Les « dix mots » :cSaction culturelle et langue française en Rhône-AlpesUne idée toute simpleL’histoire commence en 1988, quand les tion s’accompagne-t-elle d’une sélectionC’est désormais devenu uncinquante-cinq pays « ayant le français de « dix mots » : libre à chacun(e) de serendez-vous : en mars deen partage » décident d’organiserchaque année, au moyen saisir de ces mots, de jouer avec eux, dechaque année, à la date du 20 mars, uned’une sélection de n’en retenir qu’un seul, ou deux, ou« Journée internationale de la franco-« dix mots », la Semaine trois, de les prendre tous… C’est lephonie ». La France pouvait difficilementde la langue française et principe de la « contrainte féconde »rester à l’écart d’une telle initiative et,de la francophonie invite cher à Raymond Queneau, parrain dedepuis 1996, organise tous les ans,depuis 1999 à célébrerl’édition 2003, année du centenaire deautour du 20 mars, une Semaine de lajoyeusement la richesse etsa naissance. C’est aussi un bon moyenlangue française et de la francophonie.la vitalité de notre langue.pour rassembler autour d’une mêmeOrganiser dans l’Hexagone une telle« Dix mots » pour jouer,idée – aussi simple qu’efficace – unemanifestation, c’est un peu proposerpour s’exprimer, pourgrande diversité d’organismes et de une « Semaine de l’eau » au peuple deséchanger… Pour affirmerpoissons ! Aussi, depuis 1999, l’opéra- participants.aussi que la maîtrise de lalangue peut favoriser l’accès à la culture et à ...
Les « dix mots » :cSaction culturelle
et langue française en Rhône-Alpes
Une idée toute simple
L’histoire commence en 1988, quand les tion s’accompagne-t-elle d’une sélectionC’est désormais devenu un
cinquante-cinq pays « ayant le français de « dix mots » : libre à chacun(e) de serendez-vous : en mars de
en partage » décident d’organiserchaque année, au moyen saisir de ces mots, de jouer avec eux, de
chaque année, à la date du 20 mars, uned’une sélection de n’en retenir qu’un seul, ou deux, ou
« Journée internationale de la franco-« dix mots », la Semaine trois, de les prendre tous… C’est le
phonie ». La France pouvait difficilementde la langue française et principe de la « contrainte féconde »
rester à l’écart d’une telle initiative et,de la francophonie invite cher à Raymond Queneau, parrain de
depuis 1996, organise tous les ans,depuis 1999 à célébrer
l’édition 2003, année du centenaire de
autour du 20 mars, une Semaine de lajoyeusement la richesse et
sa naissance. C’est aussi un bon moyen
langue française et de la francophonie.la vitalité de notre langue.
pour rassembler autour d’une mêmeOrganiser dans l’Hexagone une telle« Dix mots » pour jouer,
idée – aussi simple qu’efficace – unemanifestation, c’est un peu proposerpour s’exprimer, pour
grande diversité d’organismes et de une « Semaine de l’eau » au peuple deséchanger… Pour affirmer
poissons ! Aussi, depuis 1999, l’opéra- participants.aussi que la maîtrise de la
langue peut favoriser
l’accès à la culture et à la
citoyenneté.
Dès l’origine, les « dix mots »
ont suscité en Rhône-Alpes
de nombreuses
initiatives et mobilisé des
publics très variés, parfois
peu familiers des
RHÔNE-ALPES : UNE PREMIÈRE ÉVALUATIONéquipements culturels.
