Prépa – Philosophie – Cours – Dieu et le scandale du mal
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Caroline Sarroul Philosophie Classes préparatoires - Programme 2011-2012 LE MAL DIEU ET LE SCANDALE DU MAL (Approche critique de la question soulevée par Rousseau dans la Profession du vicaire savoyard et de sa réponse) Caroline Sarroul 1 Caroline Sarroul Philosophie LE SCANDALE La Rochefoucauld reprenant Héraclite soutenait dans une de ses célèbres maximes que : « le soleil ni la mort ne se peuvent regarder en face » (Maxime 26). On serait donc ici, selon lui, face aux limites du visible et du pensable, même si sans eux rien ne peut être ni vu ni pensé : le soleil est en effet la condition de la visibilité et la mort, la condition de notre condition humaine. Mais on pourrait y ajouter le mal, sans lequel le bien-être, le Bien, la vertu ne seraient pas, l'homme ne jouissant que par contraste, comme le soulignait Freud et l'action morale présupposant la liberté, la dualité du bien et du mal et sa connaissance. On se trouverait donc face au mal devant une nouvelle limite de la pensée. Paul Ricœur le soulignait d'ailleurs, c'est « le point critique de toute pensée philosophique ». « Le mal, c'est ce qui est et ne devrait pas être, mais dont nous ne pouvons pas dire pourquoi cela est » écrivait-il dans son article Le scandale du mal dans la revue Esprit en 1988.

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Publié par
Publié le 28 juin 2013
Nombre de lectures 179
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Caroline Sarroul
Philosophie






Classes préparatoires - Programme 2011-2012





LE MAL







DIEU ET LE SCANDALE DU MAL

(Approche critique de la question
soulevée par Rousseau dans la Profession du vicaire savoyard
et de sa réponse)




Caroline Sarroul
1 Caroline Sarroul
Philosophie


LE SCANDALE
La Rochefoucauld reprenant Héraclite soutenait dans une de ses célèbres maximes que : « le soleil ni
la mort ne se peuvent regarder en face » (Maxime 26). On serait donc ici, selon lui, face aux limites du
visible et du pensable, même si sans eux rien ne peut être ni vu ni pensé : le soleil est en effet la
condition de la visibilité et la mort, la condition de notre condition humaine.
Mais on pourrait y ajouter le mal, sans lequel le bien-être, le Bien, la vertu ne seraient pas, l'homme
ne jouissant que par contraste, comme le soulignait Freud et l'action morale présupposant la liberté, la
dualité du bien et du mal et sa connaissance.
On se trouverait donc face au mal devant une nouvelle limite de la pensée. Paul Ricœur le soulignait
d'ailleurs, c'est « le point critique de toute pensée philosophique ». « Le mal, c'est ce qui est et ne devrait
pas être, mais dont nous ne pouvons pas dire pourquoi cela est » écrivait-il dans son article Le scandale
du mal dans la revue Esprit en 1988.
L'existence du mal est protéiforme : dans ses Essais de Théodicée (1710) Leibniz distinguait 3
modalités du mal : « on peut prendre le mal métaphysiquement, physiquement ou moralement. Le mal
métaphysique consiste dans la simple imperfection, le mal physique, dans la souffrance et le mal moral
dans le péché »
L'existence du mal est un scandale. Et c'est pour les deux dernières modalités qu'il est scandaleux, car
notre imperfection est la simple conséquence de notre finitude. Il est un scandale parce que, qu'il soit
subi ou commis, le Mal physique (la souffrance de la victime) ou moral (la faute du coupable) nous
apitoie, indigne et révolte mais aussi parce qu'il est ce qui se met en travers de la route, il est l'obstacle à
notre bonheur, à notre action vertueuse, à notre volonté de tout rationaliser, de trouver du sens à tout.
Il est un scandale pour la raison mais il peut aussi être un obstacle à notre foi en un Dieu, si nous
l'avons. En effet, il semble difficile de concilier l'existence d'un Dieu créateur tout puissant, parfait,
bienveillant et celle du Mal. Saint Thomas d'Aquin dans sa Somme théologique (Question2, article 3)
pose bien le problème : "De deux contraires, si l'un est infini, l'autre est totalement aboli. Or, quand on
prononce le mot Dieu, on l'entend d'un bien infini. Donc, si Dieu existait, il n'y aurait plus de mal. Or,
l'on trouve du mal dans le monde. Donc Dieu n'existe pas". Voilà en effet le raisonnement qui conduit à
l'athéisme. Dieu n'existe pas puisque le mal existe et que le monde est donc mal fait, d'autant plus mal
fait que le mal frappe aveuglément, injustement (la souffrance des innocents étant le scandale des
scandales) et sans répit (la permanence du mal étant la marque d'un vice de forme, que rien ne semble
pouvoir corriger).
« Pour les philosophes, la souffrance est la plus grande difficulté à laquelle la religion se trouve
confrontée. L'un dit que c'est le seul argument athée méritant d'être pris au sérieux. Pour un autre, une
souffrance non méritée est un plus grand obstacle à la foi que toutes les objections théoriques réunies.
La souffrance non méritée est la roche sur laquelle repose l'athéisme » reconnaît le théologien Richard
Rice en 2000 dans son article Trouver un sens à la souffrance dans la revue religieuse Dialogue.
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