Jardins à l algérienne
262 pages
Français

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Jardins à l'algérienne , livre ebook

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Description

De la guerre d’Algérie à la guerre des boutons.

Théo n’a pas choisi de venir en France. C’est à cause de la guerre d’Algérie qu’il devient fils de rapatriés. Il découvre la France des années 60 avec étonnement, amusement et... inquiétude.

Albert Labbouz nous livre un récit empreint d’humanité qui remonte le fil des souvenirs. Un jeu de miroir et de mémoire. Il nous décrit avec délicatesse une vie plurielle quand la Banlieue Nord n’était plus tout à fait la campagne, et pas encore le 9.3. et quand le grand chaos de l’Histoire aiguisait les blessures.

Ces « Jardins à l’Algérienne » sont les jardins d’une enfance déracinée, d’une recherche d’identité, d’une mémoire exhumée... La musique des mots rompt la solitude du départ et le deuil qu’il impose aux vivants.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mars 2015
Nombre de lectures 14
EAN13 9782365922029
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Albert Labbouz



Jardins à l’Algérienne


Roman






Du même auteur

Aux éditions manuscrit.com
(http://www.manuscrit.com)
La Chute d’Ouzoud , 2001(N°3716)
Une baleine sur le sable , 2003 (N°4174)

Chez Grrr...art Éditions (http://www.grrrart-editions.fr)
Rencontres Étoilées ,
Préface Grand Corps Malade, 2012

Aux éditions ipagination.com (http://www.ipagination.com)
Elle. (nouvelle), 2013 dans le recueil de nouvelles : Sens Interdits


Éditions Grrr…ART
3, Résidence Saint-Paul, 78660 Allainville aux Bois
Tél. / Fax : 01 30 41 89 50
Sites Internet : http://grrrart.free.fr
http://leoetlu.free.fr


ISBN : 978-2-36592-202-9
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction strictement réservés pour tous pays.
© Éditions Grrr…ART

Sources photographiques pour la couverture :
Archives communales de la ville de Dugny.


À mes parents.
(Isaac-Jacques/Mezaltoub-Lucienne)

À mon grand-père.
(Chaloum-Charles)

À Jean-Yves B.


Nous avons été chassés du Paradis,
Mais le Paradis n’a pas été détruit pour cela.
Cette expulsion en quelque sorte est une chance,
Car si nous n’en avions pas été chassés,
Le Paradis aurait dû être détruit.

Franz Kafka



Mèsquèn El Djezaïr…

Manu Chao


AVANT PROPOS

L’histoire se passe entre 1954 et 1968. Avec des allers et retours entre les différentes années. Parfois même des imbrications. Le narrateur, Théo a entre sept et douze ans. Il parle comme il sait. Étant donné qu’il est originaire d’Afrique du Nord, il emploie les mots qu’il a appris, là-bas. Pour dire maman, par exemple, il dit manman . Il l’a toujours dit comme ça. Comme il a un accent, et ses parents aussi, le « tu » devient Ti devant une voyelle : « Ti as vu ? ». Par conséquent, parfois la syntaxe n’est pas des plus conventionnelles. Les négations sautent parfois aussi. « Jamais vous vous arrêtez, ma parole ? » Elles sautent même très souvent : « Je sais pas, tu veux pas... » Quand on est originaire d’Afrique du Nord, fils de pied noir comme on les a appelés, on écrit comme on parle, on parle comme on n’écrit pas. Le pluriel du verbe être en prend un coup : « Eux, c’est des fils des rues. » Il connaît même des mots d’arabe et d’espagnol. Il les a entendus et enregistrés dans son enfance, en Algérie, alors parfois, il les emploie. Ses jardins du manoir, ses jardins de l’enfance à lui, sont algériens. Il les a trimbalés en France, sans le savoir. Ce ne sont pas des jardins à la française, ils sont à l’algérienne. Loin d’être académiques, taillés, arrosés régulièrement, ses jardins sont broussailleux, touffus, surprenants à chaque allée, à chaque détour… On y trouve la mer, la guerre, le soleil, des recettes de cuisine, des gosses arabes, espagnols, français, la banlieue des années 60, des colères parentales, le cinéma, les premiers émois amoureux, l’intolérance parfois, l’émotion souvent et plein d’expressions intraduisibles ou presque, qu’il a au fond de lui. À la fin du livre, il y a un glossaire pour aider le lecteur à comprendre. Ça n’a rien de folklorique, il s’est intégré comme ça. Ses parents aussi. Maintenant, il a rectifié tout ça. Il faut qu’il le dise pour qu’on croit qu’il est né en Algérie. C’est un adulte. Ce n’est plus un enfant. C’est pour ça qu’il a écrit ce livre. Pour l’enfance. Oui, c’est un adulte qui n’a pas perdu la mémoire. C’est pour ça aussi qu’il a écrit ce livre. Pour la mémoire.
Pour l’enfance et la mémoire…

Albert LABBOUZ


« J’AI QUITTÉ MON PAYS,
J’AI QUITTÉ MA MAISON… »


BIOGRAPHIE BÂCLÉE.

