Dissertation d histoire- Points communs et spécificités des régimes soviétique et nazi dans les années 1930
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SUJET: POINTS COMMUNS ET SPÉCIFICITÉS DES RÉGIMES SOVIÉTIQUE ET NAZI DANS LES ANNÉES1930 Corrigé d’un sujet d’histoire - Les Cours du Parnasse, institut de préparation à Sciences Po I - UN CONTEXTE DE MISE EN PLACE PROCHE NE DISSIMULANT PAS DES DIFFÉRENCES IDÉOLOGIQUES FONDAMENTALES.................................................................................................................. 5 A - Une même façon de penser la politique née en réaction à la Première Guerre mondiale ........... 5 B - Des projets idéologiques très éloignés : racisme guerrier contre prolétariat transnational ......... 6 II - UN EXERCICE DU POUVOIR EN APPARENCE PARTAGÉ MAIS NUANCÉ PAR DES CONTEXTES NATIONAUX SPÉCIFIQUES......................................................................................................................... 7 A - Parti unique, culte du chef et appareil policier surdimensionné : le triptyque commun de l’organisation totalitaire au pouvoir.................................................................................................... 7 B -Des particularismes nationaux transformant l’exercice du pouvoir.............................................. 8 III - UNE HAINE COMMUNE DE L’ALTÉRITÉ AUX MODALITÉS D’EXPRESSION SPÉCIFIQUES............................ 9 A - Des sociétés embrigadées, des ennemis caractérisés ................................................................... 9 B - Un pouvoir de terreur aux effets différents..................

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Publié le 08 janvier 2015
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Langue Français

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SUJET:POINTS COMMUNS ET SPÉCIFICITÉS DES RÉGIMES SOVIÉTIQUE ET NAZI DANS LES ANNÉES1930 Corrigé d’un sujet d’histoire- Les Cours du Parnasse, institut de préparation à Sciences Po -I-UN CONTEXTE DE MISE EN PLACE PROCHE NE DISSIMULANT PAS DES DIFFÉRENCES IDÉOLOGIQUES FONDAMENTALES.................................................................................................................. 5 A - Une même façon de penser la politique née en réaction à la Première Guerre mondiale ........... 5 B - Des projets idéologiques très éloignés : racisme guerrier contre prolétariat transnational ......... 6 II-UN EXERCICE DU POUVOIR EN APPARENCE PARTAGÉ MAIS NUANCÉ PAR DES CONTEXTES NATIONAUX SPÉCIFIQUES......................................................................................................................... 7 A - Parti unique, culte du chef et appareil policier surdimensionné : le triptyque commun de l’organisation totalitaire au pouvoir.................................................................................................... 7 B -Des particularismes nationaux transformant l’exercice du pouvoir.............................................. 8 III-UNE HAINE COMMUNE DE LALTÉRITÉ AUX MODALITÉS DEXPRESSION SPÉCIFIQUES............................ 9 A - Des sociétés embrigadées, des ennemis caractérisés ................................................................... 9 B - Un pouvoir de terreur aux effets différents................................................................................. 10
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Cadrage du sujet
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Ce sujet exige de la part des candidats une solide culture conceptuelle autour du concept de totalitarisme. Il est nécessaire de savoir le définir et de maîtriser les grandes lignes des travaux de Hannah Arendt. Une approche, même sérieuse, qui serait uniquement événementielle ne saurait suffire pour le concours de Sciences Po Paris. Peut-être suffisante pour un « élève lambda » pour le baccalauréat, ellemanquerait d’envergure intellectuelle pour un concours qui exige de se distinguer des autres candidats.
Une réflexion sur les bornes chronologiques proposées demeure cependant indispensable, tout comme une connaissance de la chronologie des totalitarismes (genèse, apogée, essoufflement et chute). Introduction
Accroche: En 1997, dans l’introduction de l’ouvrage collectif intituléLe livre noir du communisme, Stéphane Courtois affirme que «la mort de faim d’un enfant de koulak ukrainien délibérément acculé à la famine par le régime stalinien vaut la mort de faim d’un enfant juif du ghetto de Varsovie.» Fortement critiquée au sein de la communauté des historiens, cette comparaison entre nazisme et stalinisme renvoie plus largement à la notion de totalitarisme, et à une éventuelle unification des systèmes totalitaires.
