et Guillaume Rose de la SBM) auprès desquelles je m’attarde pendant que tu fais ta vie. A un moment, nos regards se croisent profondément…Tu me rejoins pour me chercher et me présenter deux nanas, dont une avec la poitrine prête à surgir du corset avec laquelle tu es resté à discuter un moment avec une tete toute extasiée. Elle vient de créer une association pour la défense des métiers de la mode et l’autre qui est accompagnée de son mari et de son jeune fils organise pour la première fois un événement autour de la St Valentin vers Antibes. - Et donc, Serge m’a demandé de vous en parler. Je te regarde un peu surprise. - J’avais l’air malheureuse ? (tu es tout chou) - J’ai pensé que l’amour… çà allait vous plaire ! Et puis comme çà on y va ensemble. - C’est pas rigolo si on y va ensemble. - Alors vous me servirez de couverture…. Je remarque qu’Alice Leclercq…me remarque. Nous repartons. -Alors je vous dépose où, à l’arret de bus ? (petit sourire) -C’est cela, à la maison devant ma porte !
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 10 Dans la voiture je sais que l’on reparle de Jean puisque je te dis que tu dois probablement le connaitre, étant donné qu’il barre souvent Tuiga en régate. Tu as l’air de penser que oui, peut-etre. Tu me demandes aussi à un moment si je suis fachée avec des gens ici. Je te réponds que je ne crois pas, que ma réponse serait plutot « l"indifférence »… -Ce n’est pas un beau sentiment, l’indifférence. -Ce n’est meme pas un sentiment du tout. Mais tu me rebranches sur Arafat et as l’air de dire que sans lui il y aurait peut-être eu la paix depuis longtemps. Je te regarde interloquée. - Mais où vous prenez vos sources ? Qui vous donne vos infos ? Elie Chouraqui ? - Qui vous a parlé d’Elie Chouraqui, c’est un ami. Son père était le maire de Jérusalem. - Vous l’avez cité l’autre soir au dîner. Moi je prie pour qu’Arafat voie son Etat avant de mourir. - J’ai rencontré Arafat plusieurs fois, et il m’a meme embrassé. - Moi aussi il m’a embrassée, il embrasse tout le monde. - Il y a une citation d’Elie Wiesel qui dit… - Oooh Wiesel. Ne me parlez pas de lui. Il est bidon, pipeau, toc. - Parce qu’il est juif ? - On ne va pas s’envoyer à la figure la liste de ses copains juifs ! ! !J’ai appris des choses sur lui qui m’ont fait déciller. Je suis comme une amoureuse trahie. Je ne vous comprends pas, il y a toute une partie de votre cerveau qui m’échappe ! (je vois dans le rétro le petit sourire du chauffeur…) Comment pouvez-vous vous laisser embobiner comme çà. On n’est pas très différent alors comment on peut porter un regard aussi radicalement différent sur les gens et les événements. Nous nous quittons devant ma porte après que tu m’aies proposé d’en reparler et que je t’ai dit de m’appeler quand tu voulais. « Mais pas à dix heures du soir ». Tu me rappelles dix minutes plus tard. -Serge, je viens d’arriver. Je repense à ce que vous m’avez dit sur Wiesel. Je ne comprends pas, moi je leC’est trouve époustouflant. -Epoustouflant ? ? ? ! ! ! -Mais oui, alors expliquez-moi… Comment t’expliquer Wiesel en quelques mots. La dernière fois que j’ai croisé cette tete pleine de componction est liée à une impression dérangeante. Lui, Arno Klarsfeld et Patrick Klugman, le jeune président de l’Union des Etudiants Juifs de France étaient les invités de Franz Olivier Giesbert sur la 3. Ils étaient tous les 3 à gauche de l’écran sur la meme rangée et face à eux se tenait Tarik Ramadan, que je voyais pour la première fois, avec à ses cotés une étudiante palestinienne. Ils avaient déballé leur répertoire de « on veut la paix mais eux non » et toutes les memes sérénades sirupeuses de gentils persécutés par le monde entier. Au fur et à mesure que Ramadan parlait, j’avais l’impression que les autres en face, ainsi qu’Elisabeth Levy, sur une estrade au milieu, se ratatinaient… Je les trouvais laids, mesquins, filous, vicelards, menteurs : je leur trouvais une tete d’affiche de la propagande nazie. J’en ai eu le frisson en me disant, putain, Carole, tu es devenue antisémite. D’autant que je trouvais les deux autres « lumineux ». J’ai suivi Ramadan par la suite, ce n’est pas à moi qu’on va faire le coup des femmes voilées, mais je le trouve cohérent quand il explique qu’il faut attaquer le problème du fanatisme islamique en souplesse. Comment peut-on affronter des cinglés de front ? En les bombardant alors qu’ils croient aux 11 000 vierges qui les attendent au paradis ? Plus tard, quand Finkielkraut, sur lequel j’avais sexuellement fantasmé adolescente, mais çà m’a bien passé depuis, a évoqué une sorte « d"inconscient antisémite », j’ai été interpellée. -Je ne vais pas vous l’expliquer en cinq minutes au téléphone. J’ai des bouquins si vous voulez, et d’autres infos sur l’ordinateur… -Des trucs sur des sites d’extreme droite ?… -Non pourquoi ? Je suis un peu vexée, meme si c’est vrai que j’ai dégotté des trucs quand meme très intéressants sur un site « musulman » où les « révisionnistes » Faurisson et Garaudy développent leurs arguments de manière incroyablement référencée. C’est en creusant un peu le sujet que j’ai trouvé scandaleux qu’il n’y ait pas au moins débats. Mais je te proposes de te donner les références de deux livres par e.mail , qui cernent le sujet de manière moins controversée (quoique). Je te précise. -Et ils sont écrits par des juifs. Sinon cela ne fait pas autorité… -Vous faites quoi ? -Je n’en sais rien il n’y a rien à la télé ce soir. -Sur Arte, l’Allemagne (un truc sur un scandale politique) -Moi ce serait plutot après, le sujet sur le lobbying… -Alors vous allez faire quoi ?
