La crise de Suez enfante les Casques bleus

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La crise de Suez enfante les Casques bleus

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• Publié par: ydafivyj
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G 3 L ED E V O I R ,L E SS A M E D I4 ET DI M A N C H E5 NO V E M B R E2 0 0 6 I N T E R NAT I O NA L Six mois en 1956 ÐÐÐÐ ♦ ÐÐÐÐ La crise de Suez enfante les Casques bleus ´ PearsonsÕimplique personnellement ‡ New York, organise dans les cafÈs non loin du siËge de lÕONU des rÈunions qui se succËdent au milieu de la nuitª La proposition devant lÕAssemblÈe gÈnÈrale des Nations multinationale de maintien de ladivision, une brigade blindÈe, une paix soit mise sur pied.escadrille de chasse et une esca- unies (ONU) de lÕex-diplomate canadien et ancien premier Le 4 novembre, la rÈsolutiondrille de reconnaissance, souhai- ministre Lester B. Pearson en novembre 1956 de mettre sur 998 donne le feu vert ‡ la crÈationtant ainsi avoir entre 10 000 et pied une force dÕurgence de maintien de la paix (FUNU) pour de la FUNU. Le lendemain, Dag12 000 hommes. Au final, il ob- Hammarskjˆld (Prix Nobel de latiendra lÕÈquivalent de 6000 dÈnouer la crise de Suez, consacrant du coup la naissance paix en 1961) nomme le militairehommes, ce qui est tout de mÍme des Casques bleus, lui vaudra le prix Nobel de la paix lÕannÈe canadien E.L.M. Burns ‡ la tÍteune force impressionnante.ª suivante. GenËse et radiographie dÕune crise qui marquera Le 12 novembre, les premiersde cette force. BasÈ ‡ JÈrusalem e au moment de sa nomination, leÈlÈments de lÕONUST arrivent au au fer rouge le XXsiËcle en compagnie de Jean Martin, his- lieutenant gÈnÈral Burns agissaitCaire pour mettre sur pied le torien ‡ la direction de lÕhistoire et du patrimoine au quartier depuis deux ans en qualitÈ dequartier gÈnÈral de la FUNU qui, gÈnÈral de la DÈfense nationale ‡ Ottawa. chef dÕÈtat-major de lÕONUST, lÕor- ‡ terme, prendra place ‡ Gaza, ganisme chargÈ de la surveillance alors sous administration Ègyp- T H I E R R YH A R O U N tienne. Le 15, les premiers soldatsde la trÍve en Palestine.wer, et des Britanniques de Þnan- cer ce projet hydroÈlectrique,Jean Martin tient ‡ soulignerdanois et norvÈgiens dÈbarquent e prime abord, une mise ensous prÈtexte que Nasser entrete-que´ce qui va beaucoup aider ‡en …gypte. Le 19, les Canadiens, D contexte historique sÕimpose.nait des liens privilÈgiÈs avec lesla crÈation de la FUNU, cÕest lebasÈs en Italie, sont autorisÈs ‡ En novembre 1854, le vice-roiSoviÈtiques de Nikita Khroucht-fait que les AmÈricains, pour uneentrer en scËne. Et le 29, la FUNU Ègyptien, SaÔd Pacha, signe lachev et NikolaÔ Boulganine.fois, nÕont pas votÈ systÈmatique-compte 2900 hommes. concession autorisant le diploma-´En somme, les FranÁais et lesment pour empÍcher des sanctions´MÍme si les AmÈricains nÕinter- te franÁais Ferdinand de Lessepsviennent pas sur le terrain,contre IsraÎl; cÕest un ÈlÈment deBritanniques ne voulaient passou- ‡ conduire son projet visant le per-cet ÈvÈnement quÕon tend souventperdre le contrÙle du canal de Suez.ligne M. Martin,ils fournissent cement de lÕisthme de Suez situÈCes derniers ne faisaient pas‡ oublier. Le rÙle jouÈ par le Cana-toutefois un important appui logis- dans le nord-est de lÕ…gypte entretique sur le plan des transports.