Définition des termes du sujet et mise en tension du sujet: Le terme de totalitarisme apparaît pour la première fois dans un discours prononcé le 12 juin 1925 par Mussolini qui y affirme sa « féroce volonté totalitaire ». Le terme de « stato totalitario » se développe ensuite dans la langue italienne de 1925 à 1930. Fin novembre 1932 le « totale Staat » surgit en Allemagne avec le discours de Carl Schmitt qui se réfère au modèle italien pour convaincre les grands patrons de la métallurgie et de la banque de la nécessité de construire « une économie saine dans un Etat fort », ce qu’ils feront en adressant à Hindenburg leur « Supplique » (l’Eingabe), où ils lui demandent de nommer auplus tôt Hitler chancelier, ce qui sera fait le 30 janvier 1933. Né avec le fascisme italien, le terme de totalitarisme demeure flou jusqu’à sa théorisation après la Seconde Guerre mondiale par Hannah Arendt ère dansLes origines du totalitarisme (1 édition en 1951 traduite en français par Raymond Aron). Philosophe juive américaine et d’origine allemande, elle définit les critères des régimes totalitaires qu’elle distingue nettement de simples formes d’autoritarisme. Le totalitarisme renvoie à des régimes politiques dans lesquels l’idéologie, qui peut être différente d’un régime à l’autre (fascisme, nazisme et stalinisme par exemple), joue un rôle majeur, en excluant toute possibilité de débat afin de plier le réel à des lois qui seraient supérieures qu’elles soient « biologiques » pour le nazisme ou économiques pour l’Union Soviétique. Les régimes totalitaires se caractérisent par ailleurs par une atomisation des masses derrière l’hégémonie d’un
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parti unique, par une volonté d’encadrement total de la sociétéoù la terreur sert de mode de domination.
Mise en tension du sujet et travail sur l’intitulé du sujeter oQuand ? : 1917 années 1930. La période s’étend de l’apparition du 1régime totalitaire en URSS, avec la Révolution d’Octobre en 1917, jusqu’à la fin des années 1930 qui marque la plongée du monde dans la Seconde Guerre mondiale du fait des totalitarismes bruns (nazisme essentiellement et fascisme plus à la marge). 1945 ne marque pas la fin du totalitarisme rouge puisque Staline figure dans le camp des vainqueurs à Yalta. (En conclusion de la composition, il conviendra de nuancer les bornes du sujet en indiquant qu’il est nécessaire de les prolonger, pour l’URSS, au moins jusqu’en 1953, date de la mort de Staline). oQui ?: il est important d’exclure lefascisme du traitement du sujet. Il faut le mentionner brièvement, mais explicitement pour que votre correcteur n’ait aucun doute là-dessus. o« pratiques communes »: ce terme fait écho aux moyens mis en œuvre par les régimes totalitaires une fois installés au pouvoir. Il renvoie à des similitudes, à des parentés éventuelles dont il faudra discuter de la véracité et des modalités. Ce terme demande de centrer l’analyse sur les moyens communs utilisés une fois la conquête du pouvoir réalisée. Un rappel de l’ascension vers le pouvoir est possible, par contre une partie entière consacrée à cette dernière est à exclure. o« et spécificités » : le terme invite le candidat à nuancer et préciser son analyse en mettant en lumière des ressorts et des mécanismes différents et singuliers entre le régime nazi et le régime soviétique. Il s’agit d’un thème faisant débat entre historiens qui, globalement, dégagent des spécificités d’ordre idéologique entre les systèmes totalitaires. Une analyse est à mener entre une approche assimilationniste et une distinction totale des deux régimes à étudier. ProblématiqueoProblématique restrictive et tombant dans la paraphrase : en quoi ces régimes diffèrent-ils et se ressemblent-ils ? oProblématique plus « qualitative » mais qui possède le défaut d’indiquer trop nettement la réponse au sujet dès l’introduction: en dépit de points communs nombreux, pourquoi peut-on dire qu’il n’existe pas un mais des régimes totalitaires de 1917 à la fin des années 1930 ? oProblématique mieux ajustée au sujet : Pourquoi la notion de régime totalitaire doit-elle être enrichie pour faire émerger, non pas un, mais des totalitarismes durant les années 1930 ?