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 11 -il y a quatre ou cinq ans. Je pensaisEcrire. Je viens de retrouver mon roman policier que j’avais commencé l’avoir perdu en le balançant d’ordinateur en ordinateur…Mais il m’en manque un morceau. -Cela parle de quoi ? -J’essaie de concurrencer Mary Higgins Clark. Je mets tous les ingrédients pour faire un best seller et plein de fric. Parce que, autant que cela rapporte de l’argent. C’est dur d’écrire. Cela se passe aux Etats Unis… -Vous connaissez les Etats Unis ? Et les ingrédients ? -Je connais un peu, je suis allée à New York et à Boston, et les ingrédients c’est du sexe, du sang, des beaux garçons et des filles malheureuses. -Il faudra me le faire lire. Je suis bon critique. -Bon critique ? Ca m’étonnerait… Tu me fais comprendre que je t’ai souvent «agressé » depuis que je te connais…je le sais et je trouve aussi que c’est un peu trop. - Oui je sais, j’exagère un peu parfois. Vraiment je m’excuse… -vous excuser. Cela ne fait rien, c’est bien aussi de ne pas etre d’accord et de pouvoir enNon, non, il ne faut pas discuter. Je mange mon risotto tout seul, vous avez diné ? Je vous proposerais bien de partager… -J’ai assez mangé. C’était suffisant avec le cocktail Hediard ce soir au Musée. Je ne sais plus comment on revient sur la politique française. -En France, j’aime bien Jack Lang chez les socialistes…Mais je suis sure que vous ne l’aimez pas ! -(Je t’entends soupirer) Lang, il m’énerve. Mais depuis combien de temps vous vous intéressez à la politique française ? -Un peu plus de trois ans. -Et avant ? -J’étais justement en train de me poser la question tout à l’heure. Avant je me demande bien à quoi je m’intéressais. A mon cheval et mes amoureux, je crois… Nous nous quittons et je te dis que je te prépare un e.mail. Nous commençons à échanger des e.mails. J’ai faillit te planter quand tu as commencé à déraper sur Sharon/Shoah, je me suis dit « mais qu"il est con ! », mais bon j’ai persisté. Et je t’écris que je serai au Yacht Club ce jeudi pour l’inauguration de l’école de voile. Avec les livres, sinon que je les ferai déposer au consulat. J’arrive à l’heure et tu arrives très tard. Quand je te vois tu es à coté de Dieter Fredrich qui dit qu’il est dans la « longue liste des amoureux de Carole » -Moi je n’ai pas cette chance… -Qu’est ce que vous en savez, qui aime bien chatie bien… Tu fais mine de dire que tu ne vas pas rester. Que tu as du boulot. -C’est grève dans la diplomatie aujourd’hui, et puis il est sept heures. Et puis maintenant que je me suis habituée à vous… Tu m’annonces que tu as perdu ton téléphone portable depuis la veille, peut-etre à l’hopital où tu es allé consulter car tu avais un début d’angine. Des femmes arrivent en roucoulant et je te laisse pour aller saluer Adalberto Miani. Je rejoins le cocktail et noue conversations avec un ponte de la SBM. Tu me retrouves et nous restons ensemble. Nous nous approchons du buffet des boissons et nous parlons de mes origines : Papini, çà vient d’où… -Je suis italienne par mon père, de Florence et Lithuanienne par ma mère. Et vous c’est français francais ? -Non, espagnol par ma mère et italien aussi par ma grand-mère. Je demande un campari orange et le serveur (un black d’environ 45 ans) court vers le bar principal pour m’en chercher alors que je lui dis que ce n’est pas grave. Quand il revient tu lui dis « jeune homme » en lui demandant un jus de pamplemousse et le serveur ne « t"entend pas » alors qu’il y a des verres pleins de jus juste devant lui. -Ce n’est pas très gentil, c’est un peu humiliant de votre part de ne pas vouloir m’inviter à déjeuner. Moi je suis fauché. -C’est moi qui devrais plutot me sentir humiliée de ce que vous pensez de moi par rapport à la Shoah. En plus c’est vrai que j’ai appris à lire avec la littérature sur les camps de la mort. Nous nous installons sur un canapé et la conversation s’engage. -Alors comme çà vous etes fauché ? On comparera nos comptes. Alors, combien de maitresses, combien de pensions alimentaires ? ? ? Qu’est ce que vous offrez à Guilaine pour Noel ? -J’avais pensé à …. (réponse évasive). -Pourquoi est-ce qu’elle n’est pas à Monaco ? -Parce que la télé est à Paris. -Il y a la navette. Et puis il y a différentes façons de faire ce métier. -Vous vous écrivez très bien.
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