Fiche de révision BAC Français - Fiche de lecture : Le rouge et le noir de Stendhal
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Description

Retrouvez la fiche de révision des études d’œuvres de Stendhal pour préparer votre Bac de Français.
Plan de la fiche
1. Le titre
2. Un roman d’initiation
3. La place du narrateur
" Le titre
Le titre du roman est un bon point de départ pour une étude du Rouge et le noir : obscur à première vue, il concentre en fait bon nombre des significations essentielles du texte. Il est fondé sur le principe de l’opposition de deux couleurs, comme Le Rose et le Vert, nouvelle que Stendhal écrira en 1837 : le rouge, couleur connotant le sang, la passion, s’oppose ici au noir du deuil, de la mort. Une des interprétations du titre est liée aux jeux de hasard, où l’on peut miser sur le rouge ou sur le noir ; la destinée serait alors un jeu de hasard où l’on peut tomber sur une bonne ou une mauvaise carte."

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Publié le 24 mars 2015
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Langue Français

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Nº : 91031
Plan de la iche
1. Le titre 2. Un roman d’initiation 3. La place du narrateur
Le titre
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Etude d’œuvre : Le Rouge et le Noirde Stendhal
LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
Le titre du roman est un bon point de départ pour une étude duRouge et le noiren fait bon: obscur à première vue, il concentre nombre des signiïcations essentielles du texte. Il est fondé sur le principe de l’opposition de deux couleurs, commeLe Rose et le Vertla passion, s’oppose ici au noir du deuil, couleur connotant le sang, de la mort., nouvelle le rouge, que Stendhal écrira en 1837 : Une des interprétations du titre est liée aux jeux de hasard, où l’on peut miser sur le rouge ou sur le noir ; la destinée serait alors un jeu de hasard où l’on peut tomber sur une bonne ou une mauvaise carte. On retrouve les deux couleurs à divers moments dans le roman.Traditionnellement, le noir est associé à la religion : l’habit que M. de Rênal fait confectionner pour Julien est un « habit noir » ; de même, arrivé aux portes du séminaire, le héros doit laisser ses habits civils chez l’hôtesse de l’hôtel des Ambassadeurs et revêtir son vêtement noir de séminariste. Le séminaire lui-même est décrit selon les procédés du roman gothique, comme un univers noir et terrible, gardé par un portier « vêtu de noir » ; la grande croix de cimetière à l’entrée de la chambre de l’abbé Pirard est «en bois blanc peint en noirles tableaux «», et noircis par le temps» ïgurant dans la chambre ressortent terriblement sur les murs blanchis à la chaux. Même les yeux du directeur du séminaire sont décrits comme des «yeux noirs faits pour effrayer le plus bravel’opposition entre le rouge et le noir semblel’univers du séminaire, ». Dans remplacée par l’opposition entre le noir et le blanc.Tout contraste en effet de façon frappante et vient souligner la pauvreté et la simplicité de l’univers carcéral où habite Julien. Les couleurs ne reviennent pour Julien que lors des rares excursions à l’extérieur, pour attacher les tapisseries à l’intérieur de la cathédrale ou porter la lettre de l’abbé Pirard à l’évêque de Besançon. Arrivé à Paris, Julien est toujours en habit de prêtre : «ce jeune homme pâle et vêtu de noir» semble d’ailleurs «singulier aux personnes qui daignaient le remarquerconnaît pas encore le rouge du titre, Julien va être l’objet d’uneCependant, s’il ne » à l’hôtel de la Mole. promotion, qui se manifeste directement dans les couleurs de son habit : le marquis de la Mole lui donne en effet la permission de porter un «habit bleu» lorsqu’il ne fait pas directement fonction de secrétaire.Avec cet habit bleu, il est considéré par le marquis comme un