CLASSE DE 4EME :ÉTUDIER UNE NOUVELLE RÉALISTE DU XIXESIÈCLE AFIN DE
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ECLASSE DE 4EME : ÉTUDIER UNE NOUVELLE RÉALISTE DU XIX  SIÈCLE AFIN DE  PRÉPARER LA LECTURE DU RECUEIL AUQUEL ELLE APPARTIENT SÉQUENCE RÉALISÉE PAR PATRICE DEIDDA,  AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET CHARGÉ DE MISSION D’INSPECTION                          Guy de MAUPASSANT, « Aux champs » in les Contes de la Bécasse, 1883.                            (texte intégral présenté en deux parties distinctes, cf. annexe VIII) Séance 1 (1 h) : dominante lecture (analytique)  Analyser l’incipit Texte : I, ll. 1 à 58. Déroulement : 1. lecture expressive de l’extrait par le professeur e2. informations données par le professeur sur la nouvelle au XIX  siècle en fonction de la  première note qui accompagne le texte 3. vérification de la compréhension : De combien de familles est­il question ? Comment se nomment­elles ?  Ont­elles des points communs ? Peut­on les différencier ? Quels nouveaux personnages font leur apparition à partir de la ligne 44 ? 4. lecture analytique I. LE CADRE ET LES PERSONNAGES 1. (ll. 1­5) Où l’action se situe­t­elle ? • références à la campagne normande (une colline, l. 2 ; une petite ville de bains, l. 3 ; la terre  inféconde, l. 4) 2. (ll. 5­18 et 25­43) Qui sont les personnages présentés ? Qu’apprend­on sur eux ? e•  indications  sur  la  vie  des  paysans  normands  au  XIX   siècle  (conditions  de  travail,  l.  4 ;  familles nombreuses ll. 5­10 et 13­19 ; vie routinière, ll. 26,­30 ; alimentation, ll. 34­41) 3.  (ll.

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Publié le 10 décembre 2013
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Langue Français
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Extrait

CLASSE DE 4EME :ÉTUDIER UNE NOUVELLE RÉALISTE DU XIXESIÈCLE AFIN DE PRÉLECTURE DU RECUEIL AUQUEL ELLE APPARTIENTPARER LA
SÉQUENCE RÉALISÉE PAR PATRICE DEIDDA, AGRÉGÉDE LETTRES MODERNES ET CHARGÉDE MISSION D’INSPECTION
                         Guy de MASAUPNTSA, « Aux champs » inles Contes de la Bécasse, 1883.  (texte intégral présentéen deux parties distinctes, cf. annexe VIII)
Séance 1(1 h) : dominante lecture (analytique) Analyser l’incipit Texte : I, ll. 1à58. Déroulement : 1. lecture expressive de l’extrait par le professeur 2. informations données par le professeur sur la nouvelle auXIXesiècle en fonction de la première note qui accompagne le texte 3. vérification de la compréhension : De combien de familles est-il question ? Comment se nomment-elles ? Ont-elles des points communs ? Peut-on les différencier ? Quels nouveaux personnages font leur apparitionàpartir de la ligne 44 ? 4. lecture analytique
I.
