Le Projet Synesthéorie a également l honneur d être invité à participer à un colloque organisé en partenariat avec les universités de Yale, Cambridge et Paris Sorbonne :
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Les couleurs, socialement, sont porteuses de sens. Pensez-vous qu’il existe un langage commun des sens ?
En musique, il y a un vocabulaire coloré que l’on utilise tous. Les voix graves sont chaudes et sombres, le son d’une cloche aigu et clair. Plusieurs études s’intéressent à l’influence des cultures sur ces associations de sens et montrent qu’il existerait un substrat sensoriel commun à l’humanité. Ce substrat associerait une couleur à une émotion, par exemple le noir au deuil. Ensuite, chaque culture s’en emparerait. Une société qui serait en opposition avec une autre pourrait avoir choisi le blanc en réponse. On aurait donc l’impression d’un arbitraire pour le blanc qui serait en réalité l’expression d’une opposition au noir d’origine.
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Langue Français

Extrait

Goûter les livres, humer les couleurs et dessiner les concepts. C’est le quotidien de Vincent Mignerot. Son cerveau fusionne ses sens. Comme Rimbaud et ses voyelles en couleurs, il est synesthète. Un phénomène neurologique rare. À 33 ans, Vincent s’explore : psychologie, écriture, travaux acrobatiques dans le bâtiment… Son mot d’ordre : l’éclectisme. Aujourd’hui il s’intéresse aux explications scientifiques de la synesthésie. Alors sa singularité, il la dissèque dans un projet qu’il a fondé il y a deux ans, la «synesthéorie». Son ambition est double : étudier l’influence de la synesthésie dans l’histoire des arts, de la science et de la philosophie et développer des applications grand public de cette fusion des perceptions. Vincent Mignerot c’est un corps et un esprit qui composent sur une même partition. Au fil de l’entretien, il se dévoile et se joue du dualisme cartésien.
Avez-vous toujours su que vous étiez synesthète ?
Non, c’est assez récent. Il y a une dizaine d’années, lorsque je faisais des études de psychologie, je suis tombé sur un article. J’ai découvert que voir les chiffres en couleur n’était pas commun. En réalité, la synesthésie est une sensation tellement naturelle qu’on ne peut pas le deviner. Imaginez : la couleur n’est en aucun cas un parasite, bien au contraire, elle est indissociable du chiffre. C’est sa nature. C’est également le cas pour les lettres, ou les dates. Grâce à sa couleur et sa forme certaines personnes sont capables de vous dire instantanément que le 12 avril 1979 était un lundi.
Cette découverte s’est donc fait progressivement…
Oui, mon premier rapport à la synesthésie s’est effectué au travers des nombres et des graphes. Ensuite, se sont invités les sons. Mais ce n’est que quelques années plus tard, lorsque je suis revenu à l’étude de ce phénomène neurologique, que j’ai découvert ma synesthésie cognitive. Jusqu’en février 2011, je ne savais pas que voir les concepts abstraits était anormal ! Ça m’a laissé perplexe… À l’idée de métaphore, par exemple, j’associe une image en trois dimensions, colorée et dotée d’une texture. Parce que le concept fait toujours appel à un tissu de connaissances associées à des perceptions, il prend toujours forme dans mon esprit, même s’il s’agit d’un concept abstrait nouveau. Alors, forcément, je me demande ce que c’est de penser sans image… Il y a tellement de sens porté par ces figures géométriques que je ne sais pas d’où il peut provenir quand on ne les a pas.
Comment vivez-vous vos synesthésies ?
Lorsque j’écris, les phrases ont un équilibre, une cohérence et une logique. Quand je couche une phrase sur le papier, l’image qu’elle enfante peut montrer des failles, dans mon esprit : une couleur devient plus noire, une partie du dessin est déstructuré. Ces informations portées par l’image renvoient le sens porté par la phrase. Pour obtenir un texte plus fluide et plus juste, il faut essayer d’en rééquilibrer l’image mentale. Plus j’écris, plus j’éprouve le besoin de recréer un tableau harmonieux. J’ai pu construire un raisonnement philosophique valable et donc écrire mon livreEssai sur la raison de tout, en épousant ce principe. La synesthésie fait du lien entre les sens, mais peut être qu’elle fait surtout du lien et du sens.
