Les chrétiens d Irak
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Les chrétiens d’Irak Petite notice historique D’où viennent les chrétiens d’Irak ? Leurs ancêtres - qui ont toujours parlé l’araméen, la langue de Jésus, devenu le syriaque aujourd’hui -sont chrétiens depuis la Pentecôte (Ac 2, 9). L’apôtre Thomas, en route vers l’Inde, y aurait organisé la première église syriaque, toujours vivante. Les Eglises syriaques sont nées antérieurement à celle de Rome, directement à partir de Jérusalem, et pour une bonne part se sont même développées en dehors des frontières de l’empire romain qui s’arrêtait à l’Euphrate. Il est probable que, comme partout ailleurs, quelques-uns des premiers chrétiens aient été juifs ; d’autres juifs de cette même diaspora mésopotamienne seront à l’origine du Talmud (collection de e e commentaires rabbiniques sur la Loi mosaïque) de Babylone, écrit vers les 5et 6siècles après JC e (l’autre Talmud, le palestinien, est écrit vers le 4siècle après JC). Les Eglises syriaques se répartissent en deux branches : ·L’Eglise syriaque orientale, répandue plutôt à l’est de l’Euphrate, se considérera comme tout à fait autonome à la suite du concile d’Ephèse en 431. Elle est appelée nestorienne du nom de l’évêque Nestorius, condamné au Concile d’Ephèse en 431 parce qu’il voyait deux natures et deux personnes (et non une seule) dans le Christ, c’est-à-dire une distinction entre Dieu et e l’homme en Jésus. C’est à elle qu’on devra la première évangélisation de la Chine dès le 8 siècle. ·L’Eglise syriaque occidentale se considérera également autonome à la suite du concile de Chalcédoine en 451. Elle est l’Eglise des Monophysites, qui voyaient une seule personne et une seule nature divine, dans le Christ ; on les appelle aussi Jacobites, du nom de Jacob Baradée, qui a refusé la condamnation du monophysisme par le Concile de Chalcédoine en 451. Leur langue est l’araméen et leur influence a été considérable. Les relations avec l’Islam Lors de l’avènement de l’Islam et l’imposition de la langue arabe dans tous les pays conquis, les chrétiens syriaques ont joué un rôle d’initiateur et de formateur auprès des arabes musulmans. C’est en eux que ces derniers ont trouvé un peuple frère, sémite comme eux et possédant une langue proche de la leur, mais une langue écrite, à travers laquelle s’était réalisée une osmose grecque et persane. En effet, dépassant le cadre régional proprement syriaque et recueillant, par toute une pratique de traduction, le contenu des œuvres grecques et persanes, le syriaque avait permis un extraordinaire brassage de vocabulaires et d’idées. Par le syriaque, via des moules linguistiques, s’était élaboré une civilisation composite, fondée sur les contacts de civilisation qui constituent une des caractéristiques culturelles les plus nettes des vieilles populations de l’Orient. Ainsi, grâce à leurs écoles, à leurs traducteurs en arabe des œuvre grecques et persanes, et à leurs écrivains, les chrétiens syriaques ont assuré la traduction du patrimoine grec en syriaque, puis du syriaque en arabe, et contribué, directement ou indirectement, à la naissance et à l’épanouissement de la civilisation arabo-musulmane. C’est à partir de ces traductions arabes que l’héritage grec toucha d’abord le Moyen-Age latin. Leur influence a été considérable. Par exemple, les médecins des califes étaient des chrétiens. Les relations avec les musulmans se sont envenimées avec les Croisades: les chrétiens d’Irak se sont trouvés alors assis entre deux chaises. Caractéristiques des chrétiens d’Orient e Le baptême est célébré par immersion. Jusqu’au 9siècle, on a baptisé surtout des adultes, prêts à e s’engager ; c’est la mortalité infantile qui a amené des baptêmes de plus en plus précoces. Jusqu’au 12 siècle, des femmes étaient diaconnesses : c’était surtout nécessaire pour les baptêmes par immersion des femmes adultes. Le clergé est quelquefois marié, les trois sacrements d’initiation à la vie chrétienne (baptême, confirmation, eucharistie) se font en même temps. Le sacristain de l’église syriaque prépare du pain frais