LE CADRE ET LES PERSONNAGES
1. (ll. 1-5) Oùl’action se situe-t-elle ? référencesà campagne normande ( laune colline, l. 2 ;une petite ville de bains,l. 3 ;la terre inféconde,l. 4) 2. (ll. 5-18 et 25-43) Qui sont les personnages présentés ? Qu’apprend-on sur eux ? • indications sur la vie des paysans normands auXIXe siè ;cle (conditions de travail, l. 4 familles nombreuses ll. 5-10 et 13-19 ; vie routinière, ll. 26,-30 ; alimentation, ll. 34-41) 3. (ll. 20-24) Quel est le seulélément de différenciation qui existe entre les Tuvache et les Vallin ? • la composition des familles 4. (ll. 28-30) Quelle image est ici employée ? Sous quelle forme est-elle repriseà fin du la paragraphe (l. 39) ? Que peut-on en déduire • comparaison avec les gardeurs d’oies (image qui renvoieà qui est celui des l’univers personnages) : les enfants sont assimilésàdes animaux qu’on nourrit de pâtée (l. 29), qu’on « empâte »(l. 39)
II.L’INTRIGUE QUI SE NOUE 5. a - Quel est le temps dominant ll. 1-43 ? Pourquoi ce temps est-il employé? • l’imparfait permet la mise en place du cadre de la fiction (description du décor, présentation des personnages, analyse de leur situation :éléments de la situation initiale) 5. b - La ligne 45 s’ouvre sur une rupture : comment se matérialise-t-elle dans le texte ? • indication de temps précise, emploi du verbe« s’arrêter » pass aué et de l’adverbe simple brusquement »(élément déclencheur qui va permettreàl’histoire de commencer) « 6. a - Quels nouveaux personnages font leur apparition ? • le couple d’aristocrates (ou de bourgeois) 6. b - (ll. 46-48 et 56à58) Qu’apprend-on sur le personnage féminin ? • Mme d’Hubières est une jeune femme volontaire (« qui conduisait elle-même »,l. 47), qui est en mal d’enfant et qui se comporte comme une petite fille gâtée (ll. 56-58) 6. c - (ll. 52-54) Selon vous, quel est le problède ce couple ? Que peut-on en dme éduire pour
1
la suite de l’histoire ? • l’impossibilité d’avoir des enfants va rapprocher les aristocrates des paysans qui ont des familles nombreuses 5. synthèse collective puis individuelle sur ce que nous apprend l’incipit
Prolongement : Lire la suite du texte (lignes 59-192) et rédiger le scéde la fin possibles de ce dnario de la suite et ébut de nouvelle.
Séance 2 (1 h) : dominante lecture (cursive) Acquérir des connaissances sur l’auteur en comparant deux biographies Textes : biographies de Maupassant (Wikipédia et article duDictionnaire Hachette2007 ouPetit Larousse 2010) Prolongement : Àpartir d’un modèle donné, rédiger la fiche biographique d’Émile Zola.
Séance 3(1 h) : dominante lecture (cursive) Dégager la structure de la première partie de la nouvelle Texte : I, ll. 1à193
Séance 4(1 h) : dominante langue (vocabulaire) Étudier la façon dont les personnages sont désignés pour aboutiràune interprétation Texte : I, ll. 1à193
Déroulement : I. LES ENFANTS DES PAYSANS 1. (ll. 3-51) repérage dans le texte des mots ou expressions qui désignent les enfants (activité qui peutêtre demandée en amont,àla maison) 2. classement des termes repérés en fonction de ce qu’ils expriment (travailà en faire commun en classe)
le rang dans la famille
tous leurspetits(l. 5) toute la marmaille… Les deux aînés(l. 8) les deux cadets(l. 9)
trois filles et un garçon(l. 23) une fille et trois garçons (l. 24)
Les enfants… par rang d’âge(l. 31)
toute la lignée(l. 38)
leurs mioches(l. 29)
l’animalité
tous leurspetits
leurs produits…
Le dernier moutard(l. 33)
donner la pâtée(l. 29) comme les gardeurs d’oies assemblent leurs bêtes(l. 30)
empâtait… le petit(l. 39)
le mélange, l’indistinction tous leurspetits grouillait(l. 7)
dans le tas(l. 14)
Tout cela(l. 25)
ce tas d’enfants(l. 49) àgrouiller dans la
2
(registre familier)
poussière(l. 50)
• les termes sont souvent péjoratifs quel que soit le registre auquel ils appartiennent • ce qui prédomine ce sont les champs lexicaux de l’animalitéet du mélange indistinct : les enfants sont donc associésàchez les paysans, chez les nantis ou dudes animaux que ce soit côtédu narrateur • on perçoit même une propensionàprésenter cesêtresàla limite de l’humanité(Tout cela, leurs produits) • il faut donc voir chez Maupassant une façon très cruelle de présenter les choses (possible reflet de la classe socialeàlaquelle il appartenait)
II. LE PERSONNAGE DEMME D’HUBIÈRES
