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De la FEEP à l’EuroFédération de Psychanalyse
La transformation de la FEEP en EuroFédération de Psychanalyse (EFP), actée en juin 2010, est le fruit d’une réunion avec Jacques-Alain Miller, en vue de la préparation de PIPOL 5, à Bruxelles en janvier 2010. Elle répond à une lecture de la réalité politique actuelle concernant la psychanalyse sur le plan « externe » et « interne ».
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Langue Français

Extrait

Prsence de l?institution dans la clinique Miquel Bassols, Barcelone, Catalogne Prsence de l?institution dans la clinique , voil le sujet d?une fconde Conversation de l?Institut du Champ freudien en Espagne. On y avait dbattu partir de divers cas de traitement prsents par des psychanalystes, oprs soit dans des institutions de sant mentale soit en cabinet, ce dernier toujours dsign d?une faon tautologique comme priv . Mais, en fait, y a-t-il une rencontre avec un psychanalyste qui ne soit pas d?ordre strictement priv ? C?est--dire o le plus intime du sujet ne reoive, de qui l?entend, l?accueil le plus personnel, destin au champ restreint du transfert ? Le titre de cette Conversation invitait ainsi inverser les termes de ce qui est d?habitude prsent comme un dbat sans solution : la prsence de la psychanalyse et de sa clinique dans les institutions, et les avatars que les psychanalystes prouvent par rapport la place qui y est donne leur travail. Si on parle de faon rigoureuse, il n?y a pas d?un ct des analystes qui travaillent dans des institutions publiques , et d?autres qui le font dans leur cabinet priv . Chacun, pour ne pas dire un tous qui n?existe pas, travaille dans la seule institution en jeu dans l?exprience analytique : l?institution du transfert. Celle-ci instaure le rapport du sujet avec le savoir, quand ce savoir se rapporte au seul travailleur qui existe dans le discours analytique et que Lacan avait dsign comme le travailleur idal : l?inconscient. Non, s?il est bien pos, le problme n?est pas celui de la prsence du psychanalyste et de la psychanalyse dans l?institution ? quelle qu?elle soit ?, mais celui de la prsence ou non du transfert comme sujet-suppos-savoir dans la clinique qui, ainsi entendue, suivra alors la logique du discours analytique. Chaque fois que cette question vient au dbat, je me rappelle une fugace conversation que j?avais eu l?occasion de tenir avec un analyste de l?IPA, il y a trs longtemps. Lui, retranch dans son cabinet priv , me disait qu?il avait toujours abomin des institutions, tant celles du rseau de la sant publique que celle, psychanalytique, laquelle il ne cessait, malgr tout, d?appartenir. Il y avait peu de temps que je m?tais install ? comme on dit ?, dans la pratique analytique, mais partir de ce que j?avais appris de celle-ci, j?tais dj parvenu lui dire trs clairement, en lui montrant son divan : mais c?est ici que vous avez votre institution ! Cette perspective est celle qui me semble la plus opportune souligner en lien avec le thme de la pratique institutionnelle aprs l??dipe qui sera mis sur la table lors de la prochaine rencontre PIPOL 6, l?occasion du deuxime Congrs europen de Psychanalyse, qui se tiendra Bruxelles les 6 et 7 juillet
2013. Point de vue concernant les Simultanes cliniques de PIPOL 6 De la supervision comme runion clinique Alfredo Zenoni (Bruxelles-Capitale) Lorsque nous sommes invits, par son quipe ou par ses responsables, effectuer une supervision dans une institution, ce que nous faisons a si peu voir avec ce qu?on entend gnralement ailleurs par cette notion qu?il faudrait presque proposer d?en abandonner le terme. Dans certains cas, il arrive qu?on puisse suggrer de dsigner cette pratique par la notion de sminaire clinique ou de runion clinique . Mais, mme quand le terme de supervision reste en vigueur, nous rpondons l?invitation de l?institution en vue d?y pratiquer autre chose que ce qui se fait traditionnellement sous le couvert de cette notion. La notion classique de la supervision comporte, en effet, le prsuppos d?une transposition de quelque chose de la sance analytique ou de la sance de contrle un collectif ou une pratique collective. L?accent y est mis sur la vrit subjective de chaque participant