pour chaque eucharistie. On en garde un peu pour les malades, mais il n’y a pas de tradition de dévotion à l’eucharistie ou de procession du Saint-Sacrement. Ce qui n’empêche pas les processions et les manifestations de dévotion populaire. Les églises syriaques sont très sobres dans leurs décorations: pas d’icônes, pas de statues. Il n’est pas dans la mentalité araméenne ou syriaque de courir le risque de voir la réalité de Dieu supplantée par une représentation. L’islam, né plus tard, reprendra et développera ce mode de décoration géométrique discret. Les divisions actuelles entre chrétiens e e Le jeu des missionnaires a provoqué des rattachements à Rome aux 16et 17siècles. La partie des nestoriens devenus catholiques sont appelés «chaldéens » ;les jacobites se sont divisés ente syriaques catholiques et syriaques orthodoxes. Il n’y a pas de véritable division, ni sur le plan de la langue (ils parlent tous le syriaque qui est issu de l’araméen) ou de la culture, ni sur le plan religieux: ils ont la même foi, les mêmes textes, la même liturgie. Le rattachement à Rome n’a pas supprimé les particularités des communautés syriaques qui ont conservé leurs traditions remontant aux apôtres. Par exemple, le clergé est parfois marié ; il n’y a pas de tradition de dévotion à l’eucharistie. Les divisions ne sont pas de nature dogmatique, mais concernent plutôt des questions de pouvoir. Face à la situation actuelle, les chrétiens ont le souhait ardent de trouver une unité, de parler d’une seule voix. Rapprochement entre les différentes hiérarchies ? Il y a un commencement de compréhension des diversités légitimes de la part de Rome, comme le montre par exemple l’admission des fidèles à la communion avec les Syriens orientaux. Pourtant, ceux-ci ont un formulaire de messe où l’on ne trouve pas ce que les latins appellent les paroles de la consécration. L’uniformité est signe de mort. Si elle existe, la diversité doit servir avant tout le bien commun ; si c’est là vraiment son objectif, la diversité peut être très enrichissante. Les rapports des chrétiens avec le pouvoir irakien Au départ, ils ont soutenu le régime de Saddam Hussein, parce qu’il était laïque: la laïcité était leur seule chance; grâce à elle leurs droits, leur langue étaient reconnus. Dans la guerre avec l’Iran, ils étaient au premier rang. La situation a changé avec l’embargo. Saddam Hussein n’ a pas eu d’autre choix que de tendre la main à ses ennemis d’hier, ceux qui pouvaient l’aider; c’est-à-dire l’Arabie Saoudite. L’argent dont dispose ce pays lui permet de faire la pluie et le beau temps dans les pays où il y a la misère… Elle est à l’origine de l’influence grandissante des wahhabites en Irak et, corrélativement de l’insécurité grandissante pour les chrétiens d’Irak. L’Etat est toujours officiellement laïque, mais l’influence islamique est manifeste. Par exemple par l’inscription récente «Allah-u Akbar» (Allah est le plus grand) sur le drapeau Irakien. Les chrétiens n’ont-ils plus d’autre solution que d’émigrer ? L’émigration frappe aussi la communauté musulmane, mais elle est plus importante chez les chrétiens ; le tiers d’entre eux est déjà parti en 2003 et, s’ils en avaient la possibilité, beaucoup d’autres les imiteraient. Ils vont aux Etats-Unis, en Allemagne, en Angleterre, en Suède, en Hollande… Partout où la porte est ouverte. Ils viennent peu en France, parce que les conditions d’ouverture, d’accueil, de langue ne sont pas favorables. Partent tous ceux qui en ont les moyens, en particulier les diplômés, et l’Irak se vide de ses élites. Silence des Eglises occidentales Jean-Paul II a été trop peu suivi dans sa condamnation d’une guerre contre l’Irak. Mais plus généralement il y a, en Occident, unegrave incompréhension de la situation du Proche-Orient. Il ne faut pas se le dissimuler, l’opinion publique de cette région du monde perçoit l’Occident judéo-chrétien, les Etats-Unis au premier chef, comme soutenant inconditionnellement la politique israélienne. Les chrétiens arabes en paient les conséquences. Leur situation pourrait s’améliorer si la voix des catholiques se faisait entendre assez fort en Occident pour dissocier judaïsme et sionisme.