égal, pour son plus grand plaisir. C’est la seconde fois du roman que le héros voit son ascension marquée par un habit, la première étant le moment où Madame de Rênal lui confectionne un habit de garde d’honneur pour la visite d’un roi à Verrières, habit également bleu, qui permet à Julien «ne serait-ce que pour un jour, son triste habit noirde quitter, noir est donc dans». Le Le Rouge et le Noirassocié à la religion et au statut subalterne de Julien. Plus loin dans le roman, le héros est débarrassé de son habit noir, mis en dandy avec la plus grande élégance, puis habillé en uniforme de hussards, avant qu’il ne soit mis en prison. Le rouge est beaucoup moins présent dansLe Rouge et le Noiren tant que véritable couleur, que ce soit celle des habits ou celle de lieux du roman. Il y a cependant une décoration dont le ruban est de couleur rouge, la Légion d’honneur que le chirurgien-major, premier père substitutif de Julien, lègue à son protégé. L’opposition amenée par le titre peut par conséquent être reliée à l’opposition explicitée par le narrateur au chapitre V entre carrière militaire et carrière ecclésiastique. Le rouge, couleur de la légion d’honneur, est le symbole de la carrière militaire quand le noir est celui de la carrière religieuse. Dès lors, la destinée de Julien va du noir (précepteur, séminariste, puis étudiant en théologie lorsqu’il est à l’hôtel de la Mole) au rouge lorsque le marquis de la Mole lui octroie la croix et, plus tard, lui donne un brevet de lieutenant de hussard. Cependant, la couleur rouge est aussi présente au chapitre V du livre premier lorsque Julien pénètre dans l’église de Verrières. Celle-ci est en effet décorée «d’étoffe cramoisieà la lumière du soleil, «» qui crée, un effet de lumière éblouissant, du caractère le plus imposant et le plus religieux». «Julien tressaillit» à cette vue et s’assoit sur le banc de la famille Rênal. Plusieurs commentaires doivent être faits de ce passage ; en premier lieu, l’église de Verrières est celle, tendue des mêmes rideaux cramoisis, où Julien, à la ïn du roman, tentera d’assassiner Madame de Rênal. Le rouge peut ainsi être considéré comme un présage de mort dans le début du roman, qui se réalise ïnalement à la ïn : c’est le sang de Madame de Rênal que fera couler Julien au chapitre XXXVI du livre second. Mais ce passage montre aussi que le rouge a partie liée avec la religion : les rideaux cramoisis qui ont tellement marqué Barbey d’Aurévilly sont ceux de l’église de Verrières où se joue la première scène de dissimulation de Julien qui juge qu’il «serait utile à son hypocrisie de faire une station dans l’égliserouge est ici associé à un dévoilement, symbolisé par la lumière du soleil projetée». Le par les vitraux de l’église. Le héros ne peut être hypocrite et doit se rendre à l’évidence : la mort est liée à sa destinée, comme il le découvre en lisant «étalé là comme pour être luun petit morceau de papier, » où est mentionnée l’exécution de Louis Jenrel sur
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un côté, et où ïgure de l’autre côté les mots «le premier paspremier pas, ». Le c’est dans le roman celui que franchit Julien en se présentant chez les Rênal et qui, inexorablement, va mener à son exécution à Besançon, ce qu’il pressent en remarquant que le nom du condamné ïnit comme le sien. De même, à sa sortie de l’église, il ne peut pas ne pas remarquer que le bénitier semble rouge : «C’était de l’eau bénite qu’on avait répandue : le reLet des rideaux rouges qui couvraient les fenêtres la faisait paraître du sang.» Encore une fois, en colorant l’eau, le rouge, marque de violence, vient corriger le noir associé à la religion et le rendre sanglant ; la légion d’honneur épinglée sur l’habit noir de Julien à la ïn du roman ne peut ainsi amener que du sang, celui de Madame de Rênal tout d’abord, puis celui de Julien décapité.
