Émile Goué ( 1904-1946)
276 pages
Français

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Émile Goué ( 1904-1946) , livre ebook

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Description

Le compositeur Émile Goué, élève de Roussel et Koechlin, laisse derrière lui une cinquantaine d'œuvres ainsi que plusieurs ouvrages théoriques sur l'écriture musicale, en partie réalisés en camp de prisonniers (Oflag XB) durant la deuxième guerre mondiale. L'ouvrage se divise en deux parties : les Carnets de captivité d'Émile Goué d'une part, inédits dans leur intégralité et d'une importance capitale pour saisir la pensée de leur auteur ; les Actes de la journée d'études consacrée au compositeur d'autre part, tenue en Sorbonne le 22 mai 2013.ŠŠ

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2014
Nombre de lectures 65
EAN13 9782336360645
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Univers musical
Philippe Malhaire (éd. et dir.)
Émile Goué
(1904-1946)
Chaînon manquant de la musique française
Émile Goué (1904-1946) Chaînon manquant de la musique française
Univers Musical Collection dirigée par Anne-Marie Green La collectionUnivers Musicalest créée pour donner la parole à tous ceux qui produisent des études tant d’analyse que de synthèse concernant le domaine musical. Son ambition est de proposer un panorama de la recherche actuelle et de promouvoir une ouverture musicologique nécessaire pour maintenir en éveil la réflexion sur l’ensemble des faits musicaux contemporains ou historiquement marqués. Déjà parus Franck JEDRZEJEWSKI,Dictionnaire des musiques microtonales - 1892-2013 (Nouvelle édition revue et augmentée), 2014. Roland GUILLON,Jazz et créativité.Au fil des sessions,2014.Johanna COPANS,Le paysage des chansons de Renaud, 2014. Paul-Marie GRINEVALD,Guillaume-André Villoteau (1759-1839). Ethnomusicographe de l’Egypte, 2014. Liliana-Isabela APOSTU,La violonistique populaire roumaine dans les œuvres de Béla Bartok et de Georges Enescu,2014. Antoine JANOT,Le cinéma est-il devenu muet ?,2014. Philippe GODEFROID, Wagner et le juif errant : une hontologie. Qu’est-ce qui est allemand ? — donner la mort,2014. Angéline YÉGNAN-TOURÉ G.,Le Gbofé d’Afounkaha. Une forme d’expression musicale de Côte d’Ivoire, 2013. Claudie RICAUD,Francis Thomé, compositeur créole, 2013.Dominique ARBEY,Francis Poulenc et la musique populaire, 2012 Leiling CHANG,Dialogues, temps musical, temps social,2012. Françoise ROY-GERBOUD,Le piano des Lumières, Le Grand Œuvre de Louis-Bertrand Castel, 2012. Jarosław KAPUŚCIŃSKI, François ROSE,Le temps et le timbre dans la musique de Gagaku, 2012. Christophe BAILLAT,Vera Moore, pianiste, de Dunedin à Jouy-en-Josas, 2012. Ladan Taghian EFTEKHARI,Bomtempo (1775-1842). Un compositeur au sein de la mouvance romantique, 2012. Joachim E. GOMA-THETHET, François Roger BYHAMOT,Jean Serge Essous. Clarinettiste, saxophoniste et chanteur congolais (1935-2009), 2012.
Philippe Malhaire (éd. et dir.)
Émile Goué (1904-1946)
Chaînon manquant de la musique française
Les citations et extraits musicaux retranscrits dans cet ouvrage sont reproduits légalement, conformément au droit de citation défini en France par l’article L122-5 CPI du code de la propriété intellectuelle : «Lorsque l’œuvre a été divulguée, l’auteur ne peut interdire : […] 3º sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source : a) Les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’infor-mation de l’œuvre à laquelle elles sont incorporées». Les écrits ou extraits musicaux d’œuvres d’Émile Goué retranscrits dans cet ouvrage sont reproduits avec l’aimable autorisation des ayants droit du compositeur.