Or, très souvent, on n’ose pas critiquer ouvertement la politique du gouvernement israélien, par peur de se voir accuser d’antisémitisme. Céder à ce chantage crée une double tragédie. De ce fait le nom des chrétiens est assimilé au soutien à l’injustice. De ce fait aussi, la situation des chrétiens locaux se dégrade, comme on l’a vu. D’autant plus injustement qu’ils n’ont aucune responsabilité dans la situation actuelle et qu’ils ont même apporté leur e soutien à la renaissance de la culture et des pays arabes dès la fin du 19siècle. Au moins par la parole et l’écrit, - ce qui ne coûte pas beaucoup -, les chrétiens occidentaux doivent revenir à leurs sources évangéliques, en soutenant la justice et la paix au Proche-Orient. Quelques chiffres Dans l’ensemble du Proche-Orient, les chrétiens représenteraient en moyenne entre 9,2% et 6,3% de la population. Ils se répartissent dans sept pays: le Liban, la Syrie, l’Egypte, la Jordanie, la Palestine, l’Irak et Israël. Par contre, on ne trouve aucun culte chrétien en Arabie Saoudite où tout culte autre que musulman est interdit, au Yémen, au Qatar et dans la plupart des Emirats arabes unis. La présence des juifs en Mésopotamie L’histoire commence à Sumer, entre le Tigre et l’Euphrate, en plein Irak actuel, au troisième millénaire avant Jésus-Christ. Les peuples sumériens, agriculteurs et vignerons, inventent l’écriture. Ils resurgirent du déluge – d’où Noé s’échappe après avoir goûté au fruit de la vigne – pour devenir des Babyloniens. L’ancienne Babylone, capitale des Amorites, à 100km au sud de l’actuelle Bagdad, développe une civilisation très élaborée qui a nourri – ainsi que beaucoup de textes égyptiens – les premiers textes bibliques. Les lois bibliques primitives sont directement issues du fameux code d’Hammourabi, roi de Babylone, gravé dans la pierre au deuxième millénaire. Abraham, le réputé Père des croyants, commence à rendre un culte à un seul Dieu, parmi les diverses divinités identifiées par les Sumériens, les Akkadiens, les Babyloniens. Il quitte son pays. Pendant cette longue période, au nord de cette Mésopotamie, la ville de Ninive –dont les ruines font face à Mossoul – se développe, ainsi que l’empire d’Assyrie, dont Ninive est la capitale, qui étend sa puissance et décline. En 605, Babylone s’empare de Ninive sous la direction de Nabuchodonosor – qui a fait construire la «tour de Babel » et de somptueux monuments à Babylone. Nabuchodonosor poursuit sa lancée vers Israël et déporte à Babylone le peuple juif. Lorsque le roi de Perse (actuel Iran), vainqueur de Babylone en 539, propose aux juifs leur liberté, un petit nombre profite de l’offre pour réintégrer le pays de Juda. Les autres demeurent sur place où ils ont leurs biens. Ce sont les ancêtres des juifs et d’une partie des chrétiens d’Irak. Si nous voulons reprendre à notre compte cette histoire, il apparaît, pour un lecteur de la Bible, que le judaïsme ancien a mal réglé son rapport à ses racines, mésopotamiennes, puis égyptiennes. Contraint par les avatars de l’histoire à replonger dans la Mésopotamie, il structure et précise les récits de ses origines, et formule ses croyances… Sources : - Article d’Emmanuel PATAQ paru dans la revue Parvis n°17. Mars 2003. pp 15-17 - Article d’Emmanuel PATAQ paru dans la revue Présence Magazine, n°3. Octobre 1994. pp 12-14
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