Une mission d’évaluation
1999-2003 : cinq éditions de la Semaine de la langue française et de la
conduite par Marine Royet, francophonie ont eu pour principe fédérateur le choix de dix mots. En
ethnologue, permet de Rhône-Alpes, les membres du comité de pilotage régional
(cf. encadré page 6) ont rapidement observé que, grâce aux « dix motsmieux identifier les
», l’opération, au-delà des « pratiquants culturels », mobilisait un large public,organismes qui se sont
grâce à l’implication croissante d’organismes à vocation socio-culturelle,
approprié le « jeu des dix
éducative ou sociale.
mots » et de préciser les
objectifs que les uns et les A l’issue de l’édition 2003, une mission d’évaluation a été confiée à Marine
autres assignent à l’opéra- Royet, ethnologue. Le présent document reprend les principales observations
de son rapport de mission ainsi que des données issues des bilans annuels detion. Une façon aussi de
l’opération. Sa publication coïncide avec la rencontre régionale organisée le 6renouveler les termes du
novembre 2003 au Théâtre national populaire de Villeurbanne (Rhône) sur le
traditionnel débat entre
thème : « Cinq ans, dix mots : dis-moi pour quoi ? pour qui ? ».
démocratisation et
démocratie culturelles.Les « dix mots » : action culturelle et langue française en Rhône-Alpes - page 2cS
Des contributions par centaines
Capitale (spectacles, expositions, créations audiovisuelles ouUne centaine d’organismes rhônalpins participe désormais
multimédias…), dans le souci aussi de favoriser la rencontreà la Semaine de la langue française et de la francophonie.La
de participants ayant joué avec les mêmes « dix mots », leplupart d’entre eux incitent leurs publics à répondre à
comité de pilotage régional organise depuis 2002, en « l’appel à contributions » lancé chaque année par le
clôture de la Semaine, une manifestation conviviale intituléecomité de pilotage régional. La règle est toute simple : il
« Les dix mots font la fête ! ». Pendant une journée, dans lesuffit d’adresser avant le 15 février précédant la Semaine
cadre singulier du Théâtre des Asphodèles – une ancienneune proposition originale utilisant ou illustrant un,
usine lyonnaise de construction automobile transformée enplusieurs, ou l’ensemble des « dix mots ». La forme est
foyer permanent de création culturelle –, amateurs et totalement libre. Elle peut être :
professionnels donnent à voir ou à entendre les productions- littéraire : récit, poésie, exercice de style, jeu…
réalisées autour des « dix mots ».(2000 signes au maximum = une page dactylographiée)
- visuelle : graphisme, collage, dessin, photographie,
calligraphie…
Vers un réseau régional- sonore : lecture enregistrée, théâtre radiophonique,
chanson, illustration musicale…
Ateliers d’écriture, établissements culturels, associations
- etc.
socio-culturelles, structures à vocation sociale : les
Toute contribution est réputée libre de droits pour tout organismes associés à la Semaine de la langue française et de
support ; une même personne ne peut proposer plus de la francophonie sont d’une grande diversité (cf. page 3).
trois contributions. Toutefois, tous ont en commun d’utiliser la langue française
dans leur démarche. Aussi est-il apparu intéressant de
provoquer chaque année, à l’automne, une rencontreRestitution et partage
régionale, consacrée à un thème particulier, qui permette
Depuis 1999, un jury régional choisit parmi les centaines de rendre compte d’aventures singulières et d’échanger
de contributions reçues (un peu plus de huit cents en idées et expériences. Loin d’être un obstacle, la diversité
2003) soixante à quatre-vingts propositions. Grâce au des organismes représentés devient alors une richesse…
concours de l’hebdomadaire Lyon Capitale, un cahier
Après « Lire, écrire, traduire » (Musée d’art contemporain
spécial de vingt-quatre pages, inséré dans la livraison
de Lyon, décembre 2000) et « Ecriture et autobiographie »
précédant la Semaine, permet de donner à lire ou à voir les
(Grenier d’abondance, DRAC Rhône-Alpes, novembre
propositions retenues. Accompagné d’interviews et de
2002), c’est sur le double thème de l’accès aux œuvres et
reportages sur des initiatives en région, ce supplément fait
de l’accès à l’expression que, sous l’intitulé « Cinq ans, dix
l’objet d’un « tiré à part » diffusé à trente-cinq mille
mots : dis-moi pour quoi ? pour qui ? » est organisée au
exemplaires. Toute personne ayant adressé une contri-
Théâtre national populaire (Villeurbanne), en novembre
bution peut ainsi, même si sa proposition n’a pas été
2003, une nouvelle rencontre régionale. Au-delà de la
retenue par le jury, prendre connaissance des productions
réflexion collective à laquelle elles invitent, ces rencontres
réalisées par d’autres participants.