Un roman d’initiation
e Comme beaucoup de grands romans du XIXsiècle,Le Rouge et le Noirest un roman d’initiation. Il présente en effet la trajectoire d’un personnage du début jusqu’à la ïn de sa vie, en indiquant les étapes principales de cette vie. On pourrait donner à l’expression la déïnition que donne Alain du « thème de tout roman », à savoir «le conLit d’un personnage romanesque avec des choses et des hommes qu’il découvre en perspective à mesure qu’il avance, qu’il connaît d’abord mal, et qu’il ne comprend jamais tout à fait». Dans tout roman d’initiation, il existe en effet un conit entre les idées du personnage et le monde auquel il est confronté. Julien Sorel dans Le Rouge et le NoirAinsi, il se voit sa vie comme la réussite de ses ambitions et doit déchanter rapidement de ses prétentions. retrouve au séminaire mis au ban des élèves par son comportement hautain, ou se voit à la ïn du roman arrêté dans sa trajectoire ascendante par la lettre de Madame de Rênal au marquis de la Mole qui vient ruiner tous ses rêves d’ambition. Madame Bovary voit de même tous ses rêves romanesques d’amour s’effondrer lorsqu’elle découvre la réalité du monde, fort différente de celle des romans qu’elle lit à longueur de journée. Frédéric Moreau, dansL’Education sentimentaleconstatera amèrement à la ïnde Flaubert, du roman que les meilleures années de sa vie furent les premières, lorsque tous les espoirs pouvaient exister, et non la ïn de cette vie où il s’aperçoit que ses rêves d’amour ou d’ambition ne se sont pas réalisés. Le jeune héros, projeté dans un monde qu’il ne maîtrise pas, doit faire son éducation. Julien Sorel connaît ainsi nombre de professeurs qui ponctuent sa destinée. Le premier n’est pas son père mais le vieux chirurgien-major qui lui lègue sa Légion d’honneur, ses livres et sa passion pour Napoléon. Le second, plus consistant comme personnage, est le curé Chélan qui lui sert de premier père substitutif avant l’abbé Pirard. Après ce dernier, c’est le marquis de la Mole qui, malgré la distance de milieu entre lui et Julien, sert de professeur au jeune homme dans le monde aristocratique. A de nombreuses reprises, il parle d’ailleurs de son secrétaire comme de son «protégéce que ne manque pas d’observer» et préfère accorder la Légion d’honneur à Julien qu’à son ïls Norbert, Mathilde. Mais Julien fait aussi son éducation tout seul, faisant l’expérience de son manque d’usage dans le monde.Ainsi il ne peut que parler de chirurgie lorsqu’il se retrouve seul avec Madame de Rênal au chapitre VII du roman. Plus loin, il est invité par le marquis de la Mole à observer la sortie de l’Opéra pour se défaire de ses raideurs provinciales. Et c’est le prince Korassof qui initie Julien à «la haute fatuitéLe roman d’initiation est donc» et lui explique comment il doit procéder pour reconquérir le cœur de Mathilde. d’abord un roman d’éducation où le héros se confronte au monde, guidé par divers personnages. Rastignac, dansLe Père Goriotde Balzac, se voit de même expliquer le monde parisien par Vautrin, pensionnaire comme lui de la maison Vauquer. Parmi les visages de l’éducation, l’éducation sentimentale est bien sûr celle que privilégie Stendhal dansLe Rouge et le Noir. Elle permet en effet de multiplier les péripéties, mais aussi de symboliser le décalage entre les désirs du héros et ce qu’il obtient ïnalement, donnant un sens cohérent à ce qui pourrait n’être qu’une multiplicité d’intrigues. Le héros duRouge et le Noirmonde romanesque de la France des années 1820, se débat avec ses idées reçues, et, plongé dans le reste obsédé par ses idées d’ambition, avant de percevoir ïnalement (trop tard ?) la vérité : il a sacriïé l’amour et le bonheur