Damien ou la bêtise non reconnue

Sylvaine Garderet

Description

Il était une fois une petite bêtise non reconnue. Savez-vous ce que c'est qu’une bêtise non reconnue ? La plupart des gens ignorent que les bêtises, comme nombre d’humains, ont un fort besoin de reconnaissance. Une bêtise non reconnue, c'est une bêtise que personne n'a assumée, dont personne n'a revendiqué la responsabilité. Il en existe beaucoup à travers le monde, des milliers, des millions… Mais revenons à la petite bêtise non reconnue de notre histoire. Cette petite bêtise devait son existence à Damien, un gentil garçon de huit ans. Il l'avait faite sans y penser, par négligence et sans volonté de nuire. Damien avait été le premier étonné d’être à l’origine de cette petite bêtise. Plutôt que de la reconnaître, il avait préféré la remiser sous son lit. Il espérait naïvement qu'elle finirait par disparaître si on ne s'occupait pas d’elle. Mais il se trompait lourdement. Pendant que Damien se pensait débarrassé du problème,la petite bêtise, s'ennuyant sous le lit seule et abandonnée, commença à réfléchir. Elle s'inventait des histoires dont elle était l’héroïne. Et plus son imagination s'emportait, plus elle se gonflait d’importance. Progressivement, la petite bêtise grossissait, grossissait…Et plus la bêtise grossissait, moins Damien dormait paisiblement.

Informations

• Publié par: SylvaineG
• Publié le: 24 octobre 2014
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• Langue: Français

Extrait

Damien et la bêtise non reconnue Il était une fois une petite bêtise non reconnue. Savezvous ce que c’est qu’une bêtise non reconnue ? La plupart des gens ignorent que les bêtises, comme nombre d’humains, ont un fort besoin de reconnaissance. Unebêtise non reconnue, c’est une bêtise que personne n’a assumée, dont personne n’a revendiqué la responsabilité. Il en existe beaucoup à travers le monde, des milliers, des millions… Mais revenons à la petite bêtise non reconnue de notre histoire. Cette petite bêtise devait son existence à Damien, un gentil garçon de huit ans. Ill’avait faite sans y penser, par négligence et sans volonté de nuire. Damien avait été le premier étonné d’être à l’origine de cette petite bêtise. Plutôt que de la reconnaître, il avait préféré la remiser sous son lit. Il espérait naïvement qu’ellefinirait par disparaîtresi on ne s’occupait pas d’elle. Mais il se trompait lourdement. Pendant que Damien se pensait débarrassé du problème,la petite bêtise, s’ennuyant sous le lit seule et abandonnée, commença à réfléchir. Elle s’inventait des histoires dont elle était l’héroïne. Et plus son imagination s’emportait, plus elle se gonflait d’importance. Progressivement, la petite bêtise grossissait, grossissait…Et plus la bêtise grossissait, moins Damien dormait paisiblement. La nuit,il s’agitait dans son sommeil, perturbé par les bruissements de la bêtise qui avait de moins en moins de place sous le lit et qui bougeait lourdement, comme pour se dégager de cet endroit confiné. Enfin, une nuit, Damien fut réveillé en sursaut par une impression étrange. Son lit semblait tanguer comme un bateau sur une mer agitée. Il se leva précipitamment et constata que la bêtise avait maintenant suffisamment de forces pour soulever le lit. Damien déplaça son lit, regarda l’énorme bêtise, et se mit à sangloter en la regardant. «Ce n’est pas juste! Au départ tu n’étais qu’une toute petite bêtise, et voilà que maintenant tu es devenue énorme et que tu m’empêches de dormir tranquillement! Comment faire pour me débarrasser de toi ? » « Ah ah, dit alors la bêtise, tu voudrais te débarrasser de moi? Eh bien tant mieux. J’en ai assez de rester seule sous ton lit. Et de toute façon, si ça continue comme ça, bientôt tu n’auras plus de meuble assez gros dans ta chambre pour me cacher. Voilà ce que tu vas faire : tu vas aller trouver une grande personne, un adulte en qui tu as confiance, et tu vas me confier à cette personne. Tu verras, c’est le meilleur moyen de te débarrasser de moi.» « Vraiment ? » Damien était bien étonné du conseil de la bêtise, mais de toute façon, il n’avait pas de meilleure idée. Il prit son oreiller et sa couette et alla terminer sa nuit dans le couloir, attendant le petit matin pour suivre le conseil de la bêtise. Le lendemain matin, la maman de Damien eut la surprise de voir arriver son petit garçon tout penaud, les yeux pleins de remords et les bras chargés d’une énorme, énorme bêtise très encombrante. La maman était une personne très bienveillante et pleine d’astuces. C’était vraiment la personne idéale à qui l’on pouvait confier un très lourd secret ou une énorme bêtise. Elle monta au grenier, et revint bientôt avec une grosse boite sur laquelle une étiquette annonçait : « boite à bêtises». Elle l’ouvrit, et y enfourna l’énorme bêtise. Celleci avait tellement grossi qu’elle fut un peu difficile à convaincre, mais la maman de Damien l’y fit entrer de force et referma soigneusement le couvercle. Puis la boite à bêtise fut remise à sa

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place, sur une étagère dans le grenier, entre la boite à chaussettes trouées et la boite à gants dépareillés. Dès qu’il entendit la porte du grenier se refermer, Damien respira plus aisément. Il se sentait réellement soulagé. Il passa une excellente journée, et, le soir venu, s’endormit d’un sommeil paisible. Quant à notre bêtise, elle commença une nouvelle vie. Au début, elle se trouva un peu à l’étroit dans la boite à bêtises. Mais très vite, elle fit connaissance avec les autres bêtises qui se trouvaient là, et, parlant beaucoup et ne s’ennuyant plus, elle ne tarda pas à maigrir considérablement, jusqu’à ce qu’elle fut devenue une toute petite bêtise, une insignifiante petite bêtise reconnue. Il faut dire qu’elle se trouvait en bonne compagnie dans la boite à bêtises, car il y avait là au moins un millier de bêtises reconnues! C’est que Damien avait un frère et une petite sœur qui participaient efficacement à la production annuelle de bêtises, sans parler de son papa et de sa maman qui n’étaient pas en reste, eux non plus. Eh oui, même les grands contribuaient à remplir la boite à bêtises dans la famille de Damien. Dans la vôtre aussi peutêtre ? Sylvaine Garderet

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