L ile aux enfants
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L'ile aux enfants

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-L’île aux enfants- ( 1 ère partie ) ( Rolain Délinois) 2 -En famille- « Un monde créé pour les enfants, un monde gouverné par les enfants, un monde où les enfants sont les rois. » Dranesilas le sorcier. Daniel avala son verre de lait avec tant d’empressement qu’il faillit s’étrangler et ses yeux se remplirent de larmes. Son père s’en aperçut, il lui demanda dans un sourire : « Danny mon petit, t’as pas le diable aux trousses. Prends ton temps. -Je veux pas être de nouveau en retard à l’école ce matin. Tu sais, M. Hartley le professeur de géographie, je crois qu’il a une dent contre moi, papa ! » répondit-il. Son père le regarda d’un air narquois, il ne croyait pas un traître mot de ce que racontait son fils. Danny n’avait que dix ans mais il était déjà très malin et surtout très turbulent : il changeait d’école pratiquement chaque année au grand 2 3 désespoir de ses parents qui souhaitaient que leur fils connut une scolarité normale. Son père se demanda ce qu’il avait encore une fois fait pour s’attirer les foudres de son instituteur. « Ne me dis pas que tu as encore fait une de tes mauvaises plaisanteries pendant son cours ? -Je t’assure papa, je n’ai rien fait. Il me déteste pou rien.

Informations

Publié par
Publié le 15 décembre 2013
Nombre de lectures 67
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

 -L’île aux enfants-
 ( 1 ère partie
)
 ( Rolain Délinois)
 -En famille-
2
 « Un monde créé pour les enfants, un monde gouverné par les enfants, un monde où les enfants sont les rois. »  Dranesilas le sorcier.
 Daniel avala son verre de lait avec tant d’empressement qu’il faillit s’étrangler et ses yeux se remplirent de larmes. Son père s’en aperçut, il lui demanda dans un sourire : « Danny mon petit, t’as pas le diable aux trousses. Prends ton temps.  -Je veux pas être de nouveau en retard à l’école ce matin. Tu sais, M. Hartley le professeur de géographie, je crois qu’il a une dent contre moi, papa ! » répondit-il.  Son père le regarda d’un air narquois, il ne croyait pas un traître mot de ce que racontait son fils. Danny n’avait que dix ans mais il était déjà très malin et surtout très turbulent : il changeait d’école pratiquement chaque année au grand
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désespoir de ses parents qui souhaitaient que leur fils connut une scolarité normale. Son père se demanda ce qu’il avait encore une fois fait pour s’attirer les foudres de son instituteur.  « Ne me dis pas que tu as encore fait une de tes mauvaises plaisanteries pendant son cours ? -Je t’assure papa, je n’ai rien fait. Il me déteste pou rien. »  Son père haussa les épaules. Il jugea de ne pas aller plus avant, il aviserait son épouse qui se chargerait de régler cette affaire comme toutes les fois que Danny s’attirait des problèmes à l’école par ses bêtises. Danny en profita pour terminer son repas : devant lui, sur la table, dans un plat se trouvaient des beignets parmi des tranches d’ananas et d’oranges. Il en prit quelques-uns qu’il croqua silencieusement, la tête baissée pour se faire oublier de son père.  Au même moment, sa mère apparut. Elle se dirigea vers le réfrigérateur, lui jetant au passage un regard étonné : « Danny, c’est pour quand la fin de ton petit-déjeuner ? -Man, j’ai bientôt fini ! -Alors fais vite sinon tu seras en retard ce matin. Cela commence à devenir une mauvaise habitude chez toi Danny ! »  Danny ne se fit pas prier car il craignait sa mère et sa sévérité. Alors que son père se laissait facilement circonvenir par ses explications, elle se montrait généralement inflexible, refusant de céder à ses caprices et n’hésitant pas à le corriger
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s’il le fallait. Ses mensonges, ses explications colorées ne l’émouvaient guère. Avec elle, Danny savait qu’il n’y avait à espérer aucune considération. Il dévora une dernière tranche d’ananas et fila chercher son sac dans sa chambre.  Dans la voiture, alors que ses parents discutaient des dernières nouvelles à la radio, Danny pour se faire oublier fit mine d’étudier en tenant sagement son livre de géographie. Il lisait distraitement le chapitre traitant des différentes dénominations des cours d’eau. En fait, il avait beau s’y mettre, beau s’efforcer ,il ne retenait pratiquement rien, ce qui le désolait beaucoup. Son père qui conduisait jeta un coup d’œil au rétroviseur et l’aperçut, les yeux dans son livre. Il sembla se souvenir alors de lui. « Maryne, je crois que Daniel recommence à faire des siennes…dit-il a sa femme. -Comment ? demanda-t-elle. Qu’est-ce qu’il a encore fait ? -Il m’a raconté que M. Hartley l’aurait pris en grippe ! Ah, tu sais mieux que moi… -C’est quoi encore le problème ? » demanda Maryne à son fils en se retournant.  La voix était sévère, n’admettant aucun mensonge. Danny se dit qu’il redoutait toujours quand sa mère prenait ce ton comme pour un interrogatoire au commissariat. « Je ne sais pas ce que je lui ai fait man, je te jure. Il doit me détester…
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-Daniel, cette année il était convenu que tu te débrouillerais pour ne pas être expulsé de ton établissement. Je te promets que si cela arrivait, tu aurais affaire à moi ! -Mais man, c’est pas moi… -Suffit Daniel ! »  Le ton était sans réplique. Danny n’ajouta rien, se contentant de jeter un regard vers son père ; celui-ci semblait absorbé par le volant. Danny se replongea le cœur serré dans son livre de géographie où les images de cours d’eau parurent s’animer sous ses yeux en vagues irréelles. Il se dit qu’il détesterait toujours l’école, les professeurs et leur discipline qui l’étouffait impitoyablement.
