Voyageurs de Venise
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Voyageurs de Venise

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Voyageurs de Venise a Guy RACHET Les VOYAGEURS dede VENISE 1 Voyageurs de Venise Le rêve vénitien Il n'est sans doute pas de nom plus évocateur que celui de Venise. République aristocratique et marchande, deux termes qui devraient être contradictoires mais que Venise a su admirablement marier, elle s'est longtemps enrichie du commerce avec le monde méditerranéen et l'Orient, avant de connaître un lent déclin. Mais un déclin dans la majesté et surtout la beauté. C'est de cette Venise sur son déclin que je veux aller à la rencontre, une Venise encore remplie de mirages, une Venise des fêtes et des chants, une Venise qui commence à s'enfoncer dans les flots de sa lagune, une Venise qui s'éloigne pareille à une cygne, ultime chant d'un cygne irisé, chant “d'une beauté qui s'en va vers la mort” pour reprendre la formule de Barrès. Allons ainsi sur les traces de ces voyageurs qui se hâtèrent vers cette fleur languide et putrescente de l'Adriatique, en un siècle où elle offrait encore d'ultimes voluptés aux âmes éprises de charnelle beauté. Car plus que toute autre ville, Venise est femme. Elle en a les grâces et les caprices, les bouderies et les rires irraisonnés, la suprême élégance et ce charme irrésistible qui fait qu'on ne peut l'oublier après l'avoir seulement entrevue.

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Publié le 17 juin 2014
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Langue Français

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a
Voyageurs de Venise
Guy RACHET
Les
VOYAGEURS
de
VENISE
1
Voyageurs de Venise
Le rêve vénitien
Il n'est sans doute pas de nom plus évocateur que celui de Venise. République aristocratique et marchande, deux termes qui devraient être contradictoires mais que Venise a su admirablement marier, elle s'est longtemps enrichie du commerce avec le monde méditerranéen et l'Orient, avant de connaître un lent déclin. Mais un déclin dans la majesté et surtout la beauté. C'est de cette Venise sur
son déclin que je veux aller à la rencontre, une Venise encore remplie
de mirages, une Venise des fêtes et des chants, une Venise qui
commence à s'enfoncer dans les flots de sa lagune, une Venise qui
s'éloigne pareille à une cygne, ultime chant d'un cygne irisé, chant
“d'une beauté qui s'en va vers la mort” pour reprendre la formule de
Barrès. Allons ainsi sur les traces de ces voyageurs qui se hâtèrent
vers cette fleur languide et putrescente de l'Adriatique, en un siècle où
elle offrait encore d'ultimes voluptés aux âmes éprises de charnelle
beauté. Car plus que toute autre ville, Venise est femme. Elle en a les
grâces et les caprices, les bouderies et les rires irraisonnés, la suprême
élégance et ce charme irrésistible qui fait qu'on ne peut l'oublier après l'avoir seulement entrevue. La Venise romantique, celle dont il va plus particulièrement être question dans ce livre, réveille dans notre mémoire quelques sonorités de Musset : Dans Venise la rouge Pas un bateau qui bouge,
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Voyageurs de Venise
Pas un pêcheur dans l'eau,
 Pasun falot
Seul, assis à la Grève,
Le grand lion soulève
Sur l'horizon serein,
 Sonpied d'airain.
Son nom évoque aussi quelques monuments devenus particulièrement célèbres : Saint-Marc et sa place, le pont du Rialto, celui des Soupirs par lequel les prisonniers étaient conduits du palais des Doges à leurs geôles. Geôles qui se trouvaient en hauteur, sous les "plombs", c'est à dire sous les toits, et que Casanova a rendus
immortels grâce à la manière dont il a réussi à s'en évader. Mais, nous
e le verrons, le XIXsiècle, siècle de malheurs pour Venise, est celui où elle a été mieux connue, plus aimée, où elle a suscité le plus de passions; c'est le siècle qui a vu sa gloire antiquecélébrée parmi toutes les nations de l'Europe, où elle a inspiré chez ses amants étrangers les plus belles pages, les plus beaux vers, les plus admirables peintures.