1. repérage dans le texte des mots ou expressions qui désignent le personnage (ll. 46-77) 2. repérage dans le texte des mots ou expressions qui le caractérisent (ll. 122-188)
désignation une jeune femme…
caractérisation qui conduisait elle-même(ll. 46-47)
La jeune femme(l. 55) le baisa passionnément sur ses joues sales(l. 62) joua avec eux comme une gamine(l. 70) Mme Henri d’Hubières(l. 77) éperdue, se mitàpleurer […] avec une voix pleine de sanglots, une voix d’enfant dont tous les désirs ordinaires sont satisfaits(l. 122-125) àtravers ses larmes, avec une ténacitéde femme volontaire et gâtée, qui ne veut jamais attendre(l. 140-142) trépignant d’impatience, les accorda tout de suite ; et, comme elle voulait enlever l’enfant, elle donna cent francs en cadeau(l. 181-184) radieuse, emporta le marmot hurlant, comme on emporte un bibelot désiréd’un magasin(l. 187-189)
• certes le personnage est en manque d’enfant, souffre de la stérilité couple mais il est du présenté comme une petite fille capricieuse, une enfant gâtéeà qui sa position sociale peut tout permettre même de s’acheter un enfant comme n’importe qu’elle marchandise • il faut voir là regard pessimiste port leé par quelle que soit sa condition : Maupassant sociale, aucun personnage ne trouve grâceàses yeux
Prolongement : Vérifier les observations faites en cours sur le pessimisme de Maupassant. Repérez la façon dont sont désignés les paysans dans l’ensemble de la nouvelle. Que constatez-vous ? Est-ce en accord avec ce que l’on a mis enévidence en cours ? Vous aurez soin de rédiger vos réponses.
Séance 5(1 h) : dominante lecture (cursive) Étudier l’ancrage de la nouvelle dans la réalitéd’uneépoque ; définir l’effet de réel Texte : I, ll. 1-48 ; ll. 150-193.
Séance 6(1 h) : dominante langue Revoir la conjugaison des verbesàl’imparfait de l’indicatif et les problèmes orthographiques qui y sont liés Prolongement : Emploi de l’imparfait. Rédiger un résumé la situation initiale de la nouvelle (ll. 1-44) en employant l’imparfait de de l’indicatif.
3
Séance 7(1 h) : dominante lecture (cursive) Étudier l’organisation de la seconde séquence narrative pour la mettre en relation avec la première séquence narrative Texte : II, ll. 193à307
Séance 8(1 h) : dominante langue (grammaire) Revoir les valeurs des temps simples et des temps composés du passéde l’indicatif dans le récit au passé Texte : extraits pris sur l’ensemble de la nouvelle Prolongement : D’après une image, rédiger un court texte associant récit et description.
   ignsCo s neécriturélabore maximu )
À partir de la scène représentée dans ce tableau de Gustave Courbet, rédigez au passé un paragraphe racontant la rencontre de ces trois personnages dans ce coin de nature. Vous insèrerez un bref portrait d’un des trois hommes. Vous aurez soin d’employer les temps qui conviennent pour le récit et pour le portrait.
Gustave CBETRUO,la Rencontre ou Bonjour Monsieur Courbet, 1854 ; (huile sur toile, 132 x 150,5 cm ; Musée Fabre, Montpellier).
Séance 9(1 h) : préparation du premier travail d’écriture afin d’établir les critères de réussite Donner deux fins possiblesàun même début de nouvelle Texte : Guy de MAUPASSANT, « Le Papa de Simon » in la Maison Tellier, 1881. (cf. annexe V)
Séanc bâti)
Sujet : Voici le début d’une nouvelle de Maupassant, « Le Papa de Simon » (parue dansla Réformele 11/02/1879). Proposez deux fins possibles : l’une qui conviendraità un conte », « au sens traditionnel de « conte de fées » ; l’autre, plus cruelle, qui conviendraità une nouvelle dans la tonalité Aux de « Champs ».
 Consignes  d écriture :
   établi )
Séance 10(1 h) : dominante lecture (analytique) Étudier l’écriture de Maupassant : l’art du dialogue Texte : II, ll. 260-306
Séance 11(1 h) : dominante langue (grammaire) Les paroles rapportées au style direct
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Texte : II, ll. 193à307 Prolongement : Raconter une scène en insérant un dialogue.
Sujet : Donnez une courte suiteà ce texte en racontant la scène entre les deux personnages et en y insérant un dialogue.
Tous les samedis, régulièrement, Ferdinand Sourdis venait renouveler sa provision de couleurs et de pinceaux dans la boutique du père Morand […]. Le plus souvent, il tombait sur Mlle Adèle, la fille du père Morand, qui peignait elle-même de fines aquarelles, dont on parlait beaucoupàMercœur1. Émile ZOLA, « Madame Sourdis », paru dansle Messager de l’Europe, 1880.