et, l?occasion, sur son hystrisation par rapport au discours de l?institution. Tout se passe comme si l?analyste superviseur tait cens exercer quelque chose de la pratique analytique l?adresse des intervenants, c?est--dire transposer quelque chose de ce qui fait le noyau de la formation analytique dans le cadre de l?institution. Or, il n?y a pas d?analyste en dehors du contexte bien dfini de l?acte analytique, encore moins dans un contexte de groupe1. A distance, donc, de toute opration analytique l?adresse des intervenants, distance de toute interprtation du contre-transfert ou autre, notre opration est essentiellement de l?ordre de la clinique. Elle est de l?ordre de ce qui peut tre enseign en dehors du cercle des initis l?exprience analytique. Dans la supervision il ne s?agit pas d?une pratique analogue celle de l?analyse, o ce que la psychanalyse dmontre, ce qu?elle transmet, ce qu?elle permet au sujet de saisir, (?) elle l?accomplit par la cure analytique elle-mme.2 Il s?agit d?une forme d?enseignement : enseigner quelque chose de ce que la psychanalyse enseigne. Le savoir qui est en jeu n?est pas le savoir cach, suppos, celui qui suscite un effet d?amour (on voque parfois le cas de supervisions o l?analyste ne fait rien d?autre qu?couter en silence), mais le savoir expos, le savoir au travail, celui qui suscite un effet de ? travail.
La supervision en institution, et non de l?institution3, s?appuie sur le principe mme qui est au fondement des Sections cliniques dans le Champ freudien. La Section clinique, en effet, a t labore autour de la prsentation de malades, telle que pratique par Lacan, et par le prolongement des enseignements qui peuvent en tre tirs. Or, que sont d?autre nos interventions dans les institutions au titre de ladite supervision sinon des entretiens sur la pratique partir d?une prsentation de cas ? Lorsque la demande d?une quipe n?est pas formule dans ce sens, nous y rpondons de manire ce que notre orientation s?en prcise. Le but n?est pas de transformer la pratique en institution en quelque chose qui amnerait, ne ft-ce d?une manire inchoative, une habilitation l?exercice de la psychanalyse (en institution, voire en cabinet) mais de permettre d?laborer, pour cette pratique, les consquences de la clinique psychanalytique. S?il ne s?agit pas de savoir suppos , le savoir expos dont il s?agit n?est non plus un savoir constitu. La supervision ne consiste pas en l?application d?un savoir gnral un cas particulier. Au contraire, elle consiste pour ainsi dire en une application du cas particulier la clinique elle-mme, soit en la transformation du cas en un cas d?enseignement clinique, et d?abord pour le superviseur lui-mme. Loin de partir d?un code pr-tabli de signes dont il s?agirait de reprer la prsence dans la phnomnologie du cas, il s?agit d?ordonner les phnomnes indits et singuliers en un paradigme de problmatique clinique et d?ventuelle solution sinthomatique. Ce qu?il est convenu d?appeler la deuxime clinique de Lacan nous oriente ici dans une approche des phnomnes qui s?carte de toute notion de dficit, pour en mettre en lumire le statut de rponse, une rponse parmi d?autres, un impossible de structure, un rel. Une telle lecture n?est possible que si on admet une conception des psychoses et des diverses folies de l?tre humain qui les enracine dans la mme condition de parltre, autrement dit qui les rfre une cause dont les effets se manifestent, selon des modalits diffrentes, chez tout un chacun. L?laboration de la lecture clinique que nous proposons rsulte d?une conversation laquelle chaque praticien participe ? et non le seul personnel mdico-psychologique . Car, l?accent mis sur la clinique est un accent plutt mis sur la cause de la prsence en institution du patient que sur le but de cette prsence. Or, cet accent mis sur la cause a comme consquence premire de concerner tous les praticiens. On ne voit pas, en effet, quel moment ou dans quel registre de la pratique institutionnelle le mode de prsence et l?action du praticien pourraient tre envisags indpendamment de la rencontre avec un mme rel clinique. Le contexte o peut s?amorcer le dplacement vers une forme de traitement moins ravageante de la jouissance ; la circonstance o un sujet peut consentir, peut-tre pour la premire fois, s?adresser un soignant, mais aussi le moment o il faut parer au plus press et dcider d?une intervention, tout cela n?est pas a priori assignable tel ou tel intervenant. Chaque praticien est confront, tt ou tard, dans des registres de pratique diffrents, une clinique qui comporte en tout tat de cause un autre statut de la jouissance que celui du refoulement. Chaque intervenant peut tre mis en demeure de trouver la rponse ou la modalit de l?nonciation qui conviennent, sans qu?elles soient
