Michael Haneke
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Description

MICHAEL HANEKE Gros-plan sur Michael Haneke Entretiens avec Thomas Assheuer 25 photos. 224 pages Broché ISBAN 978-3-89581-223-1 Editeur : Alexander Verlag Berlin 1 Gros-plan sur Michael Haneke 2 3 Michael Haneke, né en 1942, a étudié la philosophie, la psychologie et l’art dramatique à Vienne. De 1967 à 1970, il est rédacteur et dramaturge pour la chaine de télévision Südwestfunk (ARD). Depuis 1970, il travaille à son compte comme cinéaste et scénariste. Il réalise des productions théâtrales à Stuttgart, Düsseldorf, Francfort, Hambourg, Munich, Berlin et Vienne. Thomas Assheur, né en 1955, a étudié la littérature et la philosophie à Münster et à Hambourg. Il est rédacteur pour la chronique littéraire de l’hebdomadaire Die Zeit. 4 Gros-plan Sur MICHAEL HANEKE Entretiens avec Thomas Assheuer 5 Editeur : Alexander Verlag Berlin 6 Deuxième édition élargie et mise à jour – 2010 © Alexander Verlag, Berlin 2008 Alexander Wewerka, Fredericiastr.8, 14050 Berlin info@alexander-verlag.com www.alander-verlag.com Tous droits réservés, dont la reproduction d’extraits, l’exploitation dans la presse écrite, à la radio et à la télévision, toute forme de reproduction et de sauvegarde.

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Publié le 15 juillet 2013
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Langue Français

Extrait

 MICHAEL HANEKE
Gros-plan sur Michael Haneke
Entretiens avec Thomas Assheuer
25 photos. 224 pages
Broché
ISBAN 978-3-89581-223-1
Editeur : Alexander Verlag Berlin
1
Gros-plan sur
Michael Haneke
2
3
Michael Haneke, né en 1942, a étudié la philosophie, la psychologie et
l’art dramatique à Vienne. De 1967 à 1970, il est rédacteur et dramaturge
pour la chaine de télévision Südwestfunk (ARD). Depuis 1970, il travaille à
son compte comme cinéaste et scénariste. Il réalise des productions
théâtrales à Stuttgart, Düsseldorf, Francfort, Hambourg, Munich, Berlin et
Vienne.
Thomas Assheur, né en 1955, a étudié la littérature et la philosophie à
Münster et à Hambourg. Il est rédacteur pour la chronique littéraire de
lhebdomadaire Die Zeit.
4
Gros-plan
Sur
MICHAEL HANEKE
Entretiens avec Thomas Assheuer
5
Editeur : Alexander Verlag
Berlin
 