1.Mercœur: petite ville de province oùse déroule l’action.
 Consignes   d   écriture: 1. Faire alterner récit et discours (cinq répliques au minimum). 2. Utiliser la ponctuation qui convientàl’insertion du dialogue dans le récit. 3. Faire varier les verbes de parole.
Séance 12(1 h) : histoire des arts Mettre en relation deux œuvres picturales duXIXesiècle Œuvres : 1. Léon-Augustin LHERMITTE,la Paye des moissonneurs, 1882. 2. Henri FANTIN-LATOUR,la Famille Dubourg, 1878. Prolongement : Justifier les choix faits par le professeur pour illustrer la nouvelle.
Séance 13(1 h) : dominante lecture (cursive) Comparer la nouvelle et sa source probable : « La Parabole de l’enfant prodigue » Texte :Évangile de saint Luc, chapitre I, versets 11/32,Bible de Jérusalem,éd. du Cerf Paris 1973. (cf. annexe II)
Séance 14(1 h) : dominante lecture (cursive) Suivre l’évolution d’un genre littéraire : la nouvelle Texte : René GODENNE nouvelle fran La, «çaise des originesà paru dans nos » joursLe Français Aujo d’hui, septembre 1989. ur (cf. annexe IV) Prolongement : Faire une recherche au CDI ou en bibliothèque sur des recueils de nouvelles desXXe /XXIe s. pour vérifier si ce qui aété établi en cours est toujours valable. En choisir une pour la présenteràla classe.
Séance 15(1 h) : dominante lecture (analytique) Aborder la description réaliste Texte : Honoréde BALZAC,la Maison du Chat-qui-pelote,1829. (cf. annexe I) Prolongement : Rédiger une courte description en rapport avec le texteétudié. Sujet : Décrivez l’intérieur du troisièmeétage tel que vous vous l’imaginez après l’étude de ce texte de Balzac. Vous utiliserez des adjectifs qualificatifs qui exprimeront votre jugement.
    oCgisn senécrituré )labore maximu
Séance 16(1 h) : dominante lecture (cursive) Connaître la conception du réalisme que se faisait Maupassant
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Texte : Guy de MAUPASSANT,le Roman, Préface dePierre et Jean, septembre 1887. (cf. annexe VII)
Séance 17(1 h) : dominante lecture/expression Mettre en relation fait divers et nouvelle afin de préparer le travail d’expressionécrite GT de trois faits divers pris dansMariannedu 8 au 14 septembre 2007 (cf. annexe VI)
Sujet :Àpartir d’un des trois faits divers pris dansMariannedu 8 au 14 septembre 2007, rédigez une nouvelle. Votre texte devra respecter les règles définies lors de l’étude de l’article de RenéGodenne (« La nouvelle française, des originesànos jours », paru dans le n°87 duFrançais Aujourd’hui, septembre 1989.)
 Consignes  d écriture : 1. Partir de l’anecdote contenue dans un de ces faits divers pour imaginer une histoire originale. 2. Rédiger un texte aux temps du passé; le récit seraàla troisième personne. 3.Écrire un récit qui s’inscrit bel et bien dans la réalité. 4. Respecter le schéma narratif et clore le récit sur une phrase brève. 5. Insérer des dialogues dans le récit et faire varier les verbes de parole.
ÉVALUATION : - l’imparfait de l'indicatif - dictée les temps du passé(extrait de « Aux Champs », ll. 66-76) - questionnaire de lecture sur une nouvelle réaliste duXIXesiècle Texte :Émile ZOLA, « Villégiature »,Contes et nouvelles(1864-1874).
PROLONGEMENTS : - Présenter une nouvelle desXXe/XXIes. (cf. séance 14). -Établir collectivement une grille d’évaluation de la prestation orale. Préparer la lecture du recueil de Maupassant,les Contes de la Bécasse(dossier pp. 28-29,Fleur d’encre 4e) -- Après lecture du recueil, présenter oralementà de la classe une nouvelle du recueil ( l’ensembleà l’exception de « La Peur » qui sera vue lors de la séquence suivante sur la nouvelle fantastique).
