Cours du 12 octobre 2010 - Grammaire et histoire de la langue ...
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Univ. Paris Sorbonne – Histoire de la langue – L1LM11LF – Semaine 2 – Professeur : André Thibault  Grammaire et histoire de la langue – L1LM11LF CM d’histoire de la langue Horaire : mardi, 16h-17h, Grand Amphi, Malesherbes Professeur : André THIBAULT  Semaine 2 : Ancien français (période classique) ; l’anglo-normand ; la Chanson de Roland. – Moyen français, français de la Renaissance (histoire externe ; étude philologique de textes).  1. Une autre invasion, celle des Normands ; un autre superstrat, le norrois  Nous avons mentionné la semaine dernière que les invasions franques avaient joué un rôle dans l’histoire de la genèse du français, la langue francique ayant exercé un rôle desuper-stratIl convient de mentionner également l’existence d’une autre vague d’envahisseurs. germaniques, postérieure à celle des Wisigoths, des Burgondes et des Francs : il s’agit des Normands. Au 9esiècle, des invasions de Vikings en provenance de Scandinavie commen-cèrent à dévaster les côtes septentrionales de la France. Ces envahisseurs finirent par s’im-planter dans le pays, dans la région qu’on appella désormaisNormandie, du nom de ces « hommes du nord  (Normanni). Ils s’assimilèrent très rapidement, linguistiquement et culturellement, et leur langue (lenorroisouancien nordique, langue germanique du nord, ancêtre des actuelles langues scandinaves) ne transmit à la langue française que quelques mots, la plupart tirés du vocabulaire maritime (crique, vague, marsouin, etc. ; nous y revien-drons lors du cours de la semaine 8), ainsi que quelques dizaines de toponymes (noms de lieux).  2. Les Normands envahissent l’Angleterre…  Les Normands sont des chefs de guerre, comme les Francs ; ils dominent la société romano-phone de Normandie, mais ils sont minoritaires et très vite s’assimilent linguistiquement aux populations sur place ; en quelques générations, ils perdent leur langue germanique et se fusionnent avec les populations locales, dont ils adoptent le parler galloroman (une variété de langue d’oïl1édiévale, c’est-à-dire une variété orale d’ancien français).Seulement voilà, m non contents d’avoir conquis la Normandie, les Normands continuent de guerroyer, et vont envahir l’Angleterre en1066(bataille dite de Hastings, du nom de la ville où eut lieu l’affron-tement) sous le règne deGuillaume le Conquérant. Ils y amènent avec eux leur langue, au-tant sous sa forme orale que sous sa forme écrite (lascriptanormande).  partir du moment où cettescripta(c’est-à-dire cette variété écrite d’ancien français marquée par quelques traits régionaux) a été transplantée en Angleterre, elle a commencé à vivre de sa vie propre ; on parle alors d’aolgnamdnn-ro(mais vous entendrez aussi parler du « français d’Angleterre , en référence à l’époque médiévale). Parallèment, bien sûr, l’ancien français oral du continent (et particulièrement celui de Normandie) s’est lui aussi exporté en Angleterre ; mais, comme toujours, on en sait beaucoup moins sur la langue orale que sur la langue écrite.  Cet événement historique aura deux répercussions très importantes du point de vue linguis-tique : 1) une partie non négligeable de la littérature écrite en ancien français l’a été justement en Angleterre, dans la scripta anglo-normande ; 2) la langue anglaise a été extrêmement in-fluencée par le superstrat normand (car, pour l’histoire de la langue anglaise, le français mé-diéval a exercé le rôle de superstrat, une langue d’envahisseurs qui ne réussit pas à s’imposer mais qui laisse des traces dans la langue du peuple envahi).                                                 1Sur ce terme, cf. la note 4 du cours de la semaine dernière.