Les premiers voyageurs : Montaigne et Montesquieu
e Car le XIXsiècle (lequel se termine, en réalité en 1914) est le
siècle de la découverte de Venise, celui où toute une élite intellectuelle
et artistique vient faire ce nouveau pèlerinage dans cette Jérusalem de
la terre sainte des arts, la céleste Italie. Il est vrai qu'on avait déjà fait le
voyage de Venise, au siècle précédant et même avant. Mais pour les
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Voyageurs de Venise
e Allemands qui la mentionnent dès le XVsiècle elle n'est qu'une étape
sur la route du pèlerinage en Palestine, à moins qu'ils n'y viennent pour
se perfectionner dans leur art comme le fit Dürer en 1506.
Chez nous, Montaigne y vint en 1581 lors de son grand voyage en Allemagne et en Italie. Elle lui parut moins admirable qu'il ne l'avait imaginée. Autre déception, il ne trouva pas «ceste fameuse beauté qu'on attribue aux dames de Venise», bien qu'il ait vu les plus nobles de celles qui «en faisaient trafique» (entendons vendaient leurs charmes). Il faut aussi croire que sa renommée avait déjà traversé les Alpes car il nous apprend que le lendemain de son arrivée, le lundi 6 novembre à souper, un valet lui apporta de la part de Veronica Franca «janti fame venitiane», en fait une pute aussi belle que célèbre qui avait
été la maîtresse du Titien, un petit livre de lettres qu'elle avait composé.
Bien plus tard Montesquieu, dans sesLettres persanes fait
écrire par l'un de ses personnages, Rhédi, cette missive spirituelle :
«Je suis à présent à Venise, mon cher Usbek. On peut avoir vu
toutes les villes du monde, et être surpris en arrivant à Venise; on sera
toujours étonné de voir une ville, des tours et des mosquées sortir de
dessous l'eau, et de trouver un peuple innombrable dans un endroit où
il ne devrait y avoir que des poissons.
«Mais cette ville profane manque du trésor le plus précieux qui
soit au monde, c'est à dire l'eau vive: il est impossible d'y accomplir
une seule ablution légale... Sans cela, mon cher Usbek, je serais
charmé de vivre dans une ville où mon esprit se forme tous les jours. Je
m'instruis des secrets du commerce, des intérêts des princes, de la
forme de leur gouvernement....» (Lettre XXXI).
LesLettres persanes ontété publiées en 1721. Montesquieu
n'ira à Venise qu'en 1728. Il en parlera alors longuement, critiquera la
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liberté dont on y jouit, «une liberté que la plupart des honnêtes gens ne veulent pas avoir». Il rappelle aussi que les étrangers y venaient cependant par milliers, lors du carnaval, déjà célèbre. «Il y a, depuis vingt ans, dix mille putes à Venise, de moins; ce qui ne vient pas d'une réformation dans les mœurs mais de l'affreuse diminution des étrangers. Autrefois, il venait, pour le carnaval, 30 à 35.000 étrangers à Venise. A présent, il n'y en vient guère plus de 150.» Et il nous en donne les raisons : il n'y a plus guère d'opéras alors qu'autrefois ils étaient les plus beaux et qu'il y en a maintenant partout en Europe; les
fils n'y vont plus chercher les courtisanes car leurs pères les ont trop
bien connues et les maladies se sont développées... Et de conclure :
«Mes yeux sont très satisfaits à Venise; mon cœur et mon esprit ne le
sont point. Je n'aime point une ville où rien n'engage à se rendre
aimable ni vertueux. Les plaisirs même que l'on nous donne, pour
suppléer à tout ce qu'on nous ôte, commence à me déplaire, et, à la
différence de Messaline, on est rassasié sans être las.»
