L écrivain picardisant aime son dictionnaire (lui non plus)
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L'écrivain picardisant aime son dictionnaire (lui non plus)

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L’écrivain picardisant aime son dictionnaire (lui non plus)
Alain Dawson LESCLaP
Résumé Il existe plusieurs centaines de dictionnaires picards-français (plus rarement français-picards), généralement localisés. Leur utilisation par les auteurs est curieusement ressentie comme honteuse : elle signerait une méconnaissance de la langue et/ou sa déliquescence. Pourtant, l’usage du dictionnaire paraît indispensable en picard, dont la variété littéraire n’existe que par la spectacularisation de la différence avec le français standard. Quelques dictionnaires accèdent ainsi au statut de dictionnaires de référence pour une sous-région donnée, de par la reconnaissance que leur accordent les auteurs et le public. Le travail des lexicographes doit maintenant viser la réalisation d’un véritable dictionnaire de référence pan-picard.
Nous traiterons ici des « dictionnaires de référence », tout en écartant le qualificatif d’« officiels », puisqu’il désignerait une espèce qui n’existe pas pour le picard. Cet article sera organisé comme suit : après une description rapide du « phénomène dictionnaire » en domaine picard, et surtout du rapport ambigu qu’entretiennent avec lui l’auteur et son public (partie 1), nous tenterons de cerner, au travers de deux exemples, l’importance du dictionnaire dans la création littéraire picarde (partie 2) ; enfin, nous nous interrogerons sur ce qu’est aujourd’hui un dictionnaire de référence pour le picard (partie 3), avant de conclure sur les perspectives d’avenir.
1. Les dictionnaires picards
Rappelons au préalable que la Picardie est une véritable terre de dictionnaires : la bibliographie de von Wartburg (1969) rassemble 202 références pour le picard, et celle de Debrie (1982) en compte 542 (glossaires, lexiques, études à caractère essentiellement dialectologique, selon le critère de la présence de petits lexiques ou d’annotations linguistiques accompagnant les textes). Le chiffre est aujourd’hui probablement beaucoup plus élevé. La plupart de ces travaux présentent deux caractéristiques notables : %ils partent du picard pour aller vers le français ; plus précisément, les termes picards, classés par ordre alphabétique, sont glosés en français, %ils sont plus ou moins strictement localisés, décrivant le parler d’une commune (voire d’un quartier), d’un canton, plus rarement d’une sous-région.
Des exceptions existent. Précurseur, l’Amiénois Édouard Paris avait le projet d’undiksionner pikar dont les gloses seraient rédigées en picard (Debrie & Crampon, 1977). La plupart des lexiques récents comportent des index français-picards qui semblent prendre une ampleur croissante, signe que le rôle de ces ouvrages évolue : d’outil d’aide à la recherche, ils se transforment en outil d’aide à l’expression et à l’écriture en picard. La direction français → picard est privilégiée dans leDictionnaire général du picard(Braillon, 2001, 2002, 2003), qui décrit le picard sur la totalité de son domaine géographique, renouant avec un genre davantage en vogue chez les premiers lexicographes picards jusqu’au début du XXe siècle. Le même parti-pris globalisant a été adopté pour l’index de l’Atlas Linguistique et Ethnographique Picard (Carton, 2004 ; Carton & Dawson, 2010), dont la méthode est pourtant radicalement différente.
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