 
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Univ. Paris Sorbonne – Histoire de la langue – L1LM11LF – Semaine 2 – Professeur : André Thibault   Comme les Normands (ou plutôt leurs descendants) constituaient l’élite en Angleterre, pen-dant plusieurs siècles, au moyen âge, le français a eu un statut très enviable de langue de culture (sous sa variété anglo-normande), et de nombreux textes, littéraires ou juridiques, ont été écrits en anglo-normand. Comme la plus grande partie de la population parlait anglais et non anglo-normand, c’est quand même bien sûr l’anglais qui a fini par avoir le dessus (sinon aujourd’hui les Anglais parleraient une variété de français !), et au cours des siècles on a fini par abandonner la pratique de l’anglo-normand en Angleterre, même parmi les élites ; cela dit, l’anglo-normand survit d’une certaine manière à travers l’anglais, qui de toutes les langues germaniques est de loin celle dont le vocabulaire a été le plus influencé par le français, par le biais de sa variété insulaire médiévale (ajoutons que le vocabulaire de l’anglais a aussi été largement enrichi par le latin des savants, grande langue de culture au moyen âge, et qui a transmis énormément de mots à l’anglais dans des traductions et des adaptations de textes écrits d’abord en latin médiéval).  Une recherche rapide dans le CD-ROM de l’Oxford English Dictionarypermet de relever facilement plusieurs milliers de mots anglais qui sont présentés par ce dictionnaire comme étant issus de l’anglo-normand : voici une sélection des premiers qui apparaissent dans l’ordre alphabétique :ability, abjection, abjuration, ablative, abominable, abomination,absence, absent, absolution(et encore des centaines d’autres mots qui se terminent en-tion), acerb, etc. Bien sûr, ces mots en anglais moderne n’ont pas la même prononciation que le mot correspondant en français moderne, et bien souvent leurs sens respectifs se sont différenciés : par exemple,achèvement« fait d’achever, de finir, de terminer (quelqueen français signifie chose)  ; en revanche, l’anglaisachievement, d’origine anglo-normande, signifie plutôt « réussite, exploit, réalisation remarquable . Cela est normal, puisque le mot anglo-normand n’avait pas nécessairement toujours la même forme et le même sens que le mot correspondant en français « continental  (du point de vue anglo-normand, par opposition à « français insu-laire ) ; en outre, la forme et le sens des mots (autant anglais que français) ont bien sûr évolué sensiblement au cours des derniers huit ou neuf siècles.  3. Un premier monument littéraire : la Chanson de Roland  Comme nous l’avons écrit ci-dessus, l’une des principales conséquences linguistiques de l’invasion normande de l’Angleterre fut l’apparition d’une brillante littérature en ancien français outre-Manche, qui s’illustra pendant tout le reste du moyen âge. La Chanson de Roland est le plus ancien et le plus célèbre représentant de cette littérature écrite en anglo-normand. Il s’agit du premier texte écrit en ancien français à atteindre une telle envergure (4002 vers décasyllabes assonancés). Il consiste en une « chanson de geste , c’est-à-dire un poème épique, consacré aux exploits d'un héros médiéval. On le date d’environ1090et il aurait été écrit sur le continent, mais le manuscrit original est disparu et l’auteur nous en est totalement inconnu. La plus vieille version qui nous soit parvenue dérive d’un manuscrit du 12eanglo-normand, découvert en 1832 et connu sous le nom de « manuscritsiècle, écrit en d’Oxford .  Ce poème épique met en scène, en les transposant littérairement, des événements réels ayant eu lieu au 8esiècle ; l’un des protagonistes en est le fameux roi Charlemagne, dont nous avons justement parlé la semaine dernière. Le clou de l’action se déroule à Roncevaux (en espagnol Roncesvallesville d’Espagne, en Navarre, à proximité d’un col (1057 m). C’est au), petite passage de ce col que, le 15 août 778, l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne fut attaquée par les montagnards basques, alliés aux Sarrasins (= musulmans) contre les Francs. Ces
 
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