Science et démocratie

Dominique Szczesny

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• Publié par: ovehoqux
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Extrait

Science et démocratie   Eclairage sur le thème (définitions)   Définition de la science : de scientia , de scire savoir.  Savoir, connaissance supérieure, universelle, opposée aux opinions particulières, et théorique; connaissance positive reposant sur des critères précis de vérification permettant une objectivité des résultats. Il y a des sciences mais une unité de méthode; cependant on distingue sciences expérimentales, sciences formelles, sciences humaines.   Définition de la démocratie ; de demos (peuple) et cratein (pouvoir) Organisation politique dans laquelle c'est le peuple, c'est-à-dire l'ensemble des citoyens sans distinction de naissance, de richesse ou de compétence , qui détient, ou qui contrôle le pouvoir politique. La démocratie suppose notamment la loi de la majorité .   Quelles relations alors entre science et démocratie? En quoi la démocratie n'est-elle pas scientifique? Il n'y a pas de vérité du devoir être du pouvoir, au mieux une opinion droite; la démocratie repose sur la raison universelle, sur le consentement éclairé à une décision majoritaire, un respect de l'autre. Il n'y a pas de science politique, si la politique ne peut pas être scientifique (au mieux elle peut être un art); on peut critiquer la démocratie au nom de l'opinion éclairée, d'une certaine compétence mais le problème de l'expertise se pose : qui doit décider? Le citoyen ou l'expert? La compétence donne-t-elle des droits? Le savant n'a pas tous les droits. En science, pas de séduction, de fascination, d'intimidation, de falsif ication, de corruption, toutes souvent à l'œuvre dans la démocratie Selon Bruno Escoubès, physicien des particules au CNRS, la science et la démocratie sont les deux activités les plus liées à la singularité de l'homme par rapport à l'animal, à sa place dans l'évolution : la recherche de la connaissance et la quête des meilleurs conditions de la vie en société. Cependant le pouvoir s'abrite souvent derrière des rapports d'experts choisis par lui pour justifier, au nom de la science, des politiques décidées sans consultation démocratique : une manipulation que les citoyens doivent dénoncer et que les scientifiques ont l'obligation de combattre. La science peut aider à conforter la démocratie, alors que les méthodes de chacune sont bien distinctes : ce n'est pas la majorité qui a raison dans une discussion scientifique, mais celui qui propose le modèle le plus explicatif et le plus prédictif, même s'il est seul contre tous. Jean-Marc Lévy-Leblond (physicien, université de Nice) pose le problème de la compétence du citoyen. Il faudrait que les politiques demandent aux citoyens leur avis, mais aussi que les citoyens soient en état de donner une opinion suffisamment bien informée; or collectivement, nous sommes trop peu compétents. Cependant si des gens sont cap ables de faire fonctionner une centrale nucléaire avec des compétences limitées à des secteurs particuliers, sans que personne n'ait la maîtrise de l'ensemble, alors il n'est pas nécessaire de demander au citoyen pour avoir le droit de donner son avis, d'e n savoir plus que l'ingénieur de la centrale ou plus que le politicien qui va décider. Il y a un minimum culturel nécessaire, qui serait analogue à cette compétence que nous avons acquise en matière sociale et politique. On donne bien le droit de vote à des gens qui n'ont pas lu la constitution ou qui en comprendraient 10% s'ils la lisaient. Cependant le public désinstruit ou manipulé peut faire voter des lois pour interdire l'enseignement d'une théorie scientifique ou lui imposer une parité avec les mythes d'une église ou d'une secte. Il faut aussi veiller à ce que certaines formes de "démocratisation " de la science ne conduisent à une "scientisation" de la démocratie.