Un humaniste à Venise : le Président de Brosse
Plus intéressant encore est le témoignage de Charles de
Brosses sur cette Venise du XVIII° siècle emportée dans les ultimes
tourbillons d'une vie de plaisirs. Bien que président du Parlement de
Bourgogne, il n'en était pas moins spirituel et quelque peu libertin. Il
passa à Venise une partie de l'été de 1739, à l'occasion d'un long
voyage en Italie. Toute une série de lettres, en partie rédigées après
coup, nous a conservé ses observations et ses réflexions. De Padoue,
il s'embarqua sur un joli bâtiment qui portait le nom glorieux de
Bucentaure. Ces bateaux descendaient le cours de la Brenta, halés par
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Voyageurs de Venise
des chevaux, car le vent était généralement contraire. Ainsi parvenait-
on à Venise par le petit fleuve tout au long duquel se déployaient les
riches villas des patriciens, dont quelques unes étaient dues au génie
de Palladio.De Brosses a d'ailleurs la tentation d'en visiter quelques
unes, puis il y renonce, leur nombre étant si grand qu'il y aurait fallu
plusieurs années, assure-t-il.
A Venise, il est d'abord frappé par les gondoles dont il nous
donne une description précise et détaillée. Et, à leur propos, il fait cette
réflexion qui pourrait plus que jamais être d'actualité : « J'avais ouï dire
qu'il n'y avait jamais d'embarras de gondoles comme il y en a de
voitures à Paris; mais au contraire rien n'est plus commun, surtout dans
les rues étroites et sous les ponts; à la vérité ils sont de peu de durée,
la flexibilité de l'eau donne une grande facilité pour s'en débarrasser. »
Et il nous rappelle qu'à cette époque, soixante mille personnes vivaient
de la rame, gondoliers ou autres.
Il parvient ainsi à la place Saint-Marc dont il déclare qu'elle est
fort au-dessous, tant pour la grandeur que pour le coup d'œil, des
bâtiments de la place Vendôme. «Elle est régulière, carrée, longue,
terminée des deux bouts par les églises de Saint-Marc et de San
Geminiano, et les côtés par les Procuraties Vieilles et Neuves», bâties
sur des arcades sous lesquelles on se promène à couvert.
Mais plus encore qu'aux sites et aux œuvres d'art, de Brosses
s'intéresse aux mœurs des Vénitiens dont il nous donne un tableau qui précise ce que laisse entendre Montesquieu : «Il n'y a pas de lieu au monde où la liberté et la licence règnent plus souverainement qu'ici. Ne vous mêlez pas du gouvernement, et faites d'ailleurs tout ce que vous voudrez.»
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Voyageurs de Venise
Et pour ce qui est des femmes (il s'agit, bien entendu, des
femmes de la noblesse), dès qu'une fille est promise, elle met un
masque, ceci afin de n'être pas courtisée par un autre avant le mariage.
Mais il est de règle qu'ensuite « il y ait un amant ». Mais un amant
accepté par la famille, afin d'être sûr qu'il soit de bonne condition. «
Avec cela, une femme a la liberté tout entière et peut faire tout ce
qu'elle veut.» Lady Wortley Montagu qui voyagea à Venise en 1739 et
ensuite Samuel Sharp qui y vint en 1765, attestent la pérennité de cette
curieuse institution. Ce personnage, appelécavaliere servente ou
encoresigisbée (Cicesbeo), est généralement mentionné dans les
contrats de mariage. C'est un jeune homme qui se consacre
entièrement au service d’une femme: il l'accompagne partout, se
charge de porter ses gants, son éventail, dépense pour elle, et « la dame lui accorde ce qu'on croit bien qu'il lui demande... et le mari n'ose faire paraître le moindre soupçon de jalousie » (Lady Montagu). Néanmoins, le mari prend sa revanche en faisant de son côté office de sigisbée, nous assure Samuel Sharp qui remarque encore qu'on n'imagine pas qu'une femme se rende seule à l'opéra : elle y est toujours accompagnée de son cavalier, mais jamais de son mari. Ensuite, dame et sigisbée se retirent dans un casino « petite salle généralement près de la place Saint-Marc louée à l'année où ils ont un
tête-à-tête (commeil est écrit en français dans le texte anglais) de
plusieurs heures et où ils reçoivent leurs amis, ceci jusqu'au milieu de
la nuit et plus tard encore. Quant au mari, il n'y vient jamais; il remarque d'ailleurs, «qu'il serait si ridicule pour un mari d'être vu en public avec sa femme qu'on n'assiste jamais à un pareil phénomène; et, en outre, il est impossible pour une femme d'aller contre le courant de cette mode»!
