Bac L 2012, épreuve de Philosophie, sujet 2 « Toute croyance est-elle contraire à la raison ? » Proposition de corrigé Problématique : si la croyance est spontanément associée à ce qui n’est pas fondé en raison, à l’irrationnel : - la raison ne se réduit pas au rationnel, l’excès de raison peut être déraisonnable (il convenait de distinguer les 2 sens de raison : rationnel/raisonnable) - l’irrationnel ne se réduit pas à ce qui est contraire à la raison, il peut aussi être ce qui est au-delà de la raison, étranger à la raison ( « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » selon Pascal). - Le sujet invitait donc à s’interroger sur les fondements de la croyance ( le « toute » invitait à se demander si justement on ne peut pas distinguer des croyances rationnelles et des croyances irrationnelles) et sur ce qui est contraire ou non à la raison, sur la distinction entre raisonnable et rationnel Plan possible I. Si l’usage de la raison exige un rejet de la croyance, c’est que toute croyance semble contraire à la raison : 1. toute démarche qui se veut objective et rigoureuse exige que l’on fasse une critique des opinions reçues, des préjugés, des croyances ordinaires qui constituent les premiers « obstacles épistémologiques » (Bachelard) et qui ne sont fondés que sur le ouï-dire, les désirs, l’expérience première, la force de l’adhésion commune, donc non fondés en raison.
Toute croyance est-elle contraire à la raison ?
Proposition de corrigé
Problématique :si la croyance est spontanément associée à ce qui nest pas fondé en raison, à lirrationnel : - la raison ne se réduit pas au rationnel, lexcès de raison peut être déraisonnable (il convenait de distinguer les 2 sens de raison : rationnel/raisonnable) - lirrationnel ne se réduit pas à ce qui est contraire à la raison, il peut aussi être ce qui est au-delà de la raison, étranger à la raison ( le cur a ses raisons que la raison ne connaît point selon Pascal). - Le sujet invitait donc à sinterroger sur les fondements de la croyance ( le toute invitait à se demander si justement on ne peut pas distinguer des croyances rationnelles et des croyances irrationnelles) et sur ce qui est contraire ou non à la raison, sur la distinction entre raisonnable et rationnel
Plan possible
I. Si lusage de la raison exige un rejet de la croyance, cest que toute croyance semble contraire à la raison :
1. toute démarche qui se veut objective et rigoureuse exige que lon fasse une critique des opinions reçues, des préjugés, des croyances ordinaires qui constituent les premiers obstacles épistémologiques (Bachelard) et qui ne sont fondés que sur le ouï-dire, les désirs, lexpérience première, la force de ladhésion commune, donc non fondés en raison. On pouvait ici faire référence à lallégorie de la caverne et aux analyse freudiennes et marxistes de lillusion religieuse.
2. cest en rompant avec les explications religieuses ou les mythes, bref les approches de la foi, de la croyance religieuse que la pensée scientifique ou philosophique est née ( la loi des 3 états de A. Comte)
3. le souci de la vérité, exigence de la raison, soppose à ladhésion de la croyance : Penser nest pas croire Alain ; la raison invite à la distance critique, au doute..
Transition :la croyance semble donc contraire à la raison aussi bien dans ses fondements que dans ladhésion quelle implique, mais toute croyance est-elle pour autant irrationnelle ?
II. Certaines croyances ne sont pas contraires à la raison :
1. distinctionplatonicienne entre la doxa et lopinion droite.
2. la croyance religieuse peut sappuyer sur une théologie rationnelle : les preuves de lexistence de Dieu.
3. la pensée rationnelle semble sappuyer elle aussi sur certaines croyances, postulats admis sans être démontrés ou prouvés rationnellement. il nest pas de sciences sans présuppositions Nietzsche. La science, malgré sa rationalité, ne débouche pas sur des vérités absolues mais seulement sur des vérités provisoires, des croyances rationnelles.
4. la croyance nest pas contraire à la raison, elle est au-delà de la raison : Pascal. Elle souligne les limites de la puissance de la raison aussi bien dun point de vue théorique que pratique (Kant et le postulat de lexistence de Dieu, comme un des 3 postulats de la morale aux côtés de la liberté et de limmortalité de lâme).
Transition :donc la croyance nest pas nécessairement contraire à la raison ; si toute croyance ne soppose pas à la raison, à quelles conditions croyance et raison peuvent-elles coexister ?
III. Une coexistence possible
1. ce que lusage de la raison rejette absolument, ce nest pas la croyance en elle-même, ce sont ses dérives que sont le fanatisme (idéologique, religieux, sectaire) aveugle et misologue et la superstition qui nourrit la peur et qui empêche à la fois le progrès de la connaissance (la superstition ne vivant que de lignorance) et la vie raisonnable, cest-à-dire sage (par ex. la philosophie épicurienne qui pose les principes de la vie sage et heureuse commence par une physique, qui a pour objectif de démystifier , de démythifier le monde, de séparer soit-disant divin et purement physique, car cest la peur des Dieux qui trouble lâme et empêche de parvenir au Bonheur, lataraxie). Autrement dit, ce que rejette lusage de la raison, cest la croyance qui nie la science ou qui se prend pour de la science, qui ignore quelle nest quune croyance.
2. lopinion est parfois le seul point dappui que lon a pour diriger sa vie, faute de règles objectives du bonheur, par exemple. Et si on sy tient, elle permet davoir une conduite, alors que le doute permanent empêche de vivre et dagir (la morale provisoire de Descartes)
3. on peut penser quon a besoin de croyances pour vivre et que cest en quelque sorte une réaction défensive de la nature contre la raison (Bergson). Cest la rançon de lintelligence . On a besoin dillusion.