6
Deuxième édition élargie et mise à jour – 2010 © Alexander Verlag, Berlin 2008 Alexander Wewerka, Fredericiastr.8, 14050 Berlin info@alexander-verlag.com www.alander-verlag.com Tous droits réservés, dont la reproduction d’extraits, l’exploitation dans la presse écrite, à la radio et à la télévision, toute forme de reproduction et de sauvegarde. Photo de couverture ©David Brandt Impression et reliure : Interpress, Budapest Imprimé en Hongrie (janvier) 2010 ISBN 978-3-89581 – 223-I
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Sommaire
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Michael Haneke – Entretiens avec Thomas Assheuer Le Ruban Blanc
Effroi et utopie de la forme – “Au hazard Balthazar” de Robert Bresson Par Michael Haneke
Violence et medias Par Michael Haneke
Films de Michael Haneke Illustrations
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Thomas Assheuer : Monsieur Haneke, le bruit court que ce serait votre grand-mère qui vous aurait initié au cinéma avant même que vous ne sâchiez marcher.
Michael Haneke : C’est un peu exagéré. Ce que je sais, - est-ce mon souvenir ou ce que m’a raconté ma grand-mère ? – c’est qu’à l’âge de six ans environ j’ai vu le Hamlet de Laurence Olivier. Pourquoi sommes-nous allés voir ce film à l’époque, ça reste une énigme car ce film est loin d’être un film pour enfants. Peu importe. En tout cas, j’étais tellement angoissé par la musique et les images sombres que ma grand-mère a dû quitter avec moi la salle de cinéma. Peu de temps après, j’ai été envoyé à Copenhague, dans le cadre d'un programme d'aide à l'enfance d'après-guerre, et là tout a recommencé. Le film que je vis alors se déroulait dans la savane africaine et je restai stupéfait quand à la fin du film la porte s’ouvrit et qu’il pleuvait dehors. J’étais troublé et me demandai pourquoi je me retrouvais là.
C’était en quelque sorte un premier contact avec le pouvoir des images…
Oui, j’ai connu le contact immédiat avec le pouvoir magique des images. Les enfants d’aujourd’hui n’ont plus cette chance. Ils font cette expériencesubissent ce pouvoir à un moment de leur vie où ils ne peuvent pas le surmonter ce pouvoir . Ils entrent en contact avec le monde de l’image beaucoup trop tôt. Les images leur sont servies incorporés en quelque sorte sans qu’ils aient la possibilité de prendre du recul.
Hamlet a-t-il été pour vous un catalyseur de votre cinéphilie ?
Non, mon amour du cinéma est venu beaucoup plus tard. A huit ou neuf ans, j’ai vu tous les grands films sentimentaux avec Caterina Valente et tout ce qui sortait dans le genre et je me faisais une joie pendant toute la semaine qui précédait, d’avoir enfin de l’argent pour aller au cinéma. C’était un événement qui me nourrissait toute lapendant des journée s . A l’époque, nous habitions la Wiener Neustadt à cinquante kilomètres de Vienne, et les films qui passaient se limitaient aux succès allemands et aux films patriotiques autrichiens. Ferien vom Ich – une histoire de vacances dans une ferme qui m’emballait au point de courir chez mon oncle dans les champs pour lui demander si je pouvais l’aider à la récolte.
A part celui-ci, quel est le film dont vous vous souvenez ?
Je me souviens d’une historiette comme Erzherzog Johanns grosse Liebe, où j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. L’archiduc Johann s’amourache de la fille d’un postier mais cette histoire apparemment vraie se termine mal car à la fin la jeune fille doit renoncer à son archiduc bien aimé. Ce film m’avait beaucoup touché. Chez nous vivait un garçon plus âgé que moi, qui avait treize ou quatorze ans. Un jour, il m’interpelle par la
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fenêtre et veut savoir d’où je viens. « Du cinéma », fut ma réponse. Il me demande ce que j’ai vu. « Erzherzog Johann », dis-je. Et je commence à lui raconter l’histoire. Et je me remets à pleurer. Ma douleur était insupportable mais rien ne pouvait l’arrêter. J'avais terriblement honte mais je n'arrivais pas à arrêter mes larmes. Adolescent, qu’avez-vous vu ? Les grands films américains. Au zénith, les trois James Dean. Rock around the clock avec Glenn Ford était interdit au moins de dix-huit ans en Autriche. On pouvait trouver la musique de Bill Haley en disque – le premier disque de Rock&Roll…mais nous étions trop jeunes pour le film. Des patrouilles de la P.J. faisaient barrage devant le cinéma et voulaient voir nos papiers d’identité. Le premier film en cinémascope était La Tunique avec Victor Mature et Richard Burton. Le cinéma obtint un nouvel écran pour pouvoir projeter le film. C’était un événement. Ensuite, j’ai vécu une expérience décisive quelques années plus tard, avec Tom Jones , un film de Tony