Linda Moreno, "Nuit sans lune"

Linda Moreno

Description

Soulevez le voile d'Isis et entrez dans le monde fascinant des ténèbres et du mystère...

Informations

• Publié par: linda.minkar
• Publié le: 27 octobre 2016
• Nombre de lectures: 147
• Langue: Français

Extrait

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Linda Moreno Nuit sans lune (Fragment) « La mauvaise graine ne meurt jamais. » (L’Evangile selon Linda) MMXVI

2

Au-delà du voile des Ténèbres  Oui, Charlie…Pourquoi avoir peur de la Mort ?  Pourquoi la redouter? Elle est inévitable.  Il faut savoir l’apprivoiser, se familiariser avec elle. Moi, je suis déjà passée de l’autre côté du miroir. Une nuit, un homme est venu… Un homme ou une femme, je ne sais plus…  Les créatures des Ténèbres changent de sexe à volonté, tantôt mâles, tantôtfemelles…  En fait, elles sont hermaphrodites. Cette créature est entrée dans ma chambre. Elle m’a observée dans mon sommeil, puis elle s’est approchée de moi et s’est glissée dans mon lit… Elle s’est couchée à côté de moi. Elle a commencée à me caresser tout doucement, presque tendrement, explorant toutes les parties de mon corps, même les plus intimes.  Elle prenait lentement possession de mon corps, tout en susurrant des mots apaisants à mon oreille… Alors que j’étais glacée d’effroi, elle me chuchotait des paroles rassurantes, lénifiantes, apaisantes, s’emparant progressivement de mon esprit tout en poursuivant ses investigations. Je voulais crier, mais aucun son ne parvenait à sortir de ma bouche.  Ses doigts glissaient sur ma peau comme une plume, effleurant mon épiderme, me procurant des sensations voluptueuses. J’en avais la chair de poule. Je ressentais des bouffées de chaleur dans ma poitrine, au creux de mes reins… Dans mon ventre…

3

Ma conscience se troublait. Ma gorge se nouait sous l’effet d’une sensation étrange, mélange de désir et de répulsion, de peur et d’abandon… J’avais la sensation que ma bouche était tapissée de rouille…  Je ressentais un poids qui écrasait ma poitrine, oppressant ma respiration… Mon cœur chavira.  Alors, elle me pénétra. Doucement, sans violence, veillant à ne me faire aucun mal…  Je poussais un soupir. Elle commença à s’activer en moi… Je sentais son organe aller et venir dans mon ventre…  Une sensation délicieuse envahissait tout mon être. Une sensation dont mon vagin était l’épicentre.  Oui, une force irrépressible montait dans mon ventre. Comme la lave d’un volcan jaillissant hors du cratère et se déversant sur ses flancs…  Alors je vis un immense volatile aux ailes membraneuses qui s’élevait dans le ciel et d’un coup d’aile, il décoiffait les montagnes… Il plana au-dessus des cimes avant de s’élever en direction du soleil. Un soleil aveuglant qui me brûlait les yeux. Soudain j’eus la sensation d’une chute vertigineuse…  Une chute vertigineuse dans un Abîme sans fond.  Brusquement je ressentis une douleur atroce dans la nuque… Ma vue se troubla et un voile noir tomba sur mes yeux grands ouverts… Je hurlais, mais c’était trop tard. Déjà, une force d’une violence inouïe m’aspirait.  Inutile de résister. C’était comme si mon corps était emporté par un tourbillon.

