L ombre d une rose (tome 1)
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Description

>Æa_TdW VÆg`W daeW 1 © 2016 Délicia Pioggia ISBN : 9782322077441 ĚŝƚŝŽŶ ͗ Ž Ρ- Books on Demand, 12/14 rond-point des Champs ůLJƐĠĞƐ͕ ϳϱϬϬϴ WĂƌŝƐ͕ &ƌĂŶĐĞ͘ /ŵƉƌŝŵĠ ƉĂƌ Ž Ρ- Books on Demand GmbH, Norderstedt, Allemagne 2 « Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentHPHQW GH O¶DXWHXU ou de ses ayant droit ou ayant cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. » 3 4 Pour mesSDUHQWV TXH M¶DLPH PRQ IUqUH HW PRQ ILDQFp 5 Chapitre 1 Parfois on attend que les choses changent sans se rendre compte que les choses ont déjà changé. On implore un miracle, véhiculant l'idée que si notre vie changeait, notre esprit en serait pleinement satisfait.

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Publié le 08 juin 2016
Nombre de lectures 296
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

L’ombre d’une rose
1
© 2016 Délicia Pioggia ISBN : 9782322077441ÉditioŶ : BoD™- Books on Demand, 12/14 rond-point des Champs Elysées, ϳ500ϴ Paris, FraŶce. Iŵpriŵé par BoD™- Books on Demand GmbH, Norderstedt, Allemagne2
« Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. »
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Pour mesparents que j’aime, mon frère et mon fiancé.
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Chapitre 1
Parfois on attend que les choses changent sans se rendre compte que les choses ont déjà changé. On implore un miracle, véhiculant l'idée que si notre vie changeait, notre esprit en serait pleinement satisfait. Mais il arrive des moments dans la vie où les changements ne sont pas ceux que l'on attend. Ils arrivent, ne crient pas gare et tambourinent à votre fenêtre cherchant en vain à vous annoncer que ça y est, rien ne sera jamais plus comme avant. Tout est différent. Et quand vous croyez que rien ne peut être pire que l'instant présent, l'instant présent se hâte de vous dire que le pire est à venir.
- Une lettre de votre gendre, Madame Inamoro.
George était le facteur du village. Ici, tout le monde le connaissait et bien qu’il fut un bon ami de la famille, à la vue de la provenance de la lettre, un sentiment à la fois de joie et de quiétude vint m’envahir. Ma mère ne se fit pas prier pour ouvrir l'enveloppe. Et enfin, ça y est ! Le verdict était tombé. Son regard bleu-gris vint rencontrer le mien. Il était vide d'émotions. Je compris rapidement que ce n’était pas de bon augure et pourtant, lorsqu’elle me tendit la lettre, je me précipitai à la lire.
« Patricia, je m'inquiète pour votre fille. Cela fait quelques semaines que la nouvelle est tombée.Elle ne voulait pas vous en parler, mais je vous dois la vérité... Hélène a une tumeur cancéreuse.Les médecins sont peu confiants sur son rétablissement. Les traitements -toujours plusdouloureux-ne font que l’assommer plutôt que de la guérir. Je pense qu’elle a besoin de vous, etde Florélina aussi. Les yeux d’Hélène ne font que pétiller quand elle parle de vous. Sachez que jeprends soin d’elle et qu’elle est entre de bonnes mains. Je nela laisserai jamais seule et je feraitout ce qui est en mon pouvoir pour la sortir de ce fléau.
En attendant de vos nouvelles, je vousenvoie mes amitiés.
Frédéric. »
Des larmes coulèrent le long de ma joue. Le changement pouvait se montrer cruel. La vie, en fin de compte, ne cessait de nous défier. Que l'on pleure ou gémisse, que l'on crie ou supplie, le Dieu là-haut ne faisait rien. Et moi, fervente catholique de par ma mère, je commençais à en avoir marre de croire en une bonté divine et salvatrice qui finalement ne faisait que me décevoir.