entendent également faciliter les échanges entre les
Dans le souci de faciliter la présentation de productions différents organismes. Une manière aussi de favoriser la
impossibles à reproduire dans le supplément de Lyon mise en place d’un réseau régional.
LA MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE : UN REGARD ETHNOLOGIQUE
Etape 1 : envoi d’un questionnaire à quatre-vingt-six organismes ayant participé à la Semaine 2003. L’objectif est
de répartir les organismes non pas en raison de leur typologie mais par rapport à leur motivation à participer au
jeu des « dix mots ».
Etape 2 : création d’un fichier des soixante organismes ayant répondu au questionnaire ; les fiches renseignent en
priorité sur la motivation principale à participer au jeu des « dix mots » mais aussi sur les missions des orga-
nismes, leurs publics, leurs actions ainsi que sur leur implication dans la Semaine.
Etape 3 : entretiens qualitatifs semi-directifs avec treize organismes choisis en fonction de leur motivation
principale. L’ambition est de mieux connaître les objectifs des organismes, les actions menées, leur contexte, leurs
modalités, les résultats observés, les difficultés rencontrées, les demandes particulières, les projets à venir etc.
L’étude a été menée en juin - juillet 2003, les entretiens avec les treize organismes retenus s’échelonnant
du 19 juin au 4 juillet.Les « dix mots » : action culturelle et langue française en Rhône-Alpes - page 3cS
Qui participe ?
d’écriture. Les « dix mots » offrent aussi l’occasion deLors de l’édition 2003, le comité de pilotage régional a
découvrir ou d’approfondir l’œuvre d’un auteur, de créeridentifié en Rhône-Alpes quatre-vingt-six organismes
des liens avec d’autres activités artistiques, de relever unet 1.875 individus ayant participé au jeu des
défi d’écriture ou de susciter une nouvelle émulation au« dix mots ». Les soixante organismes qui ont bien
sein d’un atelier régulier. La dimension ludique et de plaisirvoulu répondre au questionnaire touchent ensemble,
est souvent énoncée dans cette famille. La plupart plébisci-au minimum, un public estimé à 110.000 personnes. La
tent l’atelier d’écriture mais certains ont aussi recours autypologie exhaustive des organismes recensés (cf.
théâtre, au conte ou aux arts plastiques ; la restitutionencadré) témoigne de la grande diversité des position-
prend des formes diverses : lectures de textes, expositions,nements comme des terrains d’intervention. On peut
voire performance d’artistes ou défilé de mode.néanmoins les regrouper en quatre familles distinctes :
3. – les professionnels de l’éducation et de 1. – les intervenants sociaux auprès de publics
la formation« en difficulté »
Parmi les soixante organismes, onze (18%) ont pour C’est - de loin - la famille la plus nombreuse puisque, avec
mission principale l’éducation et la formation. Ils vingt-huit membres, elle rassemble presque la moitié des
s’adressent à un public potentiel d’au moins 16.000 organismes (47%), touche au total 80.000 personnes et a
personnes dont 498 ont participé au jeu des « dix mots ».adressé 440 contributions. Pour ces organismes dédiés à
A la recherche de nouvelles formes de mobilisation, ilsl’insertion ou à l’accompagnement de publics « en difficulté »,
souhaitent mettre en œuvre des méthodes pédagogiques le jeu des « dix mots » constitue clairement un
« originales », compatibles toutefois avec les programmescatalyseur d’insertion sociale et / ou professionnelle. Dans
imposés. Le jeu des « dix mots » leur permet d’approf