Je suis la Reine d un château....
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Description

Je suis la Reine d'un château. Je suis la reine d'un château. Fort de ses banalités il en est surprenant. Deux princesses s'y adonnent à loisir. Opulentes d'imagination. Ogresses de rires sans fin. Elles recouvrent leurs lits d'étoffes et de robes précieuses. En choisissent, essayent, s'échangent dans une ronde de couleurs d'été, de printemps, de lune et de ciel. Parées de beaux atours, vers la salle elles courent et valsent. Valsent, en étalant tout autour d'elles, dans un bruissement d'ailes, le papillon de leurs jupons. Elles ajustent leurs diadèmes d'argent et d'or emmêlé sur leurs cheveux longs démêlés. Et se conseillent l'une et l'autre sur le port de la tête, la pose d'un pied et l'élégance d'un bras levé. Je dois alors prendre le rôle du prince à venir, me plier à l'art du baise-main en m'extasiant de la qualité de leurs révérences et m'évertuer à conduire une valse en comptant précisément les petits pas chassés. Certains jours, installées avec elles à la table du thé, je me permets de leur rappeler l'importance de l'auriculaire, bien droit légèrement élevé, de la tenue de la soucoupe, à l'horizontale, bien en-dessous de la tasse à thé. Il s'ensuit régulièrement, des gloussements qui emportent au-delà de la tasse le liquide juste chauffé. Et de petites auréoles se noient dans le florilège de couleurs de leurs robes. Peu importe pour elles, en une farandole, de bleu azur, bleu roi et or chamarré les voici changées.

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Publié le 11 mai 2013
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Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

Je suis la Reine d'un château. Je suis la reine d'un château. Fort de ses banalités il en est surprenant. Deux princesses s'y adonnent à loisir. Opulentes d'imagination. Ogresses de rires sans fin. Elles recouvrent leurs lits d'étoffes et de robes précieuses. En choisissent, essayent, s'échangent dans une ronde de couleurs d'été, de printemps, de lune et de ciel. Parées de beaux atours, vers la salle elles courent et valsent. Valsent, en étalant tout autour d'elles, dans un bruissement d'ailes, le papillon de leurs jupons. Elles ajustent leurs diadèmes d'argent et d'or emmêlé sur leurs cheveux longs démêlés. Et se conseillent l'une et l'autre sur le port de la tête, la pose d'un pied et l'élégance d'un bras levé. Je dois alors prendre le rôle du prince à venir,me plier à l'art du baise-main en m'extasiant de la qualité de leurs révérences et m'évertuer à conduire une valse en comptant précisément les petits pas chassés. Certains jours, installées avec elles à la table du thé, je me permets de leur rappeler l'importance de l'auriculaire, bien droit légèrement élevé, de la tenue de la soucoupe, à l'horizontale, bien en-dessous de la tasse à thé.
Il s'ensuit régulièrement, des gloussements qui emportent au-delà de la tasse le liquide juste chauffé. Et de petites auréoles se noient dans le florilège de couleurs de leurs robes. Peu importe pour elles, en une farandole, de bleu azur, bleu roi et or chamarré les voici changées. Mes princesses, dans leur féerie savent aussi m’entraîner jusque dans la cuisine : l'office des fourneaux. Toutes illuminées de robes couleur de soleil, elles extirpent des grimoires, des recettes de fée. Elles préparent une pâte, dans une jatte plate. Et sans plus de discours, je fais allumer le four. Elles versent de la farine, toute blanche et tamisée qui maquille leurs joues d'un blanc cérusé. De leurs doigts bien agiles, elles creusent un puits. Et toutes souriantes, elles attendent que de l’œuf sorte un poussin bien jaune. Mais, jamais il ne vient, les œufs sont bien trop frais. Le lait crémeux qu'elles goûtent dépose des lignes blanches au-dessus de leurs lèvres. Le sucre, le beurre. Sel, levain, miel. Elles malaxent de leurs mains, dans la jatte jusqu'aux coudes.
Et puis juste avant d'enfourner le gâteau. Dans leurs chambres, elles courent chercher l'essentiel un anneau, une bague, quelques fois un caillou. Le temps de la cuisson, elles se changent à nouveau, en chantant en chœur, de tout leur cœur la chanson de Peau d'âne. Le temps de retourner cinq ou six fois le sablier, le gâteau est cuit et nous devons y goûter. Dans les yeux de mes princesses pétillent mille étoiles. Dans leurs voix, mille commentaires sur sa bonne et belle allure. Dans la bouche, il se pose. Il n'est pas très moelleux. Elles me demandent mon avis. Implorent une critique. En Reine bien élevée, je n'ose décrier cette pâtisserie de bonheur. Elle a milles saveurs incertaines. Alors je mange toujours ma part avec cœur. Elles, elles l’émiettent en véritables princesses, dans leurs petites assiettes, avec leurs belles fourchettes, cherchant à retrouver le souhait d'amour glissé. Il est fréquent que ce soit du fait du roi qu'il soit découvert.
Car souvent, très souvent c'est au roi du château qu'en revient la plus grande part. A peine entré dans sa demeure il se trouve happé par un tourbillon d'étoffes. Du satin, du nylon bruissant des déguisements. Et en déposant sa main sur chaque tête d'enfant, il tapote en souriant les diadèmes de plastique, il se tourne vers moi et d'un air entendu murmure :  —C'était le jour des princesses !  —Oui, dis-je en chuchotant, mais ne va pas de suite dans la cuisine, deux ogresses y ont laissé des traces. L'une d'elle revient portant dignement le plus beau morceau de gâteau à son père. Le regard de mon cher mari se pose sur l'offrande puis sur ses deux filles.  —Oh, mes filles quel est donc ce gâteau !  —Un cake d'amour, répondent-elles. Heureux est le papa d'enfant de cet âge là, car il est assurément dans ce temps délicat de l'enfance, l'unique roi du cœur de sa fille. Je suis la reine d'un château. Un château enfantin. Fait de rêves et de joies. Sachant qu'il y a autant de châteaux qu'il y a de reines.
Sachant qu'il y a autant de Reine qu'il y a de mères. Je vous laisse calculer le nombre de gâteaux... http://www.dailymotion.com/video/x1uceq_peau-d-ane-cha nson-du-cake-d-amour_music#.UUHXlBwreuK
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