- Que Dieu la protège, soupira ma mère en réprimant quelques sanglots.
Un dégoût profond me fit grimacer.Que Dieu la protège ? Dieu ?Je ne comprenais pas comment elle pouvait encore y croire. Pas après tout ce qu'il nous avait fait subir. Pas après cette terrible nouvelle. Si Dieu avait uncœur, n'aurait-il pas pu épargner les affamés et malheureux ? N'aurait-il pas pu punir les truands et les soi-disant condamnés ? J'avais une rage folle envers ma mère. Elle semblait se cramponner à sa religion comme si c'était tout ce qui lui restait. Mais me voyait-elle ? Savait-elle que j'étais là à ses côtés et qu'elle n'était pas seule ? Son mutisme me désemparait. Mais comment en vouloir à la femme qui m'avait porté neuf mois ? Comment pouvais-je la regarder se dégrader de jour en jour en me disant que
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demain serait peut-être le dernier ? Il fallait regarder les choses en face. Rien n'allait changer. Dieu n'allait pas nous épargner parce que nous le supplions. Nous étions les seuls maîtres de notre destin. Et ça, dans le fond, je l'avais toujours su.
- Je vais aller la voir, dis-je en perçant le silence.
Ma mère leva les yeux vers moi. Son regard pétillait de larmes. Elle n'avait plus de force pour lutter et je n’avais plus la force de soutenir son regard de femme apeurée.
- Avec quel argent ? me demanda-t-elle avec une voix cassée.
Je pris l'énorme tirelire sur le muret de la cheminée et la cassai à terre avec une force et une détermination dont je ne soupçonnais même pas l’existence.
- Tu as économisé pendant si longtemps cet argent ! Tu voulais tant le garder pour te lancer dans tes études.
Je mis unemain sur son épaule. C’était vrai que nous n’avions pas d’argent, que nos rentrées salariales ne couvriraient pas mes études universitaires et que j’étais la seule à pouvoir me payer tout ça, sauf qu’Hélène était malade. Et je ne me voyais pas l’abandonner. Quitte à abandonner mes rêves de grandeur, quitte à oublier la fac de médecine, quitte à passer encore quelques années dans les cuisines du café du coin.Ma sœur est bien plus importante. Je veux la voir. Je veux l'entendre. Je veux être à ses côtés. Je ne veux pas la laisser toute seule. Je sais qu'elle a Frédéric et qu'elle l'aime, mais je suis son unique sœur et je ne peux envisager de la laisser en plan.Hélène. Elle était tout pour moi. Elle avait été un pilier et un J'aimais modèle que j'avais toujours voulu imiter étant enfant. Aujourd'hui, j'avais grandi. Je n'étais plus la petite fille qui se cachait derrière sa grande sœur pour se défendre de ses conneries. Je voulais lui venir en aide comme elle l'avait tant fait avec moi. J'avais 20 ans. J'avais fini mes secondaires brillamment. À l'époque, je n'avais que ça à faire : être la meilleure. Si je ne l'étais pas, je m'enfermais dans un mutisme hors-norme. À vrai dire, si je voulais être si douée, c'était avant tout pour récolter le peu de compassion qu'il restait à mon père. Mais jamais il ne m'avait félicité. Jamais il ne m'avait prise dans ses bras pour me dire ô combien il était fier de moi. Des claques, ah ça oui il savaiten donner à la pelle ! De l’amour ? Il ne connaissait pas. Me terrifier était la seule chose qu'il savait faire. Maman, Hélène et moi étions battues. Maman avait commis l’erreur d’aimer la mauvaise personne. Au début, elle pensait bêtement qu’il allait changer, mais au fil des années, la triste réalité s’était transformée en véritable cauchemar. De ce que je savais, mon père avait rencontré ma mère à une foire du village. Papa aurait invité maman et ils auraient eu littéralement le coup de foudre. Ce coup foudre qui fait tant polémique ! Malheureusement, mon « père » a toujours eu une prédisposition à la violence. Déjà jeune, il se bagarrait sans cesse. Avoir Hélène l’avait alors soi-disant changé. J’avais encore du mal avec cette version des faits. Il avait été si salaud… Pourtant, je ne pouvais, à l’époque, pas nier son attachement à mon égard. Nous avions passé de beaux jours dans la peau du père et de sa fille. Puis, retour à la réalité. Coups après coups, j’encaissais jusqu’à ne plus pouvoir me relever. À l’école, les questions fusaient et les mensonges devenaient alors presque ma spécialité. En ce temps-là, je croyais ma vie vouée à vivre un enfer. Mais un jour, alors que mon père revenait bourré de son travail, il a tabassé ma mère si fort qu'elle est restée plusieurs jours dans le coma. Les forces de l’ordre n’eurent alors pas le
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choix d’intervenir. C’était à croire qu’il fallait frôler la mort pour susciter un vif intérêt. Injonction d’éloignement. Suivi psychologique. Amendes.Dans l'ensemble, cela résume assez bien la peine de mon père pour n’avoir pas rempli son rôle de mari. Il n'a jamais plus pu nous approcher, ni ma sœur, ni ma mère, ni même moi. C'était un soulagement, suivi d'une tristesse infinie.
Après tout ce qu'on avait vécu, je ne me voyais pas laisser ma sœur dans ce sale état. Je l'aimais, mais il n'y avait pas que ça. Je la soutenais, en souvenir de tout ce qu'on avait déjà pu endurer.
- J'irai, un point c'est tout, dis-je fermement.
Ma mère se tut. Je savais qu'elle avait peur. Peur pour ma sœur. Peur pour moi. Je n’avais jamais voyagé et elle croyait sans doute que j’étais encore trop jeune pour réussir à me débrouiller. Et si elle voulait venir, son portefeuille, lui, ne le pouvait pas.
- Je vais chercher un petit boulot là-bas. Je gagnerai de l'argent et je ferai en sorte que tu me rejoignes assez rapidement, lui assurai-je gentiment.
- Quel travail penses-tu trouver ? Ta sœur habite aux États-Unis, Flo. Si elle y est, c'est uniquement parce que son fiancé en a les moyens. Comment peux-tu envisager d'y aller sans même savoir où tu vas t'orienter ?
Elle s’interrompit un instant, certainement trop essoufflée par tout ça et recommença de plus belle :
- Qui plus est, tu as pensé à la barrière des langues ?
Je souris. Cette question ne m'aurait pas étonnée.
- J'ai eu une mention excellente et tu penses encore que j'aurai des difficultés ?
Elle me regarda, déboussolée.
-Arrête de t’inquiéter. Je n’ai plus dix ans, dis-je pour la rassurer.
Elle m'adressa un faible regard, trahissant sa tristesse. Je ne savais pas comment m'y prendre avec elle. Elle était toujours si renfermée sur elle-même... À force, j'avais appris à prendre son silence comme réponse. Par le passé, elle avait dû tellement la fermer. Elle avait tant dû fermer les yeux sur les frasques de mon père. Je comprenais son mutisme, comme elle comprenait le mien. Aujourd'hui, plus qu'un autre jour, je savais que je devais être là pour elle. Je savais que je devais lui tenir compagnie. Je le savais et pourtant, une petite voix en moi ne cessait de me dire qu'il était temps de m'en aller. Il était temps pour moi de prendre des décisions. L'instant fatidique était venu. Ma mère le savait. J'allais quitter le petit cocon familial. Après deux ans de dur labeur, à travailler à droite et à gauche pour empocher le peu d'argent que l'on me donnait, j'allais enfin partir. Prendre mon envol. Malheureusement, pas pour les raisons que j'aurais souhaité.
- Je vais réserver un billet d'avion sur internet. Je partirai dans le courant de la semaine prochaine, affirmai-je à ma mère tandis qu'elle relisait une énième fois la lettre.
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