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-04552-8 EAN : 9782343045528
INTRODUCTION par Philippe Malhaire
SOMMAIRE
CARNETS DE CAPTIVITÉ(1943-1945)D’ÉMILEGOUÉ
 édités par Philippe Malhaire
 Questionnaire Avis au lecteur  Contre l’impressionnisme en général et lesQuatuorsde Debussy et Ravel en particulier  Faut-il plaire au public ?  Le critique musical  La philosophie de l’action  Le monothématisme  Le mélange des timbres  Tendances générales de la musique française  Présentation de laTroisième Symphonieensolmineur d’Albert Roussel  Conversation avec un auditeur sur L’Esquisse pour un paysage vu du Mont Coudreau Le problème crucial  Notes au jour le jour
ACTES DE LA JOURNÉE DÉTUDES ÉMILEGOUÉ : LE CHAÎNON MANQUANT
sous la direction de Philippe Malhaire
 L’horizon mirifique d’Émile Goué par Damien Top
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La nécessité de l’émotion. À propos de la musique de chambre vocale d’Émile Gouépar Anthony Girard  L’œuvre pianistique d’Émile Gouépar Diane Andersen Analyse dePrélude, Choral et Fugue(1943) et Prélude, Aria et Final(1944) d’Émile Goué. Entre héritage franckiste et modernitépar Philippe Malhaire Un compositeur face au sacré : l’œuvre religieux d’Émile Gouépar Catherine Massip LeTroisième Quatuor à cordes(1945) d’Émile Goué ou la quintessence d’une pensée esthétiquepar Philippe Gonin
APPENDICE
Préhistoires(1943) d’Émile Goué par Philippe Gordien  Entretien avec Philippe Gordien par Philippe Gonin, retranscrit par Philippe Malhaire  Entretien avec Bernard Goué par Philippe Gonin, retranscrit par Philippe Malhaire
Liste exhaustive des œuvres d’Émile GouéPrésentation des auteurs et résumés Index des noms cités Bibliographie Discographie Table des exemples musicaux et des illustrations
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INTRODUCTION Philippe MALHAIRE
D’effroyables épreuves amènent certains hommes à sortir d’eux-mêmes, se révélant ainsi des êtres hors du commun : Émile Goué est véritablement de ceux-là. Prisonnier de guerre à l’Oflag XB de Nienburg an der Weser durant la Deuxième Guerre mondiale, sa captivité dura de juillet 1940 à mai 1945 ; les conditions inhumaines de détention le fragilisèrent et causèrent sa mort un an et demi plus tard, le 10 octobre 1946, à l’âge de quarante-deux ans. Fort heureusement, même si les circonstances furent terribles, cet internement ne ralentit en rien sa production artistique, bien au contraire : à la manière d’un ascète, il parvint à se dépasser et à transcender sa souffrance dans ses écrits et ses œuvres. Sur la cinquantaine d’opus que Goué laisse à la postérité, près de la moitié fut ainsi composée à l’Oflag. Le plus surprenant est la prise de conscience esthétique que Goué va opérer dans ces circonstances dramatiques, édifiant une doctrine compositionnelle d’une force remarquable, et l’extraordinaire qualité des dernières œuvres qu’il produira, livrant au monde un discours musical éminemment singulier.
Toutefois, soyons clairs et intransigeants d’entrée de jeu. L’œuvre de Goué n’est pas ce que l’on nomme de la « musique concentrationnaire ». Il est capital de toujours garder à l’esprit le postulat suivant : Goué est un compositeurà part entièrequi s’est trouvé prisonnier de guerrepar la force des choses. La captivité a nécessairement eu une influence sur son travail et 1 son destin , mais son esthétique et sa musique ne trouvent pas leur valeur et leur justification par cet unique biais. Des compositeurs comme Messiaen ou Thiriet ont vécu les mêmes circonstances dramatiques durant quelques mois puis furent libérés, sans que leurs carrières se résument aux camps de prisonniers ; Goué quant à lui demeura captif tout le long de la guerre et n’eut pas la chance de survivre bien longtemps à son internement : c’est l’unique différence qui existe entre ces artistes. La captivité fut, pour beaucoup, une période de désarroi et d’inaction. Elle fut pour [Goué] une halte qui lui permit de se consacrer complètement à son art, sur 2 lequel il réfléchit longuement. Il donne alors tout son temps à la musique.
1 Voir Émile Goué, « Questionnaire »,Carnets de captivité (1943-1945),cf. infra, p. 17-19. 2 Philippe Gordien,Émile Goué (1904-1946) compositeur « Mort pour la France », Paris, Les Amis d’Émile Goué, 1998, p. 11-12.
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ÉMILEGOUÉ:CHAÎNON MANQUANT DE LA MUSIQUE FRANÇAISE
L’œuvre de Goué doit donc être appréhendée pour elle-même, avec tout le respect que mérite la production d’un authentique créateur. Ce point étant posé et admis, l’étude des évènements ayant bouleversé sa vie et son œuvre pourra se faire sans ambages, pour une juste compréhension du corpus gouéen. Quelques éléments biographiques Il ne nous appartient pas d’entrer dans les détails de la vie de Goué : son 3 biographe Damien Top s’en est déjà chargé . Rappelons toutefois au lecteur quelques points importants sur notre compositeur afin de rendre à tous accessible la lecture de cet ouvrage.
