Les nouvelles technologies humanisent-elles le monde du travail ?

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Assistons-nous à un retour en force des liens humains, ou les machines poursuivent-elles simplement leur progression dans nos bureaux ? Deux experts partagent leur point de vue.

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Les nouvelles technologies humanisentelles le monde du travail ?

Réseaux sociaux d’entreprises, mobiles et visioconférences ont largement investi le champ de l’entreprise. Au cœur de leur succès, la possibilité de communiquer avec tous ses collègues, d’échanger informations professionnelles et personnelles…

Assistonsnous à un retour en force des liens humains, ou les machines poursuiventelles simplement leur progression dans nos bureaux ? Deux experts partagent leur point de vue.

OUI, Des discussions à tous les niveaux

Quand l’entreprise s’empare des nouvelles technologies, c’est la discussion qui reprend ses droits. «La culture 2.0 nous place dans une posture conversationnelle », décrypteMarion Breuleux, responsable des secteurs Management et Efficacité professionnelle chezAbilways. « Chacun peut désormais s’adresser aux autres sans intermédiaire, et exprimer différentes facettes de sa personnalité, renforçant du même coup ses liens professionnels et personnels avec les membres. »

Marion Breuleux

LesRSE(réseaux sociaux d’entreprise) donnent une influence nouvelle aux relations humaines. «La notion principale d’un réseau social est le partage. Les RSE accélèrent le décloisonnement entre les services de l’entreprise et font tomber les barrières de la communication, en y incluant les collègues géographiquement éloignés. »

Sur le plan professionnel, c’est la possibilité de mettre en commun les savoirfaire : «En cas de doute, un collaborateur n’a plus besoin de passer par son n+1, qui formule une demande à

un autre service, puis la reçoit et nous la transmet. Nous demandons directement et recevons la réponse dans les minutes qui suivent. »

Cela ne va pas sans entraîner une difficulté nouvelle pour le manager, qui se voit dépossédé de l’une de ses prérogatives : être le détenteur l’information. « La culture 2.0 dépasse les structures hiérarchiques, analyseMarion Breuleux.Aujourd’hui, chaque collaborateur, quel que soit son statut, peut devenir un influenceur de l’entreprise. »

Cette difficulté mise à part, les RSE renforcent les liens entre les collaborateurs, notamment par leur dimension extraprofessionnelle :

Des communautés se créent en fonction des goûts, des activités pratiquées… Ce sont aussi ces liens transversaux qui permettent de nouer des relations. »

Pour la responsable Management et Efficacité professionnelle d’Abilways, les relations humaines sont le pilier de ces nouveautés, et «même si ce ne sont jamais les outils qui font changer l’entreprise, ceuxci élargissent tant le champ des possibles que nous ne pouvons que nous en réjouir.»

NON, Gare au miroir aux alouettes !

S’ils sont de formidables outils de travail, de partage des connaissances et d’expérience, les réseaux sociaux et autres tchats «sont aussi une bulle dans laquelle on rencontre beaucoup de monde sans jamais rencontrer personne, une sorte de miroir aux alouettes» estimeDamien Ponçon, coach et dirigeant deDamien Ponçon Conseil – Agir Efficace.

Des outils qui, en outre, vont tous dans le même sens : «Ils aggravent la peur de l’autre en nous poussant à ne le rencontrer qu’à distance, dans le monde virtuel, caché derrière l’outil », analysetil.

Damien Ponçon

Une tendance qui ne s’applique pas uniquement aux réseaux sociaux : «Le simple fait d’utiliser l’email pour expliquer un problème fausse la communication, et a tendance à amplifier le problème» prévient Damien Ponçon.

Que cela soit sur les réseaux sociaux d’entreprise ou par le biais des messageries professionnelles, les discussions virtuelles sont source de quiproquos car «les mots n’ont pas toujours le même sens pour nous que pour celui qui les reçoit. Les yeux, le corps,

la réaction de l’autre, ça compte !» insistetil, en soulignant que c’est souvent une crainte, consciente ou non, qui nous pousse à agir à distance «alors que le simple fait de se déplacer ferait vite tomber cette appréhension. »

Car l’impression de proximité créée par Internet et les smartphones est toute relative.

Ces outils ont l’intérêt de nous rapprocher des gens qui sont loin, mais ils nous éloignent de ceux qui sont près !»

avertitDamien Ponçon. Le 2.0 crée bien un décloisonnement entre les services ou les antennes d’une entreprise, cependant «ce serait une erreur de croire qu’il remplace les liens réels, physiques» insistetil, estimant que « le face à face demeure le moyen le plus efficace pour connaître ses collègues, leur personnalité et leur manière de travailler.»

Les termes de « connaissance » ou « relation professionnelle » n’ont pas le même sens sur un réseau social que dans la vie réelle. Le nombre de relations étant l’un des critères essentiel de reconnaissance, «beaucoup d’utilisateurs cherchent à agrandir sans cesse leur sphère et à avoir le plus grand nombre de contacts», constate Damien Ponçon.

Notre réseau se gonfle ainsi d’une multitude de relations professionnelles au second, voire troisième degré, que nous ne connaissons pas et avec lesquelles nous avons bien peu de chance de travailler un jour.

Si notre coach assume le fait d’utiliser son smartphone et les réseaux professionnels au quotidien, il insiste donc sur l’importance des rencontres physiques entre collègues, entre différentes équipes ou entre managers, «irremplaçables pour saisir le point de vue des autres, et qui évitent beaucoup de gaspillage de temps et d’énergie. » Des rendezvous réguliers, même courts, entre différents services, «ce n’est pas de la réunionite, mais un outil de management efficace, qui place véritablement l’humain au cœur du dispositif.»