à l’ambition, ce qu’il explique à Madame de Rênal lorsqu’il lui assure qu’il n’aurait jamais connu le bonheur si elle n’était venue le voir en prison. Les désirs de Julien se heurtent à la réalité mais aussi à l’inanité de leur objet : Julien, dans ses délires d’ambition, poursuit une chimère et passe à côté de l’essentiel. Il suit ainsi la trajectoire inverse de celle de Lucien de Rubempré dans lesIllusions perduesde Balzac, qui comprend à la ïn du roman qu’il doit être ambitieux et calculateur pour dompter ce Paris qu’il découvrait émerveillé au début du texte. Dans les deux cas cependant, on voit que le personnage ne doit pas comprendre rapidement le sens de son existence ; sinon, le roman n’existe pas, et l’éducation n’a plus lieu d’être. Julien doit être aussi un personnage responsable de ses choix et assumant ses désirs. Comme Rastignac dansLe Père Goriotdoit choisir entre une vie honnête et quelque peu médiocre, une vie criminelle comme le lui propose Vautrin, une vie d’amour ou une vie calculée et maîtrisée, Julien Sorel est sans cesse sommé de choisir une vie. Son origine sociale semble le déterminer en effet à n’être qu’un domestique, ce qu’il refuse symboliquement dès le début du roman en demandant à manger avec les maîtres de maison chez les Rênal. Plus tard, il séduit Mathilde, qui appartient à la plus haute aristocratie, refusant de faire le choix de rester prêtre comme l’abbé Pirard, qui administre une cure dans les environs de Paris. Cependant, s’il assume ses choix, Julien est aussi en butte à la société de son temps, représentée aussi bien par les Rênal et les Valenod à Verrières que par les la Mole ou les Croisenois à Paris. La société de la Restauration est une société qui empêche quelqu’un comme Julien de faire son chemin dans le monde, ce que le héros note avec force dans le discours qu’il prononce au tribunal, en montrant l’impossibilité qu’il y a pour un homme pauvre de s’élever au-dessus de sa condition. La fatalité romanesque est alors incarnée par la société qui, refusant l’ascension sociale de Julien, le fait condamner parce qu’il est un paysan enrichi.Le Rouge et le Noirest donc un roman d’initiation où le héros est confronté à ses propres désirs et à la société qui veut les réprimer. L’initiation de Julien Sorel lui aura permis de voir que sa révolte contre
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LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
la société oppressive de la Restauration est aussi une volonté de trouver l’amour. C’est en effet au moment où il renonce à son ambition ainsi qu’à ses rêves de grandeur en tentant de tuer Madame de Rênal et en étant jeté en prison, que Julien Sorel peut trouver le bonheur. Le roman d’initiation nécessite donc un personnage romanesque en prise avec le monde y projetant ses rêves et ses désirs. C’est aussi un roman d’éducation où passent des ïgures qui guident le héros jusqu’à ce qu’il acquière une totale autonomie. C’est enïn un roman d’éducation amoureuse ou une « éducation sentimentale », pour reprendre le titre du célèbre roman de Flaubert. Cependant, la liberté du personnage romanesque dansLe Rouge et le Noirse heurte au monde rigide de la Restauration et à son refus d’envisager l’ascension sociale qui entraîne Julien à tirer contre Madame de Rênal dans l’église de Verrières. Pourtant, cet e obstacle insurmontable qu’est la société du début du XIX siècle est aussi pour Julien le moyen pour découvrir l’essentiel de l’existence et d’atteindre, avant la mort, au terme de son initiation : la découverte de l’amour et du bonheur dans la prison avec Madame de Rênal fait alors ïgure d’aboutissement et de point ïnal à l’initiation du héros.