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Néanmoins, de Brosse précise que l'ambassadeur de France assurait « qu'il ne connaissait pas plus d'une cinquantaine de femmes de qualité qui couchassent avec leurs amants. Le reste est retenu par la dévotion. Les confesseurs ont traité avec elles qu'elles s'abstiendraient de l'article essentiel, moyennant quoi ils leur font bon marché du reste tout aussi loin qu'il puisse s'étendre, y compris la permission de n'être pas manchotes.» Il se plaint alors que les étrangers n'ont pas beau jeu dans ces
affaires car les nobles ne les acceptent guère ni dans leurs maisons ni
dans leurs parties. On se tourne alors vers les religieuses. Il les a
trouvées souvent jolies, enjouées, « mises de manière à faire valoir leur
beauté.» Et il paraîtrait qu'elles étaient fortement dissipées car il
rappelle que lors de son séjour il y avait «une furieuse brigue entre
trois couvents de la ville, pour savoir lequel aura l'avantage de donner
une maîtresse au nouveau nonce qui vient d'arriver.» Et après
Montesquieu, il parle longuement des courtisanes, de leurs nombre, de
leur amabilité. Et aussi des entremetteurs, bien qu'il soit arrivé à Venise
à un fâcheux moment car «la sérénissime république venait de faire
main basse sur près de cinq cents courtiers d'amour qui, abusant de
leur ministère public, s'en allaient offrir à tous venants, sur la place
Saint-Marc, madame la procuratesse celle-ci, ou madame la chevalière
celle-là; de sorte qu'il arrivait quelquefois à un mari de s'entendre
proposer sa femme. » Et nombre de ces affaires se passaient dans les
gondoles car « c'est un doux séjour de jouissance qu'une gondole. »
Un “aveugle” à Venise :Jean-Jacques Rousseau
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Voyageurs de Venise
Rousseau séjourna aussi à Venise, dix-huit mois, en 1743 et
1744. Il n'y vint pas en touriste mais en tant que secrétaire du comte de
Montagu, capitaine aux gardes, nommé ambassadeur auprès de la
Sérénissime république. Le comte en fit un secrétaire d'ambassade et
le déléguait au sénat de la cité. De nombreuses pages desConfessions
sont consacrées à ce séjour, mais s'il s'étend avec complaisance sur
ses mésaventures et le bien qu'il put faire, il reste peu disert à propos
de la ville qu'il semble avoir à peine entrevue. Il songe cependant à
nous entretenir « des célèbres amusements de cette ville », mais il est
alors surtout question de musique, et aussi de cesscuole, maisons où
la République donnait une éducation aux filles sans biens, lesquelles
apprenaient à chanter. On connaissait déjà ces orphelinats grâce à
Vivaldi et aux demoiselles dont il était le maître de musique, quelques
décennies auparavant. Et de nous décrire ces jeunes personnes dont il
attendait beaucoup, tant elles avaient des voix angéliques : mais
Sophie était horrible, Cattina était borgne, Bettina défigurée par la petite
vérole. Décidément, il semble ne pas avoir connu la même Venise que
le Président de Brosses
On pourrait être en droit de s'étonner qu'ayant passé un an et
demi à Venise, y étant allé écouter des opéras et s'étant intéressé aux
chœurs d'église dans lesquels figuraient les jeunes filles dont il vient
d'être question, Rousseau n'ait mentionné aucun des musiciens qui ont
illustré la cité au XVIII° siècle, ni non plus ses deux grands auteurs
dramatiques, deux des meilleurs auteurs de comédies qu'ait donné
l'Italie, et qui tous deux étaient vénitiens, Goldoni et Gozzi.
Lorsque Rousseau vint à Venise, Vivaldi était mort depuis
moins de deux ans. Il laissait une œuvre immense, dont un grand
nombre d'opéras et d'ouvrages sacrés qui continuaient d'être joués.