ªconÞance ‡ Nasser, dÕautant quÕilsda est ‡ souligner, mais sÕil y avaitLe la mer Rouge et la MÈditerranÈe,t deseu de lÕobstruction de la parle comparaient rÈguliËrement ‡ unCanada, pour sa part, forme lÕes- sÈparant lÕAsie et lÕAfrique. LÕad-AmÈricains, on peut penser quÕonnouveau Hitler. L‡-dessus, les AmÈ-sentiel du quartier gÈnÈral et des ministration et la conduite des tra-ricains Ètaient beaucoup plusne serait pas allÈ loin, malgrÈ tou-de soutien, en plus deser vices vaux, qui dureront dix ans, sontte lÕÈnergie quÕa pu y mettre Pear-nuancÈs, eux qui tentaient de rai-fournir le transport aÈrien par le coiffÈes par la Compagnie univer-sonner et de convaincre FranÁais et ARCHIVES LE DEVOIR sonª.biais de lÕUnitÈ de transport aÈ-Le 6 novembre, des para- selle du canal maritime de Suez,Britanniques que Nasser nÕÈtait LÕancien premier ministre canadien Lester B. Pearson chutistes franÁais et anglais atta-rien 115. Au cours des dix annÈes incorporÈe le 15 dÈcembre 1858.pas si ÒnoirÓ que Áaªqui suivront, les effectifs de laquent des objectifs Ègyptiens etfirme le, af La Grande-Bretagne en devient leprofesseur Martin.´sur le point dÕÈclaterªtellementpÈraient-ils.ªLe 2 novembre,FUNU varieront entre 3000 etdans la nuit du 7 au 8, un cessez- principal actionnaire en 1875. Leles tensions sont ÈlevÈes entre leslÕAssemblÈe gÈnÈrale des Na-le-feu est Ètabli.6000 hommes, dont 20 % seront DÈbut de la crise constituÈs de Canadiens.tions unies sanctionne la rÈsolu-…tats-Unis et leurs alliÈs naturels. canal de Suez, ouvert ‡ la naviga- Le dÈploiement tion le 17 novembre 1869, sÕÈtendAu mois dÕao˚t 1956, les cerclesLa veille, le 30, le Conseil de sÈ-tion 997 rÈclamant un cessez-le-QuÕen est-il de lÕemblÈmatique de la FUNU sur 161 km de Port-SaÔd ‡ Suez,diplomatiques et les jeux de cou-curitÈ de lÕONU se rÈunit dÕurgen-feu immÈdiat.couvre-chef onusien?´Ce sont les ce port de la mer Rouge situÈ aulisse se mettent en branle. DÕunce alors que la crise de Suez at-Pearson voit dans cetteLe choix des pays devantAmÈricains qui ont fourni des dou- fond du golfe de Suez, ‡ lÕentrÈecÙtÈ, les …tats-Unis et lÕONU es-teint son comble dans un contexteconjoncture lÕoccasion´pour leconstituer cette force tampon faitblures de casques qui ont ÈtÈ du canal.saient de trouver une solution pa-mondial o˘ se cÙtoient desCanada de jouer le rÙle dÕune for-lÕobjet dÕintenses nÈgociations.teintes en bleu onusien. Et les Ca- ciÞque qui satisfasse tout le mon- guer resde dÈcolonisation ence internadiens, eux, ont fourni et teint en ´En tant que principe gÈnÈral, on mÈdiaire au sens de Coup dÕ…tat de (‡ ce moment, le Canada nÕestAfrique du Nord et en Asie, et unconvient que les membres dubleu prËs de 7000 bÈrets.ªÒmiddle manÒ parce que procheUne in- En 1952, le gÈnÈral Mohamedpas encore un joueur prÈÈminent)rideau de fer qui se durcit davan-Conseil de sÈcuritÈ de lÕONU ainsides FranÁais et des Britanniquestervention de maintien de la paix NÈguib et le lieutenant-colonelet le secrÈtaire gÈnÈral de lÕONU,tage au moment o˘ les troupes so-et devenu proche des …tats-Unisque leurs plus proches alliÈs ne fas-se dÈfinit, rappelle-t-il,´par une Gamal Abdel Nasser conduisentDag Hammarskjˆld, Èlabore les viÈtiques noient dans le sang la rÈ- depuis la DeuxiËme Guerre mon-sent pas parties de la FUNU. DÕun intervention rapide, et aussi par le un putsch militaire qui renverseprincipes qui devront guider la re-volte populaire hongroise.fait dÕaccepter par la suite de jouerdiale. Pearson sÕimplique person-autre cÙtÈ, si on Èlimine tous les al- le roi Farouk et proclament, uncherche dÕune solution. De lÕautreun rÙle plus effacÈ, ce que le Cana-liÈs, il ne resterait plus que des pe-nellement ‡ New York, organise Inter ventioncanadienne tits pays pauvres.