1 Chapitre XX LA LOGIQUE DE REORGANISATION DE L'APPAREIL DU COMITE ...

Pavel

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Chapitre XX       LA LOGIQUE DE REORGANISATION DE L’APPAREIL DU COMITE CENTRAL DU PARTI BOLCHEVIQUE EN 1924-1925       Pavel Chinsky

        En dépit de l’intérêt tout particulier suscité par l’appareil dirigeant soviétique depuis les temps héroïques de la « kremlinologie » jusqu’à nos jours, force est de constater, à l’instar de Moshe Lewin dans sa dernière somme, que « la bureaucratie de l’État et celle du Parti n’ont pas encore i d’“histoire” ». De fait, l’analyse des mécanismes internes du pouvoir bolchevique a longtemps été indissociée de leur interprétation politique, notamment sous la plume d’ex- bureaucrates transfuges témoignant de leur expérience intime du système comme Boris Bajanov, ou Abdourakhman Avtorkhanov. Depuis l’ouverture des archives, plusieurs historiens russes se sont désormais attachés à cerner les logiques bureaucratiques dans leur matérialité quotidie e ii , dans un esprit novateur qui a récemment nn animé, à Paris, les Journées d’études internationales sur les pratiques administratives en Union soviétique dans les années 1920-1960 iii . C’est dans le prolongement de ces travaux, et plus particulièrement de la contribution d’Yves Cohen iv , que l’on se placera ici afin de lever un coin du voile recouvrant ce qui constitue le cadre matriciel du pouvoir stalinien : l’appareil administratif du Comité central.

 

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À partir des documents du fonds de l’Intendance du Comité central v  aux Archives d’État de Russie d’histoire sociale et politique vi , on s’intéressera ainsi à la physionomie de l’appareil administratif du Comité central au moment où le secrétaire général commence tout juste à lui imprimer sa marque.   L’administration centrale du parti dans les premières années du régime   À l’étape liminaire, on peut affirmer que l’administration centrale du parti réside moins dans un lieu que dans un homme : le légendaire Iakov Sverdlov, véritable fichier vivant du Parti bolchevique, intronisé à la tête d’un proto-Secrétariat par le VI e   congrès du parti en août 1917. Lorsqu’il décède subitement à la veille du VIII e 1919, son « appareil » ne comptecongrès, en mars en tout et pour tout que quinze adjoints ! Le VIII e congrès confie la relève au commissaire du peuple aux Finances, Nikolaï Krestinski – élu dans la foulée secrétaire du Comité central –, reconstitue le Bureau politique (Politburo) apparu fugacement au moment de la prise du pouvoir et crée un Bureau d’organisation (Orgburo), le tout sans définir bien clairement les fonctions et préséances respectives de ces différents pôles de pouvoir. Par ailleurs, le travail de structuration entrepris se traduit par la division du Secrétariat en différentes sections, au fil d’une évolution chaotique mais néanmoins révélatrice. En dépit de leurs mues successives, deux instances névralgiques émergent en effet avec netteté de ce magma bureaucratique pour constituer les assises du labeur administratif stalinien ; d’une part une section des cadres (à l’origine une section d’Organisation et d’instruction et une section d’Affectation et d’inscription, fusionnées en 1924 en une unique section d’Organisation et d’affectation, qui sera elle-même scindée en 1930 en une section d’Organisation et d’instruction et une section d’Affectation, avant de devenir section des Organes dirigeants du parti en 1934, et enfin Direction des cadres) ; et d’autre part une section conspirative (appelée Division directive secrète en 1920-1921, puis Bureau du Secrétariat en 1921-1926, puis Section secrète en 1926-1934, et enfin Secteur spécial). C’est donc Krestinski qui est le premier à être omniprésent au sommet de l’appareil administratif du parti, comme membre