La place du narrateur
Le Rouge et le Noirsimilaire dans son fonctionnement aux grandsse présente comme un roman à la troisième personne classique, romans de Balzac ou de Hugo. Le narrateur est omniscient, c’est-à-dire qu’il en sait plus que son héros, connaît ses faits et gestes, ses pensées, mais aussi ceux des autres personnages. Son savoir n’est pas limité dans le temps et dans l’espace comme celui du personnage principal. Cependant, dans le détail, le fonctionnement duRouge et le Noirest beaucoup plus complexe. Le lecteur qui commence la lecture du roman remarque ainsi que le narrateur fait mention d’un «voyageur parisien» qui découvrirait les charmes et les laideurs de la petite ville de Verrières. Très vite, cependant, ce voyageur est oublié au proït d’une voix plus impersonnelle qui décrit selon une vision surplombante les événements qui se déroulent dans le roman. Cette voix narrative surplombante se fait par exemple entendre à la ïn du chapitre II et semble ne plus se taire de tout le roman : «C’était par un beau jour d’automne que Monsieur de Rênal se promenait sur le cours de la Fidélité, donnant le bras à sa femme.partir de ce moment,» A Le Rouge et le Noirsemble suivre un fonctionnement narratif classique. Auparavant, une subjectivité qu’on ne connaît pas s’est cependant fait entendre ; un « je » qui serait un narrateur personnel, et qui s’exprime à plusieurs reprises dans les deux premiers chapitres intervient : «Combien de fois, songeant aux bals de Paris abandonnés la veille, et la poitrine appuyée contre ces grands blocs de pierre d’un beau gris tirant vers le bleu, mes regards ont plongé dans la vallée du Doubs !», ou encore «Je ne trouve quant à moi, qu’une chose à reprendre au cours de la Fidélité», toujours dans le deuxième chapitre. Cette voix narrative personnelle incarnée dans la première personne prend le relais du narrateur impersonnel, exprime ses opinions, et on est tenté d’y voir un visage de l’auteur lui-même. Sans autre indice pourtant, on se dit qu’il s’agit simplement d’un narrateur personnel extradiégétique qui apparaît seulement au début du roman. Et voilà qu’au chapitre V, cette voix réapparaît, usant cette fois d’une adresse directe au lecteur : de même qu’il voulait faire partager son sentiment sur la vallée du Doubs, de même il veut ici expliquer le caractère de Julien à son lecteur, lui demandant : «Ce mot [d’hypocrite] vous surprend ?» La modalité interrogative porte ici la subjectivité du narrateur qui n’est plus impersonnel mais fait entendre son avis. A partir de ce passage du roman, un dialogue ïctif s’instaure entre le narrateur et son lecteur, à travers ce que Georges Blin dans son ouvrageStendhal et les problèmes du romanappelle des «intrusions d’auteur». Celui que Georges Blin nomme l’auteur, et qu’en toute rigueur on doit encore considérer comme un avatar du narrateur, déroule une conversation critique sur les personnages du roman, les lieux qu’ils traversent ou leurs attitudes, leurs sentiments ou leurs actions, condamnant, appréciant au contraire, quelquefois avec ironie certains épisodes du récit. Une complicité se noue entre cette voix narrative impertinente et le lecteur, amusé et séduit de se voir pris à parti. Lorsque Julien est au séminaire, le narrateur indique : «Le lecteur voudra bien nous permettre de donner très peu de faits clairs et précis sur cette époque de la vie de Julien. Ce n’est pas qu’ils nous manquent, bien au contraire ; mais peut-être ce qu’il vit au séminaire est-il trop noir pour le coloris moderne que l’on a cherché à conserver dans nos feuilles.» Ici le narrateur paraît effectivement se confondre avec l’auteur, appréciant à l’avance les réactions de son lectorat et explicitant ses intentions. Dans un autre passage en revanche, il note entre parenthèses au sujet de Mathilde : «de tels caractères sont heureusement fort raresqu’on ne peut manquer d’interpréter», ce comme une critique, mais aussi comme une antiphrase soulignant que Mathilde est un caractère hors du commun. Ici, le narrateur semble se cacher derrière des masques et ne pas se réduire à la ïgure de l’auteur. De même, la note au chapitre XXXXIII du livre second : «c’est un jacobin qui parlepeut être considérée comme une mise en garde aïn qu’on n’attaque pas l’auteur pour», qui pensée révolutionnaire et séditieuse, doit être surtout comprise comme une remarque destinée à mettre l’accent sur les pensées de Julien et à en souligner la pertinence. La position du narrateur est donc complexe dansLe Rouge et le Noir. Suivant une stratégie originale, Stendhal crée une ïgure de narrateur hybride, entre narrateur omniscient et narrateur personnel, entre auteur et narrateur, qu’on ne peut pas prendre complètement au premier degré, mais qui énonce toujours des vérités, explicitement ou à demi-mot. Une telle stratégie permet à l’auteur duRouge et le Noirde présenter son héros sous un regard mi-critique mi-tendre, qui ne fait que renforcer l’adhésion du lecteur à l’histoire racontée.
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