 Le gâchis--
 La Heartland Private School était logée dans une vieille bâtisse dont la dernière rénovation devait dater d’au moins vingt-cinq ans. Ses toits abritaient une population fort nombreuse et bruyante de colombes qui durant les cours venaient se poser sur le rebord des fenêtres, regardant les écoliers amusés de leurs innocents
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petits yeux noirs. Néanmoins, l’établissement jouissait d’une excellente réputation et la discipline qui y régnait était de fer. En quête d’une école de qualité où placer leur fils, les Coolidge avaient tout naturellement jeté leur dévolu sur La Heartland Private School.  Lorsque ses parents le déposèrent devant l’école, il les salua et leur promit qu’il serait sage tout au cours de la journée. « Tu as intérêt Daniel ! Et mets ton manteau et ton bonnet, il commence à neiger. » lui lança sa mère.  Elle regarda son fils s’éloigner en direction de l’escalier de bois qui menait à la cour de recréation où des dizaines d’écoliers étaient rassemblés en petits groupes sous les premiers flocons de neige. Maryne aimait beaucoup son fils, son unique enfant mais se désolait de le voir aussi indiscipliné. Au début , elle croyait qu’il agissait de la sorte pour attirer leur attention et l’avait laissée faire. Mais quand elle vit la tournure que prenait les évènements, elle crut manquer de fermeté et changea de stratégie. Désormais, elle se montra intransigeante mais les résultats tardaient encore à se manifester. La Devon High School, la précédente école de Danny l’avait renvoyé après seulement quatre mois de cours.  M. Hartley allait et venait dans la classe entre les rangées de bancs. Il était aujourd’hui question de fleuve et de lac. Il y avait une grande carte
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déroulée sur le tableau avec les principaux fleuves du pays. Comme toujours, M. Hartley faisait preuve d’un verbe intarissable et d’explications particulièrement soporifiques, ce qui finissait immanquablement par rendre son cours super-ennuyeux pour ses élèves. Aucun doute là-dessus, ils s’ennuyaient ferme. Leurs petites têtes vacillaient sur leurs épaules, certains luttaient pour garder les yeux ouverts tandis que l’imperturbable M. Hartley continuait de débiter ses notions. Il devait avoir le feu sacré !  Danny regarda autour de lui. Ses camarades mourraient d’ennui. Son voisin le lui fit remarquer : « Dis-donc Danny, Hartley veut nous assommer aujourd’hui. On meurt d’ennui avec ce bonhomme, Fais donc quelque chose, vieux. »  Et Danny, comme toujours sut qu’il devait mettre un peu d’animation dans la classe. Il ne perdit pas de temps : il déchira une page blanche de son cahier et en fabriqua un petit avion. Sitôt que M. Hartley tourna le dos, il le lança. Hartley en se retournant, piqua alors une crise en voyant l’avion de papier étendu sur le parquet, comme pour le narguer tandis que la classe, réveillée par cet artifice ne pouvait s’empêcher de rire.  Il se calma, le ramassa et le jeta à la poubelle. Danny, encouragé des yeux par ses amis, le refit par trois fois. La classe était aux anges, M. Hartley étouffait. Danny, emporté par son succès, ne sut pas s’arrêter au moment opportun. Il
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déchira une nouvelle page pour en faire un avion mais cette fois, M. Hartley l’aperçut. « Je suppose que vous comptiez vous moucher avec cette feuille de papier, Coolidge ? »  Danny se retrouva au bureau du préfet avec un M. Hartley au bord de la crise de nerfs, rouge comme une écrevisse, soufflant par la bouche, le nez et les oreilles comme une locomotive en furie. « Qu’y a-t-il, M. Hartley ? demanda le préfet d’une voix ennuyée. -Ce chenapan, M. Chaudet, a transformé ma classe en aérodrome. Il lance des avions dans mon dos, ce qui est malin. -Haha ! Coolidge, je crois que vous allez prendre une bonne colle ! » jubila le préfet.  