Les Voyageuses d Albert Kahn 1905-1930
388 pages
Français

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Les Voyageuses d'Albert Kahn 1905-1930 , livre ebook

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388 pages
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Description

Entre 1905 et 1930, Albert Kahn, riche banquier autodidacte, crée en France, une bourse féminine Autour du monde, octroyée aux plus brillantes des jeunes femmes titulaires de l'agrégation. Les lauréates se nourrissent, durant une année, d'un quotidien nomade, se frottant aux traditions les plus anciennes et à la modernité la plus échevelée. Courriers, rapports et carnets de bords narrent les changements de paysage, du monde, de la société, de l'enseignement féminin et de la vie des femmes durant un quart de siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 novembre 2014
Nombre de lectures 96
EAN13 9782336361741
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Yaelle Arasa







LES VOYAGEUSES D’ALBERT KAHN

1905-1930
Vingt-sept femmes à la découverte du monde













L’Harmattan
De la même auteure
L’Ecole des femmes, Victor-Hugo et Hélène-Boucher, deux lycées parisiens, 1895-1945. L’Harmattan, 2013.

En préparation :
Les Ibériques
Promenade de l’est, le Japon des voyageurs d’Albert Kahn
Avertissement aux lecteurs
Les voyageuses d’Albert Kahn est un récit incluant une édition partielle de documents originaux.
Copyright

© L’HARMATTAN, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-71185-0
Dédicace

A Albert Kahn,
A Rabelais
Et à Hélèna R.


I am a passenger
I stay under glass
I look through my window so bright
I see the stars come out tonight
I see the bright and hollow sky
Over the city’s a rip in the sky
And everything looks good tonight
Singin’ la la la la la-la-la la

The passenger
Iggy Pop
Appel à candidature pour les bourses féminines
Autour du monde , 1908.
AJ/16. Dossier Boursiers Autour du monde. Archives nationales.
Acte I Les Albertines et le mécène
Oubliez tout ce que vous avez appris, gardez les yeux ouverts .
Albert Kahn
Page de garde du dossier personnel d’Anna Amieux Extrait.
Mention de son état civil, de ses titres et de son entrée à l’Ecole normale
supérieure de Sèvres. 1936 est la date de cessation d’activité.
F/17. Dossier Anna Amieux, Archives nationales.
Chapitre premier Vingt-sept lauréates
Au bord du bassin japonais, le sentiment de plénitude emporte la rosée.
Avril 1989, la France inaugure la pyramide du Louvre et fête la Révolution. À Boulogne-sur-Seine, un vaste programme de réaménagement du Musée Albert – Kahn s’achève. Le jardin du banquier retrouve sa grâce au terme d’un long chantier quand, à quelques rues de là, la dernière des lauréates de la bourse Autour du monde , créée par le self-made-man alsacien, s’éteint à cent trois ans.
Entre 1905 et 1930, vingt-sept femmes bénéficient des largesses du banquier Albert Kahn, parcourant la planète, une année durant, grâce à la bourse allouée par le généreux mécène. Cette immersion planétaire est un univers de vies bouleversées.
Un microcosme agrégatif
Les brillantes agrégées, lauréates de la manne outrageusement généreuse, ont commencé leur voyage par un périple de l’esprit. Ces femmes, ayant revenus et autonomie, sont les fruits de l’éducation républicaine ouverte enfin aux femmes. Leurs cursus ont en commun l’intelligence, l’agrégation, l’enseignement et des soutiens institutionnels certains. De la doyenne Jeanne François, élève de l’école supérieure de Lille, agrégée en 1888, à la benjamine Simone Téry, licenciée de philosophie et d’anglais de l’Université, trente-et-un ans plus tard, toutes sont des aventurières des premiers temps de l’enseignement public secondaire féminin.
Les plus âgées, nées avant 1880, sont des Pionnières, leurs collègues, nées entre 1880 et 1897, sont leurs Héritières. Les aînées sont en âge d’être les mères des dernières lauréates, elles appartiennent à deux générations de lycéennes devenues enseignantes.

