Astérix à la BnF : Astérix comme expérience de la langue
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Astérix à la BnF : Astérix comme expérience de la langue

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Publié le 23 octobre 2013
Nombre de lectures 598
Langue Français
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Extrait

Astérix comme expérience de la langue
Panoramix :  « Je  vous ai entendus … c’est une honte !  Vous ne parlez que latin !   
Il faut préserver la pureté de notre belle langue ! »
Astérix et la rentrée gauloise, p. 48, case 5
Le Grand Fossé, p. 41, Comme toutes les grandes œuvres, Astérix se prête à une pluralité de lectures :
cases 8 et 9
historique, sociologique, humoristique, graphique, mais toujours décalée grâce au
travail exceptionnel du dessin et de la langue. Et si ce génial dévoiement était contenu
dans le nom même d’Astérix ?
eEmprunté au latin médiéval « astericus » au xvi siècle, du grec « asterikos », diminutif
de « aster », cette « petite étoile » est un signe de renvoi qui peut être envisagé comme
un motif constructeur de l’univers langagier et scriptural des aventures d’Astérix.
Loin d’être pris dans un sens négatif, ce motif est celui du renvoi vers des références
extérieures à la bande dessinée (citations d’auteurs latins, français, anglais ou de
personnages historiques, chansons, satires…) ou bien internes à l’œuvre (leitmotiv
des pirates, running gags). Les citations, scènes ou fgures récurrentes créent la
connivence, imprègnent la mémoire des lecteurs et les embarquent dans une lecture
en résonance avec le monde contemporain grâce aux nombreuses allusions à des
réalités bien éloignées de la Gaule romaine : un grand éclat de rire langagier !
Cette mécanique duelle autorisant plusieurs niveaux de lecture est l’un des principaux
ingrédients du succès des albums, dont certaines répliques se désolidarisent
du graphisme pour rentrer dans le langage courant.
Création, détournement, travestissement, jeux de mots et jeux de sons, autant
d’ingrédients de cette expérimentation de la langue qui trouve son allié dans
un graphisme fort : une association détonante qui ne peut que marquer l’imaginaire
des lecteurs de tous âges !
« C’est  l’année 1965 qui a vu le plus grand boum. Elle correspond à la 
parution de l’album sur Cléopâtre […]. En été 1965 j’étais à Biarritz 
et je me souviens que j’entendais des types dans la rue, dire :  « Ils  Rédaction :
Mathilde Jamain sont fous ces Romains ! »  et d’autres formules du genre. J’ai pensé :  
« c’est incroyable, il se passe des choses ici […]. Il y a eu une vague 
« Astérix » :  on en a parlé partout, dans les journaux, à la radio, à la 
télé, et c’est une des raisons pour lesquelles la bande dessinée est 
devenue à la mode, est entrée dans les mœurs. »  
René Goscinny, cité par Aymar du Chatenet, Goscinny faire rire, quel métier !
Gallimard, 2009, p. 72 (Découverte Gallimard)
          Astérix ou la création d’un univers de référence
L’utilisation des citations latines
« Nous  vous le disons :  les Romains 
y perdent leur latin »
Astérix le Gaulois, p. 5, case 10
De Jules César à Ovide, René Goscinny a
réutilisé bon nombre de locutions et de citations
latines pour susciter à la fois le rire et la
connivence. Les expressions latines contribuent
à créer un contexte antique. Le latin est utilisé
par les Romains d’Astérix, mais à force d’être
frappés par les irréductibles Gaulois, ils ont
tendance à perdre leur latin et adoptent le
plus souvent le français. Les Romains ne
Astérix en Hispanie, p. 5, case 3sont cependant pas les seuls à parler latin,
un quart des citations latines provenant de
Triple-Patte, qui cite Virgile, Horace, Ovide, tradition écrite, auquel Cléopâtre donne « cinq n’admettant pas de contestation », et
Lucain, Tacite, et dont on ignore s’il est manuscrits précieux de sa bibliothèque » en « aquarium » par « réservoir destiné aux animaux
romain ou non. Les personnages principaux, guise de remerciement (Astérix et Cléopâtre, d’eau douce ou d’eau salée ».
Astérix et Obélix, utilisent ponctuellement la p. 47, case 2), regrette dans Astérix et la
langue de l’envahisseur et s’interrogent sur rentrée gauloise que la belle langue gauloise D’où viennent les citations latines ?
celle-ci : ainsi, Obélix, mu par un instinct de soit souillée par les mots latins introduits Les auteurs des albums puisent largement
survie alimentaire, demande à Astérix de lui par les Gaulois du village. Ainsi propose-t-il dans les pages roses du Petit Larousse comme
traduire le mot « sanglier », « singularis porcus » de remplacer « auditorium » par « salle pour il a souvent été rappelé, mais empruntent aussi
en latin. Panoramix, le plus proche de la audition publique, « ultimatum » par « proposition directement aux œuvres des auteurs latins.
« Et  d’où vient que je crains pour les jours 
d’un étranger que je n’ai vu qu’un fois ?  D’où naît ce grand effroi 
dont je suis troublée ?  Malheureuse !  Repousse, si tu le peux, étouffe 
La dernière phrase est reprise en latin dans Astérix cette famme  qui s’allume dans ton cœur. Ah !  Si je le pouvais, 
et les Goths (p. 20, case 4) pour justifer l’action je serais plus tranquille. Mais je ne sais à quelle force irrésistible 
malhonnête de deux légionnaires qui pensent j’obéis malgré moi. Le devoir me retient, et l’amour m’entraîne. 
obtenir une récompense en capturant deux Goths
Je vois le parti le plus sage et je suis le plus mauvais »
qui sont en fait des Romains :
Ovide, Métamorphoses, chant VII, 20-21, « Nous  ne sommes pas honnêtes, hein ? »
« Jason et Médée »
« Video meliora proboque
deteriora sequor »
Alors qu’Astérix et Obélix sont partis à la recherche de Tragicomix, (Astérix
légionnaire, p.13 et 14) et interrogent les Romains à son sujet, la réponse est une
citation directe de Virgile : « Tragicomix avec un « T » comme Timeo Danaos
et dona ferentes » (« Je redoute les Grecs même quand ils apportent
des cadeaux »). Laocoon, oncle d’Enée, prononce ces paroles alors qu’il tente
de dissuader les Troyens d’introduire dans leurs murs le monumental cheval de
bois laissé sur le rivage par les Grecs, en réalité une véritable machine de guerre
remplie de soldats. (Virgile, Eneide, chant II, vers 25-49)
« O  tempora, o mores! Senatus haec intellegit. À ces citations ponctuelles s’ajoutent des citations récurrentes.
consul uidet ;  hic tamen uiuit. »
« O  temps !  ô mœurs !  Tous ces complots, 
le Sénat les connaît, le consul les voit, et Catilina « O tempora, ô mores ! »,
vit encore ! »exclamation du consul Cicéron dans son premier
Cicéron, M. Nisard (ed.), Œuvres complètes, discours contre Catilina, prononcé au Sénat en 63 avant J.-C

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