Issu d’une famille d’enseignants, Émile Goué naît à Châteauroux le 13 juin 1904. S’étant initié plus ou moins seul à la musique dans son jeune âge, il entre au Conservatoire de Toulouse en 1923 (classes de contrebasse, solfège et harmonie) ; c’est dans cet établissement que furent jouées ses premières créations dès 1924. Il reniera plus tard ses œuvres antérieures à 1922-1924, juvéniles et sans aucune importance mais dont l’abondance rend compte de la passion pour la composition qui anime le jeune homme ; 4 toutefois, il réutilisera parfois des matériaux de cette période . Il ne restera inscrit qu’un an ou deux au Conservatoire de Toulouse, et sera muté par la suite, en sa qualité de professeur, dans différentes régions de France : car la carrière de Goué fut également scientifique et universitaire – une carrière brillante, puisqu’il obtint l’agrégation de physique à l’âge de vingt-cinq ans (classé n° 2) et professait en classe de mathématiques spéciales au Lycée Louis-le-Grand au moment de son décès. Goué plaçait toutefois sur le même plan ses activités scientifiques et musicales, et ne s’estimait pas moins 5 compositeur que physicien . Arrivé à Paris en 1935, il reçut quelques conseils et encouragements d’Albert Roussel, avant de devenir un des élèves particuliers de Charles Koechlin (contrepoint et fugue) de 1936 à 1938. Sur le plan personnel, il se marie en 1927 ; l’union est très heureuse et son épouse Yvonne lui donne trois enfants : Michel (1932-2010), Bernard (1934-) et Françoise (1936-). L’avenir devait alors apparaître relativement radieux à ce jeune compositeur très prometteur, comblé par sa vie de famille et sa carrière professionnelle en devenir.
3 Damien Top,Émile Goué, Paris, Bleu Nuit Éditeur, 2012, 176 p. 4 Voir « Liste exhaustive des œuvres d’Émile Goué »,cf. infra, p. 227-237 ; voir également Damien Top,Émile Goué,op. cit., p. 39. 5 Émile Goué, « Notes au jour le jour »,Carnets de captivité (1943-1945),cf. infra, p. 111. Il rejoint en cela Roussel et Koechlin, également habitués aux mathématiques, auxquels on reprocha de leur vivant d’être « trop intellectuels », « algébristes », etc. Charles Koechlin, « Émile Goué », rubrique « Nécrologie »,Contrepoints, n° 2, décembre 1946.
INTRODUCTION
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Suite à la dégradation des échanges internationaux, Goué fut mobilisé dès 1938 : la Deuxième Guerre mondiale éclate l’année suivante. Lieutenant dans une batterie de repérage par le son, il est capturé le 25 juin 1940 – coup 6 du sort ! – jour même de l’entrée en vigueur de l’armistice . Il a trente-six ans.
Durant sa captivité, Goué fut confronté à des épreuves particulièrement difficiles : en première ligne la faim (en 1945, son poids descend jusque 61 7 kilos pour 1,84 mètre ) et le froid, mais également l’éloignement de ses proches, la diminution de sa vie intellectuelle, etc. La pire épreuve qu’il dut surmonter fut probablement le bombardement accidentel du camp par les 8 Alliés, tuant 99 de ces camarades prisonniers en février 1945 . Ce drame laisse dans les écrits du compositeur une empreinte angoissée.
Face à toutes ces difficultés, Goué n’interrompt en rien son activité créatrice : l’inertie est inacceptable pour cet hyperactif. L’internement, éprouvant aussi bien moralement que physiquement, devait nourrir un désespoir profond et paradoxalement transcender cette « nécessité 9 intérieure » qui le guidait dans l’écriture de chacune de ses œuvres : croire en la vie, et l’exalter par la musique. Au camp, Goué demeure également un excellent pédagogue, dont les qualités furent reconnues et louées de son 10 vivant : il est l’un des acteurs de l’« université » de l’Oflag XB, dispensant de nombreux cours de physique-chimie, mais également des conférences d’initiation à l’histoire de la musique des origines aux années 1940, des cours d’harmonie, de contrepoint, de fugue et vingt leçons d’esthétique musicale et d’histoire de la symphonie. Il est également l’acteur principal de la vie musicale du camp, montant et dirigeant un orchestre avec ses camarades et donnant de nombreux concerts dont certains précédés de conférences présentant et analysant les programmes, dans lesquels figurent 11 les grandes œuvres du répertoire (Bach, Beethoven, etc.) mais également ses propres compositions, dont certaines réalisées à l’attention de ses compagnons d’infortune (entre autres :Petite Suite facilepour quatuor à cordes, op. 28 ;L’Apôtre, EG 36 ;Renaissance31). L’appellation, op.
6 Damien Top,Émile Goué,op. cit., p. 61 et 70-71. L’armistice elle-même fut signée le 22 juin 1940. 7 Émile Goué, lettre à son épouse du 22 avril 1945. 8 Voir Patrick Seurat,Bombardement de l’Oflag XB. Nienburg-sur-Weser, 4 février 1945, JePublie, 2014, 92 p. 9 Émile Goué, « Le problème crucial »,Carnets de captivité (1943-1945),cf. infra, p. 100. 10 Voir Damien Top,Émile Goué,op. cit149-150, ou encore Philippe Gordien,., p. Émile Goué (1904-1946) compositeur « Mort pour la France »,op. cit., p. 11. 11 Voir Émile Goué, « Questionnaire »,cf. infra, p. 18 ; « Entretien avec Philippe Gordien », cf. infra, p. 222.
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