La lecture à portée de main
Description
Informations
Publié par | crobert |
Publié le | 04 septembre 2016 |
Nombre de lectures | 30 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 13 Mo |
Extrait
L’ART EST-IL UN LUXE ? L’artconvoquetroisfiguresàsaréalisa5on:l’œuvrequiestl’objetquisedonneàvoiretqui
est l’incarna on sensible du beau ; l’ar5stequiacréécetobjet;et le spectateur, qui
contemplece?eœuvre.Cestroisfiguresdictentl’ordredestroisleçonsconsacréesàl’art.
1.L’artest-ilunluxe?
2.Ya-t-ildesrèglesenart?
3.Labeautéest-elleaffairedegoût?1.L’artest-ilunluxe?
1. Inu litédel’œuvred’art
2. Eternitédel’œuvred’art
3. Laredécouvertedumonde
1.Inu litédel’œuvred’art
Lemotart,enfrançais,désignesoitunetechnique,soituneac5vitéquimèneàlaproduc5on
d’œuvresbelles.Ensonpremiersens,l’artestunsavoir-faireetdésignel’habiletéàu;liserun
certainnombredemoyenspoura eindreunecertainefin.Ensonsecondsens,l’artdésignesoit
l’ac;vitéproprementditedel’ar;ste,soitlesproduitsdesonac;vité(encesens,onparle
souventdesbeaux-arts).U5le=cequisert,cequiestdirigéversunefinextérieure.
UTILE
INUTILE«Remarquonsquel’ar;steatoujourspassépour
un«idéaliste».Onentendparlàqu’ilestmoins
préoccupéquenousducôtéposi;fet matérielde
lavie.Pourquoi,étantplusdétachédelaréalité,
arrive-t-il à y voir plus de choses ? On ne le
comprendrait pas si la vision que nous
avons
habituellementdesobjetsextérieursetdenousmêmesn’étaitunevisionquenotrea achementà
laréalité,notrebesoindevivreetd’agir,nousa
amenésàrétréciretàvider.Defait,ilseraitaisé
demontrerqueplusnoussommespréoccupésde
vivre,moinsnoussommesenclinsàcontempler,et
quelesnécessitésdel’ac;ontendentàlimiterle
champdelavision.(...)
Mais,deloinenloin,parunaccidentheureux,des
hommessurgissentdontlessensoulaconscience
estmoinsadhérenteàlavie.Quandilsregardent
unechose,ilslavoientpourelle,etnonpluspour
eux. Ils ne perçoivent plus simplement en vue
d’agir;ilsperçoiventpourpercevoir−pourrien,
pourleplaisir.Paruncertaincôtéd'eux-mêmes,
soitparleurconscience,soitparundeleurssens,
ils naissent détachés ; (...) et c’est parce que
l’ar;stesongemoinsàu;lisersapercep;onqu’il
perçoitunplusgrandnombredechoses.»
HenriBergson–LaPenséeetlemouvantBeautélibre
etbeautéadhérente«Oublierais-jequecefutdansleseinmêmedelaGrècequ’on
vits’éleverce ecitéaussicélèbreparsonheureuseignorance
queparlasagessedeseslois,ce?erépubliquededemi-dieux
plutôtqued’hommes,tantleursvertussemblaientsupérieures
à l’humanité ? O Sparte, opprobre éternel d’une vaine
doctrine ! tandis que les vices conduits par les beaux-arts
s’introduisaientensembledansAthènes,tandisqu’untyrany
rassemblait avec tant de soin les ouvrages du prince des
poètes, tu chassais de tes murs les arts et les ar5stes, les
sciencesetlessavants!
L’événementmarquace?edifférence.Athènesdevintleséjour
delapolitesseetdubongoût,lepaysdesorateursetdes
philosophes:l’élégancedesbâ mentsyrépondaitàcelledu
langage : on y voyait de toutes parts le marbre et la toile
animés par les mains des maîtres les plus habiles. C’est
d’Athènes que sont sor5s ces ouvrages surprenants qui
servirontdemodèlesdanstouslesâgescorrompus.Letableau
de Lacédémone est moins brillant. Là, disaient les autres
peuples,leshommesnaissentvertueux,etl’airmêmedupays
sembleinspirerlavertu.Ilnenousrestedeseshabitantsquela
mémoire de leurs ac ons héroïques. De tels monuments
vaudraient-ils moins pour nous que les marbres curieux
qu’Athènesnousalaissés?»
Rousseau–Discourssurlessciencesetlesarts«Regre>eraquiveutlebonvieuxtemps,
Etl’âged’or,etlerègned’Astrée,
EtlesbeauxjoursdeSaturneetdeRhée,
Etlejardindenospremiersparents;
Moi,jerendsgrâceàlanaturesage
Qui,pourmonbien,m’afaitnaîtreencetâge
Tantdécriéparnostristesfrondeurs:
Cetempsprofaneesttoutfaitpourmesmœurs.
J’aimeleluxe,etmêmelamollesse,
Touslesplaisirs,lesartsdetouteespèce,
Lapropreté,legoût,lesornements:
Touthonnêtehommeadetelssen;ments.»
Voltaire–LeMondain