La doyenne Jeanne François a treize ans, quand Jules Ferry proclame qu’une minorité de jeunes filles aura accès à l’éducation secondaire publique, laïque et non gratuite. La République entend, par l’éducation féminine publique, créer une légion de citoyens élevés par de bonnes citoyennes afin d’entamer l’influence des établissements religieux.
Dans le cadre des grandes batailles parlementaires sur l’Instruction publique, Camille Sée, député de la Seine, jette de l’huile sur les braises en réclamant la mise en place d’un enseignement secondaire féminin. L’opposition au projet est telle que le texte est amendé, excluant les jeunes filles de la préparation au baccalauréat et de l’Université, faute d’enseignement de latin. Le 21 décembre 1880, la loi instituant l’enseignement secondaire public féminin, non gratuit, est votée.
Afin d’offrir, malgré tout, des perspectives de carrières et surtout d’assurer le recrutement d’enseignantes d’élite, le député fonde l’École normale de Sèvres en juillet 1881. En quinze ans, la France compte trente-deux établissements de jeunes filles pour 13 000 élèves. Bouleversements majeurs de la société, les lycées peinent pourtant à recruter un public.
Les Pionnières sont en âge de profiter de ces nouveautés révolutionnaires et payantes. Les plus fortunées, les plus déterminées et celles dont les parents perçoivent que les sacrifices financiers nécessaires à l’éducation de leurs filles porteront leurs fruits, suivent les trois ans d’études après l’obtention du brevet élémentaire supérieur, afin de postuler à la certification ou au concours de l’Ecole de Sèvres.

La brillante et précoce Anna Amieux, née un mois après la fin de la Commune de Paris, première boursière Autour du monde , obtient son diplôme de fin d’études secondaires au lycée de Lyon. Elle intègre l’École de Sèvres à dix-huit ans et en sort agrégée de sciences, à peine majeure. Sa directrice ne tarit pas d’éloges à son égard.
Lyon, 1892. Vous savez quelle élève a été Anna Amieux. Monsieur le Directeur doit savoir mieux que personne les notes de cette jeune fille, ce qu’elle a été comme élève à Sèvres. Elle a toujours conservé son rang de première et si elle est 2 e à l’agrégation, c’est que Madame Collet a sur elle la supériorité de l’âge et l’habitude du professorat 1 .
Angélique Collet, major de l’agrégation féminine de sciences, est l’épouse du professeur Collet, futur doyen de l’Université de Grenoble, et la mère d’une petite fille de deux ans, Paule, lauréate de la bourse Autour du monde , vingt-deux ans après la brillante Anna Amieux.
Pionnières ou Héritières passent sous les fourches caudines d’au moins deux concours féminins de l’Instruction publique avant de prétendre bénéficier de la bourse Autour du monde.

Dix-neuf Albertines intègrent l’École de Sèvres.
Entrer dans le saint des saints, préparant l’élite des enseignantes à la certification et à l’agrégation, est l’un des critères d’excellence pour l’obtention de la bourse Autour du monde .
En 1885, la peinture de l’école supérieure, aménagée dans l’ancienne manufacture de porcelaine de Marie Antoinette, est encore fraîche, quand la doyenne Jeanne François passe la porte. Elle vit, mange, s’instruit et dort dans ces murs durant trois années.
Le concours d’entrée est un marathon où l’aptitude physique est, avec la moralité de la candidate, la première des qualités requises.
La bonne santé des postulantes est garantie par la production de certificats médicaux, en un temps où seul existe le vaccin contre la variole. Paris 1890, je soussigné docteur en médecine déclare que Mademoiselle Sapy Pierrette, âgée de vingt ans et demi, n’est atteinte d’aucune affection la rendant impropre à l’exercice de l’enseignement, qu’elle porte sur les deux bras les cicatrices de bonne et légitime vaccine et qu’elle a été revaccinée avec succès au mois de juillet dernier.
Une enquête est diligentée sur la moralité des candidates auprès des services de police ou de l’inspection. Rien de tel, pour garantir une réputation, que les lettres de recommandation de membres de l’Instruction publique. Mademoiselle François est élève de l’école primaire supérieure de Lille depuis près de trois ans. Très énergique et intelligente, elle peut, et doit, réussir dans un examen. Elle va devenir pour l’École normale de Sèvres un excellent sujet. Elle est parfaitement élevée, à un caractère très heureux et une conduite irréprochable. Le Recteur.

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