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Voyageurs de Venise
L'autre grand compositeur Vénitien de cette époque est Benedetto
Marcello mort exactement à 53 ans en 1739. D'origine patricienne, il
n'en avait pas été moins encouragé par sa famille dans sa vocation
musicale et son œuvre, quoique bien moins abondante que celle de
son rival détesté Vivaldi, n'en atteint pas moins une grande perfection instrumentale et une élégance aristocratique. Moins connu maintenant, mais alors très célèbre pour ses opéras (il en a écrit 112 en tout, outre des sonates, des oratorios et de nombreuses œuvres d'église) était Baldasare Gallupi. Lorsque Rousseau vint à Venise, il avait trente sept ans et s'était rendu célèbre par des opéras commeDorinda(1729),Issipile(1738),Adriano in Siria (1740),Scipione in Cartagine(1742). Il est vrai que Rousseau ne semble pas avoir non plus connu Hændel qui avait séjourné à Venise
en 1709 et triomphait alors à Londres. En fait, cet homme, entièrement
tourné vers lui-même et ce qu'il croyait être ses propres malheurs
engendrés par une conspiration universelle contre son génie, ne portait
que peu d'attention à autrui et lorsqu'il parlait de musique c'était pour
mettre en valeur ses propres compositions maintenant bien oubliées, et
à juste titre.
Illustres vénitiens : de Goldoni à Casanova
C'est aussi toute la vie vénitienne qui nous est conservée dans
tout son éclat, avec ses charmes, ses misères, ses réalités aussi, dans
les comédies de Carlo Goldoni et, à un bien moindre degrés, de Carlo
Gozzi, son virulent rival. Ce dernier est maintenant quelque peu oublié
et il n'a survécu par delà les frontières de la Vénétie, que grâce aux
opéras qui ont été tirés de saPrincesse Turandotpar Weber, Puccini (il
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Voyageurs de Venise
ne put achever son opéra qui fut terminé par Franco Alfano) et Ferrucio
Busoni, et de sonAmour des trois oranges parProkofiev. Ces deux
pièces sont d'ailleurs caractéristiques du goût de Gozzi qui aimait plus
particulièrement les contes orientaux et magiques. Ce qui nous conduit
loin de la nouvelle comédie, à la manière française, qui a fait la gloire
de Goldoni. Le grand comédien vénitien a été heureusement remis à sa
juste place sur les scènes européennes et il suffit de rappeler quelques uns des titres qui ont fait les beaux jours des théâtres vénitiens de San Angelo et de San Luca à son époque, pour évoquer toutle charme de e e la Venise décadente et corrompue des XVIIIet XIXsiècle :Le Café, Les Caquets des femmes, La Locandiera, Les Curieuses, Le Campiello, Les Rustres, La Folie de la villégiature, Les Querelles de Chioggia... CeCafééternise les cafés de Venise établis pour la plupart autour de la place Saint-Marc, sous les Procuraties, tandis que les personnages de la villégiature passent le plus clair de leur temps,
comme tout vénitien aisé, à jouer aux cartes : pharaon, biribi, bassette,
pamphile... ces jeux se jouant souvent dans des maisons de jeu,
lesquelles étaient aussi des lieux de rencontre où l'on ne se contentait
pas seulement de perdre son argent par la disgrâce du hasard.
Lorenzo da Ponte, le génial librettiste qui donna à Mozart la
trame de trois de ses chefs-d'œuvre, les Nozze,Cosi fan tutte etDon
Giovanni, un autre vénitien, né, il est vrai, non pas à Venise, mais à
Ceneda, en Vénétie, a fréquenté dans sa jeunesse, l'une de ces
maisons de jeu, «connue sous le nom deRidotto, dans laquelle les
nobles riches avaient le privilège exclusif de tenir la banque avec leur
propre argent, et les nobles pauvres avec celui d'autrui, le plus souvent
celui des descendants d'Abraham. Nous y passions toutes les nuits, et
presque toujours, en rentrant chez nous, nous maudissions le jeu et
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