Marché virtuel et identités culturelles Christian Vandendorpe Université dOttawa
En juillet 2002, les bureaux de loffice du tourisme des Pays-Bas ont commencé à voir défiler un nombre étonnant de touristes coréens désireux de savoir comment se rendre à Varsseveld. Cétait là une question plutôt surprenante, étant donné que ce petit village est dépourvu dindustrie ou dintérêt culturel notable. En fait, ces touristes venus de la Corée du Sud voulaient visiter le village natal de Guus Hid-dink, alors entraîneur de leur équipe nationale de football et qui avait valu à leur pays de se qualifier pour les semi fina-les de la Coupe mondiale de football 2002. Cet entraîneur était ainsi devenu une célébrité. Et limpact de cette victoire sportive sur la psyché coréenne fut tel que ce pays envisa-geait, selon Le quotidien du peuple en ligne 1 du 24 août der-nier, de désigner le 1 er juillet comme une fête nationale pour commémorer cette victoire. Cette anecdote est exemplaire du phénomène que nous vivons actuellement. Dune part, elle atteste de la perma-nence dun sentiment national spontané, mais qui sexprime de façon ludique et se manifeste publiquement à loccasion de compétitions sportives internationales, tout en recon-naissant volontiers la valeur des appuis venus dailleurs. Pa-radoxalement, cette forme de sentiment national se traduit aussi par une ouverture plus grande sur létranger. Mais le paradoxe nest quapparent, car on connaît la loi psychologi-que voulant que lon va dautant plus volontiers vers lautre que lon se sent bien dans sa peau. Ce mouvement vers 1 [En ligne] http://fpfre.peopledaily.com.cn/home.html