RELATIONS NORD-SUD

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• Publié par: uhezyxuk
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• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

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LE JOURNAL DES HAUTES ÉTUDES INTERNA TIONALES

VOLUME 2 NUMÉRO 2 AUTOMNE 2007

DOSSIER BRÉSIL : Le pays joue la carte de l’éthano-diplomatie p. 7 DOSSIER RUSSIE : Pourquoi Poutine est populaire ? p. 19

CRÉDIT  PHOTO M ARIANNE L AROCHE

NUMÉRO SPÉCIAL RELATIONS NORD-SUD La micro-finance récupérée L B e re s t i t n o s n t  it W u o ti o o d n s s   e d n e   par les méga-joueurs crise de légitimité

Il est actuellement possible de dénoter un engouement pour la micro-fi - Et avec raison. Le Citigroup dont fait Dure année pour les institutions nance chez les bien-pensants du développement international. La remise partie la Citibank, ainsi que la néerlan - internationales du « développe - du prix Nobel de la paix de 2006 à Mohammad Yunus, fondateur de la Gra -daise ING déploient désormais des ef -ment ». La Banque mondiale a meen Bank, une institution de micro-crédit du Bengladesh active depuis forts considérables afin de conquérir ce vu son président démissionnaire, 1976 illustre le phénomène. marché en pleine expansion. La Banque Paul Wolfovitz, écroué par un mondiale a aussi décidé de mettre un scandale de népotisme. Rodrigo NICOLAS VÉZEAU - RÉDACTEUR EN CHEF pied dans la micro-finance en créant un Rato, président sortant du Fonds candidat à la maîtrise en études internationales guichet à cet effet. monétaire international, a pour sa [e-mail] Et la tendance ne semble pas en voie de part quitté deux ans avant la fin de  Jacques B. Gélinas connaît bien le départ, à condition qu’elle comprenne s’inverser. L’organisme de cotation bour - r s é o f n o  r m m a e n  d d a e t  , s e o n n   pl o e r i g n a  n m i i s li a e ti u o d n ’  u q n u e i   thème pour avoir écrit en 1994 « Et si non seulement le crédit, mais égale - sière Standard and Poor’s (S&P) invitait le Tiers-monde s’auto-finançait », livre ment l’épargne locale et sa gestion par récemment les banques à considérer sé - était loin de faire l’unanimité. Au traduit dans plusieurs langues qui fait les intéressés. Ainsi, le véritable déve - rieusement cette « option sous-évaluée ». delà de la « crise passagère », encore aujourd’hui figure de référence loppement commence par l’épargne in - Dans un rapport du 19 juin 2007, S&P dé - assistons-nous à la fin d’un mo - en la matière. Lorsqu’on lui demande s’il térieure. Mais il se dit par ailleurs « in - plorait qu’à l’heure actuelle, seulement 15 dèle de développement? croit que la micro-finance arrivera à re - quiet de la récupération que les grands lever le défi du développement, il répond groupes banquiers internationaux font P.2P.3 qu’elle constitue un élément essentiel de de la micro-finance ».

milliards de dollars soient prêtés sous la « Ne pas mettre la char forme de micro-prêts, alors que le poten - rue devant les bœufs» tiel du marché mondial de la micro-fi - nance est évalué à plus de 150 milliards. Le professeur d’écono Consultancy McKinsey &Co. en arrive à mique à l’Université Lava des conclusions similaires, estimant à Sylvain Dessy accord plus de 3 milliards les pauvres candidats certains avantages à l au micro-crédit. micro-finance. Au pre mier chef, il reconnaît qu Richard Rosenberg du Consultative les « fonds sont octroyé Group to Assist the Poor (CGAP) regrette à ceux qui en ont réelle quant à lui que « trop d’investisseurs ment besoin », cela san croient encore à tort qu’il n’y a pas d’ar - transiger par les main gent à faire avec les pauvres ». Il note des fonctionnaires de que le taux de recouvrement des crédits États non-démocratique prêtés est plus élevés que celui des prêts et corrompus. Toutefois traditionnels. En fait, la simple observa - M. Dessy n’envisage pa tion des rendements suffit à confondre que ce soit une conditio les sceptiques. Gary Kochubka, directeur suffisante en soi afin qu’i de marchés émergents chez S&P évalue y ait du développement à 31% le tôt d’intérêt annuel moyen Pour cela, il croit qu’il faill des prêts de micro-finance. Pour les préalablement mettre su oreilles d’un investisseur, il s’agit d’une pied des institutions qu douce mélodie. permettront aux citoyen des PED de faire fructifie Une des critiques les plus virulentes leurs investissements. faite à la micro-finance concerne de  . C OURTOISIE ses taux d’intérêts notoirement élevés. M. Dessy donne l’exem- La banque mexicaine Compartamos se ple d’un futur chauffeur de taxi africain qui son emprunt. Ce qui fait dire à M. Dessy d’insérer dans l’économie monétarisée des défend bien de tirer avantage de la vul - contracte un micro-prêt. Ce dernier em - qu’« il ne faille pas mettre la charrue devant populations qui pouvaient auparavant sub - nérabilité de ses clients, elle qui verse à pruntera afin de s’acheter une voiture de les bœufs »; avant que le micro-crédit soit sister de l’agriculture vivrière et du troc ».  l’heure actuelle 56% de retour sur les « travail. Cependant, afin d’obtenir sa licence vraiment efficace, des institutions comme Mme Rousseau, ajoute qu’ « on approfondie equity funds ». Elle explique « qu’elle a d’exploitation sans corruption, le conduc - une police et une administration publique l’étendue du capitalisme avec le micro- de grosses dépenses [pour l’évaluation teur devra souvent attendre plus d’un an. transparentes sont des conditions préa - crédit ». Lorsqu’on lui demande si elle croit des projets de micro-crédit] et que c’est Une fois les papiers et licences nécessaires lables à ce que le micro-crédit entraîne que cette bancarisation des moins nantis pour cela qui lui faille charger de hauts obtenus, il lui faudra ensuite verser sporadi - le développement. apportera du développement écono - taux d’intérêt ». Richard Rosenberg croit quement des « cachets » aux policiers mal- mique, elle affirme qu’il faille voir « au cas aussi normal que les taux soient si élevés payés qui le lui exigeront à défaut de quoi, il La professeure de sociologie à l’Univer- par cas ». Mais qu’ « en termes de dévelop - car « pour attirer du capital privé, il faut sera arrêté sans raison. En clair, ce dernier sité Laval Stéphanie Rousseau voit quant pement d’une région ou d’un pays, ce n’est afficher des profits élevés ». n’arrivera que difficilement à rentabiliser à elle la micro-finance comme « une façon pas évident de faire ce pronostic. »

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Volume 2 - Numéro 2 - Automne 2007