Richardson. Au bout d’une heure, en pleine course-poursuite, le héro regarde soudain la caméra et dit quelque chose au public. J’étais sans voix. Tout un coup je me rendis compte à quel point j’étais manipulable. Je le savais déjà confusément mais c’est la première fois que je le ressentais avec autant d’acuité. Un jeune d’aujourd’hui resterait indifférent à ce genre de film. Pour ma part, je me réjouis d’avoir eu des émotions fortes au cinéma. C’est là que j’ai succombé à la magie des images. De quels films étiez-vous « accro » ? A l’est d’Eden que j’ai vu dix ou quinze fois ou encore La Fureur de vivre . Je m’identifiais à ces films qui faisaient salle comble. Je me souviens encore des Cousins de Chabrol tout comme des Tricheurs de Marcel Carné, avec le magnifique Laurent Terzieff qui est désormais une star du théâtre en France 1 . C’était des films qui parlaient de ma génération , qu’il fallait avoir vu. Pourtant, une chose comptait encore plus que pour ma passion du cinéma, c’était le temps de mes études. J’ai commencé par des études de théâtre et puis, comme l’art dramatique est une matière très aride, je me suis tourné vers la philosophie et son professeur, un homme passionnant. Comme par hasard, le seul cours qui m’ait attiré dans mes études de théâtre était un séminaire sur le cinéma, parrainé par l’Institut Français. J’ai utilisé cette magnifique occasion pour voir tous les grands films français : Resnais, Godard…trois à quatre semestres durant. Pas seulement la Nouvelle Vague mais aussi les classiques, ce qui m’a ouvert les portes du cinéma en tant que professionnel. Jusque-là, je n’étais qu’un amoureux et un consommateur du septième art. En vous écoutant, on a l’impression que l’étudiant que vous étiez, a passé la moitié de sa vie au cinéma.
1 Laurent Terzieff est mort le 2 juillet 2010 à Paris (ndT)
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Officiellement, je faisais des études de philo mais en réalité, je n’étais pas très bosseur et je passais le plus clair de mon temps dans les salles obscures. C’est à cette époque que je me suis fait ma propre formation filmique. En regardant sans relâche. Puisque vous aviez en plus le temps de lire, quels étaient les livres qui vous ont le plus marqués ? Dans un article de presse, Volker Schlöndorff a dit sur ce point l’essentiel à ma place : quand on était jeune à cette époque, on considérait la France comme le pays de ses rêves – alors qu’aujourd’hui, tout le monde a le regard tourné vers l’Amérique. Et il a raison. A l’époque, notre pays rêvé était la France, l’existentialisme, Camus et Sartre, la Nouvelle Vague. Dans la littérature et la philosophie, l’existentialisme était notre lait maternel. Pour le reste, j’ai lu tout ce qu’on lit à cet âge : Dostoïevski, Kierkegaard, Hesse, Strindberg, Nietzsche…Et bien sûr, Thomas Mann qui reste à ce jour mon auteur préféré. Thomas Mann a dit un jour qu’il avait passé sa vie à chercher des livres inaccessibles en lisant toujours des ouvrages qui étaient trop durs pour lui. Sans vouloir me comparer à lui, si ce n’est de loin - dès l’âge de treize ou quatorze ans j’ai cherché des livres que je ne comprenais pas. Bien sûr, je voulais aussi crâner. Un jour, j’ai acheté un Lao Tseu pour pouvoir aussi le trimbaler avec moi et frimer. Même si je ne comprenais qu’une infime partie, je poursuivais ma lecture. Quand je commençais mes études de philo, je me mis à lire Hegel auquel je ne comprenais rien. Mon professeur de philosophie était hégélien et quand j’ai lu la Phénoménologie de l’esprit, j’ai dit : je passerenonce ( ou : je donne ma langue au chat) . Vous voyez, je ne suis pas un philosophe érudit mais un lecteur sélectif. J’ai lu ce qui me plaisait.
Avez-vous eu une « enfance heureuse » et une « jeunesse passionnante » ? J’ai grandi sans père, ce que j’ai beaucoup apprécié. J’avais trois mères : ma grand-mère et ma tante se sont occupées de moi avec dévouement. Ma mère habitait Vienne. Elle était actrice au Burgtheater. Ma tante était mariée et mon oncle était très gentil avec moi. J’ai vu mon père pour la première fois quand j’avais cinq ou six ans. Il revenait de captivité pour regagner directement l’Allemagne où il était acteur et metteur en scène. De Vienne, nous l’avons rejoint avec ma mère à la frontière bavaroise, sur un pont. D’un côté l’Autriche, de l’autre, l’Allemagne. Nous nous sommes retrouvés en plein milieu de ce pont – nous n’avions pas le choix. Qu’avez-vous ressenti quand vous avez vu votre père pour la première fois ? Je ne sais plus. Par la suite, je n’ai revu mon père qu’une seconde fois pendant mon enfance. J’avais alors douze ans et ma mère avait un contrat 11
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