Le conflit en Syrie qui dure depuis maintenant deux ans est d’une extrême violence, il a fait plus de 70 000 morts selon les Nations Unies. Et la population syrienne est confrontée à une situation humanitaire catastrophique. Malgré des demandes répétées, MSF n’a pas reçu l’autorisation du gouvernement d’intervenir dans les territoires contrôlés par Damas. MSF a pu en revanche ouvrir trois hôpitaux dans le nord du pays où les secours restent très insuffisants au regard de l’ampleur des besoins
URGENCE SYRIE 2 ans de conflit. L’aide humanitaire dans l’impasse
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Sommaire
URGENCE SYRIE
INTRODUCTION 2 ANS DE CONFLIT EN SYRIE LAIDE HUMANITAIRE DANS LIMPASSE
1 LAIDE MÉDICALE EN DANGER
2 DES CIVILS PRIS DANS LENGRENAGE DE LA VIOLENCE
3 LES OBSTACLES AU DÉVELOPPEMENT DE LASSISTANCE EN SYRIE
4 LES RÉFUGIÉS SYRIENS MANQUENT DAIDE
5 MSF EN SYRIE ET DANS LES PAYS VOISINS
URGENCE SYRIE
2 ANS DE CONFLIT EN SYRIE LAIDE HUMANITAIRE DANS LIMPASSE
Le conflit en Syrie qui dure depuis maintenant deux ans est d’une extrême violence, il a fait plus de 70 000 morts selon les Nations Unies. Et la population syrienne est confrontée à une situation humanitaire catastrophique.
Malgré des demandes répétées, MSF n’a pas reçu l’autorisation du gouvernement d’intervenir dans les territoires contrôlés par Damas. MSF a pu en revanche ouvrir trois hôpitaux dans le nord du pays où les secours restent très insuffisants au regard de l’ampleur des besoins.
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1. LAIDE MÉDICALE EN DANGER De la répression à la destruction des structures médicales D p p S situation de conflit armé. Des combats d’une très grande violence opposent désormais l’armée du régime à des groupes dont l’emprise territoriale s’est étendue. Les populations civiles payent un lourd tribut. Aujourd’hui, alors que le conflit s’intensifie, le personnel de santé continue d’être menacé et les structures médicales sont détruites et ciblées. Retour sur deux années pendant lesquelles les soins médicaux ont été bafoués.
D rr po r D 2011, S r p r o v r vo q o o r . L premières grandes manifestations sont organisées le 15 mars à Damas. Au fil des semaines, les o p p o r r r r ro v o or r . , p po vo r r o r p p o pr v , r ro v r p q p r r o o q p r o or . C r p po p r or . M r v r pr o r r .
I r or o p r p r MSF q or r rv p rr o or r . Po r r vo r por o r , r q r r , o r rr , pr o , vo r or r o . D or , p p r p r o or o v r p p , p r r or r o rr o vo r r r d’y être soignées et elles confient leur sort à des réseaux clandestins.
D D r Ho o H p p r D , r , p or o pr o . E r q o pr r r q o po r v r r r p r . L r pr o p o j r q r v r p r .
L Tandis que les violences s’intensifient, un nombre croissant de structures médicales est touché. En j 2011, r r p o r v Ho . T r p r , o r r , v o p o vr r 2012. L o r r , p r o o op r o o . L or r o r r o , o o pr p r v po r v r .
I , pr r o o p p or pr o
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ro . C p r o v , o v , r o k r o rr . L , o o pr op -r o r r o r , o v p ro v p r .
MSF o o or ro p o , v o o r . P j 2012, ONG o pr r p or S r , r vo v o . E jo r , p r r o v . P p r 2012, MSF o vr r p o v r or p I , r o or o r - p r ro p oppo o .
I po r v rv r o o v r , or r r vr r or o MSF. D , MSF p ppor r r p o r q p q rr o r pp o r o v r p o r, po r , q o o . L or r r q o r r pr po r r o . Q o MSF r v q o o o r q p r q p o p r r .
D r r r A partir de 2012, la répression de manifestations pacifiques conduit l’opposition à s’armer. Alors que l’opposition armée gagne du terrain, le conflit syrien prend un tour de plus en plus violent. Des r r o o r . L p r o p , o . L v r rv r . E j 2012, o v ro o vr p. L p o o q p r v p r o r r o o . D o r , r r .Lqqpprovoproprr r r v p r r o o .
