Bac L 2012, épreuve de Philosophie, explication Spinoza Proposition de corrigé Thèse : dans cet extrait Spinoza s’oppose à l’idée selon laquelle l’État réduirait les hommes à une obéissance mécanique en en faisant des « bêtes », des « automates ». Il soutient donc que l’État a pour but la liberté, dont il rend possible l’exercice en sécurisant et pacifiant les rapports humains (lignes 1 à 6), qu’il présuppose dans l’acte de soumission volontaire au souverain (lignes 6 à 12) et qu’il laisse intacte en ne portant pas atteinte à la liberté de juger et d’opiner (lignes 12 à la fin). Ce texte invite donc à s’interroger sur les rapports entre État et liberté et à repenser la notion de liberté à travers les distinctions entre indépendance et autonomie et droit d’agir et droit de raisonner et juger. On pourra aussi s’interroger sur la valeur de cette liberté de penser et de juger, qui, si la désobéissance est interdite, pourrait sembler se réduire à « parler à son bonnet », à une liberté bien vaine. Explication : ⁃ Lignes 1 à 6 : Spinoza expose l’idée de ceux qui voit dans l’État une institution liberticide et dénaturante, puisqu’on y passerait d’un état d’être raisonnable à un celui d’une bête, dénuée de raison, incapable de se conduire et soumise aux ordres d’un tiers comme à ses impulsions naturelles.
Bac L 2012, épreuve de Philosophie, explication Spinoza
Proposition de corrigé
Thèse :soppose à lidée selon laquelle lÉtat réduirait les hommes à unedans cet extrait Spinoza obéissance mécanique en en faisant des bêtes , des automates . Il soutient donc que lÉtat a pour but la liberté, dont il rend possible lexercice en sécurisant et pacifiant les rapports humains (lignes 1 à 6), quil présuppose dans lacte de soumission volontaire au souverain (lignes 6 à 12) et quil laisse intacte en ne portant pas atteinte à la liberté de juger et dopiner (lignes 12 à la fin).
Ce texte invite donc à sinterroger sur les rapports entre État et liberté et à repenser la notion de liberté à travers les distinctions entre indépendance et autonomie et droit dagir et droit de raisonner et juger. On pourra aussi sinterroger sur la valeur de cette liberté de penser et de juger, qui, si la désobéissance est interdite, pourrait sembler se réduire à parler à son bonnet , à une liberté bien vaine.
Explication :
Lignes 1 à 6 : Spinoza expose lidée de ceux qui voit dans lÉtat une institution liberticide et ⁃ dénaturante, puisquon y passerait dun état dêtre raisonnable à un celui dune bête, dénuée de raison, incapable de se conduire et soumise aux ordres dun tiers comme à ses impulsions naturelles. Spinoza renverse cette idée en montrant quau contraire, lÉtat permet à chacun de réaliser sa nature (dagir conformément à la nécessité de sa propre nature) et au lieu de tenir par la crainte, le jeu des passions, en libère dans le rapport avec les autres et en soi-même. Il permet au corps et à lâme dassurer leurs fonctions, en assurant ordre et sécurité. Il dépassionne les rapports humains permettant ainsi de ne plus être esclaves des passions. Dune vie dominée par la haine, la colère, la ruse, on peut sous la protection de lÉtat passer à une vie placée sous la conduite de la raison (on retrouvera la même idée dans le passage de létat de nature à létat civil chez Rousseau). Donc bien loin de tenir par la crainte (idée de Hobbes), lÉtat en libère pour Spinoza et cest la raison pour laquelle les hommes acceptent de se soumettre à son autorité, qui nest que le fruit de ce consentement. Cest pourquoi Spinoza précise que la fin de lÉtat est en réalité la liberté et non la soumission et lobéissance. La sécurité nexige pas le renoncement à la liberté.
⁃ 6 à 13 : cest ce quil va préciser en explicitant les conditions de linstitution de lÉtat et Ligne ses raisons dêtre. Cest parce que les hommes ont des jugements divers (conséquences des complexions différentes, des limites des connaissances), que si chacun agissait en conséquence, il pourrait y avoir conflits et insécurité. Cest pourquoi chacun renonce à agir selon son décret et
accepte de renoncer (donc volontairement et librement) à ce droit et de le confier, transférer au souverain (quel que soit le régime démocratique, aristocratique ou monarchique). On pourrait ici voir un renoncement semblable à celui exigé par Hobbes dans son pacte, mais ce nest pas le cas.
⁃la fin : cest ce sur quoi va conclure Spinoza en distinguant droit dagir et de 13 à Lignes raisonner et penser et dexpression, de diffusion, de publication des idées (= enseignement). En se soumettant aux décrets du souverain dans ses actes, lhomme ne renonce pas pour autant à sa liberté de pensée. Il obéit aux lois, parce quil y a consenti pour la paix et sa sécurité, donc pour jouir de ses droits naturels, mais il ny soumet pas son âme. Il reste entièrement libre de penser ce qui lui semble bon et a le droit de lexprimer en usant de moyens raisonnables et en en restant à des paroles. Du rapport de force, de la persuasion, on passe à des rapports de raison, à la volonté de convaincre. Donc pour Spinoza, lÉtat ne porte pas atteinte à la liberté ; au contraire il la rend possible, effective et lexige pour ne pas outrepasser ses pouvoirs. Renoncer à agir conformément à ses décrets, nempêche pas lindividu de penser par lui-même, et cest là la véritable liberté, quon ne saurait céder à lÉtat. La liberté nest pas dans la désobéissance, mais dans la résistance et la vigilance citoyenne, mais encore faut-il que lÉtat la laisse être. Cest quand il lentrave en bridant la liberté de la presse, dexpression, en voulant formater les esprits, quil devient liberticide ou quand le peuple se soumet corps et âme.