Identification des langues : que faire des créoles ?
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Identification des langues : que faire des créoles ?

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Identification des langues : que faire des créoles ? Emmanuel Schang Université d’Orléans - CORAL (UPRES-EA 3850) Faculté LLSH BP 46527 - 45065 ORLEANS cedex 2 (FRANCE) Tél. : +33 (0)2 38 49 47 02 - Fax : +33 (0)2 38 49 47 12 Mèl : emmanuel.schang@univ-orleans.fr
ABSTRACT This paper deals with the question of Creole languages and their classification. I argue that Creole languages raise the question of language identification because of their (alleged) hybrid nature. I also present interesting data from French Guyana to illustrate the problem of ‘languages in contact’.
1. INTRODUCTION On peut aborder la question de l’identification automatique des langues sous différents angles, certains rejetant tout recours à la linguistique, d’autres cherchant dans les travaux de linguistique des pistes pour la résolution automatique de ce problème. Confronté à l’identification des langues naturelles par le biais des langues créoles, je poserai ici le problème du point de vue du descriptiviste et du créoliste. Les interrogations qui sous-tendent cette étude sont les suivantes : comment le linguiste identifie-t-il des langues différentes ? Quels sont ses critères ? en quoi le travail du linguiste peut-il s’écarter de l’intuition du non-spécialiste ? quels sont les cas difficiles à traiter ? Pour illustrer ce dernier point, je ferai appel à des exemples issus de données recueillies en Guyane et sur les îles de São Tomé & Príncipe (golfe de Guinée). Je montrerai que les langues créoles posent la question de la séparation entre les dialectes d’une même langue et que les critères qui permettent de séparer un créole de sa langue lexificatrice sont essentiellement d’ordre syntaxique. Je plaiderai alors pour la prise en compte dans la reconnaissance automatique des langues de plusieurs dimensions (dont la syntaxe) et pour l’étude des cas complexes (c'est-à-dire des productions non-standard) si l’on souhaite inscrire l’identification automatique des langues au sein des recherches linguistiques. Je suivrai cette voie en défendant l’idée que ces recherches sont extrêmement stimulantes pour les créolistes.
2. RECONNAÎTRE UNE LANGUE Saussure [7] le remarquait déjà: «Il est difficile de dire en quoi consiste la différence entre une langue et un dialecte. (…) on dira volontiers de personnes qui ne se comprennent pas qu’elles parlent des langues différentes. » Il reste généralement admis que le critère
pour la séparation entre langue et dialecte repose sur la facilité de l’intercompréhension entre deux communautés linguistiques (v. par exemple: http://www.ethnologue.com/). Mais ce critère se heurte aux faits linguistiques: est-ce que le verlan est une langue différente du français? La difficulté à lui reconnaître ce statut tient au fait qu’en dehors du codage particulier qui le rend incompréhensible au non-initié, peu de choses le séparent du français oral.
Par ailleurs, il est difficile de trouver une ligne nette de démarcation entre deux langues. Saussure notait : « De même qu’on ne saurait dire où finit le haut allemand, où commence le plattdeutsch, de même il est impossible de tracer une ligne de démarcation entre l’allemand et le hollandais, entre le français et l’italien. Il y a des points extrêmes où l’on dira avec assurance : ‘ici règne le français, ici l’italien’; mais dès qu’on entre dans les régions intermédiaires, on voit cette distinction s’effacer ». S’il y a un continuum, comment tracer la frontière entre les langues ?
3.LANGUES ET DIALECTES Quels sont donc les critères qui finalement servent au linguiste pour délimiter son objet qu’est la langue qu’il décrit ?On peut évoquer deux approches: l’approche interne et l’approche externe.
3.1 L’approcheexterne Le recours à des critères externes est fréquent dans les descriptions linguistiques. Il s’agit de définir la langue dont on traite par le fait qu’elle est parlée à un endroit donné par des locuteurs natifs. Le choix de l’informateur est ici crucial: il est demandé que le locuteur soit lui-même descendant de locuteurs natifs de cette langue et qu’il ait eu le moins de contacts possibles avec d’autres langues. On définira ainsi le français comme la langue parlée par les Français en France, et les informateurs représentatifs seront des Français de France (métropolitaine) nés de parents Français. Le «corpus d’Orléans » est un exemple de cette démarche, pourtant il contient quelques enregistrements de locuteurs n’étant pas originaires de la région Centre. La variété constatée parmi les données ainsi recueillies est elle-même imputable à la variation géographique. La reconnaissance d’un grand groupe contenant l’ensemble des variétés de ce groupe se fait
MIDL, Paris, 29-30 novembre 2004
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