dductibles de la discipline o il a effectu ses tudes. C?est moins un savoir appris qu? un certain dsir qu?il est fait appel. Dans cette perspective, la question habituelle : Que faire avec ce patient, comment le faire avancer, comment le mobiliser ? se renverse en la question Quel usage fait-il de cette institution dans son parcours ? ; un renversement qui suppose, bien entendu, d?introduire un certain cart par rapport aux impratifs de rinsertion sociale que l?institution se voit imposer ou s?impose elle-mme. C?est cet cart qui permet alors que la ralit relationnelle du sjour en institution, faite de plusieurs intervenants et de plusieurs patients, soit prise en compte et devienne elle-mme une ressource dans l?accueil et l?accompagnement du sujet. Ainsi, de la conversation clinique largie tous les praticiens, des indications peuvent s?en extraire, orientant les rponses pratiques qui sont inventer dans les divers, et souvent non prvisibles, contextes de la vie en institution Le traitement , loin de se rduire une somme d?actes techniques spcialiss, spars de cette ralit relationnelle, se dploie d?abord dans les divers moments et lieux de cette ralit. Le relationnel est dj le traitement, ou plutt est dj la dimension o, la lumire d?une orientation prise dans la clinique, non seulement des sources de difficults, dans les modes de rponse adopts (par exemple dans des comportements visant l?preuve de force ou motivs par une forme de don de soi) peuvent tre dsamorces ; mais aussi, o des petites interventions, man?uvres, pas de cots , improviss, non programms, invents peuvent se produire et avoir une incidence sur ce que les symptmes ont de ravageant pour un sujet4. Il est possible qu?ils aboutissent une modalit plus compatible avec le lien social, un changement de rgime, de cela mme qui est la cause de la prsence du sujet en institution, et dont le passage l?acte a bien souvent t jusque-l la manifestation. Une supervision ainsi transforme en runion clinique n?ira pas non plus sans avoir un certain effet de rature des savoirs qui sont censs correspondre aux divers diplmes. Mais il s?agit d?une d-spcialisation par le haut , si on peut dire, puisque c?est la responsabilit face un mme rel que tout un chacun est convoqu. Loin d?loigner les participants d?un rapport au savoir, elle a des chances d?introduire, par la construction du cas, par l?examen de ce qui a eu un effet d?impasse ou d?ouverture, par la prise en compte de ce qui s?avre intraitable, un autre rapport au savoir, qui n?est plus d?application mcanique ou de refus, mais d?laboration vivante. Ce qui suppose le surgissement d?un certain transfert qu?on peut lgitimement appeler transfert de travail . En effet, mme s?il est invit parce qu?il est analyste, ce n?est pas en tant qu?analyste que le superviseur intervient, mais pour le dire avec Lacan quand il parle de l?enseignement, en tant qu?analysant. Car l?laboration de ce savoir s?effectue au plus prs d?un certain non-savoir central. Ds lors, ce qui se transfre est essentiellement un travail ! L?exprience montre que la participation un tel travail peut parfois donner envie aux participants d?en savoir un peu plus et motiver une inscription la Section clinique. Mais l?exprience montre aussi qu?elle n?est pas sans avoir, parfois, pour l?un ou l?autre des