ANNEXES : I. Extrait de l’incipit dela Maison du Chat-qui-pelote II. « La Parabole de l’Enfant prodigue » III. « Villégiature »  IV. « La nouvelle française des originesànos jours » V. Début de « Le Papa de Simon » VI. Faits divers pris dansMarianne VII. Extrait de la préface dePierre et Jean VIII. « Aux Champs »
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La Maison du Chat-qui-pelote1 PAR UNE MATINÉE SUEIEPLUV,AU MOIS DE MARS, un jeune homme, soigneusement enveloppé dans son manteau, se tenait sous l’auvent2 de la boutique qui se trouvait en face de ce vieux logis, et paraissait l’examiner avec un enthousiasme d’archéologue.Àla vérité, ce débris de la bourgeoisie du seizième siècle pouvait offrirà l’observateur plus d’un problèmeà résoudre. Chaqueétage avait sa singularité. Au premier, quatre fenêtres longues, étroites, rapprochél’autre, avaient des carreaux de bois dans leur partie infes l’une de érieure, afin de produire ce jour douteux,à lafaveur duquel un habile marchand pr ête auxétoffes la couleur souhaitée par ses chalands3. Le jeune homme semblait plein de dédain pour cette partie essentielle de la maison, ses yeux ne s’yétaient pas encore arrêtés. Les fenêtres du secondétage, dont les jalousies4relevées laissaient voir, au travers de grands carreaux en verre de Bohême, de petits rideaux de mousseline rousse, ne l’intéressaient pas davantage. Son attention se portait particulièrement au troisième, sur d’humbles croisées dont le bois travaillégrossièrement aurait méritéd’être placéau Conservatoire des arts et métiers pour y indiquer les premiers efforts de la menuiserie française. Ces croisées avaient de petites vitres d’une couleur si verte, que, sans son excellente vue, le jeune homme n’aurait pu apercevoir les rideaux de toileàcarreaux bleus qui cachaient les mystères de cet appartement aux yeux des profanes5. Parfois, cet observateur, ennuyé de sa contemplation sans résultat, ou du silence dans lequel la maisonétait ensevelie, ainsi que tout le quartier, abaissait ses regards vers les régions inférieures. Un sourire involontaire se dessinait alors sur ses lèvres, quand il revoyait la boutique où se rencontraient en effet des choses assez risibles. Une formidable pièce de bois, horizontalement appuyée sur quatre piliers qui paraissaient courbés par le poids de cette maison décrépite, avaitété rechampie6 de couches de diverses peintures  d’autantque la joue d’une vieille duchesse en a reçu de rouge. Au milieu de cette large poutre mignardement7 sculptée se trouvait un antique tableau représentant un chat qui pelotait. Honoréde BALZAC,la Maison du Chat-qui-pelote, 1829. Illustration d’Édouard TOUDOUZEpourla Maison du Chat-qui-pelote, 1829.
1. Peloter : jouer avec une balle (terme de pelote basque). 2. Auvent : petit toit pour protéger de la pluie. 3. Chaland : acheteur. 4. Jalousies : persiennes formées de minces lattes parallèles et mobiles. 5. Profane : ignorant. 6. Rechampie : repeinte. 7. Mignardement : délicatement.