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Plan: comme pour chaque sujet, plusieurs plans sont envisageables. oPour autant, certains sont à proscrire totalement. Ici, le plan prohibé est le suivant : I. Le régime nazi II. Le régime soviétique dans les années 1930 oUn plan en deux parties est tout à fait recevable. L’intitulé binaire du sujet le justifie. Il convient dans ce cas de veiller scrupuleusement à associer au mieux les deux régimes dans chaque partie et sous partie, et ainsi à éviter de les juxtaposer. Le défaut de ce plan consiste par contre à verser dans un plan segmenté, potentiellement fermé et manquant de dynamique thématique. Exemple de plan recevable :
I. Les similitudes entre deux totalitarismes : des régimes qui asservissent l’hommeA- Des régimes qui reposent sur des idéologies visant à créer un homme nouveau B- Une organisation du pouvoir comparable : le parti unique, le chef C-L’embrigadementde la société II. Des régimes pourtant spécifiques A- Des objectifs idéologiques fondamentalement différents B-Une mise en œuvre de la terreur très variableC- Des contextes nationaux différents
oUn plan en trois parties est parfaitement adapté à partir du moment où l’on possède un bagage thématique suffisant pour construire une démonstration fluide et dense. Les sous-parties permettent alors de ré introduire une opposition entre les deux régimes en conservant une logique thématique. Ce plan est sans doute plus exigeant. Il nécessité du recul sur le thème et une maîtrise aboutie du sujet. Il permet aussi de faire la différence dans une logique de concours.
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I - UN C O N T E XT E DE MI SE E N P LA C E PRO C HE N E D I S SI M U LA N T PA S DE S DI F F É RE N C E S I D É O L O G I Q UE S F O N DA ME N T A LE S
A - UNE MÊME FAÇON DE PE NSER LA POLITIQUE N ÉE EN RÉACTION À LA PREMIÈRE GUERRE MOND IALE
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a. La genèse des régimes totalitaires nazi et soviétique est comparable car marquée dans les deux cas par le traumatisme de la Première guerre mondiale. Russie : pays pauvre et immense soumis au pouvoir absolu du Tsar. 1GM est un désastre pour l’armée russe qui est battue par les Allemands (perte de 2 millions d’hommes). Février 1917: pénurie alimentaire entraîne des émeutes à Saint Pétersbourg et des mutineries dans l’armée. Tsar abdique début mars. Gouvernement provisoire renversé par la Révolution d’Octobre 1917 (les bolcheviks prennent Saint Pétersbourg le 25 octobre 1917). Lénine arrive au pouvoir. Allemagne: Une révolution contraint l’Empereur à abdiquer le 9 novembre 1918 (liée à la 1GM). République de Weimar mal aimée. Les conséquences de la guerre se font ressentir : le Diktat de Versailles, la crise économique aggravée par le remboursement des frais de guerre et de reconstruction aux vainqueurs. + crise de 1929. 1932 : 14 millions de chômeurs. Entre 1928 et 1932, le NSDAP passe de 2% à 37% des voix. 30 janvier 1933 : Hitler est chancelier. b. Contexte commun de la 1GM : la «brutalisation des sociétés» (François Furet) avec un phénomène de routinisation de la guerre surtout chez les soldats démobilisés. Ces derniers importent dans les années 1920 dans la vie civile des habitudes du front avec des agissements marqués par la guerre. Exemple: association d’anciens combattants en Allemagne et surtouten Russie, des milices, des bandes faisant régner la terreur. Forme de préparation au totalitarisme car le tout est permis devient possible. c. Tout cela crée une nouvelle façon de penser la politique. Sur la forme : violence, haine. Sur le fond : dépasser la colère de la 1GM, prendre une revanche et créer un homme nouveau. La création d’un homme nouveau: point commun dans le régime nazi et soviétique. En Allemagne, Hitler expose dès 1925 son idéologie dansMein Kampf. Elle repose sur l’exaltation de la «race aryenne » qui se doit de rester pure et de
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conquérir son espace vital, au détriment des « races inférieures » (Juifs, Slaves). En URSS, la doctrine s’articule autour du marxisme, qui vise à établir une société sans classe à travers la dictature du prolétariat.
