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Langue Français

Extrait

Introduction : quelques particularités de la fiction en Préhistoire
Dans une fiction en général, pour la jeunesse en particulier, le plaisir de lire repose la plupart du temps sur quelques techniques
simples. Dans le domaine de la fiction préhistorique ces techniques posent problème dès lors que le récit prétend garder une
vraisemblance vis à vis des connaissances scientifiques et garder une force d’évocation. Détaillons quelques stratégies d’écriture -
celles qui cherchent à établir une certaine complicité avec le lecteur - difficilement compatibles avec un récit préhistorique (au moins
lorsque celui-ci se veut réaliste).
Littérature jeunesse
Littérature jeunesse Préhistoire
Techniques d’identification lecteur/héros
-
Emploi du « je » par le narrateur,
-
Ecrits de récits de vie, de journaux intimes,
d’autobiographies,
-
Description de sentiments que le jeune lecteur
peut éprouver : premières émotions amoureuses,
peurs, jalousie etc.
Identification très hasardeuse
-
Difficulté à faire parler le narrateur à la 1
ère
personne, à jouer la carte
de l’identification avec des personnages qui ont 10 000, 100 000, 1
million d’années ? Du reste, très peu de romans préhistoriques sont
écrits à la 1
ère
personne. L’édition propose beaucoup de romans
d’apprentissage ou de formation mais pour quelle crédibilité lorsqu’il
s’agit de s’identifier à des cultures, voire des espèces humaines
disparues ?
Repères spatiaux-temporels
L’enfant possède des acquis :
-
il peut identifier le lieu, le connaître même
(Paris, Venise…),
-
il peut connaître l’époque où se déroule l’action
(aujourd’hui, guerre 14-18, Moyen âge, la Grèce
antique…)
-
il peut connaître un personnage historique qui
apparaît dans le roman
Préjugés et représentations erronées
L’enfant possède peu de références mais beaucoup d’a priori, de
préjugés, préhistoire mythologique (un monde hostile, dangereux, homme
des cavernes, homme-singe, feu qui jaillit de deux silex…)
-
le lieu reste souvent imprécis, à l’échelle d’un continent, pas de repères
architecturaux qui soit parvenu jusqu’à nous à l’exception des
mégalithes)
-
dans l’immensité du Paléolithique, les repères temporels sont difficiles
à appréhender pour l’enfant (comme pour l’adulte). Quelques romans
affichent une datation précise mais cela ne parle guère au lecteur. Faire
percevoir une chronologie relative (la bipédie avant le feu, le feu après
l’outil, l’art après le feu etc…), c’est déjà beaucoup.
-
la Préhistoire ne comporte pas d’autres personnages historiques que
ceux que les anthropologues et les média ont bien voulu créer. Après
tout, Lucy était peut-être une ratée, et l’Homme de Tautavel l’idiot de
la Caune…
Références culturelles
La fiction peut inclure des éléments culturels qui vont
rappeler l’environnement de l’enfant, sa vie scolaire,
ses loisirs sportifs, l’évocation d’un chanteur à la
mode, d’une marque de vêtement, d’une émission de
télé…
Autres cultures, autre monde
Toute la culture paléolithique est à mille lieues du quotidien du petit
occidental de 2003 : l’outillage, les techniques de chasse, les pratiques
artistiques, les comportements sociaux et spirituels. Les notions même de
nomadisme ou de prédation dans un monde de sédentaires et de producteurs
sont difficiles à concevoir. Même en sautant par-dessus l’obstacle de l’écrit,
en pratiquant l’archéologie expérimentale, on s’expose à bien des
contresens.
Niveaux de langue coutumiers au lecteur
Utilisation de dialogues avec des niveaux de langue
familiers ou au moins accessibles au lecteur. Parfois
même, emploi d’expressions, de tics de langage, de
constructions argotiques propres à un certain milieu,
une classe d’âge, une origine géographique. Le héros
parle au lecteur, parle comme le lecteur.
Qui parle le magdalénien
?
Concernant les niveaux de langue dans les cultures aurignacienne ou
magdalénienne, bien peu de spécialistes sont capables d’en faire une
thèse… Du reste les romanciers restent le plus souvent en retrait sur la
question et adoptent la plupart du temps des borborygmes étranges (ahrr !,
orghh ! ourchht ! etc), des noms propres assez stéréotypés (le chaman sera
celui-qui-parle-aux-esprits-de-la-caverne, le préposé au feu celui-qui-fait-
naître-la-flamme etc.) et des dialogues « à la Tarzan ». Et si le récit
préhistorique avait pris la place de la Conquête de l’Ouest américain ?
La fiction préhistorique induit de fait une marge interprétative très large chez l’auteur, lequel est obligé de beaucoup fabuler. C’est
une des raisons qui peut expliquer le peu d’intérêt que les scientifiques manifestent souvent vis à vis de cette production littéraire :
toute fiction préhistorique transforme des hypothèses scientifiques en vérité d’un jour, ou au moins d’une page. Cela ne va pas dans le
sens du tempérament circonspect du préhistorien. M. Serge Maury lors de son intervention en octobre 2002 sur le documentaire
préhistorique insistait beaucoup sur le fait que la connaissance en préhistoire reposait essentiellement sur la fouille, un sol
d’occupation, un « tas de cailloux », quelques traces et ossements pour aider à reconstruire une image mentale - voire réelle dans le
cas d’une illustration - d’un monde plusieurs fois millénaires. C’est à la fois énorme et bien peu de choses. La fiction ajoute à ce doute
constructif personnages, sentiments, faits de société, ce qui perturbera davantage encore un esprit épris de rationalité.
L’histoire de la scénographie des musées consacrés à la Préhistoire met bien en évidence cette pudeur à raconter l’humain. Longtemps
nos musées de Préhistoire ne furent que des alignements de silex qui ne se préoccupaient guère de la main qui les a taillés.
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