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Publié par | INNIfiches |
Publié le | 31 octobre 2013 |
Nombre de lectures | 2 857 |
Licence : | Tous droits réservés |
Langue | Français |
Extrait
ÉPICTÈTE ,
Manuel
erÉpictètevécuauI siècle.Esclaveaffranchi,ilchoisitdemettreenpratiqueet
d’enseigner le stoïcisme, une philosophie fondée à Athènes quatre siècles plus tôt,
constituantunprécieuxrecoursspirituelendestempsoùlesindividusdéracinéset
esseuléssontlégion.Àl’inversedel’épicurisme,lestoïcismepostulequelanatureforme
untoutgouvernéparlaProvidence.Decefait,lesagestoïcienchercheàvivreen
harmonieetaccordaveclanatureetl’humanité,toutenacceptantlesortqueledestin
luiréserve.
Nietzsche illustra diététiquement cette opposition morale: quant l’épicurien
renonceàtoutcequi«seraitpourluiunenourrituretropforteettroplourde»,lestoïcien
«s’exerceàavalerpierresetvermines»car«sonestomacdoitfinirparêtreindifférentà
l’égarddetoutcequ’ydéverselehasarddel’existence».
Pouratteindrelasérénité,ilfautnousdéfairedesopinionsfaussesquenous
avonssurlesévènements.Ilsnedépendenteneffetpastousdenous(lescirconstances
denotrevie),quandd’autresdépendentdenotrevolonté(l’usagequenousfaisonsde
nospensées).Lesévènementsnenousaffectantpasdirectementmaisindirectement,à
traversl’opinionquenousnousfaisonsd’eux.
Rien ni personne ne peut nous priver de notre liberté intérieure. Ce qui
expliquerait pourquoi, à en croire Maurice Leblanc, on trouva comme seul livre ce
Manueldanslacelluled’ArsèneLupin.
I.Ilfautdistinguercequidépenddenousetcequin’endépendpas
«Detoutesleschosesdumonde,lesunesdépendentdenous,lesautresn’endépendent
pas.»Nosactionsdépendentdenousetsontlibres,tandisquetoutleresten’endépendpaset
estétranger.L’hommequiestcapabledefairecettedistinctionseratoujoursheureux.
II.Selibérerprovisoirementdudésir
Lafindenosdésirsestl’obtentiondel’objetquenousdésirons.Demêmequelafinde
noscraintesestd’évitercequenouscraignons.Ainsi,pourêtreheureux,ilfautdistinguerparmi
cequenouscraignonsetdésironscequidépendounondenous.Néanmoins,ilfautsavoirse
libérerprovisoirementdudésir,mêmepourleschosesquenousdésironsquidépendentde
nous,caraucommencementnousnepouvonssavoircequ’ilestbondedésirer.
III.Savoircequenousdésirons
Sil’onaimequelquechoseouquelqu’un,ilfautgarderàl’espritquel’objetestfragileet
l’êtremortel,pourques’ilvienneàmourirousebriser,l’onnesoitpas«troublé».
IV.Savoircequenouschoisissons
Ilfautdemêmeparfaitementsereprésentercequenousvoulonsfaire,enconsidérant
quelaconservationdenotrelibertéetdenotreindépendanceestcequicompteleplus.Ainsi,si
l’on est empêché, on ne doit sa fâcher car sinon nous perdrions notre liberté et notre
indépendance.
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V.VI.Cequinousaffectec’estnotrejugementsurleschoses
«Cequitroubleleshommescenesontpasleschoses,maislesreprésentationsqu’ilsen
ont.»Ilnefautaccusernilesautresnisoi-mêmedesonmalheur,pasplusqu’ilnefautse
glorifierd’unavantageétranger.Leseulbiendontnouspouvonsnousglorifieretquiestnôtre
estlefaitdesuivrenotrenature.
VI.VIII.Nousdevonsaccepternotredestin
«Ne demande point que les choses arrivent comme tu les désires, mais désire qu’elles
arriventcommeellesarrivent,ettuprospérerastoujours.»
IX.X.XI.Leretoursursoidécouvrelavolontécommeunpouvoir
Touslesempêchementsquenoussubissonsneconstituentenaucuncasdesobstaclesà
notrevolonté.Faceàtoutaccidentquenouspouvonstraverser,ilfautsereplierensoipoury
trouverlavertuquelanaturenousadonnépourlescombattre,etdecefaitnosreprésentations
neprendrontjamaisl’ascendantsurnous.Toutechosequenouspossédonsestundon,quenous
rendonstôtoutard.Mêmelavie.Ilfautdonclesutiliseretenprofitercommedechosesnenous
appartenantpoint.
XII.XIII.XIV.XV.S’exerceraudétachementetrechercherl’indépendance
Pouravancerdanslasagesse,ilfautd’abordcommencerparconsidérerqu’ilvautmieux
mourirdefaimdélivrédesescraintesquedevivreapeurédansl’opulence.Ensuite,ilnefautpas
avoirpeurdepasserpourimbécileetnesurtoutpasseprétendresavant.