B - DES PROJETS IDÉOLOGIQUES TRÈS ÉLOIGNÉS : RACISME GUERRIER C ONTRE PROLÉTARIAT TRANSNATIONAL
a. Des projets différents Nazisme :dès l’origine, le nazisme est une idéologie antisémite et raciste et porte une logique de guerre. Si la politique d’extermination n’est décidée qu’en 1941, les lois d’exclusion sont mises en place en Allemagne dès 1933. Hitler a repris à son compte le programme du pangermanisme du XIXe et lui donne une connotation raciale. Toutes les populations de langue et de sang allemands vivant en Europe doivent être rassemblées dans un seul Etat. Il s’agit de fonder un Reich, un empire. Le peuple aryen considéré comme supérieur doit conquérir son Lebensraum aux dépens des peuples inférieurs, tels que les Slaves. La politique d’épuration s’aggrave avec le renforcement des mesures adoptées contre les Juifs : en 1935, avec les lois de Nuremberg, les Juifs perdent leur citoyenneté et leurs biens peuvent être confisqués ; le 9 novembre 1938, lors de la nuit de Cristal, 280 synagogues sont incendiées et plus de 30 000 Juifs arrêtés. Régime soviétique : le projet communiste conserve une dimension universelle et émancipatrice: l’objectif consiste à établir une société sans classes et au départ, il s’agit même d’exporter la révolution aux autres pays (avant que Staline n’élimine Trotski). C’est pourquoi dans la politique de terreur qui se met en place, sont considérés comme ennemis, non pas ceux qui sont rejetés hors de la société (Juifs, homosexuels…), mais ceux qui ne partagent pas l’idéologie communiste définie par Staline (bourgeois, koulaks, trotskistes, etc.). Le fondement du totalitarisme stalinien est donc bien différent du nazisme, qui fait d’ailleurs de l’anticommunisme un élément de leur lutte commune.
b. Un rapport à la guerre distinct : Le totalitarisme soviétique relève d’une pathologie universelle avec un prolétariat transnational. Le communisme condamne la guerre comme une méthode utilisée par les nations bourgeoises pour freiner l’unité des prolétaires.Le nazisme semble éloigné radicalement du message communiste avec une référence à la communauté nationale traduisant une pathologie de l’enfermement. Le régime glorifie la guerre comme
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exaltation des vertus guerrières et du culte de la force. Idée d’une culture teutonique. La guerre purifie par le sang les vices des hommes et du compromis. Exemple : les membres fondateurs du Pari Nazi sont d’anciens soldats, eux se sont battus alors que les Juifs étaient à l’arrière. La beauté de la guerre rendrait plus fort.c. Différences idéologiques dans le rapport à la démocratie également. Le Parti Nazi est antidémocratique et le revendique. Hitler au pouvoir ne rédigera pas de constitution et affiche son mépris ouvert de la démocratie. Staline de façade fera croire que l’URSS est une démocratie er populaire. Article 1 de la constitution de 1936 : «La constitution de l’URSS est la constitution la plus démocratique du monde.» Face aux fausses démocraties bourgeoises, la démocratie prolétarienne existe.