ªdans les cafÈs non loin du siËge deda et les autres pays ont fait dans an plus tard, la RÈpublique dÕ…-cÙtÈ, poursuit M. Martin, lÕalliance gypte. En 1954, Nasser, ce natio-franco-britannique multiplie ‡´LÕobjectif ultime des trois com-lÕONU des rÈunions qui se succË-Compromis il y a eu: la NorvË- le cadre de la FUNUª, dont la prÈ- er naliste aux valeurs panarabistes,Londres, du 16 ao˚t au 1octobre,plices en attaquant lÕ…gypte,ex-dent au milieu de la nuit; Áa dis-ge, le Danemark, la Colombie, lasence prit fin en juin 1967 lorsque renverse NÈguib, alors prÈsident,les confÈrences rÈunissant lesplique le professeur,cute assez fermement. Il joue uncÕest de se dÈ-Finlande, la Yougoslavie, la SuË-la guerre des Six Jours frappa du- et obtient (ou sÕarroge) tous lesprincipaux usagers du canal debar rasserde Nasser en provo-rÙle dÈterminant, actif et efÞcaceªde et le Canada feront partie de larement la rÈgion. pouvoirs. Le ton est donnÈ ‡ laSuez, au cours desquelles les Bri-quant des troubles qui mËneraientdizaine de pays choisis.dans le dÈnouement de cette cri-´Burns, ´crise de Suezª, qui prendra pla-tanniques tentent notamment‡ son renversement, du moins lÕes-se en proposant quÕune forcede son cÙtÈ, demande dÕobtenir uneCollaborateur du Devoir ce en 1956 et nourrira un chassÈ-dÕopposer une´association des croisÈ ‡ la fois militaire et diplo-usagers du canal de Suezª‡ lÕadmi- matique tel, que ce seul texte nenistration Ègyptienne du canal. peut prÈtendreen dÈÞnir toutes´En fait, poursuit M. Martin,les les configurations, vu la com-FranÁais et les Britanniques veu- plexitÈ gÈostratÈgique qui a ca-lent rÈgler la crise de maniËre colo- ractÈrisÈ cet ÈvÈnement.niale. Les AmÈricains leur deman- Maintenant, le projet dedent de mettre de lÕeau dans leur construction du barrage hydro-vin, mais dÈj‡ depuis le mois Èlectrique dÕAssouan sur le Haut-dÕao˚t, lÕalliance franco-britan- Nil est dÈj‡ dans les cartons dunique discutait dÕune possible at- prÈsident Nasser au moment o˘ iltaque. Cette idÈe se tramait tou- dÈcide, le 26 juillet 1956, de natio-jours en septembre et en octobre, naliser unilatÈralement la Compa-jusquÕ‡ lÕattaque israÈlienne du gnie du canal de Suez, ce qui, par29 octobre[une offensive militaire consÈquent, exacerbe les tensionsconvenue secrËtement par les politiques et territoriales dÈj‡ exis-trois parties ‡ SËvres, en France] tantes avec le voisin israÈlien et ir-en territoire Ègyptien envahissant le rite FranÁais et Britanniques, quiSinaÔ, ce qui a fourni aux FranÁais craignent ‡ la fois pour leurs intÈ-et aux Britanniques le prÈtexte de rÍts Èconomiques et leur inßuen-jouer le rÙle dÕune Òsorte de gardien ce gÈopolitique sur la rÈgion.de la paixÓª. Cette dÈcision sÕexpliquerait enDeux jours plus tard, lÕaviation par tie,note le professeur Jeanfranco-britannique bombarde des Mar tin,par le refus des AmÈri-objectifs Ègyptiens. Il est ‡ noter cains, sous Dwight D. Eisenho-que lÕOTAN, encore jeune, est