Pourtant la synesthésie ne touche pas uniquement la théorie et les concepts. Mes synesthésies accompagnent également mes lectures. Je peux avoir le souvenir d’un goût de livre : un goût amer ou au contraire très doux. Et si je repense à un chapitre en particulier, il peut avoir une sensation d’ordre tactile ou une teinte. Ces perceptions sont peut-être
surdéveloppées chez le synesthète mais je pense qu’elles s’expriment pour tout un chacun, dans une moindre mesure.
La synesthésie est-elle un don ou un handicap ?
C’est un peu comme un trait de caractère, c’est une particularité. Pour certaines personnes c’est très handicapant. Lorsque la synesthésie est couplée avec une hypermnésie, cela peut rendre fou. Non seulement on se souvient de tout mais en plus de toutes ses perceptions. Mais pour quelqu’un comme moi, c’est plutôt un atout. La synesthésie peut avoir un côté magique vue de l’extérieure. Mais, ne vous y trompez pas, elle peut aussi bien favoriser les apprentissages que les gêner. Pour les mathématiques, par exemple, ça m’a plutôt desservi d’associer des couleurs aux chiffres. Avec les professeurs, on ne se comprenait pas. On m’enseignait une connaissance arbitraire du chiffre et du calcul alors que pour moi tout était intimement relié.
Les couleurs, socialement, sont porteuses de sens. Pensez-vous qu’il existe un langage commun des sens ?
En musique, il y a un vocabulaire coloré que l’on utilise tous. Les voix graves sont chaudes et sombres, le son d’une cloche aigu et clair. Plusieurs études s’intéressent à l’influence des cultures sur ces associations de sens et montrent qu’il existerait un substrat sensoriel commun à l’humanité. Ce substrat associerait une couleur à une émotion, par exemple le noir au deuil. Ensuite, chaque culture s’en emparerait. Une société qui serait en opposition avec une autre pourrait avoir choisi le blanc en réponse. On aurait donc l’impression d’un arbitraire pour le blanc qui serait en réalité l’expression d’une opposition au noir d’origine.
Les images, les sons et les couleurs associés aux concepts ou aux graphes sont-ils arbitraires ?
Les synesthésies sont idiosyncrasiques, c’est à dire que tous les synesthètes n’attribuent pas les mêmes couleurs aux mêmes lettres. Mais pour le synesthète ces couleurs ne sont pas arbitraires. Pourtant, si je vous dis le 5 est rouge et que vous me donnez juste la couleur rouge en me disant ça c’est un 5, je vous dirais non. Il y a, en effet, très peu de chance pour que le rouge que vous me présentiez soit celui de mon esprit. Les synesthésies sont donc rarement à double sens parce qu’elles sont d’une richesse géométrique et colorée extrêmes. Ce qu’il faut retenir, c’est que la couleur est l’identité même du graphème et qu’elle est porteuse du même sens. Je pense que la synesthésie lie les sens et fait surtout sens.
Elisa Thévenet
·Le Projet Synesthéorie a également l'honneur d'être invité à participer à un colloque organisé en partenariat avec les universités de Yale, Cambridge et Paris Sorbonne :
MAKING SENSE
Je présenterai lors de cet événement (lundi 17 décembre à Paris, 16h), avecColine Malivel, une étape de travail du projet artistique et techniqueLes Paysages Sonores, projet qui a pour ambition de partager le vécu d'une synesthésie auditive (le fait de "voir les sons").
Les derniers articles publiés sur le site du Projet Synesthéorie :
> Retrouvez lesémissions de JC Ameisenqui parlent de synesthésie,France Inter
>Sexualité et synesthésie: si nous devions décrire nos orgasmes, y trouverions-nous des synesthésies ?
> En 1913, le peintreLéopold Survagepeignait les rythmes, et nous pourrions voir dans ces oeuvres de belles synesthésies auditives (suivre ce lienpour découvrir d'autres tableaux) :
Vincent Mignerot, initiateur du Projet Synesthéorie, est aujourd'huichercheur indépendant. Vous pouvez télécharger ledossier de presse du projetet faire appel à son expérience et ses recherches pour l'organisation deconférences pédagogiquesou pourtout événement en lien avec les questionnements sur la perception, le multimodal, le décloisonnement, le trans-disciplinaire... Merci de votre intérêt pour le projet, A bientôt ! Vincent.
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