participants, des rpercussions sur ce qui de son exprience la plus intime se prsente lui-mme comme opaque. Il se peut alors que le transfert de travail soit l?origine d?une question que le sujet se pose lui-mme et qu?il veuille aller la dire quelqu?un d?autre, suppos pouvoir y rpondre. Il se peut ainsi que la supervision, non pas rponde un transfert analytique, mais soit l?occasion d?un transfert analytique qui trouvera ailleurs le lieu de son adresse. Pratiquer des supervisions ainsi orientes peut alors tre considr comme un des vecteurs de la psychanalyse en extension . Et c?est pourquoi nous rpondons presque toujours favorablement ce type d?invitation. 1 Si, pour reprendre ici les termes de l?Acte de fondation, il est constant que la psychanalyse ait des effets sur toute pratique du sujet qui s?y engage , les effets psychanalytiques dont elle procde, (le sujet) se trouve les engendrer au lieu o il a les reconnatre , soit dans sa propre analyse, et non dans une runion institutionnelle. Voir sur ce point, D. Holvoet, Leons des pratiques de runions cliniques au Courtil, Mental, n 24, 2010. 2 J.-A. Miller, Qu?est-ce qu?une Section clinique ? Extrait du texte d?ouverture de la Section clinique de Tel-Aviv. 3 La supervision de l?institution n?est souvent pas loin de procder de l?ide que soigner les patients passe d?abord par soigner les soignants, soit par une forme d?analyse des interactions dans le groupe des soignants et de leur ressenti . 4 Nous pouvons en voquer de multiples exemples, extraits de tous les crits cliniques produits dans le Champ freudien. Envoyer un ami | Imprimer cet article | Version PDF de l'article | Haut de page Pipol News 2 - 01/11/2012 Fait le 13-11-2012 par C E | Version(s) : en | es | fr | it | Le cas, l?institution, et mon exprience de la psychanalyse
Introduction aux simultanes cliniques de PIPOL 6 Gil Caroz Le terme institution recouvre une large gamme de choses. Dans le champ de la Sant mentale ? qui nous concerne, mais duquel nous nous distinguons ?, la srie disparate des institutions s?tend de l?hpital psychiatrique, aux institutions pour enfants, centres de sant mentale, de postcure, de traitement monosymptomatique, d?hbergement et d?observation judiciaires, etc. Notons par ailleurs que le terme institution sert aussi nommer des lieux de formation la psychanalyse : nos coles et les structures qui les entourent rpondent de la chose institutionnelle . On constate que ce terme indique un lment de la structure prsent dans des discours varis : politique, mdical, social, juridique, et aussi bien dans le discours de la psychanalyse. Le recours l?tymologie du mot, qui renvoie la chose tablie mais aussi l?instruction , ne nous est pas vraiment ncessaire pour reconnaitre dans l?institution une manifestation du discours du matre. Tout compte fait, l?ancien paradigme de l?institution est l??dipe familial dans ses deux versants : le versant des exigences et des idaux du pre, et le versant des soins maternels1. Nanmoins, en pinglant le monde contemporain par l?expression Aprs l??dipe, Jacques-Alain Miller nous conduit largir notre grille de lecture des institutions, pour y inclure d?autres formations humaines qui ont comme essence, dixit Lacan, la double fonction de refrner la jouissance 2 et de la relancer rptition comme un refrain. Aprs l??dipe d?autres thiques sont venues orienter les institutions, supplant la fragilisation du lien familial et occupant la place vacante laisse par le pre : le pacte des frres, le savoir et la science, le scientisme, le contrat social, l?utopie communautaire, le despotisme, etc. Dans ce nouveau paysage institutionnel, les cas les plus heureux sont ceux qui se laissent orienter par la psychanalyse. De la possibilit de conjuguer la psychanalyse et une institution La question du mode de prsence de la psychanalyse dans une institution sociale, pdagogique ou de soins de sant mentale est aussi vieille que la psychanalyse elle-mme. Dans le Champ freudien, cette question est tudie depuis de longues annes et plusieurs orientations intressantes ont t labores. Pour n?en citer que quelques-unes, les effets contreproductifs de l?identification l?analyste au sein d?une institution ont t largement dcrits. Le transport du divan de l?analyste dans l?institution, au sens propre et figur, semble tre contre-indiqu. Un intrt centr sur la lecture du rel de la clinique est une dmonstration en acte de l?efficacit de la psychanalyse. Il met le patricien l?abri des concurrences imaginaires entre les orientations cliniques. On parle volontiers d?une pratique plusieurs comme mode de traitement de l?Autre du psychotique. Quelles que soient les dcouvertes issues de ce travail de recherche, il faut noter trois points.