I I - UN E XE RC I C E DU PO U VO I R E N A PPA R E N C E PA RT A G É MA I S N UA N C É PA R DE S C O N T E XT E S N A T I O N A UX SPÉ C I F I Q U E S
A - PARTI UNIQUE, CULTE DU CHEF ET APPAREIL POLICIER SURDIMENSIO NNÉ : LE TRIPTYQUE COMMUNDE L’ORGANISATION TOTALITAIRE AU POUVOIR
a. Dans les deux cas, il y a un parti unique qui monopolise tout le pouvoir : NSDAP et PCUS. La sphère politique ne dépend que du parti et de ses satellites. Le parti domine l’ensemble de l’activité sociale.Exemple : En URSS, la représentation populaire des soviets, héritée de la révolution de 1917, est le fondement juridique du régime, mais c’est en fait le Parti communiste qui détient les pouvoirs (candidat unique aux élections). b. Appareil policier surdimensionné : moyens importants pour la police politique. Multitude d’indicateurs, de réseaux de renseignement et de dénonciation (en Allemagne et, encore plus, en URSS). c.Le culte du chef. L’idéologie devient la vérité absolue.En Allemagne, Hitler cumule les fonctions de chancelier et Reichsführer à partir de 1934 et de la mort de Hindenburg, le Führer fait l’objet d’une véritable vénération, quasi religieuse; le NSDAP ainsi que les milices armées doivent lui être personnellement dévouées. Staline développe progressivement un culte de la personnalité (portraits et statues de Staline partout) et les contestations sont
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réduites à l’intérieur du parti (cf procès de Moscou). Les régimes totalitaires ont donc en commun de développer une propagande autour du régime et notamment de son chef: l’objectif est de créer un lien spécifique avec les masses, par les discours devant la foule (Hitler à Nuremberg), l’instauration de rituels (Heil Hitler avec bras tendu en Allemagne) qui doivent souder la société autour de son chef, en jouant sur l’effet de foule et la présence charismatique du chef.
B - DES PARTICULARISMES NATIONAUX TRANSFORMANT L’EXERCICE DU POUVOIR
a.L’organisationtotalitaire du pouvoir est la même. Mais, les spécificités des sociétés allemande et soviétique font émerger des différences, des particularismes nationaux qui transforment l’exercice du pouvoir dont les modalités sont spécifiques à chaque régime. b. En Allemagne : l’héritage de la Grande Guerre est plus marqué (humiliation du diktat de Versailles) et la crise économique a permis l’arrivée au pouvoir de Hitler, qui reprend à son compte une partie des théories pangermanistes et antisémites de la droite allemande qui existent depuis le XIXe. Les populations peuvent être séduites par les promesses de meilleures conditions d’existence et les réussites apparentes du régime : la politique de grands travaux ainsi que la politique de réarmement réduisent le chômage. La forme de l’autorité relève d’une autorité charismatique. Selon l’historien britannique Ian Kershaw, le nazisme est inséparable de la personne de Hitler. Il accède au pouvoir par ce charisme. Le régime ne s’imagine pas continuer sans son fondateur, ou en tout cas très difficilement. c. En URSS : la société est profondément transformée (développement de l’urbanisation, de l’industrie), mais le poids économique et social de la paysannerie, qui constitue la très grande majorité de la population, limite la portée idéologique du régime. La résistance de ces populations a été particulièrement forte, ce qui en fait un ennemi prioritaire du régime : nombreuses émeutes paysannes, maintien du sentiment religieux. En outre, la géographie et l’immensité du territoirenécessitent une forme de pouvoir très spécifique.
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Le régime soviétique fonctionne grâce à une autorité bureaucratique. Le système va d’ailleurs perdurer au-delà de Staline grâce à cela.