D r E S , p r p pr v p q p r v , o r p r oppo o r , or pr r v v o . I pr r r r , o . I p o op r o r , r or op r o q r o j q 200 p r jo r. F ov r , o v r pp r laissent le bâtiment de l’hôpital éventré, définitivement hors service. Pour recevoir les blessés dont le flux ne tarit pas, une salle d’urgences est discrètement aménagée dans le quartier. Pour minimiser r q , o o r r ro . D q pr v o pr r D r E S . L o p r r r . M o r .
En Syrie, les hôpitaux sont utilisés dans les stratégies militaires des parties au conflit. Ainsi, dans o « r , r p o o r or « p r r r ( SL) o « o R vo o . R , p r q v r v o p o jo r o .
P r r , r oppo o o pro p or , o p r o . L r q r , or , q p o pr p o o r o p q .
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La difficile prise en charge L o r r rr o v o r r r rr evenue une priorité. Mais les difficultés o r po r r r o . p, r pro o r o o rr or q o k o pr q ro.Lpprovo po p D , Po r r v r r , r o r vo p p rop . L r r q o p o r . L p o r q v ro p ro opprovorrr o p q . I o o , p r r . « J’ai vu une salle d’urgence où ils n’avaient pas d’appareils de stérilisation. Pour faire les sutures, ils devaient utiliser du matériel usagé » , o N Ro r , MSF, r o r o v o r o p. utre difficulté, trouver une ambulance o r r por r p . D vo r p r r , q o r p q p po r r , o o o p q p o ro r o o v r or p. E vo r o o po r .
S o or r , 57% p p o o S r 36% o o p . M jo r o p p q o p r oppo o o p r r .
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HÔPITAUX EN DANGER Le Dr K est chirurgien, il opère des blessés dans un hôpital privé d’une capacité de 30 lits, dans une petite ville du nord-ouest de la Syrie. Unmissileesttombéà50mètresdel’hôpital,lesfenêtresontétésoufflées.L’arméevisaitl’hôpital.Nonseulement,c’estleseulhôpitalfonctionneldelavillemaisildessert15localités,unepopulationde200000personnes.Nousarrivonsàtravailler,ilyaassezdemédecins,maisonmanquedemédicamentsetdematérielmédical.Lesstockssontépuisés.Nousavonsbesoindefilmsradios,defixateursexternes…Nousnepouvonsplusfaired’analyses,alorslesgensvontdansdeslaboratoiresdansd’autresvilles. L’arméeestpositionnéeà20km.Maisdeuxfoisl’andernier,elleaprislecontrôledelaville.Quandelleestvenue,jemesuisenfuiparcequ’ilsarrêtentlesmédecinsquisoignentlesblessés.Poureux,lesmédecinssontdesterroristes.Lesmilitairessontrentrésdansl’hôpital.Ilsontprisunpatientaubloc.Pourquoijecontinueàtravailler?Parcequesijepars,iln’yaurapersonnepoursoignerlesmalades.J’aiétémenacéplusieursfois.Maisj’aipuleuréchappercardesamism’avaientprévenu.
F r po r q o o p or v p r r . U p r p r o r o r pr o , pr ro . C q r o q p v , p r ro v p o j o r r p r r r rr . D o r r r , p r pr r p por vo o r pour travailler comme infirmiers. « C’est la guerre, chacun doit tout faire » , r r .
SANS BANQUE DE SANG
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La grande banque de sang d’Alep est détruite par un bombardement aérien dès le début des combats. Pendant plusieurs mois, les hôpitaux de la région d’Alep sont confrontés à un insoluble casse-tête. Car il faut beaucoup de sang pour traiter les blessés de guerre. Trouver du sang n’est toutefois pas le problème. Beaucoup de gens veulent donner le leur. La difficulté est de conserver les poches de sang dans un frigidaire, ce que n’ont généralement pas les hôpitaux. Et s’ils en sont équipés, encore doivent-ils pouvoir l’alimenter avec un générateur puisqu’il n’y a plus d’électricité. Autre problème, les hôpitaux n’ont pas le matériel nécessaire pour faire les tests servant à déterminer le rhésus.Donc les victimes de violence ou les patients souffrant d’une hémorragie pour lesquels les transfusions de sang sont vitales sont transfusés sans que soient faits les tests nécessaires. Et les conséquences peuvent être fatales.
Pour installer une nouvelle banque de sang, MSF a fourni fin 2012 un frigidaire, de quoi acheter du carburant, les réactifs pour faire les tests et formé du personnel qui assure maintenant l’approvisionnement en sang des hôpitaux de la région d’Alep. Reste le risque que la banque de sang ne soit ciblée.