Lemaîtreestceluiquialepouvoirdedonneretôter,indépendammentdelavolonté
d’autrui.D’oùl’importancedenedésirerquecequiestennotrepouvoir.
Ilfautdoncse«conduiredanslaviecommedansunfestin».Prendremodestementcequi
estànotreportée.Mais,sil’onrejetteetméprisecequel’onnousoffre,alors,nousneseronspas
seulement«convivedesdieuxmaisleurégal».
XVI.Ilfautcompatiravecdistance
Sil’oncroiseunhommemalheureux,ilnefautcompatiravecluiques’ilestaccablépar
deschosesquidépendentdeluietnesontpasl’opinionqu’ilena.Lecaséchéant,partagerle
chagrind’autruineveutpasdireêtre«affligévéritablement».
XVII.Lesagedoitnonchoisirsonrôlemaisbienlejouer
«Souviens-toiquetuesacteurdansunepièce(…)c’estàtoidebienjouerlepersonnagequi
t’aétédonné;maisc’estàunautredetelechoisir.»
XVIII.Apprendreàtirerpartidescirconstances
Ilnefautpasprendrepeurdesmauvaisprésages.Aucontraire,quandbienmêmeceux-ci
se réaliseraient, ils ne pourront jamais atteindre le «moi». De ce fait, leur impact restera
extérieur.Ainsi,«quoiqu’ilarrive,ildépenddemoid’entirerdubien»c’estpourquoi«pourmoi,
iln’yaqued’heureuxprésages».
XIX.Leschosesquinedépendentpasdenousdoiventêtrefuites
«Tu peux être invincible, si tu n’engages jamais aucun combat où il ne dépende pas
absolumentdetoidevaincre.»Laseulechosequenousdevonsrechercherestlaliberté.Or,«une
seulevoieymène:leméprisdeschosesquinedépendentpointdenous».
XX.Maîtrisersesreprésentationsc’estdevenirmaîtredesoi
Parfois,nouscroyonssubirquelquechosededésagréabledelapartdequelqu’un.Mais
enréalité,c’estl’opinionquenousavonsdecettepersonnequinouschagrine.Ensedétachant
doncdecetteopinion,nousneseronsplusaffectéparcesévènementsetgarderonslecontrôle
denous.
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XXI.Ilestpossibled’apprivoiserlamort
Garderdevantsoilamortàchaqueinstantc’estpermettredeseretrouverdansunjuste
milieuentredespenséesbassesetdeschosesinaccessibles.
XXII.XXIII.Lapersévérancecommeconditionduphilosophe
Devenir philosophe c’est s’exposer aux railleries du peuple. Néanmoins, c’est en
devenantfermeetenrefusantdecéderpourplairequel’admirationfiniraparnaîtrechezceux
quisemoquaientduphilosophe.Ilnefautjamaiss’abaisseràtronquersesactionsetsapensée
danslebutdeplaire,auquelcaslephilosophecessed’exister.Ilnefautpasnonpluschercherà
paraîtreêtreunphilosopheauxyeuxdequelqu’und’autrequesoi.
XXIV.Lerôleducitoyen:servirlacommunautéhumaine
Deprimeabord,ilsemblequepourservirsasociété,ilfaillequelecitoyens’enrichisseet
qu’ilfasseensuitepartagersafortuneàsessemblables.Maisentreuncitoyenricheayant
renoncéàsesvertusetunpauvreetvertueux,lequelfaut-ilprivilégier?PourÉpictète,c’estle
secondquiprimesurlepremier.Eneffet,sil’onperdsesvertus,nilasociéténinous-mêmesne
pourronttirerquoiquecesoitdenous.
XXV.Touteacquisitionnécessitepaiement
Toutechoseàunprix.Unelaituevautuneobole,uneinvitationàunfestinvautun
compliment.Ilnefautpass’imaginerquel’onpuisseavoirl’uneoul’autresanspayer,sansquoi
onest«insatiableetinjuste».Sil’onnepaiepas,ilnousrestetoujoursquelquechosecapablede
remplacerlebienquenousn’avonspaseu:l’argent,lafiertédenepasavoireuàmendierles
faveursdequelqu’un,etc.
XXVI.Fairesiennel’appréciationcommune
Quandunmalheurarriveàunvoisin,onenminimisetoujoursl’importancepourle
consoler.Decefait,quandcemalheurnousarrivera,ilfaudrafairedemême.
XXXIX.S’enteniràlamesuredubesoinqu’estlecorps
«Lamesuredesrichessespourchacun,c’estlecorps».Ilestpossibled’excédercette
«borne»,maisunefoiscelafait,nousnouslançonsdansunequêteperdued’avancepournous
rassasier.«Cariln’yaplusdebornespourcequiaunefoispassélesbornes.»
XLIII.Choisirlebonpointdevue
Chaqueévénementquel’onsubitpeutl’êtrededeuxmanières:l’unesupportableet
l’autreinsupportable.Tâchonsdetoujoursprivilégierlapremière.
LII.Laplacedelamoraledanslaphilosophie
Laphilosophiecomportetroisparties:lapratiquedespr