Premirement, un grand nombre d?adhrents l?EuroFdration, orients par la psychanalyse lacanienne, sont prsents et oprent dans des institutions de Sant mentale, abris sociaux, institutions du juge, coles, etc. C?est un fait. Deuximement, ce fait est primordial pour la survie d?une psychanalyse qui n?est pas extraterritoriale. Troisimement, et c?est le point que nous voulons expliciter lors des simultanes de PIPOL 6, on s?aperoit que le praticien qui a l?exprience de la psychanalyse a trs souvent un rapport juste et un savoir-faire indit avec le rel de la clinique. Cette particularit est absente quand le praticien n?a pas cette exprience. Cette justesse et ce savoir-faire apparaissent quand le praticien rend compte d?un cas, mme si cela se passe son insu et qu?il a l?impression de ne rien comprendre . Du discours et de lalangue en institution On constate, dans les institutions qui laissent place la psychanalyse, que l?orientation passe par un effort de bien dire, mieux dire, dire autrement. la place de il vole tout le temps , on prfre : il dcomplte l?Autre . la place de il est trs violent , on prfre : il passe souvent l?acte , le passage l?acte tant une parole qui passe dans le faire faute de pouvoir se dire. la place de il cherche attirer l?attention , on prfre : il est en place du phallus maternel . la place de tu n?as pas le droit , on prfre un nous n?avons pas le droit . la place de c?est un manipulateur , on prfre : il chappe la volont de l?Autre mchant . la place de il est hyperactif , on prfre : la jouissance lui fait retour dans le corps . Cet effort d?arracher le discours ambiant de l?institution aux coordonnes imaginaires, ducatives ou scientifiques de l?vnement clinique aux fins de le localiser dans la structure, n?est pas un simple humanisme de bonnes intentions car, quand on dit les choses autrement, on les modifie. la longue, ces formules deviennent un langage institutionnel qui dtermine une politique de l?institution face au rel de la clinique. En mme temps, un praticien qui a l?exprience analytique rinvente chaque fois, en fonction du cas, un bien-dire indit, qui se dcale du langage institutionnel commun quel qu?il soit. D?o vient cette capacit d?invention ? C?est que de faire la lecture de sa propre lalangue dans son exprience analytique, le praticien est aussi bien disponible lalangue d?un autre. Lors des changes avec le sujet concernant les vnements institutionnels ou tout autre thme, le praticien-analysant lit dans la narration du sujet ce qui est crit au-del de l?cran de ce langage, l o la fonction de vrit est en quelque sorte amortie, par quelque chose de prvalent 3. Cette lecture du langage le plus priv du sujet permet au praticien de rpondre de faon inventive, au-del du langage institutionnel. L?institution comme canevas de la lettre Lacan souligne que quand un sujet nous parle de papa ? maman et de ses autres liens de parent,
en fait c?est de lalangue qu?il s?agit, car l?analysant ne parle que de a [de ses liens de parent] parce que ses proches parents lui ont appris lalangue 4. Or, lire lalangue ne ncessite pas toujours cet effort de traverser la narration du sujet, puisqu? l?occasion lalangue est ciel ouvert. Dans ce cas, le praticien s?immisce dans cette lalangue en participant et encouragent le sujet laborer un travail de la lettre, sans insister comprendre ni se prcipiter plaquer un sens sur ce langage priv. Tous les lments de la structure institutionnelle sont disposition pour mettre en ?uvre ce travail de la lettre : les espaces, les couloirs, les bureaux, les portes, les vhicules, le jardin, les activits, les ateliers, les autres praticiens, les documents administratifs, les titres du personnel , les rgles, etc. Ce partenariat sujet-praticien peut alors dessiner des circuits pulsionnels et y circuler, border une jouissance affole qui clabousse les alentours, pluraliser un Autre perscuteur et trop consistant, condenser hors corps une jouissance qui envahit le sujet, faire une rencontre d?un essaim de signifiants qui permettent au sujet de s?engager dans la voie d?un sinthome singulier. Ce travail de la lettre enrichit lalangue et vient suppler un dfaut d?apprentissage, car lalangue, cette langue maternelle 5, s?apprend. De la langue prive la langue publique Mais il n?y a pas que la lettre. Dans d?autres cas, le lien de travail se tisse par