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  Différences inter-dialectales dans l'émergence de la segmentation de la parole chez les enfants francophones. Influence de la prosodie.   Master de recherche en sciences cognitives soutenu par   Karima Mersad   Sous la direction de  Thierry Nazzi Laboratoire de Psychologie de la Perception CNRS-Université de Paris V            
  
 
  Session 2007
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        Résumé  Des recherches à l'université de Mc Gill à Montréal ont montré que les enfants apprenant le québécois segmentent les mots bisyllabiques vers 7.5 mois, qu'il s'agisse du français québécois ou du français parisien. Nazzi et ses collègues ont partiellement répliqué cette expérience en utilisant les stimuli parisiens, avec des enfants parisiens. Ils n'ont trouvé d'effet de segmentation, ni à 8 mois, ni à 12 mois. Une étude avait précédemment mis en évidence une segmentation des mots bisyllabiques, chez les enfants parisiens, seulement vers 16 mois. Cette précocité de la capacité de segmentation chez les enfants québécois est-elle le résultat de l'utilisation d'indices présents spécifiquement dans les stimuli de l'expérience québécoise ? Les enfants parisiens parviendraient-ils à exploiter ces informations comme leurs homologues québécois à 8 mois ? Notre première expérience suggère une réponse négative à cette question. Les analyses acoustiques des stimuli utilisés dans les expériences sus-citées, mises en oeuvre dans notre seconde expérience, montrent d'une part que les caractéristiques de l'Infant Directed Speech, facilitent la tâche de segmentation aux nourrissons ; d'autre part, que de substantielles différences prosodiques entre les stimuli québécois et parisiens suggèrent que leur expérience linguistique favorise la sensibilité des enfants québécois aux indices prosodiques de segmentation.    
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I. Introduction
 
1. Au commencement il y eut ... l'énigme
  Une question centrale en psycholinguistique est le découpage de la parole en mots, étape fondamentale dans l'apprentissage du langage. Pour acquérir le lexique de sa langue, l'enfant doit en effet percevoir, dans la suite des sons qui constituent la parole, la forme sonore de chaque mot, afin de l'associer à un référent sémantique. Une étude de Newman et. al, (2006) a montré que la capacité à segmenter la parole, dès les tout premiers mois de la vie, a une incidence sur la richesse du vocabulaire acquis ultérieurement. D'autre part, selon les théories de l'acquisition de la syntaxe, les phrases sont traitées comme des séquences constituées de mots : la segmentation de la parole pourrait ainsi jouer un rôle essentiel dans l'acquisition du langage, ce d'autant que certaines études ont mis en évidence la faible proportion de mots adressés à l'enfant, prononcés isolément, (Aslin, 1993 ; Brent & Siskind, 2001).  Cependant, le signal physique de la parole ne révèle pas de corrélât clair de ce que qui est perçu par l'oreille humaine comme une frontière entre les mots. En effet, au niveau acoustique, il n'existe pas de limite marquée, systématique entre les mots (Cole & Jakimik, 1978, 1980; Klatt, 1979, 1989). Certains modèles de perception de la parole postulent que les adultes utilisent dans leur processus de segmentation, dans des conditions d'écoute non dégradée, des stratégies de type top-down,basées sur le lexique, (Mattys et. al, (2005), McCLelland & Elman, (1986); Norris, (1994)). Selon ces modèles, au fur et à mesure que le mot est prononcé, l'auditeur compare la succession des phonèmes entendus aux mots qu'il possède dans son lexique, et procède à l'extraction lorsque la forme phonologique d'une séquence de sons coïncide avec une représentation lexicale mentale. Ces théories s'appuient sur un lexique déjà construit, cependant, comment les adultes sont-ils parvenus à se constituer un lexique ? L'utilisation par les enfants de procédés de typetop-down effectuer la segmentation a été mise en évidence dès 6 mois pour un type de pour mots très familiers comme « maman » ou le propre prénom de l'enfant. On peut considérer l'hypothèse que les très jeunes enfants vont acquérir tout d'abord quelques mots particulièrement familiers, souvent prononcés isolément, puis, grâce à ce premier lexique, qu'ils vont parvenir à segmenter les mots immédiatement adjacents, dans le signal de parole, aux mots de leur rudimentaire vocabulaire. Ces mots nouvellement acquis leur serviraient par la suite à segmenter d'autres mots inconnus et ainsi de suite. Mais le faible nombre de mots prononcés en isolation et les
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nombreuses études ayant étudié cette question nous suggèrent qu'à un stade précoce de la constitution de son lexique, l'enfant va recourir à d'autres informations que ses connaissances lexicales. Les processus mis en jeux, de type bottom-up,procèdent d'une analyse des phénomènes sensoriels vers celle des représentations abstraites.  