I I I - UN E HA I N E C O M MU N E DEL’ A LTMO DA LI T ÉA UX É RI T É S D ’ E XP RE SSI O N SP É C I F I Q UE S
A - DES SOCIÉTÉS EMBRIGADÉES, DES ENNEMIS CARA CTÉRISÉS
a.Dans le système totalitaire, l’homme doit se fondre dans la masse: l’individu doit s’en remettre à l’Etat qui gère tout, la vie publique comme la vie privée. Les Etatstotalitaires entendent forger un homme nouveau, intégré à l’ordre collectif. Pour cela, la société est encadrée dès le plus jeune âge, par des organisations pour la jeunesse, visant à diffuser l’idéologie du régime et former les hommes nouveaux : en Allemagne, les Jeunesses hitlériennes(dont l’adhésion est obligatoire à partir de 1936) ; en URSS les Jeunesses communistes (pionniers puis komsomols). La propagande est omniprésente pour conditionner les esprits. Des ministères de la Propagande organisent les rassemblements qui fascinent l’opinion (rassemblements nazis de Nüremberg, manifestations sur la place Rouge à Moscou) et témoignent aux yeux du monde entier de l’adhésion des masses au régime. En Allemagne, Goebbels dirige le ministère de l’information et de la propagande (les livres jugés contraires à l’idéologie nazie sont par exemple brûlés dans des autodafés). Les loisirs sont contrôlés et utilisés par le régime (Jeux Olympiques de Berlin en 1936) pour célébrer les aptitudes supposées des races supérieures ou l’excellence de l’organisation sociale.Dans tous les régimes totalitaires, les artistes sont mobilisés au service du régime.En URSS, l’art bourgeois est dénoncé comme individualiste et on prône le « réalisme socialiste » avec ses héros et savision optimiste en l’avenir; en Allemagne on oppose l’art dégénéré (art moderne abstrait, expressionniste désigné comme
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l’art judéo bolchevique) au réalisme figuratif quiexalte la virilité agressive et le culte du Führer. b. Cet encadrement total permet de conditionner les masses, de désigner un ennemi commun à éradiquer. Les régimes nazi et soviétique ont la même façon de caractériser l’ennemi. Il s’agit de celui qui ne répond pas à la définition unitaire, à l’unité derrière le chef et le Parti, de celui qui prône la différence. Le totalitarisme se traduit par la haine de la différence, de ce qui représente l’altérité. Il convient donc d’éliminer cet «élément extérieur » au « nous collectif et totalitaire ».En Allemagne, l’élémentextérieur est biologique : éradiquer le Juif.En URSS, l’élément extérieur est économique et défini par le marxisme: le bourgeois venant contester l’unité prolétarienne. La différence appelle et justifie l’élimination au nom d’un même refus de la perturbation de l’unité.Conséquence : Nazis : plus de 6 millions de morts liés à la « race ». Bolcheviques : 20 millions de morts.
B - UN POUVOIR DE TERREU R AUX EFFETS DIFF ÉRENTS
a.Pour autant, la terreur va s’orienter de façon très différente dans les deux systèmes b.Terreur stalinienne frappe à l’intérieur (Caucasien, Ukrainien…). Exemple: 3 millions de Tchétchènes déportés en Sibérie. La terreur stalinienne par ailleurs ne reflétait pas à elle seule l’essence du régime car elle s’est mise en place dans une logique de guerre civile (1917La terreur prolongerait un niveau de 1920). terreur préexistant. c.La terreur nazie est tournée vers l’extérieur: Juifs hongrois, polonais, tchèques, français… Par ailleurs, la terreur nazie serait consubstantielle au système. Elle n’est pas le prolongement d’une guerre. C’est une terreur construite qui reflète la nature du régime. CONCLUSIONRépondre à la problématique : des similitudes bien sûr et des différences conduisant à une application différenciée du totalitarisme. On doit donc parler des totalitarismes, le pluriel venant exprimer les spécificités des régimes nazi et soviétique dans les années 1930. Le nazisme, avec ses traits caractéristiques, émerge comme un totalitarisme singulier et responsable de la plongée du monde dans la guerre en 1939. Ouverture : une discussion sur les dates du sujet. 1945 se justifie pour le nazisme Mais ne rend pas bien compte du rythme historique spécifique du régime soviétique où la date de 1953 (mort de Staline) serait plus Les Cours du Parnasse 11, rue Michelet75006 Paris 01.46.33.49.33 contact@lescoursduparnasse.fr /www.lescoursduparnasse.com
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indiquée. Cet écart de date vient confirmer la nécessité d’une approche fine et nuancée de ces deux régimes totalitaires.
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