un arrachement du sujet la dimension autistique de sa lalangue, afin de la verser dans le langage. Cette opration, qui va de la langue prive, vers le langage public est une application du principe lacanien concernant les enfants autistes : il y a srement quelque chose leur dire 6. Ce principe est ainsi largi au-del de l?autisme stricto sensu vers la dimension autistique de tout sujet. Il s?agit justement de parler avec ce qui ne s?adresse pas l?Autre, en introduisant lalangue dans le dialogue. Le patricien soumet alors au sujet l?hypothse d?un Autre du code. Le sujet dit : ane n ka la audornuit ? , et le patricien lui rpond : mais si, Nadine est l aujourd?hui, elle est dans la cuisine . La substance institutionnelle ne sert pas ici de canevas pour tracer la lettre, mais offre une matire la construction d?un Autre. Le praticien s?inscrit ainsi dans le sillon de Mlanie Klein claire par Lacan qui pouvait dire que dans son rapport au petit Dick, elle lui fout le symbolisme avec la dernire brutalit 7. Un lment majeur dans cette construction de l?Autre est la runion d?quipe. Tel Freud incarnant l?Autre d?un transfert au-del du pre du Petit Hans, la runion d?quipe opre comme un au-del du praticien auquel ce dernier peut se rfrer. Si toute sance analytique implique la prsence de l?Autre du langage comme tiers, au-del de la relation duelle, le on en a parl en runion ou on en parlera en runion , donne souvent la consistance ncessaire ce tiers dans le travail institutionnel. Ce lieu d?au-del o la parole s?incarne dans plusieurs voix qui s?changent, allge le poids du rapport imaginaire entre le praticien et le rsident, forgeant dans les certitudes une forme de dialectique. Avoir l?exprience de la psychanalyse Il faut avoir l?exprience de la psychanalyse, avons-nous dit, pour lire lalangue. D?abord la sienne,
ensuite celle d?un autre. Il faut aussi faire l?exprience de sa propre jouissance, de la faon o elle s?lve partiellement au signifiant, se ritre, se borde, se localise, se condense pour pouvoir la manier dans la rencontre avec l?autre, sans passer par le pre, la castration, la justice, la morale. Il faut passer par le divan pour savoir intimement que le semblant a des effets rels, mme s?il n?est que vrit et mensonge. Il faut se laisser faire par cette exprience pour donner aux idaux d?une institution la place qui leur revient, c'est--dire, s?en passer et s?en servir la fois. Pourtant, si l?institution est chose tablie le savoir-faire du praticien est tout, sauf tabli. Tant que l?analyse n?est pas finie, ce savoir ne se sait pas, mais nanmoins il transperce aussi bien le savoir qui s?labore dans l?institution que la doctrine psychanalytique en gnral. De ce savoir qui ne se sait pas et qui est pourtant oprant dans le travail en institution quand on a l?exprience de la psychanalyse, un jeune AE8 crivait rcemment : Ce qui me surprend chaque fois, c'est un sentiment de n'avoir pas su dire l'essentiel. Comme si au c?ur de ce que nous racontons de notre clinique, de nos recherches, de nos avances, se loge un indicible, un petit quelque chose qui vaut comme un noyau invisible, une cause intransmissible, condition pour que cette clinique puisse se dployer . Eh bien, le projet audacieux des simultanes de PIPOL 6 sera d?approcher, par des dires, ce point indicible, en mettant en vidence le triangle qui se forme entre le cas, l?institution et l?exprience de la psychanalyse du praticien. Des praticiens analysants, qu?ils soient analystes ou pas, parleront partir d?un cas, de la faon dont ils ont pu s?appuyer sur leur propre exprience de la psychanalyse pour lire lalangue, la soutenir, la verser dans le langage public et manier le discours de l?institution pour extraire et soutenir les solutions inventives du sujet. 1 LAURENT E., Institution du fantasme, fantasmes de l?institution , Feuillets du Courtil, n4, avril 1992. 2LACAN J., Allocution sur les psychoses de l?enfant , Autre crits, Seuil, Paris, 2001, p. 364. 3LACAN J., Sminaire XXIV, L?insu que sait de l?une-bvue s?aile mourre, 19/04/1977, Ornicar ? 17/18. 4Ibid. 5LACAN J., Confrences et entretiens dans des universits nord-amricaines , Scilicet 6-7, Paris, Seuil, 1976, p. 14. 6 LACAN J., Confrence Genve sur le symptme (1975), in Bloc-notes de la psychanalyse, n 5,