Danny tenta bien de se défendre mais dans ce genre de situation, son expérience ne lui laissait aucune illusion : Hartley et Chaudet ne lui donneraient aucune chance. Et comme prévu, il fut renvoyé chez lui pour deux semaines. Danny se dit que la journée ne pouvait mieux commencer : son ennemi, M. Hartley venait de lui infliger un renvoi de deux semaines. Rien que de penser à ce que diraient ses parents lors qu’ils l’apprendraient, Danny se sentit fondre sur son banc dans le bureau du préfet comme beurre au soleil.  Il passa le reste de la journée dans une salle attenante au bureau du préfet. Quand son père vint le chercher, M. Chaudet, un sourire mauvais aux lèvres, se porta à sa rencontre. Il l’entraîna
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dans son bureau et referma la porte derrière eux. Danny se leva, inquiet pour s’approcher de la porte dans l’espoir d’entendre quelques bribes de la conversion entre les adultes. Peine perdue, il n’entendit pas grand-chose.  Mais la teneur ne faisait aucun doute puisque lorsque son père sortit du bureau, sa mine était suffisamment explicite. Il attrapa Danny par le bras et le secoua vigoureusement sous les yeux ravis de M. Chaudet. « Je vois que tu as encore fait des siennes Daniel ! Attends que ta mère l’apprenne ! -Papa, c’est pas ce que tu crois… commença Danny. -Et quoi encore ? Il te déteste, c’est ça ? Tu n’as comme toujours rien fait ! »  Sa mère assise dans la voiture, lisait un document dans une chemise rouge. En quelques mots, M. Coolidge expliqua à sa femme ce qui s’était passé à l’école avec Danny . Mme Coolidge explosa : « Encore ! Mais ce garçon a le diable au corps ou quoi ! Mon Dieu, je crois que je vais t’infliger à la maison une correction que tu ne seras pas prêt d’oublier ! »  Danny, trop effrayé pour répondre ou pour tenter une défense désespérée ne trouva mieux que d’éclater en sanglots, ce qui eut pour effet d’accroître la colère de sa mère qui lui lança d’une voix aigre : « Tu ferais mieux d’économiser tes pleurs pour plus tard ! »
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 Aussitôt rentrés, Mme Coolidge saisit un ceinturon de cuir marron et administra une terrible râclée a son fils. Danny pleura, se tordit, roula par terre mais rien y fit : sa mère frappait impitoyablement. A la fin, à bout de souffle, elle s’arrêta, le visage rouge, en sueur. « J’espère que cela t’apprendra ! Si jamais tu apprennes un jour. Maintenant va dans ta chambre et que je ne t’entende plus de l’après-midi. C’est compris ? »  Danny ne répondit pas et monta l’escalier qui menait à sa chambre à l’étage. Là, il sanglota tout son saoul. A la fin, il se dit qu’il haïssait les grandes personnes et souhaiterait vivre dans un monde sans adulte, sans fouet, sans M. Hartley, où les enfants seraient libres et agiraient à leur guise. Ah , si ce monde existait, il ferait certainement bon y vivre !! Il s’endormit avec cette pensée réconfortante.
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 -L’appel de M. Calais-
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M. et Mme Coolidge discutaient dans le salon. « Georges, cela ne peut plus continuer, Danny emprunte décidément un mauvais chemin. -Maryne, je suis tout aussi inquiet que toi, crois-moi. On a beau le corriger, il recommence… -Mon Dieu, qu’est-ce qu’il a ? Est-ce qu’il manque de quelque chose ? Non… Sommes-nous de mauvais parents Georges ? Dis-moi, je t’en prie, peut-être que nous sommes de mauvais parents ? - Ne dis pas ça chérie, voyons. Je crois que Danny est juste un peu trop troublé… - Seulement ça ! Moi, je crains qu’il ne finisse un jour en prison ! »  Le silence tomba après ces dernières paroles de Mme Coolidge. Son mari lui adressa un regard horrifié. Les yeux de la pauvre femme s’emplirent de larmes. Elle souffrait énormément du caractère turbulent de son fils. Le téléphone sonna près d’eux. Ce fut le mari qui le décrocha.  Il parla longuement puis raccrocha. « Qui c’était ? lui demanda son épouse.
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