Corrigé Bac 2015 - Philo Série S - Sujet 2
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Corrigé Bac 2015 - Philo Série S - Sujet 2

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Publié le 17 juin 2015
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Langue Français

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Sujets corrigés Bac 2015 Philosophie Série S Sujet 2
La politique échappe-t-elle à l'exigence de vérité ?
La politique : «polis» = la Cité. La politique c'est l'art de bien gouverner, en se référant à un idéal de justice, en se fondant sur la raison, la connaissance (cf. Platon), en visant l'intérêt général (cf. Rousseau). Mais c'est aussi l'art de gouverner en tenant compte des réalités, de manière à conquérir et conserver le pouvoir (cf. Machiavel). La vérité : c'est l'accord du jugement à la réalité. C'est à la fois une exigence intellectuelle (n'affirmer vrai que ce dont je suis absolument certain) et morale (dire la vérité relève de la dignité humaine, le menteur est indigne de la confiance d'autrui). échapper : se soustraire à, faire exception à.
Le sujet nous interroge sur ce lien entre politique et vérité. Que sous-entend-il ? L'exigence de réussite d'une politique autoriserait-elle les gouvernants à se soustraire au devoir de vérité qui incombe moralement à tout être humain ? La fin (le bien commun, l'intérêt supérieur de la nation, la raison d'état) justifierait-elle que les gouvernants prennent des libertés avec la vérité, voire qu'ils la trahissent en toute conscience ? Ne pas dire la vérité, cultiver le secret, serrait-il alors un mode de gouvernement non seulement acceptable mais nécessaire ?
Platon écrit dansLa Républiquealors aux dirigeants de la Cité, plus qu'à« C'est III) :  (Livre quiconque, qu'il revient de dire le faux, à l'intention des ennemis ou des citoyens, dans l'intérêt de la Cité. » Ceci sous-entend que les gouvernants sont seuls dépositaires d'un savoir qui les rend aptes à exercer le pouvoir (conception aristocratique) et que les simples citoyens ne seraient pas en mesure de comprendre les ressorts de l'action politique. Aussi vaudrait-il mieux le leur cacher.
Une telle conception est-elle compatible avec la démocratie ? C'est la question qui peut se poser. L'actualité nous interroge parfois sur le secret dont sont entourés certains événements, suscitant craintes et fantasmes. L'ignorance du peuple accroît sa dépendance.
Doit-on alors affirmer que le citoyen a « le droit » de connaître la vérité ? Si le citoyen est apte à penser par lui-même (« majeur » selon la formule de Kant) alors les gouvernants ont l'obligation (morale et politique) de porter la vérité à la connaissance du peuple. Le peuple « souverain » doit connaître la vérité, les représentants auxquels il a délégué son pouvoir
de gouverner ne sont que des « ministres » (écrit Rousseau) « non des arbitres ». Ils sont au service du peuple, et du bien commun. S'ils s'arrogeaient un droit sur la vérité, alors ils outrepasseraient la fonction qui leur a été confiée. Cela remettrait en cause les fondements mêmes d'un état démocratique.
Mais on peut objecter que la révélation de la vérité peut avoir des conséquences néfastes quant à la réussite d'une action. Peut-on alors accepter des exceptions au nom du réalisme politique ? Problème : Cela ne risque-t-il pas de devenir une « excuse », un prétexte pour cacher la vérité lorsque des intérêts particuliers sont en jeu ? Ou lorsque la vérité révélée produirait un scandale ayant de graves conséquences politiques ou économiques (ex : l'affaire du sang contaminé) ?
On peut aussi se demander si la politique n'est pas « rattrapée » par l'exigence de vérité grâce à l'intervention des citoyens eux-mêmes : Lorsque les citoyens (ex : lanceurs d'alerte) contraignent les gouvernants à admettre la vérité, ils rappellent à l'ordre ceux auxquels ils ont délégué leur pouvoir. Ainsi que l'écrivait Condorcet pendant la Révolution Française : « Plus la vérité se répand, moins les gouvernants peuvent espérer tromper le peuple », et plus les hommes seront éclairés, moins les gouvernants pourront abuser de leur autorité.
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