La lecture à portée de main
Description
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Publié par | MarieLouP |
Publié le | 15 juin 2013 |
Nombre de lectures | 217 |
Langue | Français |
Extrait
Je croise un homme, un barbu comme dirait ma mère. Il me
sourit. Trois hommes travaillent, une façade à ravaler. Le
bruit se fait entendre dans une ruelle presqu’abandonnée.
J’aime bien ici. Je ne suis jamais venue, c’est pour ça.
Une épicerie de quartier, des fruits, des légumes. Je pense à
mon examen de langue des signes. Trop de signes dans ma tête.
Trop de poubelles aussi, dans la rue.
Les gens me regardent, j’ai envie de passer inaperçue. C’est ça
aussi la ville, se noyer dans la foule. Se laisser emporter. Je
pense à Edith Piaf. J’aime bien cette chanson « Emportée par la
foule … »
Ah oui, ici je suis chaussée de Gand, c’est important de le
dire.
Je m’arrête. Une porte rouge. Le chiffre 81 est tracé sur un
papier collé sur la porte, rouge. J’aime le rouge. Je suis
chaussée de Gand. Une mélodie dans la rue m’éloigne, pour
quelques secondes seulement. Mais quand même… Le Maroc. Je me
souviens.
Ici, des ruelles il y en a plein. J’aime bien. Les gens parlent
une langue que je ne comprends pas. Où suis-je ? J’aime ça, ne
pas savoir.
Le facteur parle. Il tient dans ses mains les nouvelles, bonnes
ou mauvaises, les factures. Il parle. Je n’ai pas envie de
l’écouter. Je passe mon chemin. Je n’aime pas ce qu’il tient
dans ses mains, les factures.
Tout est miroir ici dans la ville. Les voitures, les vitrines…
Réflexions partielles mais miroirs quand même. L’autre aussi,
un miroir. Les autres, autant de miroirs. Autant de façons
différentes de se reconnaître, dans l’autre, avec l’autre.
Regards croisés. Je rencontre une femme, élégante. On parle un
peu. Elle fini par dire « Elle est pas belle la vie ? » et elle
continue sa route. Sa route à elle, la sienne. Elle en croisera
d’autres sur son chemin, des vies, d’autres que la sienne.
C’est ça la vrai nourriture, l’autre.
Au coin de la rue du facteur, commerce à remettre, GSM
0487521238. C’est une boucherie. Je ne mange pas de viande.
Appelle si tu veux.
Sécurité d’abord. Ah, un chantier. On dit terrain vague, je
crois. Je cherche la mer. Je lève les yeux. Le ciel est bleu.Une vieille dame promène son chien, tout petit, mais pas assez
pour mettre dans un sac, aussi grand qu’il soit, le sac. Aussi
grande qu’elle soit, la vie. Il faudra bien choisir, joindre
les bouts, de vies. Goûter au sublime.