Quand ils en parlent maintenant à la télé ou dans les débats historiques, le premier novembre 1954 reste la date de la genèse de l’insurrection algérienne. La fameuse histoire du couple d’instituteurs assassinés dans les Aurès.
C’est précisément cette date-là que je choisis pour venir mettre mon grain de sel dans ce monde. À peine sorti du ventre de ma mère, je m’époumone dans un immeuble vétuste d’Oran, au 42, rue des jardins pour être précis.
À ma naissance, mon père devait être garçon de café… À moins que ce ne soit l’époque où il travaillait comme coursier dans une banque… Peut-être était-il déjà fonctionnaire au commissariat de police du deuxième arrondissement… Je ne sais plus exactement. Les bébés ont une mémoire déplorable. En tout cas, je sais qu’avant ma naissance, il avait fait cent métiers. Moi, je l’ai toujours connu flic en Algérie. Pas le flic du carrefour, avec képi et bâton, non. Bon, admettons qu’il bricolait comme fonctionnaire ou assimilé au commissariat du deuxième arrondissement, près de l’hôtel de ville gardé par deux énormes lions de bronze.
Ma mère ne travaillait pas, ou plus. Elle avait bien été couturière, mais quand ?
L’enfant que madame Martinez, la sage-femme, exhibe bien haut et qui braille est son cinquième. Oui, mais je ne suis que le troisième à être en vie. Avant moi, il y avait eu Sylvie. Elle n’avait pas tenu le coup. Trois mois après sa naissance, elle était partie retrouver les anges. Viviane, la première-née des Zanah, n’avait regardé le plafond jauni qu’une semaine. Entre temps, Gary lui avait piqué sa place de chef de rang. Greta l’avait suivi. Ces deux-là tenaient la distance, par voie de conséquence, ils se trouvaient être mes aînés. C’est mon père qui choisissait les prénoms. Il avait pour nous de grandes ambitions. Gary, à cause de Gary Cooper. Greta, à cause de Greta Garbo. Et moi, Théodore, à cause de Théodore Roosevelt. Mon père aimait le cinéma et l’histoire. Alors...
Quand ma grand-mère est morte, nous sommes allés nous installer dans un autre quartier d’Oran, au 23, rue du Manoir. C’est là qu’avait eu lieu ma circoncision.
C’était un quartier résidentiel, un appartement chic. Rue des Jardins, je n’ai pas eu le temps de dire adieu à Kader et Abdel-Hamman, les fils de Fatima qui m’avait parfois nourri de son sein. Rue du Manoir, mes nouveaux copains seraient des Jean-Marc, des Hervé, des Marie-Claude.
Le groupe scolaire Jean Macé fut mon école maternelle. Je n’y restais que quelques heures par semaine. Durant cette guerre sourde qui masquait le soleil de mon enfance, j’ai goûté aux joies d’aller à l’école. Joies, parce que j’aimais ça aller à l’école. Il y a bien une photo qui traîne dans les archives familiales où un gosse aux yeux trop clairs au milieu d’autres enfants semble un peu ailleurs, rêveur ou pensif. Photo de ma seule école maternelle, pas loin de la rue des Jardins où je suis né. Mais les premiers vrais souvenirs scolaires datent de ce cours préparatoire à l’école Jules Ferry, près de la rue du manoir. Le maître s’appelle monsieur Ségura. Il est imposant, porte une blouse grise nouée à la va-vite à la ceinture. Il trône derrière son pupitre sur l’estrade. Il nous apprend à lire. J’ai six ans. Monsieur Ségura impose son autorité avec une menace constante, « la planchette » ! Tous ceux ou celles (oui, l’école est mixte) qui n’écouteront pas goûteront à la planchette. C’est un parallélépipède en bois, et monsieur Ségura l’abat avec sadisme sur les petites fesses de ceux, ou celles qui bavardent ou qui échouent. Sanction. Punition. Un bref passage à la maternelle Jean Macé m’avait fait assister à la fessée déculottée d’une petite fille. Mais la planchette, c’était nouveau. Les autres enfants durant la punition riaient beaucoup quand le malheureux ou la malheureuse hurlait, pleurait quand « PAF ! », claquait la planchette. Punition cautionnée par les parents, car en ces temps-là, l’instituteur faisait référence : Monsieur l’Instituteur ! Moi, j’étais un enfant sage, bras croisés, doigt sur la bouche, mais un jour cela a failli basculer… J’avais un petit cartable sombre en faux cuir, comme du carton mâc

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