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 Comme si je sombrais dans une eau noire. Noire comme de l’encre. Une eau noire et glacée. La mort, chacun la sienne…  Mais le résultat final est le même pour tous.  On est tous pareils et on ira au même endroit…  Et puis plus rien.  Le Néant. Le Néant qui engloutit tous les êtres lorsqu’ils passent de vie à trépas. Ce nuage noir comme de l’encre, cette obscurité glacée qui enveloppe et qui absorbe les morts…  Une obscurité épaisse, poisseuse, à couper au couteau.  Comme un sommeil sans rêve dans une nuit sans lune. Les Ténèbres… Pourtant, SATAN a daigné m’accorder une seconde chance… IL pensait que je pouvais LUI être encore utile dans le monde des vivants… Plus utile ici-bas que dans l’Empire des Morts… C’est ainsi que je suis devenue une créature des Ténèbres, qui erre parmi les vivants.  Je ne peux pas regarder le soleil en face et ma peau ne supporte pas les rayons de l’astre des jours. Exposée au soleil, elle se dessèche et se craquelle, comme le lit d’une rivière asséchée. Ce sont les stigmates de la Damnation.  Le Jour, je suis apathique et sans défense. Alors je préfère me tapir dans un endroit obscur et secret.  Mais la Nuit, je suis la Reine. La Reine de la Nuit…  Je me glisse parmi les vivants comme une ombre. Je me nourris de leur sang, de votre sang… même si je goûte à votre nourriture (j’adore les pizzas). Mon charme s’exerce indifféremment sur les deux sexes, même si j’ai une préférence pour les femmes...

5

 Les imbéciles disent que je suis lesbienne, mais en réalité je suis bisexuelle. Et je vous emmerde, bande de morts ! Oui, je remercie SATAN de m’avoir accordé une seconde chance. De m’avoir donné le pouvoir de vaincre la Mort.  Mais par pitié ne L’appelez plus le Prince des Ténèbres!  Si on appelle SATAN « le Prince des Ténèbres », on Le magnifie. Le titre de Prince évoque le Pouvoir, la Richesse, la Beauté, la Gloire… des attributs dont la puissance évocatrice suscite en retour un irrésistible désir de soumission. Un désir presque sado-masochiste.  Par contre, si on appelle SATAN « le Bouc du Sabbat », on le rabaisse. Le bouc est un animal pas très glamour, réputé pour sa lubricité et sa mauvaise odeur. On dit puer comme un bouc, puer le bouc, ça pue le bouc… Alors, de grâce! SATAN, je l’ai vu de près… Je l’ai vu, j’ai reniflé son odeur âcre et son haleine fétide, j’ai entendu sa voix âpre semblable au glapissement d’une hyène. Pire, j’ai senti ses mains griffues sur ma peau et son sexe dans ma chair… Oui, ce salaud m’a violée à plusieurs reprises, il a répandu sa semence infernale dans ma chair, il m’a rendue stérile… Par sa faute, je n’aurai jamais d’enfant. Moi qui rêvais d’avoir une petite fille à mon image… une petite fille que j’aurais élevée comme une princesse en lui apprenant à se défendre dans ce bas-monde et dans l’autre…  Ma petite fille ne verra jamais le jour. Elle restera à jamais dans la Tangente, ce lieu maudit où s’entassent les espoirs déçus, les rêves brisés et les désirs inassouvis. C’est pour cette raison qu’IL m’a donné une seconde chance. Parce qu’il sait tout le Mal qu’IL m’a fait… IL me voulait toute entière pour Lui et IL m’a perdue… J’ai entendu dire qu’IL en avait le cœur brisé…

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 Oui, même le Diable a un cœur. De temps en temps, IL vient rôder auprès de moi…  Mais toujours je LE repousse. J’ai fini par LE dresser. Par le dresser comme un chien. Je ne dirais pas qu’IL m’obéit au doigt et à l’œil, mais c’est tout comme… Je LE convoque quand j’ai besoin de LUI car il peut être utile dans certaines situations… Alors je LUI donne ce qu’il attend de moi, ce sale Bouc lubrique…  Mais après, basta ! Casse-toi ! Fous le camp ! Dégage ! Retourne d’où tu viens… Et le Diable s’en va, la queue entre les pattes… Alors, s’il vous plaît, et même si ça ne vous plaît pas, ne m’appelez plus «Linda Servante du Démon»…  Appelez-moi « Linda Princesse des Ténèbres » ! Désolée Yasmine, mais c’est MOI qu’IL avait choisie… Rideau 7

Linda Moreno 8