Robinson à la conquête du monde : Du lieu pour soi au chemin vers ...
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Robinson à la conquête du monde : Du lieu pour soi au chemin vers ...

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Langue Français

Extrait

Présentatio
5
Charles
Perraton
Avec ce septième numéro des
Cahiers du gerse
se poursuit notre
réflexion générale sur l’ancrage du pouvoir dans l’espace par les
moyens de communication, à travers le développement du thème
« du lieu pour soi au chemin vers l’autre ».
Le lieu permet à l’homme, en effet, d’avoir sa place et au sujet d’avoir
lieu d’être. Le lieu n’en reste pas moins le terme et le point de départ
des rapports de communication et des déplacements qui mènent vers
l’autre. Or, lorsque l’expérience du chemin est négligée pour l’atteinte
d’un but, les chances de rencontre se trouvent diminuées. C’est là
peut-être la leçon qu’il faut tirer de l’expérience de Robinson sur son
île et de l’histoire de la Conquête de l’Ouest américain.
Le mythe de Robinson n’est-il pas celui de la solitude avec ses deux
versants : le désespoir de l’homme incapable de vivre seul et la soli-
tude conquise et aménagée ? En ce sens, l’île de Robinson serait le
prototype de l’espace hétérotopique, le lieu par excellence pour sou-
lever la question de l’autre en l’absence d’autrui.
À sa manière, l’explorateur américain reprend, là où Robinson l’a
laissée, l’expérience de la rencontre de l’autre. Faut-il rappeler que le
Robinson de Tournier a d’abord tenté de tuer Vendredi pour éviter
d’avoir à partager son temps et son espace (son île) avec « un sau-
vage ». Situation en tout point comparable à celle des explorateurs
américains qui tentèrent d’éliminer les Indiens avant de se résigner
à leur concéder un espace en « réserve » sur le territoire.
À l’instar du Robinson de Defoe (1719) et de celui de Tournier (1977),
les conquérants se croient dans leur droit et considèrent légitime
leur marche vers l’Ouest et le progrès – les deux en venant à se
confondre.
L’ensemble des textes du présent ouvrage contribue à la problé-
matisation et à l’élaboration d’une éthique de l’espace et de la
communication.
8
— Cahiers du gerse
Charles Perraton
s’inspire des travaux de Michel Foucault pour
aborder la question de la conquête du territoire en termes de capa-
cités techniques, de rapports de communication et de relations de
pouvoir.
Philippe Théophanidis
suggère que la capacité de tracer à partir du
« lieu pour soi » un « chemin vers l’autre » se fonde notamment
« sur l’aptitude du sujet à différer de lui-même, à circuler hors de lui-
même, à devenir à lui-même un autre ».
À partir d’un meurtre
qui ne survient pas dans le roman
Vendredi
ou les limbes du Pacifique
,
Étienne Paquette
effectue une relecture
de l’ouvrage de Michel Tournier. Celle-ci met en lumière un ensem-
ble de propositions « sur l’effectivité de la loi et les conditions dans
lesquelles son application, pour être stricte, n’en réprime pas pour
autant les impulsions, les “prélève” plutôt pour un usage créateur ».
Oumar Kane
montre que l’éthique peule du
Teddungal
constitue un
modèle intéressant pour penser autrement la relation à autrui, puis-
qu’elle suppose que l’Étranger de passage est similaire au soi (qui est
également de passage) en des espaces momentanément faits lieux.
Pierre Barrette
soutient que le western « ouvre une brèche et balise
un parcours dont on dira donc qu’il répond dans sa substance même
à un questionnement fondamental pour la compréhension des liens
souvent complexes qu’entretiennent, aux États-Unis, le cinéma et la
morale ».
À partir du film d’Abraham Zapruder,
Mathieu-Alexandre Jacques
soutient l’hypothèse que « la politique américaine de la fermeté
et du raidissement va de pair avec l’affirmation quasi vitale d’un
retranchement dans l’intimité de la forteresse et s’accompagne de la
renaissance de l’idéal de la conquête et de l’exploration des espaces
non encore défrichés ».
Éva Kammer
applique le concept de « non lieu » à l’analyse des espa-
ces publics urbains pour mettre en question les pratiques actuelles de
gestion des lieux qui veillent à ce que le cours des choses soit prévu et
déterminé, au risque de mettre la liberté des individus en péril.
Nada Moufawad
soutient que la production cinématographique
libanaise des dernières années est l’œuvre de réalisateurs qui rédui-
sent une multitude de conflits interétatiques et intra-étatiques entre
dix-huit communautés religieuses et plusieurs armées étrangères à
un seul conflit entre musulmans et chrétiens, favorisant par là les
représentations orientalistes des petites guerres et s’opposant à une
représentation de l’Autre dans toute sa complexité.
Annick Martinez
élabore un parallèle intéressant entre le rôle du
thérapeute et celui de Vendredi comme partenaire transitionnel dans
sa relation à autrui.
Éric Champagne
prend appui sur les travaux de Maurice Blanchot
et de Paul Ricœur pour élaborer l’idée selon laquelle « nous demeu-
rons seuls sur notre île intérieure, aménageant notre territoire du
mieux que nous le pouvons, en attendant la survenue de l’autre ».
Philippe Sohet
présente selon le format du carnet de route un pro-
pos qui, sous la licence des anecdotes, se permet quelques classifica-
tions ambitieuses, à propos de l’Autre et des compagnons de voyage,
de ce qu’il nomme par dérision l’
Homo turisticus
C. Perraton
— Présentation —
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