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La Parabole de l’Enfant prodigue Lorsque lesécrivains imaginent et construisent leur œuvre, il arrive qu’ils utilisent des bribes, des fragments d’histoires anciennes, déjà ou entendues. Bien s luesûr, ils ne les reprennent pas entièrement, mais — souvent involontairement — les assimilent, en les déformant et en les adaptantà propre  leurunivers. Ainsi les textes sont-ils souvent imprégnés de réminiscences, ou de référencesàdes textes antérieurs. Il serait intéressant de comparer »« Aux Champs de Guy deMaupassant un texte ant avecérieur, vieux d’environ 2 000 ans, tiré desÉvangiles8prodigue ». L’auteur du texte est saint Luc : il rapporte dans son: « La Parabole de l’Enfant Évangile les paroles de Jésus racontant une « parabole », c’est-à-dire une sorte de fable qui propose,àla fin du récit, une leçon, un enseignement. ImL9ent. Et me reviutenq iu tedf rolai ar poifue x ditva ameom hUn «p :e  E RlOCNE TID èdit une s jep ul .eLsls aegatr norepar eu là so.pn enibè “Pre :ère, donne-Peu de jours après, rassemblant tout son avoir, le plus jeune fils partit pour un pays lointain et y dissipa tout son bien en vivant dans l’inconduite. Quand il eut tout dépensé, une famine sévère survint en cette contrée et il commençaà sentir la privation. Il alla se mettre au service d’un des habitants de cette contrée, qui l’envoya dans ses champs garder les cochons. Il aurait bien voulu se remplir le ventre des caroubes10que mangeaient les cochons, mais personne ne lui en donnait. Rentrant alors en lui-même, il se dit : “Combien de mercenaires de mon père ont du pain en surabondance, et moi je suis iciàpérir de faim ! Je veux partir, aller vers mon père et lui dire : Père, j’ai péchécontre le Ciel et envers toi ; je ne mérite plus d’être appeléton fils, traite-moi comme l’un de tes mercenaires.” Il partit donc et s’en alla vers son père. Tandis qu’ilétait encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié; il courut se jeteràson cou et l’embrassa tendrement. Le fils alors lui dit : “Père, j’ai péchécontre le Ciel et envers toi, je ne mérite plus d’être appeléton fils.” Mais le père ditàses serviteurs : “Vite, apportez la plus belle robe et l’en revêtez, mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds. Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort et il est revenuàla vie ; ilétait perdu et il est retrouvé!” Et ils se mirentàfestoyer. Son fils aîné était aux champs. Quand,àson retour, il fut près de la maison, il entendit de la musique et des danses. Appelant un de ses serviteurs, il s’enquérait de ce que cela pouvait bienêtre. Celui-ci lui dit : “C’est ton frère qui est arrivé, ton père a tuéle veau gras, parce qu’il l’a recouvré11en bonne santé.” Il se mit alors en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit l’en prier. Mais il répondit àson père : « Voilàtant d’années que je te sers, sans avoir jamais transgresséun seul de tes or-dres, et jamais tu ne m’as donnéun chevreau,àavec mes amis ; et puis tonmoi, pour festoyer fils que voilàrevient-il, après avoir dévoréton bien avec des prostituées, tu fais tuer pour lui le veau gras !” Mais le père lui dit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui estàmoi està toi. Mais il fallait bien festoyer et se réjouir puisque ton frère que voilà était mort et il est revenu àla vie ; ilétait perdu et il est retrouvé!” »  Évangile de saint Luc, chapitre I, versets 11/32, Bible de Jérusalem, éd. du Cerf Paris 1973.
8.Évangiles: textes du Nouveau Testament de la Bible, pour les chrétiens. Ces livres, au nombre de quatre, rapportent la vie de Jésus, fils de Dieu pour les chrétiens. Elle est racontée selon quatre versions différentes,écrites par les apôtres Matthieu, Marc, Luc et Jean. 9.Il :c’est Jésus qui parle. 10.Caroubes: fruits du caroubier,àpulpe sucrée. 11Recouvré: retrouvé. . 8