1985. 7 LACAN J., Le sminaire livre I, Les crits techniques de Freud, Paris, Seuil, 1975, p.81. 8 Bruno de Halleux. Envoyer un ami | Imprimer cet article | Version PDF de l'article | Haut de page Pipol News 1 - 10/10/2012 Fait le 13-11-2012 par C E | Version(s) : en | es | fr | it | Sur l?EuroFdration de Psychanalyse Un peu d?histoire L?cole Europenne de Psychanalyse(EEP) est ne en 1990, anticipant la naissance de l?AMP (1992). Fonde comme l?Autre europen de l?cole de la Cause freudienne, elle regroupait alors plusieurs groupes ? en Europe et au-del ? qui se rfraient d?une faon ou d?une autre l?orientation lacanienne. Depuis sa cration, sont nes de ces groupes trois coles que l?EEP a accueillies en son sein : laEscuela Lacaniana de Psicoanlisis(ELP) en Espagne cre en 2000, la Scuola Lacaniana di Psicoanalisi (SLP) en Italie cre en 2002, et la New Lacanian School (NLS) qui rassemble plusieurs pays en Europe et ailleurs, cre en 2003. En 2008, l?EEP a dcid de se transformer en Fdration Europenne des coles de Psychanalyse (FEEP). L?ECF a accept d?en faire partie. Dsormais, existait une Fdration runissant les quatre coles de l?AMP en Europe dont le but tait de coordonner la lutte contre l?idologie de l?valuation et ses initiatives lgislatives ainsi que de combattre certaines politiques sanitaires appliques la sant mentale dans les pays de l?Union europenne. Par ailleurs, la FEEP, coordonne avec l?AMP, occupait quelques fonctions extime auprs des coles europennes, notamment autour de la passe et d?autres questions concernant la formation du psychanalyste. De la FEEP l?EuroFdration de Psychanalyse
La transformation de la FEEP en EuroFdration de Psychanalyse (EFP), acte en juin 2010, est le fruit d?une runion avec Jacques-Alain Miller, en vue de la prparation de PIPOL 5, Bruxelles en janvier 2010. Elle rpond une lecture de la ralit politique actuelle concernant la psychanalyse sur le plan externe et interne . Sur le plan externe, l?EuroFdration de Psychanalyse traduit une volont de se montrer plus prsente auprs des instances politiques europennes. L?idologie de l?valuation gnralise, la propagation des pratiques TCC, les initiatives lgislatives concernant le champ psy qui s?attaquent la psychanalyse, les tentatives de marginalisation des pratiques de la parole par la monte en force des neurosciences et le march des psychotropes sont autant de pices dtaches d?une machine monstrueuse qu?il ne suffit plus d?tudier, de critiquer, de dnoncer. Il s?agit de donner notre communaut d?orientation lacanienne la consistance d?un grain de sable qui viendrait se loger dans ces rouages infernaux un niveau europen, ne pouvant plus nous limiter au combat local dans chaque pays ? mme s?il garde bien sr toute son importance. Dans cet esprit nous nous sommes mis en contact, dans le courant des deux dernires annes avec le Conseiller rgional de l?OMS en Europe pour la sant mentale, qui sige Copenhague et nous avons eu avec lui des changes concernant la place de la psychanalyse dans le paysage de la Sant mentale en Europe. Par ailleurs, nous avons pris contact avec Isabelle Durant, vice-prsidente du parlement europen, qui a particip au Forum des Femmes organis Paris par Jacques-Alain Miller en octobre 2011 et une activit de l?EFP en collaboration avec l?ACF-Belgique, Bruxelles, en janvier 2012. Nous comptons continuer soutenir ces liens. Sur le plan interne, la transformation de la FEEP en EFP est une prise en compte de l?vnement Paris de novembre 2009. D?une part, cet vnement a remis au centre de l?thique du psychanalyste et de sa formation, son propre rapport l?inconscient, avec la passe pour horizon. D?autre part, il a donn la parole aux nouveaux venus ? appartenant ce que Jacques-Alain Miller a nomm la Gnration forum ? qui se sont attachs l?ECF partir de son engagement politique. L?EuroFdration a l?ambition de soutenir ce nouage paradoxal entre l?engagement politique collectif et de large envergure et le principe d?une dmassification de l?nonciation . Par ailleurs, l?EFP continue occuper les fonctions qui taient celles de la FEEP auprs des coles europennes de l?AMP. Elle a son propre rglement de la passe et elle participe aux dbats autour des modalits de ces dispositifs dans les coles. Elle continue galement soutenir une place d?extime dans des sminaires de certaines coles. Une communaut de travail europenne
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