Bac L 2012, épreuve de Philosophie, sujet 1 « Que gagne-t-on en travaillant ? » Proposition de corrigé Problématique : Le « que » invite à un plan catalogue, piège à éviter ! Il s’agit d’interroger ce que peut apporter le travail, qui est spontanément associé à un gagne-pain et en même temps à une idée de contrainte (soumission au processus vital, nécessité de produire en transformant la nature nos moyens de subsistance), de pénibilité et de dépense d’énergie physique et psychique. C’est l’aspect labeur du travail, que vient compenser la production ou le salaire (seulement en partie selon Marx) qui ne sont pas en eux-mêmes des gains, dans le sens où cela vient juste compenser ce qui a été perdu au travail (temps, force, parfois même son humanité et son âme). Mais peut-on réduire le travail à cela, le travailleur à l’« animal laborans » comme le dit Hannah Arendt. Ne peut-il pas y avoir dans le travail une dimension d’œuvre par laquelle l’homme s’affirme comme homme et individu, et par là un véritable gain, par-delà ces compensations ? Mais la trouve-t-on dans tout travail ? Quel travailleur est gagnant ? Et qu’est-ce qu’on entend par gain ? On dit que travailler c’est « gagner sa vie », mais qu’est-ce qu’une vie gagnée ? Plan possible : I. On dit que travailler , c’est « gagner sa vie »… 1. on doit en effet produire de quoi survivre donc on gagne cela 2. en tant qu’activité économique, le travail permet d’avoir sa place dans la société 3.
Problématique :à un plan catalogue, piège à éviter !Le que invite
Il sagit dinterroger ce que peut apporter le travail, qui est spontanément associé à un gagne-pain et en même temps à une idée de contrainte (soumission au processus vital, nécessité de produire en transformant la nature nos moyens de subsistance), de pénibilité et de dépense dénergie physique et psychique. Cest laspect labeur du travail, que vient compenser la production ou le salaire (seulement en partie selon Marx) qui ne sont pas en eux-mêmes des gains, dans le sens où cela vient juste compenser ce qui a été perdu au travail (temps, force, parfois même son humanité et son âme).
Mais peut-on réduire le travail à cela, le travailleur à l animal laborans comme le dit Hannah Arendt. Ne peut-il pas y avoir dans le travail une dimension duvre par laquelle lhomme saffirme comme homme et individu, et par là un véritable gain, par-delà ces compensations ? Mais la trouve-t-on dans tout travail ? Quel travailleur est gagnant ? Et quest-ce quon entend par gain ? On dit que travailler cest gagner sa vie , mais quest-ce quune vie gagnée ?
Plan possible :
I. On dit que travailler , cest gagner sa vie
1. on doit en effet produire de quoi survivre donc on gagne cela 2. en tant quactivité économique, le travail permet davoir sa place dans la société 3. devenu une des valeurs centrales de nos sociétés
Transition : mais le salaire nest que ce que lon reçoit en échange de leffort fourni, cest la contrepartie ; la transformation de la nature est un résultat, non un gain. La satisfaction de nos besoins nest que la condition de leur renaissance, soumission au processus vital.
II. Il ny a rien à gagner dans le travail, un simple moyen de survivre :
1. le travail est un effort douloureux imposé par laiguillon de la nécessité historique ( trop nombreux pour se contenter de puiser dans la nature ou rupture de lharmonie avec la nature chez Rousseau) ou même naturelle : nature inachevée qui nous condamne à devoir transformer la nature pour répondre à nos besoins. Il est labeur, punition dans la Genèse, contrainte. 2. le travail est une contrainte, la marque de notre asservissement au processus vital, doù sa
condamnation dans la Grèce antique ; cest une activité indigne dun homme libre, cest pourquoi elle est réservée aux esclaves.
3. le travail comme labeur du soir au matin est la meilleure des polices pour Nietzsche dans Aurore : il épuise force nerveuse, tue linitiative individuelle et réduit les vues de lhomme à un but mesquin .
Transition : ce que condamne Nietzsche, cest une certaine forme de travail, celle de la révolution industrielle, où les machines, la logique quantitative de la production et la consommation triomphent. Cest que Marx dénonçait comme aliénation du travail, dépossession. Mais sil y a dépossession dans le labeur, cest que le travail ne se réduit pas à cela ?
III. Il peut y avoir quelque chose à gagner ( par delà le salaire qui nest pas en soi un gain!) dans le travail :
1. le travail permet de façonner la nature pour en faire un monde humain. Le travail est un élément fondamental de la culture. Selon Marx, cest par là que lhomme se distingue de lanimal. 2. lorsquil y a technique, production dune uvre, le travail permet de saffirmer comme homme et individu(dialectiquedumaîtreetdelesclavedeHegel,cogitopratique).Entravaillant,lhomme se fait homme et saffirme pour lui et pour les autres (reconnaissance sociale). 3. le travail permet aussi de conquérir la liberté en formant la volonté et la mystique exige la mécanique selon Bergson.
Conclusion :se réduit pas à un gagne-pain, sil y a en lui technique et uvre, il peutsi le travail ne être un gain pour lhomme. Mais il faut que le travail reste un travail, un moyen de gagner sa vie et non une fin en soi et un moyen de pouvoir saffirmer pour ensuite pouvoir se réaliser en tant quhomme et individu. Gagner sa vie, ce nest pas encore la réussir.