Villégiature1 LcA peoBniluOtoUe riT IeQbonUsj Ecuua DrnU  e, gBcaOlrNiianNrE;à T IdcEreRos2ie ut t GOneBetI  CàsHgoOtarNcueh  ed e  est de casiers exhalant une vague senteur de moisi ; au fond, dans une ombre et un silence solennels3se dresse le comptoir. La lumi, ère du jour et le bruit de la vie se refusentàse hasarder dans ce tombeau. La villa du bonnetier Gobichon, situéeà Arcueil4, est une maisonàunétage, toute plate, bâtie en plâtre ; devant le corps de logis, s’allonge unétroit jardin enclos d’une muraille basse. Au milieu, se trouve un bassin qui n’a jamais eu d’eau ;çà et là se dressent quelques arbresétiques5qui n’ont jamais eu de feuilles. La maison est d’une blancheur crue, le jardin est d’un gris sale. La Bièvre couleà pas, cinquante charriant des puanteurs ; des terres crayeuses s’é tenndteà des d l’horizon,ébris, des champs bouleversés, des carrières béantes et abandonnées, tout un paysage de misère et dénoitalos. Depuis trois années, Gobichon a l’inef-fable6 bonheur d’échanger chaque dimanche l’ombre de sa boutique pour le soleil ardent de sa villa, l’air du ruisseau de sa rue pour l’air nauséabond de la Bièvre. Pendant trente ans il a caressé le rêve in-sensé de vivre aux champs, de posséder des terres où ferait b ilâtir le château de ses songes. Rien ne lui a coûtépour contenter son caprice de grand seigneur ; il s’est imposé plus dures les privations : on l’a vu, pendant trente ans, se refuser une prise de tabac et une tasse de café, empilant gros sou sur gros sou. Aujourd’hui, il a assouvi sa passion. Il vit un jour sur sept dans l’intimitéde la poussière et des cailloux. Il mourra content. Chaque samedi, le départ est solennel. Lorsque le temps est beau, la route se fait à pied ; on jouit mieux ainsi des beautés de la nature. La boutique est laisséeà garde d’un la vieux commis qui a charge de direà chaque client qui se présente : — Monsieur et madame sontà villa leur dArcueil. Monsieur et madame,équipés en guerre7, chargés de paniers, vont chercherà la pension voisine le jeune Gobichon, gamin d’une douzaine d’années, qui voit avec terreur ses parents prendre le chemin de la Bièvre. Et durant le trajet, le père, grave et heureux,
cherche àsni  erripàson fils l’amour des champs en dissertant sur les choux et sur les navets. On arrive, on se couche. Le lendemain, dès l’aurore, Gobichon passe la blouse du paysan : il est fermement décidé à cultiver ses terres ; il bêche, il pioche, il plante, il sème toute la journéle sol, fait de sable ete. Rien ne pousse ; de gravats, se refuseàtoute végétation. Le rude travailleur n’en essuie pas moins avec une vive satisfaction la sueur qui inonde son visage. En regardant les trous qu’il creuse, il s’arrête tout orgueilleux et il appelle sa femme : — Madame Gobichon, venez donc voir ! crie-t-il. Hein ! quels trous ! sont-ils assez pro-fonds ceux-là! La bonne dame s’extasie sur la profondeur des trous. Lannée dernière, par unétrange et inex-plicable phénomène, une salade, une romaine haute comme la main, rongée et d’un jaune sale, a eu le singulier caprice de pousser dans un coin du jardin. Gobichon a invité trente personnesà dîner pour cette salade. Il passe ainsi la journée entière au soleil, aveuglé la lumi parère crue,étouffé par la poussière. Àson côtése tient sonépouse, poussant le dévouement jusqu’à la suffocation8. Le jeune Gobichon cherche avec désespoir les minces filets d’ombre que font les murailles. Le soir, toute la famille s’assied autour du bassin vide et jouit en paix des charmes de la nature. Les usines du voisinage jettent une fumée noire ; les locomotives passent ensifflant, traînant toute une foule endimanchée bruyante ; les horizons s’étendent, dévastés, rendus plus tristes encore par ceséclats de rire qui rentrentà Paris pour une grande semaine. Et, mêlées aux puanteurs de la Bièvre, les odeurs de friture et de poussière passent dans l’air lourd. Gobichon attendri regarde religieusement la lune se lever entre deux cheminées. Émile ZOLA, « Villégiature »,Contes et nouvelles (1864-1874). Cette nouvelle est d’abord parue dansle Petit Journaloù Zola a tenu une critique journalistique de 1865à1872. 1.Villégiature: maison de campagne. 2.Bonnetier: marchand de lingerie. 3.Solennel: grave. 4.Arcueil: village proche de Paris. 5.Étique: maigre. 6.Ineffable: inexprimable. 7.Équipés en guerre: chargés comme s’ils partaientàla guerre. 8.Suffocation:éemtn.otfuef
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U N G E N R E L I T TÉ : LR A I R E A N O U V E L L E