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2. DES CIVILS PRIS DANS LENGRENAGE DE LA VIOLENCE
Dans les régions du Nord où interviennent les équipes de Médecins Sans F p p p les endroits fréquentés comme les marchés ou les files d’attente. Aux destructions s’ajoute l’effondrement économique et social d’un pays dont les civils sont les premières victimes. En dépit d’un élan massif de solidarité, la continuation de la guerre et ses effets anéantissent le système de santé et rendent très précaires les conditions de vie des habitants, alors que les ressources s’épuisent et que les capacités d’entraide sont fortement éprouvées.
DrrorD p v or L pop o v r p r S r , MSF o v o conflit, les gens ont peur des tirs d’artillerie, de q o r pop o v . roquettes, de missiles… Et se méfient les uns p r o , r . P r o o p r o o r , r r o or p r q r v r r r o r , r dans les files d’attente pour acheter du pain, o . p r r r r L 13 j v r 2013, v , p r o r , pr r q r r v p 20 p r o o 99 o o r . o r r . P r , 20 v 5 - o « Dans certains villages, les tirs de roquettes et o p MSF. D jo r les attaques d’hélicoptères qui larguent des barils p r , 44 p o r r remplis d’explosifs et de pièces métalliques sont r r p MSF pr q presque quotidiens , p q K r K , p r r p o o r oor r po r MSF S r . L’impact sur v q roq o la population locale est dévastateur. Il est arrivé prov I . certains jours que plusieurs barils tombent au centre de villages et nous avons donc dû prendre en charge des blessés, dont des femmes et des enfants, dans notre hôpital de campagne. » o r r o p or o r , q p MSF o r o r pop o q pr v o r or .
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LA TERREUR DES AVIONS Faotum Hujazi, 55 ans, est assise devant l’hôpital de MSF où elle est allée voir son petit-fils. Elle se rappelle le bruit que faisaient les avions de guerre syriens l’été 2012 à Azaz, une ville située dans le nord de la Syrie près de la frontière turque. Une frappe aérienne a touché sa maison où il n’y avait alors personne,et aucun membre de la famille n’a été blessé. Cependant, le deuxième étage a été détruit. Depuis ce jour, des gravats et un grand trou sont les traces de cette attaque.
Quelques mois plus tard, Mohammed 6 ans, le petit-fils de Faotum, jouait avec ses frères quand les avions de guerre sont revenus au dessus d’Azaz. Lesenfantsontpaniquéetsesontprécipitédansl’escalier,maisMohammedn’apasvuletrou,ilesttombédedans,s’estcassélajambeetaétéblesséàlatête.»,racontesagrand-mère. Il n’y a pas eu de bombardement, c’était seulement le bruit des avions. L’enfant a été pris en charge dans un hôpital MSF de la région. Bien que sa grand-mère soit soulagée, elle n’oubliepaspourautantlemalqu’elleaeuàtrouveruneaidemédicale.«AAzazonnousaditqu’ilfallaitallerenTurquie,maisfinalementonestvenusicietilaétéadmis.
BLESSÉ EN ATTENDANT DEVANT LA BOULANGERIE D’HALFAYA (province de Hama) C’étaitfindécembredansl’après-midi,jefaisaislaqueuedepuistroisheuresàHalfayapouracheterdupainàlaseuleboulangerieouvertedelaville.Ilyavaitunelonguefiled’attente.Nousétionspeut-être300personnesàvouloiracheterdupain.Toutàcoup,onavuunavion,puisdeuxmissilessonttombéssurlesgensquiattendaient.J’aientendudescristoutautour,ilyavaitbeaucoupdeblessés.J’avaisl’impressiondeneplusavoirdetête,d’êtrebrûléauxlèvresetàlalangue.Desblessésontétéemmenésenvoiture.Moi,onm’atransportédansunebrouette,puissuruntaxi-motoversunpostemédical.Jesuisrestésansconnaissanceduranttroisjours.Ledeuxièmejour,monfrèrem’aemmenédansunautrecentremédicalavantdememettredansunecamionnettepourm’amenericidansl’hôpitalMSFetqu’onm’opère.J’aitoujoursunproblèmeàl’oreille,j’entendsmal.Maisilyaunechoseincroyable,mesdeuxfillesquiétaientavecmoin’ontrieneu.Avecl’explosion,unmurquis’estenpartieécroulélesaprotégéesdeséclats,ellesn’onteuquedespetitescontusions.
A l’hôpital MSF, le chirurgien a nettoyé sa plaie et les parties nécrosées, a suturé les petites plaies sur son visage. Mais sa plaie à l’épaule gauche était béante et sa main droite très abîmée. Il a donc fallu le transférer dans un hôpital en Turquie pour des opérations de chirurgie reconstructrice. L’hôpital MSF n’est pas équipé pour ce type d’opérations très complexes.