Je n’ai jamais cru que cela pouvait se produire dans la vraie vie -et ce n’est pas faute de l’avoir lu et relu dans les magazines féminins - mais pourtant voilà, c’est arrivé : je me suis réveillée un matin et mon amour pour toi avait disparu. Je me suis réveilléece matinet mon amour pour toi avait disparu.
J’ai découvert que tu as un début de calvitie, une bedaine confirmée, de gros pieds et des chemisettes à carreaux plein ton armoire. Je ne parle pas de ta moustache, je n’ai jamais supporté cela chez un homme. Je ne dis pas cela pour te blesser, bien au contraire : ce ne sont pas des reproches, ce sont des faits, cela te fait sans doute ni chaud ni froid car depuis le temps, tu as bien dû t’habituer à ces aspects de ta personne. Mais imagine le choc que cela a pu être pour moi ! Rien de tout cela ne m’était apparu jusqu’alors, aveuglée que j’étais par l’amour que je t’ai porté, aussi fort qu’inconditionnel.
Seulement voilà, de cet amour, il ne reste rien, et tu m’en vois sincèrement désolée. Il aurait été plus simple pour moi de continuer à vivre comme avant, sans me poser de questions ; je suis fatiguée rien qu’à l’idée de ce qui m’attend - prendre un appartement, déménager mes affaires, expliquer la situation à mes parents, subir les regards pleins de pitié de ceux de nos amis qui auront choisimon camp.
Je te souhaite de traverser avec ton indéfectible sérénité cette épreuve qui vient compromettre nos projets d’acheter une voiture et d’adopter un chat (note malgré tout que d’une certaine façon, c’est une bonne chose que cela arriveavantque nous ayons fait ces pas supplémentaires sur le chemin de l’engagement), et de survivre du mieux que tu pourras à cette disparition aussi brutale qu’inexpliquée, aussi imprévisible que définitive.