Demain n existe pas: Par delà la porte
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Publié le 10 mars 2013
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Paternité, pas de modification
Langue Français

Extrait

Demain n'existe pas
Par delà la porte
Tancrède Bouglé
Il faut bien l'avouer, je suis un sale gosse. Un immonde bambin qu'on aurait bombardé de cadeaux, trop gâté et qui se plaint parce qu'il ne peut pas commander de la gastronomie au McDo. On m'a récemment demandé quelque chose d'intéressant. Si le système est si mauvais, pourquoi y participer? Pourquoi avoir fait des études aussi profondément représentatrice de ses dérives et globalement pourquoi ne pas aller élever des chèvres en Bolivie. Ce à quoi je répondrais que je ne parle pas ni espagnol ni chèvre ce qui limite sérieusement les possibilités de succès.
J'ai donc pensé à me justifier en attrapant mon PC branché sur internet et en m'asseyant sur mon canapé dans ma chambre chauffé d'un appartement assez grand pour que je puisse y vivre sans marcher sur les colocataires. Faisant craquer mes doigts je m'apprétais à écrire une réponse majestueuse, pleine de trémolo et qui ferait se lever les foules pour renverser les tyrans et les banquiers qui veulent nous faire croire que demain existe (et les organisateurs de mariage, ne les oublions pas, eux aussi seront jugés lors du Grand Soir).
Me disant que sur le moment je n'avais pas l'inspiration je me suis levé, j'ai contourné ma table basse pour me diriger dans la cuisine où, ouvrant un réfrigérateur, j'écartais les fromages et la viande pour m'attraper une bière fraiche que j'ouvrais en faisant un truc d'auteur comme m'allumer une cigarette ou regarder pensivement le coucher de soleil en réfléchissant au sens de la vie et de l'Univers qui comme chacun sait est 42.
Normalement là vous avez dû commencer à comprendre où je veux en venir. Sinon je ne peux pas faire grand chose à part vous conseiller de faire du poney. Aucun rapport avec la choucroute, je sais mais être sensé est tellement petit-bourgeois. Le fait est que le système est mauvais, je ne suis pas le premier à le dire et je ne serai pas le dernier. Mais, attention plot twist, peut-être n'est-il pas entièrement mauvais. Ce qu'il y a de bien c'est qu'il laisse
la possibilité de faire autre chose. Le travail que nous avons ne nous a pas été attribué, nos passions et ce que nous en faisons ne viennent pas d'un tirage au sort arbitraire fait par quelque valet abject d'un capitalisme aveugle. Un soir d'hiver alors que le tonnerre roulait dehors, il aurait tiré des tickets d'un grand bol et aurait annoncé d'une voix grinçante «il aimera les lolcats, et lui le macramé, et lui n'aimera rien mieux que procrastiner sur un canapé ». Sous la lumière vacillante d'un vieux lustre il aurait ensuite éclaté d'un rire maniaque un verre de cognac à la main. On sait bien que ça ne se passe pas comme ça. Et pourtant on se complait (moi le premier) dans l'accusation du système pour justifier une vie trop peu intéressante.
Le système a ça d'extraordinaire que dans nos contrées européennes où la vie est douce et où le temps de travail est limité, nous disposons d'assez de temps pour faire quelque chose de nos heures de liberté. Si le système n'est pas parfait voire même franchement aliénant à certains moments, il a ici été suffisamment encadré pour offrir une échappatoire. Nous pouvons nous y tailler une place, un coin de créativité. Oublier de le faire c'est laisser l'oubli et l'aliénation gagner, c'est laisser les vieilles habitudes en place, c'est laisser croire que le système tel qu'il est actuellement est la seule issue. Mais ce n'est pas le cas. Nous pouvons changer tout ça. C'est possible, c'est à notre portée. C'est à nous et nous seuls de choisir de prendre du temps pour apporter quelque chose à ce monde, pour créer tout simplement. Nous ne devons pas, nous ne pouvons pas permettre qu'il en soit autrement. Nous devons nous interdire de se laisser enchaîner. Le travail actuel ne peut pas nous enchaîner, pas complètement.Il doit légalement nous laisser suffisamment de temps pour nous épanouir. Et c'est là qu'est notre cache, c'est là que sont nos armes. C'est là, entre hier et un hypothétique demain immuable que nous devons rêver d'un autre monde où ceux qui le veulent pourront s'épanouir. Oublier cela c'est s'arrêter. S'arrêter c'est tomber. Et nous n'avons pas les moyens de tomber.
Nous nous plaisons à imaginer le système comme une sorte de grande porte pourvue de chaînes faite exprès pour nous enfermer, nous empêcher de nous exprimer mais à trop nous morfondre nous oublions que nous avons tous la clé et que c'est le devoir de chacun de s'en sortir, de voir le jour avant de pouvoir
aider ceux qui sont encore derrière. Ouvrons la porte, un nouveau jour nous
attend, si nous prenons la peine de le rêver.
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