2. Des indices de frontière dans le signal de parole   Des études, portant en majorité sur la langue anglaise, ont établi l'existence d'un certain nombre d'informations présentes dans le signal de parole, indiquant les frontières de mots, et susceptibles d'être utilisées par les nourrissons, comme des indices de segmentation :    2.1 Les indices prosodiques et l'hypothèse de l'initialisation rythmique de la segmentation  Un indice auquel nous nous intéresserons particulièrement est la dimension musicale de la parole ou prosodie, qui s'exprime dans les propriétés de rythme, d'accent et d'intonation. Dans la langue parlée, certains éléments phonologiques se répètent à intervalles réguliers, produisent une organisation temporelle du signal de parole. L'idée qu'il existe plusieurs classes rythmiques pour le signal de parole, remonte à quelques décennies (Abercombie, 1967 ; Pike, 1945) ; à ce jour, trois classes rythmiques1principales sont considérées : la classe des langues à accent (comme l'anglais, le néerlandais ou le polonais), celle des langues syllabiques (comme le français, l'italien et l'espagnol) et la classe des langues moraïques (comme le japonais ou le tamoul). ------------------------------------------------------------------------ 1en un certain type d'unités phonologiques qui se répètent àLe rythme est l'organisation temporelle de la langue intervalles réguliers. Abercombie, (1967) et Pike, (1945), ont proposé un point de vue selon lequel la distinction entre les langues accentuelles et les langues syllabiques est strictement catégorique, les langues ne pouvant pas être plus ou moins accentuelles ou syllabiques. Selon cette théorie (dite de l'isochronie), les langues syllabiques partagent la propriété de posséder des intervalles réguliers entre les syllabes , les langues accentuelles possèdent des intervalles réguliers entre deux unités d'accent, et pour les langues moraiques, deux mora successives sont quasiment égales en terme de durée. La théorie de l'isochronie a été mise en doute par de nombreuses données empiriques. Dauer, (1983), suggère que le type de rythme obéit à d'autres contraintes : les langues accentuelles ont une plus grande variété de type de syllabes et tendent donc à avoir des syllabes d'un poids différent, de plus, dans ces langues, les syllabes non accentuées ont un système vocalique réduit. Le modèle de Dauer, (1987), postule un continuum rythmique, aux extrémités duquel on trouve les langues à accents et les langues syllabiques , des langages plus ou moins syllabiques et accentuelles se trouvant dans l'intervalle qui sépare les deux. Les données d'études plus récentes (voir : Ramus, Nespor & Mehler, 1999) valident cette approche.   
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 Chacune de ces classes ayant comme unité de rythme sous-jacente respectivement, l'accent, la syllabe et la more.  Jusczyk et ses collègues ont, les premiers, envisagé l'influence du rythme sur la segmentation de la parole chez le très jeune enfant. Dans une étude portant sur la langue anglaise, en utilisant la technique HPP, ils ont montré que les enfants de 7.5 mois utilisent la forme prosodique prédominante en anglais 'Strong-Weak' (une syllabe forte (Strong), contenant une voyelle pleine, suivie d'une syllabe faible (Weak), contenant une voyelle réduite) pour amorcer le découpage de la parole (Jusczyk & Aslin, 1995). Cette stratégie de segmentation prosodique est compatible avec la Stratégie de la Segmentation Métrique (Metrical Segmentation Strategy ou MSS) de l'adulte, qui consiste à traiter toute syllabe forte comme un début de mot potentiel et permettrait de segmenter correctement la majorité des mots en anglais, Cutler & Norris, (1998). Nazzi et ses collègues ont, à leur tour, ouvert ce champ de recherche à des langues à structure syllabique. Dans une série d'expériences sur les enfants acquérant le français, Nazzi et. al, (2006 a) ont mis en évidence une stratégie de segmentation, chez les enfants de 12 mois, basée sur la syllabe. Ainsi ont-ils suggéré que (a) l'émergence des capacités de segmentation diffère d'une langue à l'autre, en fonction de la classe rythmique du langage en cours d'acquisition, (voir aussi : Curtin & al., 2005; Echols & al., 1997; Houstin & al., 2004; Johnson & Jusczyk, 2001; Jusczyk & al., 1999b; Morgan & Saffran, 1995; Nazzi & al., 2005), (b) la procédure de segmentation s'appuie initialement sur l'unité rythmique de la langue maternelle, (c) la métrique rythmique joue un rôle prédominant aux stades les plus précoces de la segmentation et cette importance décroît dans les étapes ultérieures du développement, modifiant ainsi le poids relatif des indices prosodiques et des autres indices de segmentation. Les propositions (a), (b) et (c) constituent l'hypothèsed'initialisation rythmique de la segmentation.     2.2 Les probabilités transitionnelles   Les très jeunes enfants montrent également une aptitude à analyser les régularités statistiques présentes dans la langue : à 8 mois, ceux-ci peuvent extraire des pseudo-mots d'un langage artificiel, sur la seule base de probabilités transitionnelles (Saffran et. al, 1996). Cette stratégie repose sur le fait que sur l'ensemble du corpus, les probabilités de transition d'une syllabe à la suivante sont plus grandes si ces syllabes forment un mot que si elles sont séparées par une frontière lexicale, Curtin, Mintz & Christiansen, (2005).
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