Le récit « Aux Champs » fait partie du recueilles Contes de la Bécasse (1883) de Guy de MUASSAPTAN. Pourtant il ne s’agit pas d’un conte comparableà ceux que la tradition rapporte, dans lesquels apparaissent des personnages merveilleux. Il s’agit d’unenouvelle. Le texte suivant explique ce qu’est une nouvelle, et comment ce genre de récit aévoluéau cours des siècles. LlEperseXmVeCieernS ItrÈ eCcLnuEoeuilv VedOlelI eTsn oLuAnvoeulNlveAeslIl SefSrs,AanNçCaœEvu eisDr sU e  : anonyme imitant les nouvelles italiennes, commele Décaméron12. En France, le recueil le plus connu est celui de Marguerite d’Angoulême,l’Heptaméron13. La conception de la nouvelleà origines offre le visage ses suivant : un récit bref,à la structure narrative claire et nette, rapide dans son déroulement, resserré un r dans l’exposition ;écit conté, en raison du ton oral qui lui est conféré, dont le thème s’inscrit souvent dans la tradition du fabliau14du MoyenÂge. AuXVIIe siècle, le temps de la nouvelle-fabliau est révolu. On compose des histoires qui ont perdu tout cachet oral, qui se définissent par le romanesque le plus extravagant : rapts d’héroïnes, naufrages, attaques de corsaires, substitution de personnes, etc. De plus, la nouvelle devient « galante ». Après une conception de la nouvelle, fondée sur l’unitéet le resserrement anecdotiques, on trouve un récitétoffé, compliqué, diffus. La nouvelle ne raconte plus une aventure, mais des aventures. Elle devient un « petit roman ». Elle prend dès lors des dimensions importantes, cinq ou six histoires suffisent pour constituer un recueil. De 1656à 1700 paraissent plus de vingt-cinq recueils et près de cent trente nouvelles. De 1700à 1750, la nouvelle « petit roman », cédant peuà le relais au roman peu
12.le Décaméron: recueil de Boccace (entre 1350 et 1353) « dans lequel sont rassemblées cent nouvelles racontées, en dix jours, par sept femmes et trois jeunes hommes » réunisàla campagne pour fuir la peste de 1348 qui sévit àFlorence. 13.l’HeptaméronouContes ou Nouvelles de la reine de Navarre: ouvrage inachevé(1559) de Marguerite de Navarre, inspiréduDécaméronde Boccace : il s’agit de soixante-douze nouvelles, contes lestes dans la lignée des fabliaux, ou récits sérieux tout imprégnés d’une morale mondaine. 14. Fabliau : petit récit,édifiant ou plaisant, du Moyen Âge.
(Lesage15, Prévost16), finit par disparaître. Ce n’est que vers 1760 que la nouvelle retrouvera une certaine vitalité. LeXIXe siècle est l’âge d’or de la nouvelle. Tous les grands romanciers en écrivent. Par rapport aux siècles antérieurs, la nouvelle offre une plus grande diversité: parfois récit fantastique, elle est cependant plus souvent un récit qui s’inscrit dans un contexte ré :el, vrai un récit vrai, sérieux, qui tire parti desévénements courants de la vie quotidienne. Du point de vue de la forme, la diversité caractériseégalement la nouvelle du XIXe siècle. Le plus souvent, elle se présente comme un récit court, parce que l’auteur respecte les exigences de la brièveté, de la rapidité, de la concision et du resserrement narratif. La nouvelle se distingue bien du roman, avec en outre ce sens de la phrase-choc qui clôture le récit sur un effet saisissant. AuxXVIIeetXVIIIesiècles, « conte » est un terme qui désigne des types particuliers de récits, distincts des « nouvelles » : conte de fées, conte oriental, conte philosophique, conte moral.À partir duXIXe siècle, les deux termes deviennentà pr peuè :s synonymes « Je vous prie, réclame Maupassantà son éditeur en 1891, d’envoyer tout de suite par la poste le volume de nouvelles paru chez vous où on trouve une intitulée “Le Testament”. Je crois que c’est dansles Contes de la Bécasse. » Il est illusoire de vouloir distinguer, dans l’œuvre de Maupassant par exemple, des « contes » et des « nouvelles » : tout au plus peut-on dire que certains textes placés dans un cadre, sontcontés: par un narrateur-acteur ou par un narrateur-témoin. D’après l’article de RenéGOENNDE, « La nouvelle française, des originesànos jours », paru dans le n°87 duFrançais Aujourd’hui, septembre 1989.
15. Alain RenéLESAGE :romancier et auteur dramatique français (1668-1747) ;le Diable boiteux(1707),l’Histoire de Gil Blas de Sentillane(1715-1735). 16. L’ABBÉPRÉVOST: romancier français (1697-1763). Ses Mémoires et aventures d’un homme de qualité(1728-1731) contiennent la Véritable Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut(1731). 10
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